Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Oui, 53 ans, à quelques heures près. Vive les années qui passent, elles nous rapprochent de la retraite et des randonnées à n’en plus finir.
Nous avons décidé de retourner à Hammond Canyon, car nous avons un unfinished business là-bas. Heu, mais quid du titre du billet ? Patience, amis lecteurs, patience.
Or donc, nous quittons l’hôtel vers 7h, très contents de notre performance. Bon il faut dire que le réveil sonne maintenant un peu avant 6h, et je me demande bien qui a osé l’avancer…
Nous partons sur la UT-95, en direction de Natural Bridges National Monument. La bifurcation vers la piste dite de Elk Mountain est à quelques kilomètres avant l’entrée du parc.
Pour l’avoir parcourue l’année passée, nous savons que la piste est en bon état. Pas de souci de ce côté là.
Au loin les Bears Ears, que nous avons renommées Rabbit Ears. Allez savoir pourquoi. D’ailleurs elles ressemblent autant à des oreilles d’ours que de lapin, non ?
Nous sommes au col, entre les deux oreilles.
Nous passons le col et… patatras ! La piste, à l’ombre, se dégrade brusquement et est recouverte de neige.
Bon. Nous n’insistons pas. Pas besoin de se retrouver coincés sur une piste (nous avons des amis qui en ont fait l’expérience il y a quelques mois (voir leur billet sur leur blog Les voyages de Michèle et Jean-Michel, c’était, si je ne me trompe pas, également le jour d’anniversaire de Michèle) et même si les galères sont souvent synonymes d’excellents souvenirs, sur le moment, ça reste des galères.
D’autant que nous avons un plan B. Le plan B étant le White Canyon de Natural Bridges National Monument.
Demi-tour donc et 30 minutes plus tard, nous voici au parking proche d’un des trois ponts, le Sipapu Bridge. La notion de Sipapu est très importante dans la culture des Anasazis. C’est par là que les élus arrivaient dans le nouveau nouveau monde.
Voici le Sipapu Bridge, visible quelques dizaines de mètres après avoir quitté le parking.
Le voici encore. Cette fois, nous marchons sur le ledge, visible sur la photo ci-dessus, tout à gauche.
Tout au fond, nous repérons de ruines que nous n’avions jamais remarquées jusqu’alors.
Quoi, vous ne les voyez pas ?
Hum, alors trente secondes… Mieux ?
Voilà le Sipapu Bridge.
Nous allons nous enfoncer dans le White Canyon en suivant le wash, que l’on distingue au pied du pilier gauche du pont.
Nous sommes en bas.
Derrière nous, le Sipapu Brigde et, au centre, le ledge d’où nous avons vu les ruines.
Aujourd’hui, nous n’avons pas oublié de rajouter les jambes à nos shorts. Nous savons que le sentier n’est pas entretenu et que du bushwhacking (se frayer un chemin à travers la broussaille) est au programme.
Le White Canyon, dans toute sa splendeur.
Le premier site de ruine se situe là, sous l’alcôve rayée de noire, côté soleil.
Nous retrouvons ces dessins, dont les deux symboles, à gauche, ont une signification obscure. Ils ont été réalisés avec une sorte d’enduit.
Et ce cercle.
Voici un des bâtiments, celui, dirons-nous, en meilleur état.
A côté, une autre pièce, plus souterraine. Les traces noires sont de la suie, déposée par les feux répétés.
Nous ne nous attardons pas. Les journées sont trop courtes et nous aimerions poursuivre notre exploration au-delà de l’endroit où nous nous étions arrêtés, l’année passée.
En arrivant à proximité du second site qui se niche dans une alcôve inaccessible, Stefano repère, entre deux branches, une échelle. Wow ! Du bas, elle n’est visible qu’un court instant. Nous sommes tout excités.
Il ne nous reste plus qu’à trouver un moyen de prendre de la hauteur…
Ce que nous faisons, sur le bord opposé du wash.
Voici d’abord une série de greniers…
… et la fameuse échelle.
Mais… le soir, en observant les photos attentivement, nous devrons nous rendre à l’évidence. L’échelle n’est pas d’époque. Les Anasazis ne connaissaient pas le métal et il semble bien que les barreaux de l’échelle aient été coupés en biseau d’un coup de hache et qu’ils soient attachés aux montants avec du fil de fer.
Bouh ! Sans doute cette échelle a été fabriquée par les pilleurs de ruines, à la fin du 19ème siècle ou au début du 20ème.
Nous nous promettons de nous arrêter au visitor center du parc et d’en discuter avec les rangers.
Nous redescendons de notre perchoir et continuons à remonter le White Canyon.
Ce canyon est magnifique. Même sans ruine, le parcourir en vaut vraiment la peine.
Nous renonçons à l’exploration de side canyons. Il est déjà midi passé.
Nous consacrons un tout petit peu plus de temps au troisième site de ruines.
D’abord parce c’est là que se trouvent les centaines de mains, dont celles d’enfants, pour lesquelles j’avais complètement craquée l’année passée.
Un kiva au toit presque intact.
Nous poursuivons notre chemin. Nous sommes maintenant en terrain inconnu. Vu l’heure avancée, Stefano montre un point au loin et dit : là-bas, nous faisons demi-tour. Nous n’avons plus trop espoir de découvrir d’autres ruines.
Nous arrivons à la croisée de deux canyons. Nous sommes près à faire demi-tour lorsque Stefano me montre quelque chose. Au second niveau de ledge, sur une paroi exposée au soleil, des greniers.
Yes ! Nous avalons le petit raidillon avec enthousiasme. Ces greniers sont atypiques : ils ont été construits en deux fois. Un premier niveau en maçonnerie et un second niveau en jacal.
Voici l’intérieur du second niveau.
Et le plafond entre le premier et le seconde niveau. Du grand art.
Il y a un second grenier, sur le même modèle.
Un peu à l’écart, sur le même ledge, d’autres restes.
Difficile d’avoir une idée de la forme des bâtiments. Mais les traces de suie sur le mur indiquent bien l’occupation du site.
Nous y découvrons cependant quelques dessins.
Des mains, bien sûr et un dessin inhabituel autour d’un trou dans la roche.
Voici la vue depuis le site. Jolie, non ?
Nous sommes super-enthousiastes. Quelle journée ! Et en ce qui me concerne, quel magnifique jour d’anniversaire !
Nous décidons de prolonger encore la balade de quelques centaines de mètres. Qui sait ?
Une alcôve, abritant des structures en boue qui nous semblent naturelles, attire notre attention. Ces structures ont été construites du même principe que les stalactites, avec la boue s’écoulant le long de la falaise.
Notre curiosité est récompensée. Derrière ces empilements, des morceaux de bois et des restes de murs.
C’est très vague.
Il y a même une pièce souterraine, peut-être un kiva ?
Côté poterie, je suis gâtée.
Et, pour terminer, un pétroglyphe.
Presque 14h. Il est grandement temps de rentrer.
A l’aller, nous avons décrété que c’était la piscine du lapin.
Un vent insidieux et froid s’est levé. J’admire Stefano qui reste stoïquement en t-shirt.
Nous arrivons près du Sphinx. À remarquer que le ciel s’est carrément couvert.
Et comme nous avons bien marché et qu’il n’est « que » 15h15, nous allons passer un peu de temps au site des mains.
Là aussi, côté poterie, c’est la fête.
D’abord, de la poterie peinte…
et puis de la poterie dite corrugated (ondulée, dirions-nous en français).
Là, à noter, le rebord d’un pot.
Il y a un kiva en excellent état, protégé par une chaîne.
Deux petits greniers, se faisant face.
Un autre kiva, plus malmené par le temps et le passage des humains ou des animaux.
Une metate et sa mano. Je caresse avec respect la mano en pensant aux mains besogneuses transformant le grain en farine.
Et voici trois metates.
Nous partons explorer la face de la paroi.
Stefano, en train de photographier les mains d’enfants.
Nous trouvons également des pétroglyphes dont nous n’avons pas de souvenirs de notre précédente visite. Alors, nous dirions : (1) un serpent, (2) une main et (3) un bonhomme qui a ensuite été pris pour cible de jeté de boules de boue.
Voici une autre série.
Ce bélier ou cerf est magnifique.
Stefano trouve même un petit bout de corde de yucca. Le Graal !
Continuons avec un changement radical de technique.
Deux spécimens sont bien contrastés, d’autres sont plus faded.
L’avantage du pecking, c’est qu’il résiste mieux au temps.
Il y en a partout. Même sur les rochers à l’horizontal.
Regardez la tranche de ces roches.
Nous pousserons même jusqu’au pied du rocher, en prolongement de la paroi, car nous avons cru discerner un dessin. Mais non, rien de rien.
Nous repartons. Notre dernier arrêt sera au site situé au-dessous de l’échelle.
Nous nous demandons bien comment les Anasazis pouvaient, sur une base quotidienne, rejoindre les bâtiments de l’alcôve supérieure.
Il y a bien un tronc, qui porte une étiquette métallique posée par le BLM et donc qui est répertorié. Mais un tronc ? Et les femmes, et les enfants ? Comment faisaient-ils ?
Le dernier segment est une lutte contre la végétation.
Le temps se gâte et nous avons même droit à quelques gouttes de pluie.
Il ne nous reste plus qu’à remonter au parking. Cette montée est un vrai bonheur, tout simplement parce qu’elle dure plus de 5 minutes et que le corps a enfin le temps de se mettre dans l’effort.
Nous nous arrêtons à Savation Knoll, sur la UT-95. L’année passée, le dernier jour de notre séjour, nous y avions vu des travailleurs du BLM installer des panneaux.
Ces panneaux relatent une partie de de l’expédition Hole in the Rock. En voici un extrait :
En haut à gauche : « 23 décembre 1879. Il est tombé environ 18 cm de neige… 24 décembre 1879… nous avons fait cuire nos dernières provisions, à savoir un pancake d’un pouce d’épaisseur cuit dans une poêle. 25 décembre 1879 C’était le jour de Noël 1879, où nous nous sommes retrouvés sur le flanc de Elk Mountain sans nourriture, sous un froid mordant… Nos os vont certainement blanchir, non loin d’ici… » George B. Hobbs.
Ils grimpèrent sur cette colline d’où ils aperçurent les Blue Mountains qui leur permit de se repérer… et rejoindre la caravane. Ils parcoururent 136 miles en tout.
Ce soir, nous tentons le Homestead Steak House, le seul vrai restaurant qui reste à Blanding. Nous allons clore cette magnifique journée d’anniversaire par un vrai repas. Les portions sont rikiki et le goût loin d’être extraordinaire. Heureusement que le dessert (partagé quand même) finit de nous remplir le ventre.
Flore du jour
Autoportraits du jour
Ouf, nous avons failli l’oublier, celui-là !
Au Homestead Steak House de Blanding.