Comme hier, l’air est frais lorsque nous sortons de l’hôtel, vers 7h. 32° F, soit un poil moins que 0° C. Mais le ciel est bleu et nous savons que la chaleur arrivera dans quelques heures. Aujourd’hui, nous partons pour la première fois, explorer le White Canyon hors des sentiers battus, pour y découvrir des ruines.
Nous partons sur la UT-95, vers l’ouest et tournons à droite sur la UT-275 : direction Natural Bridges National Monument. Nous y avions fait une magnifique balade en 2011 (voir ce billet).
Nous nous arrêtons au Visitor Center acheter le passe annuel des parcs nationaux et profitons pour papoter un peu avec les rangers.
Aujourd’hui, le but n’est pas de refaire la randonnées de 2011 mais d’explorer des canyons adjacents afin d’y découvrir peut-être (mais certainement) des traces du passé. Les rangers nous donnent quelques conseils, nous font part de leur préférence mais ne prononcent pas une seule fois le mot « ruines ». Nous nous y attendions : si ruines il y a, c’est à nous de les découvrir.
Nous allons nous garons au départ du sentier qui descend à Sipapu Bridge.
La lune est là. Moi, j’aime bien la lune…
Sipapu Bridge est visible depuis le parking. Bon, je vous l’accorde, il faut savoir où il se trouve pour le discerner.
Trouvé ? Oui, non, peut-être ?
Le sentier descend à pic en suivant la falaise et quelques échelles aident le touriste ou le hiker à passer (1). Nous attendons impatiemment le soleil car à l’ombre de la falaise, il fait frisquet (2).
Le vautour est toujours là, il n’a guère bougé en 3 ans. Il attend qu’un touriste imprudent se rompe le cou pour s’en délecter. En tout cas, il n’est pas farouche. Nous avons un doute quant à l’authenticité des ruines sur lequel il se tient : ce sont bien des restes de murs, mais de quelle époque ?
Stefano oriente ses paumes de main vers le soleil. L’idée de mettre des gants nous a traversé l’esprit, c’est dire !
Sipapu Bridge…
Nous venons de là, et comme vous pouvez le constater, nous sommes vraiment descendu dans la falaise.
La descente se fait maintenant sur du slick rock et lorsque la pente est trop accentuée, des marches ont été creusées et des rampes ajoutées.
Sipapu Bridge révèle sont énormité. C’est le second pont le plus grand, après Rainbow Bridge.
La couleur vert tendre du feuillage des Cottonwood trees est accentuée par les rayons obliques du soleil.
Dans quelques minutes, il nous sera impossible de le faire tenir sur une seule et même photo.
Reste le panorama… D’abord de profil…
puis de dessous.
Stefano opte pour le grand angle. Les images sont un peu déformées mais le charme y est.
Nous commençons véritablement notre balade du jour en remontant le White Canyon.
L’air est transparent. La chaleur arrive doucement. L’instant est magique.
Les parois à pic ne nous permettent pas de prendre de la hauteur lorsque la végétation devient dense. Nous sommes donc contraints de nous frayer un passage au milieu des roseaux ou des buissons. Mais comme nous l’avait promis un ranger, pas de tamaris. Le super-intendant veille au grain et descend régulièrement exterminer de ses mains les tamaris imprudents qui auraient le toupet de venir pousser dans son parc.
La balade est magnifique : peu de dénivelé et globalement, peu de bagarre avec la végétation. Lorsque c’est le cas, c’est que nous avons perdu le sentier.
Et puis, nichées dans le creux d’une falaise, un premier ensemble de ruines.
Un cahier, déposé dans une ammo box, laissée et cadenassée à un rocher par le BLM nous félicite d’avoir trouvé ce qu’ils appellent one of the lesser known site.
Le site n’est pas exceptionnellement bien conservé mais nous sommes tout excités.
Voici la même construction, vue de l’autre côté.
Des petits greniers ont été construits, en enfilade.
Devant ce grenier, 3 cavités creusées dans la roche, à intervalles réguliers. Petit rappel : les Anasazi ne connaissaient ni n’utilisaient le métal. Leurs outils étaient faits d’os, de bois ou de pierre.
Quant à celui-là, nous avons aimé sa porte parfaitement rectangulaire et les alignements de petits cailloux pour consolider le mortier.
Stefano a trouvé des pictogrammes qui semble avoir été réalisés avec un substance proche de la résine. Les « coups de pinceaux » sont encore visibles.
Il y a aussi un cercle, dessiné avec la même technique et la même substance.
Et puis, non loin, des pétroglyphes.
Nous reprenons le sentier et poursuivons la découverte de White Canyon. Stefano me dit que plus loin, nous devrions trouver le Sphynx.
Un coude et un morceau de falaise bien net. Une inscription. Je lis 18 mars 1924.
Le seul B.B. Turner que je trouve en googlant est un pionner de la pharmacologie. Je ne pense pas que ce soit lui !
J’aime les Cottonwoods trees. Je les aime beaucoup lorsque leurs branches sont nues, mais recouvertes de petites feuilles vert-tendre, ce n’est pas mal non plus.
Stefano reste étonnamment zen lorsque le sentier se perd à nouveau dans les roseaux (ou plutôt que nous avons perdu le sentier). Je m’attends à tout moment à un « on fait demi-tour », mais non, il ne vient pas ! Tant mieux.
Parfois, nous sautons de pierre en pierre plutôt que de rentrer dans la broussaille.
Nous avons pensé un moment que cette cavité pouvait abriter quelques surprises, mais non.
Nous retrouvons le sentier et continuons notre exploration.
Nous ne sommes plus loin du Sphynx.
Le voici d’ailleurs… Tellement haut et énorme que nous avons de la peine à le cadrer. Et pour couronner le tout, il est à contre-jour.
Stefano regarde sa montre, me montre un coude du wash et me dit : allons jusqu’à là-bas et ensuite nous ferons demi-tour.
Et puis, il se retourne tout excité et me dit : Regarde ! Oui… blotties au fond d’une alcôve, des ruines qui nous semblent très prometteuses.
Nous nous rendrons vite compte que nous ne pouvons pas les atteindre. Impossible de monter sur la corniche.
Mais ce n’est pas grave. Il y a un second niveau qui est lui accessible.
Il y a un kiva au toit presque intact…
et un autre, protégé par une chaîne, qui – lui – est intact.
Des petits greniers, tout arrondis, épousent les formes de la parois.
Il y a des rafles de maïs…
… et quelques morceaux de poterie.
MC en mode lézard.
Au-dessus de l’emplacement d’une ancienne construction (la suie des feux est encore visible), quelques pictogrammes : des mains, un mouflon (en blanc) et une forme humaine.
Je sors de ma torpeur (hum le soleil sur le dos c’est tellement bon !) et suis la falaise sur la droite, histoire de voir si je découvre d’autres surprises.
Je trouve d’abord une main, gravée dans la roche.
Puis, plus loin, en hauteur, une ribambelle de mains.
Je regarde vers le sol et vois une autre série (1) puis encore une autre (2) dont les empreintes de mains sont toutes petites. Des mains d’enfants ! Je les imagine les bras tendus, les mains collées à la roche, trépignant d’impatience, attendant que quelqu’un projette le colorant. Trop chou !
Nous repartons.
13h sonnent.
Stefano me dit qu’il faut penser au retour et surtout garder un peu de temps pour explorer un autre canyon que White Canyon.
Nous nous fixons un dernier coude du wash avant de revenir sur nos pas.
Cet arbre nous semble parfait.
Nous y envoyons notre message SPOT du jour.
Cottonwood trees. Je vous ai déjà dit que je les aime ?
L’eau qui arrive ici, après s’être baladée sur le slick rock, est parfaitement transparente.
Cette photo est prise quasiment face au soleil et oui, les couleurs sont telles que nous les avons vues. Elles sont simplement accentuées par le contraste de la paroi, à l’ombre.
C’est beau, non ?
Ce qui est étrange, c’est la couleur grise de la roche (qui est en fait du sable aggloméré) proche du sol. Une strate plus haut, et celle-ci devient rouge-ocre.
Ce rocher me fait penser à un Doris.
Nous n’échappons pas aux zones à la végétation hostile.
Quel est le nom de cet arbre ? ;-)
Le second site de ruines est visible, dans le creux de la falaise.
Jeux de lumières…
A proximité du Sipapu Bridge, une famille avec une dizaine de gamins (bon, p’être qu’il y a deux familles) a investi les lieux. D’un havre de paix, le pont est devenu aussi bruyant qu’une cours d’école.
Résolus à ne pas nous laisser intimider, nous contournons le pont pour le prendre à revers et avoir le soleil dans le dos.
Voilà, ce sera notre dernière photo depuis le White Canyon.
Nous remontons à la voiture. La montée a le mérite d’accélérer notre cardio. Ce sera notre seul vrai effort de la balade.
Nous reprenons la voiture et filons nous garer au départ du sentier qui descend à Owachomo Bridge.
Flore du jour
Et même si c’est une plante dite grasse, je lui tire mon chapeau : elle ne semble y avoir aucune matière organique (à part elle, à moins de 100 lieues à la ronde.
Autoportraits du jour
Il est 9h00. Nous ne sommes pas encore tout à fait réchauffés mais par contre parfaitement réveillés.
Sur le chemin du retour.