La pluie nous réveille en milieu de nuit… Nothing we can do about it. Nous nous rendormons quelques minutes après. J’ouvre un œil alors que le jour est levé. Stefano dort profondément (et je n’ai pas dit « ronfle bruyamment » car il ne ronfle que très très rarement). Je bouge un peu pour le réveiller en douceur. Youpi, la pluie a cessé ! Car aujourd’hui, nous avons prévu de partir à la découverte de Tower Ruin et de Paul Bunyan’s Potty.
Dehors, le ciel est méchamment chargé. Pendant que l’eau du café chauffe, j’attaque le pliage et rangement de la tente. Quelques minutes plus tard, il comment à neiger (enfin, c’est plutôt du grésil). Chic, la tente est trempée et le sable mouillé se fait un plaisir de s’y coller. Je range tout à la vite espérant que le soleil revienne assez vite ses prochains jours pour faire sécher le tout.
Petit déjeuner sous le grésil…
A 8h44 nous sommes prêts à partir et regardons une dernière vois notre magnifique spot, un peu mélancoliques… Ah si Sélène (le nom de la tempête) ne nous avait pas volé une nuit…
Au programme du jour, une visite de ruines, Tower Ruin. Le trailhead est également le point de départ d’une piste qui rejoint le Salt Creek. Nous nous rendrons très vite compte que la piste EST le wash.
Le trailhead. La barrière ne s’ouvre que par code, code fourni par les rangers à la demande. Pour les piétons comme nous, un passage est aménagé.
Premiers mètres : nos mollets vont aimer la balade. Nous pouvons constater que le passage du dernier véhicule motorisé date un peu. Tant mieux. Rien ne vaut la marche à pied.
Première rencontre avec Salt Creek.
Les peupliers deltoïdes (ou plus communément appelés sur ce blog les cottonwood trees) laissent apercevoir de toutes jeunes pousses vert tendre au bout de leur branches.
La balade promet d’être magnifique.
Enfin… Nous révisons notre copie après quelques traversées du wash. Le sentier est un concept et nous devons fréquemment nous bagarrer avec la végétation, plus précisément ces p%@#@ains de tamaris qui envahissent les rives.
Lorsque le lit du wash est large, nous marchons sur les bancs de sable qui le bordent. Ils sont mouillés et nos chaussures se chargent joyeusement d’un ou deux kilos.
Parfois, mais très rarement, un sentier borde le cours d’eau.
Mais le plus souvent, nous nous frayons difficilement un chemin au travers de la broussaille et des troncs morts. Heureusement, aucun des buissons n’est équipé d’épines.
Les traversées du wash deviennent également de plus en plus difficiles. Parfois nous trouvons des pierres ou des troncs et nous jouons aux équilibristes. Parfois nous arrivons dans une impasse et devons faire demi-tour afin de trouver un endroit pour traverser.
Lors d’un passage au milieu d’un amas de troncs morts, avec des branches partout, je vois Stefano hésiter et me dis : au prochain, Stefano va se retourner et me dire qu’on rentre.
Le fameux prochain passage arrive : alors que nous venons de faire une centaine de mètres en nous faisons fouetter par les branches que nous écartons tant bien que mal, nous nous trouvons face à un îlot inextricable de tamaris (ah si nous avions des machettes). La seule option : descendre dans le lit du wash et le traverser. Sauf que le wash occupe tout son lit, le vilain, et qu’il n’y aucun tronc ni pierre ne viennent jouer au bon samaritain.
Stefano prend une grande inspiration, me regarde et me dit : bon, elles sont en Gore-Tex nos chaussures et donc imperméables, n’est-ce pas? Avant que j’ai eu le temps de répondre, je le vois rentrer dans l’eau. Trois pas plus tard, il est de l’autre côté. L’eau, heureusement basse, dépasse à peine la semelle. Je le suis, ravie.
Dès lors, la dynamique de la randonnée change. Nous n’hésitons plus à traverser le wash, sitôt que notre progression devient difficile.
Nous arrivons à une jonction : Horse Canyon ou Salt Creek. Sans trop réfléchir, nous suivons la direction de Salt Creek, sans doute parce qu’il y a un beau sentier, bien tracé et bien au sec.
Mais après vérification sur le GPS, il s’avère que nous faisons fausse route. Demi-tour donc.
Cependant, bonne surprise : le wash de Salt Creek est à sec. Cependant, dommage que les nuages fassent un peu trop copain-copain et commencent à s’accumuler.
Quelque part, dans cet amas rocheux, Paul Bunyan’s Potty, le fameux pot de chambre de Monsieur Bunyan. Nous espérons qu’au retour le soleil daignera se montrer.
Le sentier bien tracé raccourcit la marche : il coupe chaque méandre.
Grâce au GPS, nous savons que nous approchons de Tower Ruin.
Nous pensons d’abord qu’elles se nichent ici, dans une des trois alcôves.
Un petit coup de zoom balaie notre théorie.
Puis nous apercevons ce piton et là, plus de doute. Nous connaissons le penchant qu’avaient les Anasazis à s’installer à côté de marque de paysage distinctive.
Bingo ! Nous discernons une alcôve abritant un bâtiment de forme carrée.
Nous étudions rapidement le relief et arrivons à la même conclusion : nous ne pourrons pas nous approcher très près des ruines. Nous nous consolons en nous disant que si elles sont en si bon état c’est que justement elles sont très difficilement accessibles.
Nous parvenons à nous approcher et sommes à environ 15 mètres en contre-bas.
Nous constatons que plusieurs bâtiments ont été construits : le premier, à la maçonnerie parfaite, est très bien conservé. Ses poutres placées par groupes de deux, bien alignées. Amazing!
Le second est plus rustique : il est constitué de pierres sèches qui n’ont pas été solidifiées avec du mortier. Sans doute la raison pour laquelle il est en partie écroulé.
Stefano remarque des cercles blancs. Ce sont les seuls dessins présents.
En se penchant pour mieux les regarder, Stefano discerne un petit grenier, un peu plus loin sur le ledge.
Nous n’essayons même pas de nous en approcher. Le seul moyen serait éventuellement de ramper. Décidément, les Anasazis ne reculaient devant aucun obstacle pour mettre à l’abri leurs maigres réserves de nourriture.
Voici le paysage contemplé tous les matins. Oui, certes, la vie était rude mais nous sommes persuadés que les Anasazis admiraient sans s’en lasser cette magnifique vue.
Nous envoyons le message SPOT du jour et pensons au retour. C’est que ce soir nous devons rejoindre Blanding, à quelques 80 km.
C’est alors que nous remarquons que la seconde alcôve sur la gauche, n’est pas vide.
Les restes d’un mur y sont visibles.
Un dernier regard et nous voilà partis.
Nous avons bon espoir : il y a maintenant autant de nuages que de ciel bleu. 50-50.
Paul Bunyan’s Potty : une fenêtre dans la roche. Un énorme pot de chambre.
En contrebas, un petit grenier, abrité par de la végétation.
Nous retrouvons la bifurcation vers Horse Canyon de même que l’eau, les tamaris et les broussailles.
Pour éviter une section particulièrement pénibles, nous nous éloignons du wash en espérant pourvoir trouver un passage pour passer des blocs de rochers. Le faint trail que nous suivions s’étiole avant de disparaître.
Passera ? Passera pas ?
Oui ! Ça passe. Après encore quelques centaines de mètres dans la broussaille, nous retrouvons le wash.
S’en suivent quelques traversées périlleuses, compte tenu de l’extrême profondeur de l’eau et du courant furieux. Jugez plutôt !
La suite de la randonnée se fait dans la bonne humeur. Nous savons à quoi nous attendre. Nous avons les mollets zébrés de griffures. Demain, nous rajouterons les jambes aux shorts.
Lui ne va pas rester longtemps debout. Aux prochaines fortes pluies, le wash va emporter le banc de sable sur lequel il s’accroche désespérément.
Stefano et moi-même trouvons les branches des cottonwood trees qui se détachent sur le ciel bleu de l’Utah d’une extraordinaire beauté.
Normal donc que nous gaspillions quelques pixels.
Allez, un dernier…
Juste avant d’arriver à la voiture. Ce matin, nous avons bien ri en voyant cette limite de vitesse.
Lorsque nous arrivons à la voiture, le soleil est bien présent et une petite brise légère souffle. Je me dépêche de sortir la tente, le footprint, le double-toit, et profite de la barrière pour faire sécher le tout. Ouf, une bonne chose de faite. Nos sacs de couchage porteront à jamais un souvenir de Needles : le logo Cumulus est passé de blanc à rose, rose comme la couleur du sable mouillé.
C’est donc l’esprit tranquille que nous partons vers notre lieu de résidence de prochains jours, la mégapole de Blanding. Nous découvrons avec effroi que notre cantine est fermée et nous nous rabattons sur un restaurant mexicain dont le burrito, insipide, a néanmoins l’avantage de nous remplir le ventre.
La douche a un goût de spa de luxe.
Flore du jour
Autoportraits du jour
Au petit déj. Le ciel couvert a un effet bénéfique. Il fait légèrement moins froid qu’hier et nous avons pu garder nos extrémités à l’air (enfin, presque).
À Tower Ruin.
De plus près… Nous avons acheté de la crème solaire indice 50 pour bébé. Résultat : depuis hier, Stefano m’appelle Pierrot !
Au bas de Paul Bunyan’s Potty.