Ce matin, nous partons pour Hammond Canyon. Nous y avons un unfinished business, car il y a deux ans, nous étions descendus dans ce même canyon avec l’objectif d’y aller voir les Three Fingers Ruins. Finalement, nous les avons aperçues de loin alors qu’il était temps de remonter …
Sauf qu’aujourd’hui, nous savons où elles sont.
Nous renonçons à passer entre les deux oreilles d’ours par crainte de la neige, neige qui nous avait fait renoncer à cette balade, l’année passée. Oui, pas la peine de chercher, Cedar Mesa est notre lieu de randonnée privilégié. Pourquoi ? Pour ses multitudes de canyons à explorer, pour ses ruines et ses pétroglyphes enchanteurs et enfin parce que c’est un lieu loin des foules. Nous passons souvent la journée sans voir âme qui vive.
Nous arrivons donc par la Cottnowood Road. Oui oui, vous avez bien lu. Un des panneaux indicateurs a été mal orthographié et ce n’est que l’année passée je crois que nous l’avons remarqué. La route s’appelle en réalité Cottonwood Road et c’est plus une piste qu’une route. Encore que, en bien meilleur état que la majorité des routes à Houston…
Une fois arrivés sur place, Stefano me propose de continuer en voiture pour aller voir une ruine qui répond au doux nom de Doll House.
Après 30 minutes de piste, nous renonçons. Notre voiture est bien un 4×4 mais une énorme flaque de boue laisse entrevoir d’autres difficultés. La garde au sol de la voiture n’est pas celle d’une Jeep, ni le relief des pneus d’ailleurs. Better safe than sorry donc. Nous faisons un demi-tour en 3 ou 4 manœuvres et sans regret retournons nous garer au départ du sentier qui descend dans Hammond Canyon. Lorsque j’aurai ma Jeep (verte ou orange, kitée à mort) plus rien ne nous arrêtera. C’est pour quand la Jeep ? Quand nous aurons gagné à la loterie et/ou que nous serons à la retraite.
Une voiture est garée non loin du départ du sentier. Nous risquons donc bien de croiser quelqu’un aujourd’hui.
La balade commence doucement, par une section plane, au milieu des sapins et des chênes.
Le sentier est étroit, parsemé de caillasse posée dans le sable. Nous devons faire attention où nous mettons les pieds. La végétation a une fâcheuse tendance à investir le sentier et il nous faut souvent écarter des branches de chênes nains. La pente devient abrupte.
Sur une longue section, le sentier est bordé de bluebonnets, ces fleurs de lupins bleues, emblématiques du Texas.
Ce canyon est très atypiques. Des arbres hauts nous masquent la vue.
Le premier rocher, en partant de la droite, s’appelle The Three Fingers. Les ruines sont à proximité, en haut d’une pente.
Il nous faut environ 2h30 pour arriver en bas du canyon.
Quels casse-pieds, ces arbres…
Nous retrouvons avec délice (c’est un euphémisme) les deux passages dans le snake grass. Nous vidons nos esprits et évitons de penser à ce que se cache : serpents, araignées, et autres insectes peu ragoutants.
A 12h35, nous avons localisé les Three Fingers Ruins, tout là-haut. Je réalise que nous n’avons pris aucune photo des ruines vues du bas.
La montée se fait sans sentier tracé. Quelques traces de pas nous aident. Nous montons face à la pente et je dois reconnaître que je tire un peu la langue. Mais c’est si bon, une petite montée pour décrasser les poumons !
A mi-hauteur environ. Vue sur le canyon d’abord.
Et première vision des ruines. Elles sont à portée de main.
Je jubile car je pensais que les Three Fingers Ruins étaient inaccessibles. Il y a un juste un petite passage sur du slick rock un peu technique et exposé et… nous y sommes !
Leur état de conservation est excellent. Les Three Fingers Ruins dominent le canyon. Espérons que les enfants qui vivaient ici n’étaient pas trop turbulents car un moment d’inattention se paye par une belle chute.
Les murs intérieurs du bâtiment rectangulaires sont enduits. Le travail de maçonnerie est soigné.
Derrière cette pièce, sans doute un espace de vie. La suie qui noircit la roche laisse deviner que les habitants y cuisinaient.
Le sol est jonché de reste de rafles de maïs et de morceaux de poterie.
Nous ressortons à l’air libre.
En voyant les traces de doigts et de main qui recouvrent ces murs, je visualise les hommes, femmes et enfants en train de mastiquer les pierres, leurs mains rouges de boue.
Une mano et quelques bouts de poterie.
Avant de quitter les lieux, nous envoyons notre message SPOT du jour. L’emplacement de ces ruines se trouve facilement sur le Web, donc nous n’avons pas à le cacher. La fréquentation des lieux est fortement réduite par la difficulté d’accès.
Le ciel s’est méchamment couvert et nous essuyons quelques gouttes de pluie. Je me sens un peu mal car ce matin, après avoir consulté la météo et constaté un joli soleil tout rond et jaune, j’ai sorti des sacs à dos les sursacs, les ponchos et même ma GoreTex. Crap!
Il nous faudra 3h et 20 minutes pour rentrer à la voiture. La descente des ruines fut plus facile que prévue. La remontée sur le rim fut certes longue mais relativement facile.
Nous sommes ravis de notre journée. Nous pouvons rayer de notre bucket list la ligne Three Fingers Ruins à Hammond Canyon. Yesss!
Flore du jour
Quelle richesse aujourd’hui !
Et moi qui avait peur que la saison des fleurs de cactus soit passée…