Il y a quelques jours, j’ai émis le désir de retourner un jour voir The Jailhouse Ruins. Il n’en a pas fallu plus pour que Stefano prenne la route de la Kane Gulch Ranger Station (une fois de plus) et quitte la UT-191 pour la piste qui mène à Bullet Canyon.
Si notre objectif reste la descente vers le Grand Gulch par Bullet Canyon, nous n’oublions pas de garder les yeux ouverts et de faire osciller notre tête de 180° à chaque changement notable de paysage.
Et c’est ainsi, qu’à peine rentrés dans Bullet Canyon (à cet endroit, ce n’est qu’un embryon de canyon), nous repérons des points blancs suspects sur une falaises.
Ce n’est pas grand chose, mais ce sont quelques pictogrammes blancs.
Un peu plus loin, nous retrouvons la tour d’observation, aperçue en 2015, lors de notre méga boucle : descente par Bullet Canyon et remontée par Sheiks Canyon.
Les parois du canyon grandissent doucement, au fur et à mesure de notre progression. Pour l’instant, la déclivité est encore douce.
Mais cette douceur ne dure pas. Le canyon devient plus profond et les pour-off plus fréquents.
Un peu de scrambling est toujours bienvenu.
Puis arrive l’inévitable bagarre avec la végétation qui a une méchante propension à envahir le sentier. La nature a horreur du vide, avons-nous l’habitude de dire.
Là, c’est un peu moins facile…
Tout ça pour dire qu’on ne s’ennuie jamais dans un canyon, surtout lorsque, cerise sur le gâteau, les cottonwood trees font des boucles avec leurs branches.
Nous repérons presque en même temps des dessins sur la falaise.
Si si, il y a quelques pictogrammes, très très estompés, cachés dans le creux ménagé par le ledge.
Un des tronçons le plus sympa (ce n’est que mon opinion). Nous évoluons dans une vaste plaine herbeuse, au milieu des falaises rouge.
Si nous nous fions à nos souvenirs, nous ne sommes plus très loin.
Effectivement. Nous sommes tout près du Perfect Kiva.
Il nous faut juste nous hisser au pied de la falaise pour le trouver.
Et il est là. Un kiva restauré, de même qu’une pièce rectangulaire.
C’est beau, mais presque trop. Trop de perfection, surtout pour les ruines, tue la beauté et la magie de l’endroit.
Il y a quelques pictogrammes réalisés avec des couleurs peu fréquentes : du jaune et du vert. Le blanc est constitué d’une sorte de résine épaisse.
Voilà des ruines plus… ruines ;-). A observer attentivement : les pictogrammes jaunes et blancs, les taches rouges qui sont le résultat de projection de boules de boue et enfin la suie, témoin de feu, sur la partie gauche.
Il y a aussi ce très bel alignement de métates.
Le site de The Perfect Kiva est très proche The Jailhouse Ruins.
Le site est sur deux niveaux. En bas, accessible, une série de pièces et de greniers.
Et cette ouverture barrée de branches de bois qui a donné son nom au site : on dirait les barreaux d’une fenêtre de prison.
The Jailhouse. Dans toute sa splendeur.
Un petit grenier, tout au fond d’une alcôve, accolé au mur de la prison. Il est fait de boue agglomérée sur une structure de branches.
Celui-là, moins abrité et donc plus exposé aux éléments, est beaucoup plus abîmé. Mais il a un charme certain.
Behind the scene…
Le second niveau semble presque plus fun, avec ses murs et ses cercles blancs.
D’ailleurs, lors de notre précédente visite, j’avais repéré un moyen d’accéder à ce second niveau. Aujourd’hui j’ai bien l’intention de tenter le coup. Ce que je fais, mais c’est un peu décevant. L’espace entre le mur et la paroi est vraiment très étroit et comme je ne veux toucher ni même effleurer ni l’un ni l’autre, je reste le ventre à terre.
J’arrive à peine à me mettre à genoux. Mais je suis contente : j’avais un unfinished business que je viens de terminer. J’aime ce sentiment.
Un des cercles blancs. Il y a deux traits pointillés de couleur verte.
Je redescends rapidement de mon perchoir. Stefano est inquiet. Je ne suis pas non plus franchement très à l’aise.
Pendant ce temps, Stefano est allé un peu plus loin, là où se trouvent des pétroglyphes.
Nous nous préparons à faire demi-tour.
The Jailhouse ruins avec une tache, pour donner une idée de la taille.
En venant, nous avons repéré, très haut sur la falaise, d’autres dessins. Et accessoirement, une sortie possible du canyon. Nous nous sommes même dit que peut-être ces dessins étaient des marques pour indiquer un chemin potentiel (nous aimons bien nous faire des films…). Nous avons bien aimé l’idée de ne pas remonter par le même chemin.
Sur cette photo, prise à l’aller, légèrement à gauche du centre, on distingue un pan de falaise un peu plus clair, juste au dessus d’un espèce de knoll. Les dessins sont là.
La montée se fait prudemment. La pente est raide et il nous faut trouver notre chemin parmi les blocs de rochers. Nous avançons par à-coup. Je me laisse distancer par Stefano pour qu’il puisse monter sans craindre de me blesser si une pierre se détache. Puis, il attend que je le rejoigne.
Nous nous rendons compte que, sans prendre de risque, nous ne pourrons pas aller voir le panneau, qui se situe derrière ce rocher. Tant pis. Ce sera pour une autre fois. Ou pas. Pas besoin de se casser le cou.
Nous jubilons car la montée a été un peu technique. Tout ce que nous aimons.
Après quelques efforts, nous sommes maintenant sur la mesa et nous dirigeons vers la voiture.
Nous suivons des social trails faits par le bétail pour éviter d’abîmer le crust. Nous prenons ceux qui se dirigent puis restent près du rim car nous n’avons pas oublié cette tour solitaire que nous aimerions revoir.
Après plus d’une heure de marche, la voici.
Alors que nous longeons le rim, nous découvrons une petite ruine, bien abritée. Youhou ! La vie est belle.
Quarante minutes plus tard, nous sommes à la voiture, et nous rentrons ensuite à Blanding, un peu tristes car aujourd’hui était notre dernier jour de randonnée.
Demain, ce sera direction Salt Lake City, puis retour en Suisse.
Mais avant, nous passons par la case obligée de fin des vacances, à savoir la lavage de la voiture.
Et, puisque nous y sommes, nous jouons aux touristes et traversons le bled pour aller faire la seule photo que nous ayons du panneau de bienvenue à Blanding, notre maison en Utah, je le rappelle pour ceux qui l’auraient oublié.