Nous avions tenté d’aller voir The Great Gallery en 2011 mais le mauvais temps et surtout l’orage nous avaient fait rebrousser chemin. Même si Horseshoe Canyon n’est pas un slot canyon, l’orage reste un jeu de roulette russe que nous évitons soigneusement.
Ce matin, il fait beau. Nous avons dormi comme des bébés. Nous sommes toujours étonnés de dormir aussi bien dans un lit somme toute petit (137 cm de large) par rapport à notre king size (198 cm de large). Ça doit être le dépaysement ou la déconnexion. À l’aube de notre 4ème jour de vacances, nous avons déjà complètement déconnecté et notre train-train quotidien de Genève nous semble irréel et tellement loin.
Nous quittons Green River aux alentours des 7h30, et prenons la direction de Goblin Valley. Ces paysages ravivent tant de souvenirs… Avant d’avoir atteint Goblin Valley, nous bifurquons sur la piste.
A 8h41, nous sommes certains d’être sur la bonne route.
Les quelques 30 miles (oui quand même) de piste se font sans encombre. Il a un peu plu cette nuit et le sable a été tassé.
Lorsque nous arrivons au parking, l’espoir d’être seuls s’évanouit. Il y a un campement de 5 ou 6 tentes de la Utah State University et peut-être 6 à 8 voitures. Un groupe de hikers attend un ranger car il y a une randonnée accompagnée qui part vers 9h.
Nous, nous partons un poil après.
Il faut un tout petit peu frais et le ciel est bleu bleu bleu. La fraîcheur nous fait marcher d’un bon pas et nous rattrapons rapidement quelques groupes partis avant nous.
Horseshoe Canyon, c’est tout en bas, dans l’ombre !
Pauvre Cottonwood tree. Lui ne verra pas de jours meilleurs, c’est certain.
Lorsque nous rejoignons le fond du canyon, nous passons le groupe d’étudiants de l’université. Devant nous, la voie est désormais libre. Nous choisissons de ne pas nous arrêter aux différents sites qui précèdent The Great Gallery pour tenter d’y arriver en premier.
Au loin, à l’ombre, inaccessible, un premier panneau.
Et parce qu’il est difficile de résister, en voilà un aperçu.
Un peu plus loin, de l’autre côté du canyon, au soleil, un autre panneau dont nous remettons également la visite à plus tard.
Nous nous concentrons sur notre objectif : The Great Gallery.
Ah… Cette sensation délicieuse de marcher dans un canyon. Nous nous rendons compte à quel point ce sentiment d’isolement et ces paysages magnifiques nous ont manqués. Ils sont uniques.
Les Cottongwood trees nous ont aussi beaucoup manqués.
Au loin, notre objectif.
Il nous a fallu moins de 2 heures et demi pour l’atteindre. Et bingo, nous sommes les premiers.
La présence de l’homme dans Horseshoe Canyon remonte à 9’000-7’000 ans avant J.-C. et les derniers habitants l’ont déserté vers l’an 1’300 après J.-C.
Un des panneaux, The Holly Ghost Panel, a été peint, selon des études faites par des scientifiques sur des bouts de rochers tombés, entre l’an 400 et 1000 après J.-C.
Mais trêve de blabla.
The Holly Ghost Panel, justement. N’est-il pas magnifique ?
Les représentations sont faites à taille humaine, la plus grande faisant 2.10 mètre de haut.
Le panneau dans son ensemble mesure 61 mètres de longueur sur 4.6 mètre de hauteur.
Autant dire que nous nous sentons tout petites et surtout plein de respect.
Une autre partie du panneau. Tout aussi magique.
Regardons plus attentivement cette partie : un pan de rocher s’est détaché, les formes restantes ont été affadies par le temps mais on distingue des chèvres, piquetées dans la roche, à l’inverse des autres dessins, peints.
Les formes s’alternent. Qu’elles soient détaillées ou simplement silhouettées, nous les aimons tout autant.
Celles-ci font parties des plus sophistiquées.
Il y a un tronc, posé sous un arbre. Je m’y suis assise et contemple, fascinée, le panneau en face de moi. Plusieurs personnes sont arrivées entre temps mais elles sont toutes restées discrètes, chuchotant et se déplaçant à pas mesurés. C’est l’effet de The Great Gallery.
Nous reprenons le chemin du retour un peu avant midi. Maintenant nous avons le temps d’aller admirer les autres panneaux aperçus à l’aller.
The Alcove Gallery
The Alcove Gallery fut notre refuge en 2011. Nous y avions déjeuné (Clif Bar bien sûr), y avions dormi et nous étions enfuit un peu lâchement lorsque des craquements sinistres et répétés au dessus de nos têtes nous avaient fait craindre le pire.
Le premier bloc de pétroglyphes a été massacré par des graffitis.
Les couleurs des dessins du second bloc se sont un peu affadies mais les dégradations humaines sont moindres. Les figures sont beaucoup plus fines et détaillées.
Le canyon, vu depuis The Alcove Gallery.
Un peu plus à droite, un autre panneau, toujours de style Barrier Canyon.
Voici un autre détail. Certains dessins ont été empilés sur des autres. Comme ce cercle dans la forme de droite, celle avec les belles cornes.
Nous nous remettons en route et arrivons à Horseshoe Shelter.
Horseshoe Shelter
Les dessins sont à hauteur d’homme et de taille beaucoup plus réduite que ceux de The Great Gallery.
Le style est très différent.
J’aime beaucoup ces dessins très épurés.
À droite, derrière un amas de cailloux, nous retrouvons une magnifique scène de chasse, admirée lors de notre précédent passage. Nous changeons complètement d’ambiance et de style.
The High Gallery
C’est le premier panneau aperçu ce matin. Il se situe à 10 mètres de hauteur environ. Peut-être 15.
C’est en plaçant cette photo sur le billet que je me rends compte que sous les formes peintes il y a toute une série de chèvre piquetées dans le rocher. Incroyable.
Petit tour en passant
Le sentier que nous avons pris pour descendre dans Horseshoe Canyon est en réalité une ancienne route construite pour l’exploration pétrolière. Du parking où nous avons laissé la voiture, elle permettait de descendre dans le canyon et de remonter de l’autre côté. Son sillon est encore visible. Je propose à Stefano de le suivre, histoire de prolonger un peu la balade, de solliciter un peu les jambes et le souffle et surtout de découvrir un nouvel endroit.
À droite, Horseshoe Canyon. Il suffit de le suivre pour arriver à The Great Gallery.
La montée est plaisante. La piste a été emportée par l’eau à un ou deux endroits. En arrivant en haut…
Nous n’irons pas plus loin. Veni, vedi, vici. Nous sommes contents (moi surtout). Nous pouvons redescendre.
Sur la photo suivante, on voit un lacet de l’ancienne route qui remonte vers le parking, d’où nous venons.
En remontant vers le parking, une empreinte de dinosaure au milieu du chemin. Sans les cailloux qui l’entoure, nous n’aurions rien vu.
15h06. Nous voici de retour au parking. Je ne savais pas que Horseshoe Canyon faisait partie de Canyonlands. Je comprends mieux la présence du ranger de ce matin…
En allant à la voiture, nous passons devant un homme et une femme, assis sur des chaises pliantes, en train de grignoter des fruits secs. En passant devant eux, nous les saluons et je lance : how is life? Ils rigolent. Nous engageons la conversation. Ils remontent de 3 jours de backpacking dans Horseshoe canyon, mais côté opposé à The Great Gallery. Lui semble avoir entre 70 et 80, elle plus jeune semble être sa fille. Ils sont enchantés de leur périple, même s’il a fallu souvent se bagarrer avec la végétation pour pouvoir avancer. Il nous donne un ou deux bons tuyaux de restaurants et nous nous quittons. Chouette rencontre, même si elle fût éphémère.
Nous reprenons la piste. Nous savons à quoi nous attendre. Du coup, lorsque la piste se transforme en tôle ondulée (washboarding) Stefano accélère et nous nous retrouvons sur un tapis volant. C’est à partir de 45 mph que l’effet de la tôle ondulée s’estompe.
En plein désert…
Nous arrivons sans encombre sur la State route-24. Mais la journée n’est pas finie ! A suivre…
Flore du jour
Autoportraits du jour
Vive les télécommandes !