Ce matin, le ciel est couvert mais aucune pluie n’est annoncée et, pour cette raison, nous décidons d’aller découvrir les Sycamore Canyon Ruins. Nous partons vers Cottonwood et empruntons quelques centaines de mètres la route qui mène à Tuzigoot avant de bifurquer pour suivre la Sycamore Canyon Road. La route suit sagement le cours de la Verde River. La belle surface goudronnée qui nous avait accueillis s’arrête net après un stop-bovin. Les derniers kilomètres se font sur une piste, un peu beaucoup caillouteuse par endroit.
Quelques voitures sont garées au départ du sentier, dont une berline. Du coup, nous sommes rassurés. Personne ne peut nous accuser d’avoir maltraité notre char.
Nous sommes seuls et nous nous préparons tranquillement. Tout d’un coup, surgi de nulle part, un gars arrive. C’est le propriétaire de la berline et, nous explique-t-il, c’est un chauffeur Uber de Glendale (près de Phoenix), qui vient tout juste de déposer un randonneur au départ du sentier. Nous n’avions jamais pensé à une telle utilisation d’Uber. Intéressant.
Voilà Sycamore Canyon. Au centre, le creek que nous devrons le traverser car le sentier que nous suivrons est sur la gauche. D’ailleurs, on en distingue une portion, sur la gauche.
Stefano, légèrement frigorifié, au départ du sentier.
La première étape consiste à descendre au niveau de l’eau.
La seconde étape est un peu plus tricky car il s’agit de traverser le creek.
Stefano connaît bien mon inaptitude à sauter de rocher en rocher et même celle qui consiste à marcher en équilibre sur un tronc. Il nous faut donc construire un gué.
Nous partons à la recherche de troncs ou branches suffisamment longs mais assez légers pour pouvoir être déplacés, ainsi que quelques cailloux pour bloquer les troncs.
Et voici le résultat. Bon, je vous l’accorde, il ne vaut pas le Brooklyn Bridge de New York, mais ça reste néanmoins une réussite.
Maintenant que le gué est construit, y’a plus qu’à, comme on dit. Stefano passe et m’attend de l’autre côté. J’opte pour la sécurité, me plie en deux et utilise une main en appui sur les troncs pendant que j’avance à petits pas. Pas très élégant mais c’est le résultat qui compte, car en définitive j’arrive de l’autre côté sans m’être mouillée.
Nous voici bientôt sortant du canyon marchant sur le Packard Trail.
Nous laissons le canyon sur notre droite et montons vers un col.
Le sentier est caillouteux à souhait. Quelque chose me dit que la descente ne sera pas facile.
Et nous voici au col.
Quelques panneaux de bois gravés de numéros ou tout simplement muets nous indiquent que nous sommes sur un sentier « officiel ». Enfin c’est comme cela que nous les interprétons.
Nous arrivons sur une sorte de plateau, la Packard Mesa.
Nous pensons que cette butte, au loin, est notre destination. Ne serait-ce pas un chouette endroit pour construire sa maison et y habiter ?
Resserrage de chaussures alors que le sentier devient plus sablonneux. Le numéro 66 revient. Le sentier se divise en sentiers parallèles.
Après avoir consulté de GPS, nous devons nous rendre à l’évidence. Les ruines ne sont pas à proximité de la butte. Nous la contournons par la droite et arrivons près d’un réservoir, le Sycamore Tank. C’est vrai que ces belles étendues recouvertes de bonne herbe verte sont propices à l’élevage de bovins, non ?
Nous traversons une grande étendue d’herbe jaune, parsemée de Cholla Cactus.
Nous rejoignons une piste de jeep que nous suivons sur quelques mètres avant de nous engager entre deux buttes en direction d’un petit col. Derrière nous, notre « fameuse » butte qu’il serait bon d’aller explorer un jour. Peut-être y découvririons-nous quelques belles surprises.
Au fur et à mesure que nous montons, la roche change de couleur : d’une belle teinte rouge-orangé, elle devient sombre.
Nous sommes presque au saddle.
Lorsque nous arrivons au col, une magnifique vue sur le Sycamore Basin s’offre à nous.
Là, nous sommes dans l’expectative. Mais où donc sont cachées ces ruines ? Le sentier semble descendre…
Et puis, quelques dizaines de mètres plus loin, Stefano pointe le doigt, un grand sourire aux lèvres en me disant : Regarde !
Wow, incroyable !
Nous prenons notre temps et restons loin pour apprécier la magnificence de l’ensemble.
Nous n’avons jamais rien vu de tel. Le contraste de couleur est aussi magnifique qu’inattendu.
Après quelques minutes passées le nez en l’air et la bouche ouverte (jaw dropping diraient les américains), nous nous approchons presque religieusement et nous commençons notre exploration.
D’abord, la section de gauche.
Nous nous rendons compte qu’une partie de la façade ne sert que de décorum. La partie inférieure, bombée, ne fait que recouvrir la roche. Peut-être était-ce pour rendre la taille du bâtiment plus imposante et décourager ainsi des attaquants éventuels ?
Une partie du toit est intacte.
Le toit, vu de l’intérieur. Un pied métallique soutient une poutre, ajouté sans doute par le National Forest Service. Lorsque nous inspectons l’intérieur des bâtiments, notamment la structure des toits, nous sommes toujours en admiration devant le travail de préparation et finition des poteaux de soutènement et des poutres. Il s’agit toujours d’arbres ou de branches de bonne taille, qu’on dirait rabotés et polis. Rappelons que les Native Americans étaient restés à l’âge de la pierre et que tout ce travail a été effectué avec des pierres taillées et affûtées.
La partie droite du site est un peu plus abritée.
Néanmoins, il ne reste que des murs, de hauteur variable.
Sur certains, le mortier de boue est encore là et des traces de doigts encore visibles. Notre imaginaire se met à galoper et des visions d’hommes, de femmes et d’enfants tassant la boue sur la pierre et comblant les interstices nous passent devant les yeux.
Stefano sonne l’heure de départ. Il voudrait passer le gué et la route non goudronnée avant que la nuit ne tombe. Il est presque midi et nous avons quitté la voiture un peu après 7h. La mort dans l’âme, nous nous éloignons.
Allez, une petite dernière avant de quitter Sycamore Canyon Ruins…
Nous rejoignons la piste de jeep en bavardant comme des pies, commentant notre découverte du jour. Chaque pierre composant ces habitations a été portée sur des centaines de mètres. Nous n’osons même pas imaginer d’où vient l’eau ayant servi à fabriquer le mortier.
Nous préférons suivre la piste plutôt que de couper à travers champ. La traversée de la prairie d’herbe jaune était certes plaisante mais il nous a fallu zigzaguer pour éviter de massacrer le microbiotic crust. Suivre la piste nous fait faire un détour mais in fine nous gagnons du temps. D’autant que nous avons accéléré notre rythme de marche.
Sycamore Tank.
Nous retrouvons notre sentier numéro 66 et pouvons mettre un nom dessus. Sans surprise, il s’agit du Packard Trail. Le sentier numéro 63 est le Sycamore Basin Trail, qui va vers une toute autre direction.
Le soleil se montre de façon sporadique au gré des trous de ciel bleu.
Nous arrivons très très vite (presque trop vite d’ailleurs) au col qui marque le début de la descente vers Sycamore Canyon.
La descente tient ses promesses, à savoir knee-breaker à souhait.
14h15. Le parking est en vue, même si nous n’y sommes pas encore. Nous espérons que notre gué est encore là.
Bingo, il est toujours là. Admirez cette aisance…
Quant à moi, je reproduis la même technique qu’à l’aller. Elle a fait ses preuves. Tandis que ma première main posée sur les troncs me stabilise, ma seconde main, ironise Stefano, n’aurait pas arrêté de faire des signes de croix. Lorsqu’il me raconte ça, j’éclate de rire. Nous en rigolerons encore quelques jours.
Petite retenue d’eau avant que l’eau ne s’engouffre dans le creek.
À cet instant précis, nous aurions bien aimé qu’un petit rayon de soleil vienne illuminer le jaune de ces cottonwood trees à moins que ce ne soit des sycamores (platanes). Hélas, nos prières restèrent vaines.
Comme de coutume, nous trouvons le retour sur la piste plus facile qu’à aller. Nous arrivons à Sedona sans encombre avant la tombée de la nuit.
Flore du jour
Pour cette fleur, je ne suis pas certaine de son identification. C’est le wooly qui me gêne. Elle n’a rien de wooly cette fleur. Mais c’est ce que j’ai pu trouver de mieux. Je ne mettrais pas un ongle à couper, encore moins une main.
Autoportraits du jour
Oui, c’est nous, devant les murs écroulés des Sycamore Canyon Ruins.