Le week-end précédent a été exécrable et froid. La semaine fut un peu plus belle mais toute aussi froide. Les crêtes du Jura sont à nouveau blanches.
Hier, vendredi, je suis partie en reconnaissance. Avec pour mission de rendre un rapport détaillé : quantité (de neige), qualité (de neige) et conditions (météorologiques). Garée au parking dit Sous la Roche, j’ai attrapé la route qui monte vers La Foirausaz puis le pré de St-Livres. Au bout de 300 mètres j’étais déjà essoufflée à cause de l’absence de trace et de la profondeur de la neige : 30 à 40 cm de neige fraîche par endroit. Bref, j’ai pu cocher la case « Plus que suffisante » de la rubrique Quantité, « Fraîche mais un peu collante » pour la section Qualité et « Excellentes » pour celle des Conditions.
Ce matin, juste avant de partir, nous donnons un petit coup de fart aux skis histoire de mettre toutes les chances de notre côté. Et parce que j’ai raconté à Stefano les yeux brillants d’enthousiasme ma balade d’hier, nous décidons de partir du même endroit. Je termine de lacer ma seconde chaussure. Je lève les yeux, et vois une voiture s’arrêter derrière la nôtre. La combinaison de la plaque et de la marque du véhicule m’interpelle. Je fais de grands signes enthousiastes. Je viens de reconnaître la voiture de Simon, mon gentil collègue. Simon, je vous en ai déjà parlé. C’est avec lui et sa famille que les Two Swiss Hikers ont démarré leur activité Ski de Randonnée Nordique. C’était en décembre 2019, le 27 pour être précise. Depuis, nous n’avons jamais eu l’occasion de randonner en leur compagnie.
Nous décidons de commencer la balade ensemble et nous verrons ensuite si nous arrivons à marier nos rythmes respectifs.
Et nous voici donc partis, longeant sur quelques mètres la route avant de trouver la piste forestière qui monte vers La Bûcheronne.
Le refuge de La Bûcheronne, 387 fois (ou est-ce 388 ?) photographié, mais toujours aussi joli.
Une courte montée raide me convainc de mettre les peaux. Comme hier, je trouve que la neige a moins d’accroche. Mais ça doit être ma propre perception car personne n’a l’air vraiment gêné.
Stefano et moi sommes tout contents de faire découvrir à Simon, Laurence et Thi Uyen le joli pâturage de La Foirausaz. Par rapport à hier, la neige est marquée par le vent. La surface lisse et immaculée est maintenant sculptée de vaguelettes. Sans compter nos traces !
Initialement, notre mission consistait à mener nos visiteurs ici puis à partir chacun de notre côté. D’un commun accord, nous décidons de prolonger le plaisir et partons ensemble le long de la route.
Le couvert de la Foirausaz.
C’est par l’ancienne route que nous arrivons à La Foirausaz.
Le bois soigneusement rangé et aligné laisse Simon admiratif.
Mais, mais, où est donc la cinquième trace ?
Au Pré de St-Livres, le vent forcit, alors que nous progressons à découvert. Présent depuis le départ, il s’était amoindri dans la forêt. Mais même fort, il n’a rien a voir avec ce que nous avons vécu courant du mois de janvier, ici même, où nous devions marcher courbés en deux, le visage piquetés par des milliers de paillettes de neige dure. Le tout, dans le brouillard, évidemment !
Un des ventres crie famine. Nous croyons sur parole Laurence lorsqu’elle nous dit qu’il vaut mieux nous arrêter et manger. Sous peine de représailles. Sans attendre, nous cherchons un coin bien exposé au soleil et à l’abri (relatif) du vent. Lorsque tout le monde est d’accord quant à l’emplacement, (c’est important le consensus lorsqu’on est en groupe !), nous nous installons, qui à même la neige, qui sur des skis retournés ou qui debout. Laurence partage même du café avec nous. Ah, ce petit goût de mocca nous accompagnera longtemps.
Repartis, nous arrivons à La Corne. Là encore, pas question de se séparer. Nous avons trouvé nos marques : Stefano et Simon ouvrent la marche en alternance et moi je ferme la colonne.
Dans la dernière montée avant la croisée des sentiers, Simon se décale et prend la magnifique photo qui illustre le billet du jour et qui résume bien la journée. Malgré les conditions exceptionnelles, nous sommes seuls. Nous avons rencontré deux randonneurs solitaires, dont un avec un chien, peinant pour progresser dans la neige profonde.
Nous nous regroupons. Que fait-on ? Partir vers le Pré de Ballens puis de Mollens ? Monter vers Druchaux et revenir par le Pré aux Biches ? Mieux. Plus pittoresque. En haut, nous aurons une belle vue sur la crête du Jura et, qui sait, peut-être pourrons nous apercevoir le sommet du Mont Tendre.
La montée se fait tout tranquillement, en zigzagant pour réduire la déclivité.
Arrivée vers Druchaux.
Devant L’Aurore, nous retrouvons le randonneur et son chien. Montés sur les crêtes, ils ont rebroussé chemin à cause du vent et du froid. -15° ressentis nous dit-il. Le chien profite de la pause, allongé dans la neige, les oreilles dressées, la langue pendante et les yeux fixant son maître avec adoration.
Il n’est « que » 14h45. Nous avons encore 3 heures devant nous. Et une contrainte horaire : nos amis doivent avoir passé la frontière avant 19h, couvre-feu oblige. Stefano propose de pousser jusqu’à la cabane du Rocher. Après, on commence le retour, promet-il.
Moi, je suis enthousiaste. La cabane du Rocher est une des plus belles perles du Jura. Été comme hiver, nous ne manquons jamais une occasion d’y passer. Souvent, nous ne nous approchons pas, nous contenant de l’admirer, perchée sur son rocher, au-dessus de son alcôve.
Mais aujourd’hui, c’est différent. Nous allons y faire une petite pause. Le tout, c’est d’y arriver, car la pente est rude et le passage étroit.
La voici de profil. Pas une trace.
Stefano et moi restons dehors. Car même accueillant, l’espace est exigu.
L’heure est à la décision : il s’agit de revenir vers les voitures. Mais pas forcément par le plus court chemin. Laurence entend bien profiter au maximum de la randonnée guidée. Simon est un peu plus calme, à cause d’une douleur au genou qui commence à le taquiner. Mais il gère, nous assure-t-il. Thi Uyen, toute souriante, attend patiemment que les adultes décident. Ce que fait Stefano en énumérant : alors, passons à La Pivette, poussons jusqu’à la cabane du Servan, descendons vers le Grand Croset Dessus puis remontons pour redescendre enfin par le Pré aux Biches. Ces lieux sonnent comme une chanson dans ma tête. Chouette, me dis-je. Quel bel itinéraire !
Mais avant La Pivette, il y a Le Sorcier.
Nous croisons quelques traces en descendant vers La Pivette. Construite en 1934, elle fut transformée à plusieurs reprises dont une à la suite d’un tir militaire malencontreux. Heureusement, ce jour-là, la cabane était déserte.
La descente réserve quelques surprises et quelques chutes.
Mais dans l’ensemble, il faut reconnaître une chose : Simon, Laurence et Thi Uyen sont beaucoup plus casse-cou que nous et n’hésitent pas à se lancer face à la pente !
Comme là par exemple. Alors que Stefano et moi, prudents avons sagement fait deux traversées.
Nous constatons avec surprise que personne n’est passé sur le sentier qui mène au Mont Tendre.
Mais, mais, où sont donc les gens ?
Nous revenons sur nos pas pour attraper le sentier qui descend vers le Grand Croset Dessus. Nous rejoignons le chalet des Combes en suivant la piste de ski de fond. C’est confortable et reposant.
A 17h15, nous arrivons au Pré aux Biches. La fatigue se fait sentir et le rythme est plus lent que prévu. Thi Uyen s’est calée derrière Stefano qu’elle ne lâche pas. Ils sont loin devant.
Sur la photo suivante, les traces qui descendent sont celles que j’ai laissées hier. En marchant. Pour cause de neige collante qui ne m’a pas quittée jusqu’à la voiture. Espérons que ce ne soit pas le cas aujourd’hui. Sinon nous risquons bien de rentrer à la nuit noire.
Mais non. Ça glisse. Pas très vite, mais en nous aidant des bâtons, l’effort est moindre. L’arrivée à La Bûcheronne est un peu chaotique, la neige s’étant transformée et durcie. La fatigue aidant, les chutes s’enchaînent. Nous renonçons à nous entêter (sauf Thi Uyen) et ce sont les skis à la main et en longeant la route que nous arrivons au parking, nous faisant tout petits lorsque les voitures passent.
18h24. Hum… Simon comptait sur la fromagerie de St-Georges pour le dîner du soir. Heureusement qu’il y a Le Dépanneur non loin, qui comme son nom l’indique, dépanne le randonneur affamé à son retour tardif de randonnée… Pour ce qui est du couvre-feu, Le Dépanneur n’y pourra rien. Espérons que les douaniers soient à l’apéro !
Voilà. Ainsi s’achève la première randonnée en groupe des Two Swiss Hikers. Nous avons passé une magnifique journée, rendue encore plus belle par le partage. Nous parlons déjà de la prochaine, en été cette fois.
Itinéraire du billet
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportrait du jour
Entre le Grand Croset Dessus et le chalet des Combes. Sur le confort de la piste de ski de fond.