Lorsque Stefano me propose de consacrer une seconde journée à l’exploration des sites le long du Butler Wash, j’acquiesce avec enthousiasme. J’adore ce coin et je crois bien que je ne suis pas la seule. Nous commencerons par Split Level Ruins.
Même topo qu’hier : direction Bluff par la UT-191, un petit bout de la UT-163 vers l’Ouest et nous voici sur la piste qui longe le Butler Wash. Moins de 10 miles plus loin (9.6 pour être exacte), nous laissons la voiture au milieu des bouses et des pipis de vache encore frais.
Voici le trail head, envahis de tamaris.
Et puis, après avoir passé le Butler Wash, à nous les grands espaces. Grands espaces qu’il nous faut partager avec une vache, cette tache noire visible au centre.
Les cottonwood trees visibles au loin marquent le début du wash que nous allons suivre.
En parlant de cottonwood tree, vous ai-je déjà dit que je les A D O R E ?
Nous suivons un wash, sur quelques centaines de mètres qui ne s’avère pas être le bon. Le sentier nous semblait d’ailleurs un peu trop inexistant.
Nous coupons par le nord sur le slick rock pour rejoindre l’autre wash, cette fois le bon.
Et à chaque wash, ses cottonwood trees, bien sûr !
Nous explorons une première alcôve sans y trouver de traces du passé. Nous mettons alors nos cerveaux en route et comprenons pourquoi : trop près du wash. À la moindre crue, tout aurait été balayé.
En face, une autre alcôve, situé un peu plus en hauteur. Creusée dans le sable dur, à l’entrée de l’alcôve, une série de niches. Étrange. C’est vraisemblablement creusé par l’homme mais ce n’est pas un escalier. Nous n’en saurons pas plus et même après quelques googlings je reste bredouille.
À part cette structure, Stefano trouve quelques empreintes de mains, mais pas plus. Il est vrai que cette alcôve fait face au Nord, donc peu propice à un quelconque développement.
Oh zut, encore des cottonwood trees ! Ils méritent encore une photo. Il faut savoir que ces arbres sont malmenés par les crues répétées des washes.
Peu poussent droits. Beaucoup sont couchés, avec seulement une voire deux branches encore vivantes. C’est que le sol sur lequel ils s’ancrent n’est composé que de sable, bousculé sans répit par l’eau.
Tout ça pour vous dire qu’ils n’ont pas la vie facile et que c’est aussi une des raisons pour lesquelles je les aime.
Un coude de wash plus tard, nous apercevons Split Level Ruins.
Nous montons sur le ridge opposé afin d’avoir une meilleure vue.
Derrière nous, au loin, le Butler wash et le serpent de cottonwood trees qui le rejoint.
Devant nous, les deux niveaux qui ont donné son nom au site.
Une rapide analyse du terrain nous permet de comprendre que le second niveau n’est pas accessible sans équipement spécial. Nous nous contenterons donc de celui du bas.
Nous redescendons et retraversons le wash.
Et qui dit wash, dit quoi ? ;-)
Rien ne ressemble plus à une traversée de wash qu’une traversée de wash.
La tâche qui nous attend va être compliquée par la lumière : moitié soleil, moitié ombre. Il va falloir jouer rusé.
Avant d’arriver aux ruines, il y a un magnifique pétroglyphe qui représente un ensemble de cercle et une ligne de pluie horizontale.
Un peu plus loin, creusés patiemment dans le rocher, éclats après éclats, des formes humaines. Les deux formes de gauche représenteraient des femmes enceintes, avec leur ventre protubérants.
Allez, une fois n’est pas coutume… Un petit coup de main sur ce coup-là !
Nous sommes rejoints par un groupe de 6 ou 7 personnes. Un guide les accompagne, qui à l’air de bien connaître le coin. Il vient d’Escalante.
L’accès aux ruines se fait en longeant la falaise et en se glissant entre cette dernière et un épineux. Alors que le guide nous met en garde de ne pas marcher sur les metates que nous allons trouver, une de ces ouailles prend appui sur un mur pour franchir un passage étroit ! Nous n’avons rien vu !
Effectivement, des metates sont visibles sur le sol, mêlées à des pétroglyphes.
Sans conteste, la photo du jour.
Oui, pas facile aujourd’hui, les photos. D’autant que nous avons très peu de recul.
Côté ruine, en fait, peu de chose. Quelques murs, mais pas de structures intactes.
Les cercles, concentriques ou en spirale, semble être le symbole du lieu.
Nous trouvons également bon nombre de fragments de poterie.
Ici aussi, la couleur verte a été utilisée pour dessiner certains pictogrammes. Par contre, il semble que ce colorant résiste moins bien au temps. De ces mains dessinées, il ne reste que la paume de main et quelques bouts de doigts visibles.
Voici l’entièreté du niveau inférieur de Split Level Ruins.
Des mains sont représentées et nous espérons que leur auteur a fait preuve d’une interprétation personnelle et artistique et que jamais, au grand jamais, aucun être humain avec de telles mains n’a existé (1). C’est la seconde fois que nous voyons du maïs dessiné (2). La première fois, c’était Crow Canyon, au Nouveau Mexique. Le terme exact pour désigner le style de poterie auquel appartiennent ces morceaux : corrugated (3).
À l’époque, le recyclage existait déjà ! Ici, des morceaux de poterie ont été utilisés pour consolider le mortier. Je les aime, ces Anasazis !
Nous prenons un peu de recul pour appréhender le niveau supérieur, en bien meilleur état de conservation, bien évidemment.
Nous suivons de loin le guide et son groupe qui sont allés du côté de la falaise opposée.
Face au nord, la niche n’abrite pas de ruine mais des pictogrammes et des metates (encore !).
Ces mains sont magnifiques.
Une pierre à metates. Remarquez les traits gravés sur les bords, tout autour de la pierre.
Chou, ce petit bonhomme.
Nouveauté : au bout de chaque metate se trouve une cavité, peut-être pour stocker le grain écrasé.
Nous avons maintenant un meilleur aperçu des deux niveaux.
Et nous pouvons voir, sur un bout de parois à l’ombre, deux pictogrammes magnifiquement conservés.
Le colorant vert et cette sorte de résine que nous avons trouvée à deux reprises, dont une à White Canyon, semblent être les ingrédients de base.
Nous faisons une petite pause pour envoyer le message SPOT du jour.
11h30. Nous quittons les lieux pour notre seconde visite de la journée.
Faune du billet
Linda, la vache triste…
Gaspard, le lézard bien grassouillet.
Son cousin. Lorsque je l’ai aperçu, et compte tenu de sa taille, j’ai d’abord pensé à un chipmunk. Et bien non, c’est juste un gros, très gros lézard, à la mine dédaigneuse.
Flore du billet
Autoportraits du billet
Quelques minutes avant, Stefano a fait tomber ses lunettes et n’est vraiment pas content !!!