Non, vous n’avez pas la berlue. C’est le même titre que le billet d’hier, à un détail près : le 2/2.
Eh oui, nous nous levons ce matin (toujours à 5h) en pleine forme. Nos jambes sont encore un peu raides de l’effort d’hier mais quelques minutes plus tard, une fois réchauffées, il ne reste que de vagues courbatures. Rien donc pour nous clouer à l’hôtel.
Hier, nous avons fait le rim to river to rim en descendant par le Bright Angel Trail et en remontant pour le South Kaibab Trail. Donc aujourd’hui, l’équation est simple : nous allons faire l’inverse.
Le petit bémol à partir du South Kaibab Trail est que le départ du sentier n’est pas accessible en voiture. Nous déposons dans la voiture au parking habituel (près du Backcountry office) et attrapons le bus qui nous mène au visitor center puis un second bus qui nous mène à Yaki Point.
Il est donc 7h00 lorsque nous commençons notre descente. Le soleil, lui, s’est levé depuis une trentaine de minutes.
Mais il va falloir attendre encore pour trouver le soleil. L’air est frais mais nous avons décidé de commencer notre randonnée du jour en tee-shirt. Hier, nous avions gardé nos vestes et au bout de 10 minutes nous le regrettions déjà.
Hum cette sensation de frais, que c’est bon ! Nous en avons rêvé tout l’été (et je rappelle que l’été à Houston commence fin avril pour se terminer fin octobre si nous avons de la chance).
Une des nombreuses sections en mauvais état. Le passage répété de mules saccage le sentier. Seuls les troncs posés crées un relief car entre chaque tronc, il y a un trou. Les volontaires de l’ACE (American Conservation Experience) ont fort à faire. D’ailleurs hier, nous avons croisé une équipe en train de travailler sur le Bright Angel Trail qui fût récemment fermé quelques jours au trafic de mules faute à de grosses pluies.
Cedar Ridge.
Tiens, mais lui, on le connaît !
Gros plan sur le sentier.
Descendre dans le Grand Canyon par le South Kaibab Trail, c’est comme descendre un escalier de 3 marches gigantesques. Nous sommes ici au bas de la première marche. La seconde va nous mener sur ce plateau verdâtre, au pied du zigzag visible au centre de la photo. La troisième nous mènera au bord du Colorado.
C’est ici qu’hier j’ai tiré la langue. Dans le sens de la montée, cette section est I N T E R M I N A B L E ! Et je pèse mes mots.
Elle commence par des marches inégales et du sable heureusement assez dur…
et se termine par une section pavée, qui n’est, contrairement à ce qu’on pourrait penser, guère plus pratique pour marcher.
Nous y dépassons deux femmes asiatiques, couvertes de la tête au pied. Un peu plus loin, vraisemblablement le mari de l’une d’elles, un local, en short et débardeur les attend. Nous nous saluons, échangeons quelques mots et nous dit : I’m the sufferer… une hésitation et il ajoute : in the good way. Je lui réponds : we won’t tell anybody et nous rions ensemble.
Nous sommes maintenant sur la seconde marche…
prêts à attaquer la dernière descente.
Et c’est là, au détour du sentier, qu’un jeune bighorn sheep nous attend.
Le reste de sa famille n’est pas loin.
Bien que nous fassions un minimum de bruit et de mouvement pour ne pas les effrayer, ils déguerpissent à toute allure, certains sur le sentier, d’autres perpendiculairement à la pente. Nous sommes effarés par leur vitesse. Pour ceux qui s’enfuient hors du sentier, nous remarquons que leur corps reste aligné avec la pente (afin, pensons-nous, que la pression sur les 4 sabots soit identique) et qu’ils utilisent leur tête, penchée, en contrepoids.
Un des seuls passages du South Kaibab Trail où la déclivité est proche de zéro : que ce soit en montée ou en descente, nous avons l’impression de marcher sur du plat.
Nous retrouvons notre famille de bighorn sheeps un peu plus loin, ils se sont mis hors de portée, mais curieux, nous observent.
Derrière ce piton rocheux, nous allons rentrer dans le vif du sujet.
Le Colorado !
Nous décidons de passer pour la première fois le River Trail. Ce n’est pas le chemin le plus court, mais nous avons le temps et nous nous sommes souvent demandés à quoi ressemblait ce sentier. C’est ce sentier qu’utilisent les mules pour remonter par le Bright Angel Trail. Elles empruntent le Black Bridge (puisque son tablier est opaque), montent une partie du South Kaibab Trail et bifurquent sur le River Trail pour rejoindre le premier pont et le Bright Angel Trail.
Nous nous étions imaginés que ce sentier était très aérien et très étroit, mais non : il a la largeur moyenne du Bright Angel Trail ou du South Kaibab Trail et les bords côté vide sont, en général, bordés par un muret.
Derrière nous, le fameux Black Bridge.
Le premier pont, que les mules n’utilisent jamais.
Nous, on aime bien les ponts, surtout ceux qui enjambent le Colorado et qui sont au fond du Grand Canyon.
Comme hier, nous faisons notre pause près du point d’eau, sur l’autre rive du Colorado. Chacun assis sur « notre » pierre (celle que nous avons choisie hier), les doigts de pied en éventail, nous contemplons, béats, les alentours et profitons de chaque millième de seconde. Et surtout, nous n’oublions pas d’envoyer notre message SPOT du jour (des fidèles lecteurs se sont plaints de l’absence de message SPOT lors de la balade d’hier).
Il est 11h15 lorsque nous nous remettons en route.
La partie du sentier qui borde le Colorado est un peu encombrée. Les dinghies ont déchargé quelques passagers qu’ils reprendront plus en aval. Ce sont eux que nous trouvons sur le sentier, une bouteille d’eau à la main, en sandale pour la plupart, leur forme physique variant du A+ ou F-.
Lorsque nous quittons les rives du Colorado pour suivre le Garden Creek, la concentration de personnes se dilue et ne restent que les vrais randonneurs (et aussi les moins vrais, ceux avec, pour unique bagage, une bouteille d’eau à la main).
C’est la toute première fois que nous remontons depuis le Colorado par le Bright Angel Trail. Nous ne savons pas trop à quoi nous attendre en terme d’effort, surtout à l’approche du Devil’s Corkscrew.
Mais non, rien de bien méchant, nous arrivons vers le saddle sans nous en rendre vraiment compte.
Le fond du böcc (un trou, en lombard).
Le dernier switchback avant le saddle.
Et là, la dernière photo de notre randonnée. Nous ne sommes même pas arrivés à Indian Garden !
Après, j’avoue que je peine un peu. Moi, j’ai tout simplement de la peine à faire travailler en bonne intelligence le cœur et les poumons. Aujourd’hui, ils ne s’aiment pas. Mais je crois que surtout j’ai péché par excès de confiance. Je m’étais imaginé que la remontée de Indian Garden vers le rim était super facile. Eh bien non, c’est long, c’est raide par endroit et ces « foutues » marches sont vraiment inamicales.
Stefano, lui, est prudent, aussi. Hier, lors de la remontée par le South Kaibab, il a eu un méchant mal au mollet. La douleur remontait même jusqu’à la cuisse. Aujourd’hui, tout va bien, mais il sent que la douleur n’est pas loin.
Mais rien qui ne puisse nous arrêter ou nous faire perdre notre bonne humeur. Nous n’avons même pas eu besoin de ralentir et sommes restés fidèles à notre rythme Two Swiss Hikers.
Nous arrivons sur le rim vers 16h30 et filons directement au glacier histoire de faire un pied-de-nez à Melissa, notre nièce (voir l’autoportrait du jour).
Flore du jour
Faune du jour
Le petit, prêt à se cacher, nous observe avec curiosité.
Mais une fois rejoint par sa mère, il fait son timide.
Auportrait du jour
Après l’effort, le réconfort… Nous avions goûté à cette glace au mois de juillet (merci à Melissa) et en étions tombés amoureux instantanément. C’est la Dreyer’s Peanut Butter Cup. Indescriptible ! Des mini-cups style Reese, des filets de peanut butter, elle est vraiment incroyable ! Sans doute une véritable bombe calorique, mais là, je crois que pour aujourd’hui, notre balance calorique penche en faveur d’une petite gâterie.