Partis hier matin aux aurores (que dis-je, de nuit…) de Houston, nous sommes arrivés à Las Vegas le même jour à 8h30 du mat’. Le temps de prendre possession de la voiture, de faire les courses, nous avons quitté la ville du péché vers 11h00 et roulé tranquillement les quelques 400km et des poussières qui nous séparaient de Tusayan, notre lieu de villégiature des 7 prochaines nuits. Oui. C’est dit ! Nous restons 7 nuits à Tusayan et les érudits auront tout de suite compris que ce n’est pas Tusayan qui nous intéresse vraiment (bien que son restaurant mexicain soit excellent) mais le Grand Canyon, situé à quelques encablures.
Comme nous nous étions pris un peu tard en terme de réservation, notre hôtel favori, le Red Feather Lodge, n’avait pas 7 nuits consécutives disponibles. Stefano s’était rabattu sur le seul hôtel capable de nous héberger pour 7 jours. Les revues sur le Canyon Plaza Resort nous avaient fait un peu peur mais comme on dit ici, beggars can’t be choosy.
Nous avons eu l’agréable surprise de nous faire upgrader et d’avoir une mini-suite pour 7 jours : salon avec canapé, fauteuil et bureau, une salle de bains et un autre lavabo et enfin la chambre avec deux queen beds. Depuis des années, nous avons pris l’habitude de demander des chambres avec deux lits : ils sont petits, certes, mais cela nous permet de rester collés-collés dans un lit et d’utiliser l’autre pour étaler nos affaires. La chambre est propre, sent bon (c’était une des critiques récurrentes) et nous sommes tout au bout de l’hôtel, loin des ascendeurs et de tout trafic. Ce qui va nous permettre de nous coucher à des heures indues (comme 20h, par exemple) et de pouvoir ronfler une minute plus tard sans être dérangés.
Donc, ce matin, le réveil sonne sans surprise à 5h (oui, oui, 5h du matin).
A 6h42, nous sommes au départ du sentier qui descend à Indian Garden. Notre objectif du jour est incertain. Ce sera soit Plateau Point, soit… on ne sait pas. Nous verrons.
Et c’est avec délice que nous faisons nos premières enjambées. Nous ne sommes pas sur du plat (faute de mieux, c’est sur le plat que nous nous baladons la majeure partie du temps à Houston), mais bien sur une descente. Ça aurait pu être une montée, le plaisir aurait été le même.
Sans surprise, les premières centaines de mètres se font en compagnie d’autres personnes. Nous savons que, au fur et à mesure de la descente, les rencontres vont s’espacer. Nous ne serons pas seuls, c’est certain. Mais nous pourrons laisser vagabonder notre regard sur de longues distances sans voir âme qui vive.
Voici la première porte.
8h51. Le soleil est maintenant bien levé et illumine le rim.
Nous sommes encore à l’ombre. La seconde porte est déserte.
Le Grand Canyon se réveille… Rise and shine!
Nous arrivons à Indian Garden et faisons une courte pause. Nous nous regardons. Que faisons-nous maintenant ? Simple. Descendons voir de plus près le Colorado. C’est dit. Notre cadeau du jour : un rim to river to rim, avec une remontée par le South Kaibab Trail, bien connu pour ses switchbacks assassins !
Nous passons donc Indian Garden et longeons le Indian Creek. C’est la première fois que nous faisons cette portion du sentier sous le soleil.
Et c’est magnifique. Derrière nous, un cottonwood tree et le rim.
Devant nous, un ruban de verdure, entretenu par l’eau du creek.
Par endroit, la végétation est luxuriante.
Nous arrivons à un col, auquel nous nous référons en utilisant le terme de saddle. C’est là que le Indian Creek se sépare du sentier. Il s’enfonce à pic dans cette gorge.
Le sentier, lui, passe le fameux saddle pour s’enfoncer encore dans le canyon par une série de switchbacks qui répond au doux nom de Devil’s Corkscrew (le tire-bouchon du diable).
The saddle.
C’est le moment de s’attaquer au Devil’s Corkscrew.
Quelques taches vertes s’expliquent par des weeping rocks (roches pleureuses) où un mini filet d’eau suinte sur le slickrock.
A mi-parcours du Devil’s Corkscrew.
Nous avons rejoint le Indian Creek qui lui avait pris un raccourci par la gorge. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à le longer, le temps qu’il trouve le Colorado pour s’y jeter.
Et c’est qu’il prend son temps, le coquin.
Et quand nous pensons qu’après le coude le Colorado nous attend, eh, bien, non !
Peut-être que là ? Le dernier coude ?
Bingo ! Et voici sa majesté le Colorado.
Il est 11h du matin et le soleil d’automne dessine des courbes sur l’eau.
Nous allons longer la falaise pour arriver aux ponts.
Hier, lorsque nous sommes arrivés, il y avait au moins deux voire trois foyers orageux sur le Grand Canyon. Nous pouvions voir les éclairs et avions également essuyé quelques gouttes de pluie.
Aujourd’hui, le ciel est bleu, bleu comme un ciel d’Utah avons-nous coutume de dire (bon, en l’occurrence, ici nous sommes en Arizona, mais quand même le ciel est bleu Utah).
Les ponts : le premier est bien visible, le second se devine par la barre horizontale, en arrière plan.
Et voilà. Nous sommes prêts à traverser. Cette fois nous ne chanterons pas !
J’adore le contraste entre la ligne droite du pont et les courbures de ses câbles.
Nous nous posons un moment au point d’eau, enlevons chaussures et chaussettes et faisons sécher le tout au soleil. Aujourd’hui, nous avons mis nos Salomon Quest 4D, achetées la semaine passée et nous nous nous déclarons 150% satisfaits de notre achat. J’étais déjà une fan de ces chaussures il y a quelques années et je serai incapable de dire pourquoi je suis retournée vers les Lowa Renegade. Il faut dire qu’à l’époque, nous achetions nos chaussures beaucoup trop petites : du 38 je suis allègrement passée au 40 et du 43,5 Stefano est passé au 46 ! Oui oui, les pieds à l’aise sont la garantie d’un hiker heureux.
Nous nous remettons en route environ 30 minutes plus tard et nous dirigeons vers le départ du South Kaibab Trail.
Cette fois, nous traverserons le Colorado par le Black Bridge, emprunté par les mules car son tablier est opaque.
Là aussi, sa structure contraste joliment avec les rochers environnants.
Le Colorado, depuis le pont, côté est. On pourrait croire que c’est un « long fleuve tranquille ». Non, car de l’autre côté les eaux sont blanches.
Au bout du pont, le tunnel qui marque le début de la remontée.
C’est la première fois que nous remarquons la voûte et les pierres retenues par une structure métallique.
Nous sommes de l’autre côté du tunnel. Maintenant, y’a plus qu’à…
Les blocs de ciment ocre, visibles sur la partie supérieure de la photo, sont les points d’ancrage des câbles qui supportent le pont.
C’est parti ! Il est 12h30.
Le South Kaibab Trail est caractérisé par sa déclivité importante et ses marches composées de tronc, évitant que le sentier ne s’écroule sous les sabots des mules. Ah, j’oubliais : on n’y trouve pas d’eau.
Moins de 15 minutes plus tard, nous avons pris un peu d’altitude. Le toit que l’on voit est proche du point d’eau où nous nous sommes arrêtés.
Quelques dinghies ont déchargé leurs passagers. Au bout, on distingue les eaux blanches dont je parlais tout à l’heure, annonçant des rapides.
Le sentier qui nous rapproche du rim.
Une heure après avoir passé le point, nous sommes sur un premier replat.
Nous arrivons tranquillement à la jonction avec le Tonto Trail.
Cette plante est une plante endémique du Grand Canyon. Elle est quelques fois appelée Kaibab century plant, car elle ne fleurirait que tous les cents ans (ce qui est absolument faux). Mais quel que soit son nom, elle reste magnifique et typique du South Kaibab Trail et du Plateau Point Trail.
Nous continuons notre montée vers le rim. Nous passons cette section assassine, composée d’une quinzaine de switchbacks dont la déclivité n’a d’égal que la hauteur et l’inégalité des marches.
Je crois bien avoir un peu tiré la langue. :-P
Nous passons Cedar Ridge, puis Skeleton Point.
Ah, ce petit arbre maintes fois photographié. Mais il est trop mignon !
Ooh-ahh Point est également dernière nous.
Nous parcourons les derniers switchbacks. Le rim est visible. Il est 16h11.
Nous arrivons sur le rim un peu avant 17h.
Nous sommes ravis. Ravis d’avoir, pour un premier jour, pu avaler un rim to river to rim sans douleur et sans souffrir (tirer la langue en montant, ce n’est pas souffrir, voyons).
Nous filons à l’hôtel poser nos sacs et c’est encore avec la poussière du Grand Canyon collée sur nos mollets que nous pénétrons dans le restaurant Plaza Bonita.
A 20 heures nous sommes au lit et je m’endors quelques minutes plus tard.
Flore du jour
Autoportraits du jour
Sur le Bright Angel Trail. Damn it! La prochaine fois, nous tacherons d’enlever nos chapeaux !
A la jonction avec le Tonto Trail sur le South Kaibab Trail. Ah ah, nous avons toujours nos chapeaux !