Après avoir quitté Split Level Ruins, nous revenons sur nos pas pour quelques centaines de mètre et obliquons vers le nord, sur le slick rock, direction les Ridge Top Ruins.
Le but est d’aller chercher le prochain wash, que nous remonterons vers l’ouest, jusqu’à aller jusqu’au bord du ridge.
Le voici d’ailleurs… (le wash, pas le ridge !)
Cette fois, la marche d’approche est conséquente. Il fait chaud, en tout cas 30° et je dois reconnaître que c’est un peu difficile pour moi. Ah, mais au fait, je réalise que je n’en ai pas encore parlé : depuis 3 jours, allez savoir pourquoi, j’ai les jambes qui se sont remplies d’eau. Des œdèmes, paraît-il. Moi qui ai déjà des mollets disons… conséquents, là ils ressemblent à des mollets d’éléphant. Et quand j’enfonce un doigt, je fais un trou de plus d’1 cm qui reste visible quelques minutes. Ce n’est pas douloureux mais c’est vraiment terrifiant (et si mes jambes ne dégonflaient plus jamais ?) et ça entrave mon agilité. Nos soupçons finissent par se porter sur notre régime alimentaire, le même depuis notre arrivée : une tom yam soup, qui nous fait boire en tout cas un litre d’eau que nous n’évacuons pas la nuit. Ce soir, c’est décidé, nous changeons de menu (mais pas de cantine, pour sûr).
Quelque chose (le GPS !) nous dit que nous ne sommes pas loin.
Un petit coup de zoom le confirme.
Là encore, les prises de vue vont être un jeu de cache cache avec les contre-jours.
Nous croisons le groupe rencontré à Split Level Ruins et le regardons se diriger vers le haut. Tiens, me dit Stefano, tout à l’heure nous tenterons de suivre leurs traces. Leur guide connaît peut-être quelque chose pour lequel je n’ai pas le tracé.
La maçonnerie est différente de ce que nous avons pu voir jusqu’alors.
Certains murs sont principalement composés de boue, solidifiée avec des pierres.
L’état général est très dégradé.
Nous aimons les petites niches, judicieusement aménagées.
Nous trouvons quelques rafles de maïs…
… et un magnifique mais tooooooout petit bout de poterie rouge et noir.
Facile de comprendre d’où vient le nom Ridge Top Ruins. Nous sommes presque au bord du ridge, et depuis le site, le Comb Wash est visible.
Nous revenons sur nos pas jusqu’à l’endroit où nous avons vu le groupe monter.
Pas facile de suivre des traces qui n’existent quasiment pas. Nous marchons sur le slick rock et seules quelques traces de pas trouvées dans des cuvettes où le sable s’est accumulé nous permettent de suivre la direction générale.
Nous arrivons tout au bord du ridge.
Mes grosses jambes et mes grosses mains d’ailleurs !
Et voilà un joli spécimen d’arbre mort mais pas mort.
Nous perdons par deux fois leurs traces, revenons sur nos pas, repartons, pensant les avoir retrouvées. À la seconde fois, Stefano me dit : on retourne sur nos pas. Et c’est là que nous recroisons des empreintes de pas. La curiosité l’emporte et cette fois, nous ne le lâchons pas.
Elles nous conduisent à une ruine, construite sur un replat.
Nous doutons un moment qu’il s’agisse vraiment de ruines Anasazis mais les nombreux morceaux de poterie trouvés autour du site le prouvent. Pas de doute possible !
De ces ruines partent un faint trail qui se dirige dans ce canyon.
Ici, peu de chance de nous perdre. D’un côté, nous sommes bloqués par les falaises du Comb Ridge, de l’autre côté, le Butler Wash. Ce qu’il faut simplement c’est que ce canyon ne devienne pas impraticable, nous empêchant de passer.
Nous sommes bientôt rassurés car Stefano distingue, au loin, le groupe que nous talonnons depuis ce matin.
Nous nous engageons donc franchement dans la descente et nous dirigeons vers le flanc sud, là où nous les avons aperçus.
Effectivement, dans la falaise, absolument inaccessible, un mur, voire une pièce.
Nous n’en croyons pas nos yeux ! Il s’agit sans doute d’un site d’observation, mais quand même ! Il fallait bien y monter et y descendre !
Nous avions bien calibré le guide : il connaît réellement bien la région. Notre obstination à suivre ses traces a payé.
Il ne nous reste plus qu’a rejoindre la voiture et en plus, notre tracé ressemblera à une belle boucle. We killed two birds with one stone !
Nous suivons le wash jusqu’à ce qu’il arrive dans la plaine et obliquons franchement au sud. Nous savons que nous avons entre 3 et 4 km à marcher pour rejoindre la voiture.
Qu’importe ! Nous sommes encore dans nos découvertes et en discutons avec animation.
Nous marchons dans des pâturages. De pâturage, il n’a que le nom mais nous appelons ainsi car du bétail y paît, en témoignent les traces de sabot et les bouses.
Nous suivons un social trail. Un social trail, c’est un sentier marqué par les passages fréquents des animaux sauvages ou non – dont les humains – et qui n’est pas mentionné sur les cartes. Nous traversons un wash. En remontant, nous trouvons, au bord du sentier, un morceau de poterie. Nous pensons à un hiker repentant, l’ayant jeté ici après l’avoir pris d’une des ruines visitées précédemment. Nous n’y prêtons guère attention.
Mais une centaine de mètres plus loin, nous découvrons une concentration importante de fragments de poterie.
Il y a en a partout. Voici ce que nous avons pu rassembler en moins de deux minutes. Bien sûr, nous les éparpillerons à nouveau avant de partir.
Ci-dessous, le plus grand morceau de poterie que nous n’ayons jamais trouvé.
Je suis toute excitée et Stefano s’y reprend par trois fois pour m’arracher à ma collecte.
Nous remettons le site tel que nous l’avons trouvé et repartons. Nos traces de pas seront effacées par les prochaines pluies.
Nous rejoignons une piste.
Tenez, voilà les pâturages dont je vous parlais, avec une belle bouse en bas à gauche !
Une barrière de fils de fer barbelé nous oblige à la suivre, jusqu’à trouver un passage. Passage qui nous oblige à jouer avec le fil rouillé. Heureusement que nous avons une certaine pratique acquise en Suisse lors de nos nombreuses randonnées dans le Jura ! Stefano y laissera néanmoins un bout de peau, me donnant l’occasion de jouer à l’infirmière. J’adore jouer à l’infirmière !
L’obstacle suivant est un wash et ses tamaris, où cette fois, chacun d’entre nous y laisse un peu de peau de mollets. Si vous voyiez nos mollets !
A 16h36, la voiture est en vue, à priori intacte !
Nous avons encore en tout cas 3 heures devant nous. Nous embarquons, chaussures au pied, pour notre prochaine destination.