Avec les beaux jours qui reviennent et les jours qui s’allongent, nous pouvons désormais nous aventurer un peu plus loin que le col du Marchairuz. Comme Montricher, par exemple. Ou encore les Hauts du Mollendruz.
C’est donc tout guillerets que nous nous mettons en route, vers 9h30. La destination ne sera ni Petra Felix, ni Montricher, mais Prins-Bois, un petit refuge sis à quelques centaines de mètres de la route cantonale qui relie Montricher à Mont-la-Ville ou L’Isle.
Le voilà d’ailleurs, dans la lumière du matin.
La voiture est en face. On notera le tronc calé au-devant de la roue, afin d’éviter qu’elle ne dévale la pente (la voiture, pas la roue, quoique que si, elle ira où va la voiture). On ne sait jamais. Better safe than sorry.
A moins de 10 mètres du parking, nous avons atteint notre premier objectif de la journée : celui de découvrir le refuge de Prins-Bois. Il n’est pas encore tout à fait 10 heures. Vite, vite, il nous en faut un second. Pour lequel il nous faudra marcher un petit peu, si possible.
Nous partons en direction du Petit Chardevaz, un pré qui n’existe plus, mais qui était autrefois le petit frère du Grand Chardevaz, cet immense pâturage que l’on appelle de nos jours le Grand Chardève.
Nous commençons par suivre la route, tout tranquillou. C’est qu’hier, j’ai repris le fitness et donné un cours de BodyPump. Comme y’a des choses qu’on ne fait pas dans la famille, comme moins charger sa barre après presque six mois sans entraînement, l’effort a été rude et les courbatures se sont installées dès hier soir. Ce matin, c’est évidemment pire et mes jambes ne sont que douleur. Stefano, qui m’a vu descendre les escaliers au réveil (et qui a bien rigolé), a donc revu et adapté son parcours préparé la veille.
Au premier virage, un renard traverse la piste forestière et s’arrête longuement pour nous regarder.
Nous sortons un moment de la forêt et nous apprécions la douceur du soleil sur la peau. Quel changement par rapport à la semaine passée où les gants et bonnets étaient de mise !
C’est sans effort que nous arrivons près du point repéré par Stefano sur la carte, marquant l’emplacement d’un bloc erratique, déclaré second objectif de la journée. Nous nous étions attendu à passer en mode recherche, scrutant les alentours pour le trouver. Nous sommes presque déçus. Depuis le sentier, il est clairement visible, d’autant que les coupeurs d’arbre sont récemment passés, le laissant à découvert. S’il est facile à repérer, s’en approcher est une autre paire de manche. Lors des coupes d’arbre, les troncs, dépouillés de leurs branches, ont été enlevés mais les branches ont été laissées sur place, tel un mikado géant.
Wikipédia définit un bloc erratique comme suit:
Un bloc erratique est, en géologie et en géomorphologie, un fragment de roche d’origine morainique qui a été déplacé par un glacier parfois sur de grandes distances. Lors de la fonte du glacier, le bloc erratique est abandonné sur place.
Celui-ci vient du Mont-Blanc. D’ailleurs, maintenant que l’horizon est dégagé, il peut contempler son « père » la journée durant.
Vu de près, son aspect est effectivement différent des blocs de calcaire aux alentours. Sa structure est plus régulière et granuleuse. Ici, nous sommes en présence de granite.
Une grosse bête.
Bon, et maintenant ? Ben d’abord, il nous faut rejoindre le sentier, à une trentaine de mètres, en regardant par deux fois avant de poser le pied sur les amas de branches croisées. Mission accomplie ! Sans tomber.
Le bloc erratique nous a à peine fait dévier de notre chemin. A la prochaine épingle à cheveu nous retrouvons le sentier qui mène au chalet des Italiens, dont nous avons conté l’histoire dans un billet précédent. Nous avons une pensée pour la dure vie de ces bergamaschi, dont le retour au pays se faisait en grande partie à pied.
Une longue traversée sur les flancs de la côte de Chatel nous amène au pied d’Arrufens.
De là, monter jusqu’à la croix n’est qu’un détail.
Croix qui, étonnamment, est déserte.
Devant nous, le vaste plateau des prés de l’Haut Dessus et de l’Haut Dessous. En face, le bois de Vaulion et le chalet des Bioles. Sur notre gauche, caché derrière une forêt, en hauteur, le Risel. A droite, à l’opposé, les Hauts du Mollendruz. Nous avons le choix.
Stefano pointe du doigt la direction du Risel, puis dessine un demi-cercle avec son bras, de gauche à droite, qui se termine vers les Hauts du Mollendruz. Voilà, l’itinéraire est tracé. Il n’est pas tout à fait midi et nous avons encore 6 belles heures devant nous.
La buvette de Châtel dont la terrasse est habituellement bouillonnante d’activité (sans parler de la procession incessante de voitures sur la route).
Je choisis la route pour rejoindre le pré de l’Haut Dessous. En descente, mes quadriceps, douloureux simplement au toucher, crient et se plaignent à chaque pas. J’ai choisi d’ignorer leur pleurs mais essaie de ne pas trop les malmener par une descente trop raide. Ne dit-on pas : qui veut aller loin ménage sa monture ?
Le chalet Le Mazot.
Le pré de l’Haut Dessous. Au loin, sur la crête, La Biole.
Lui, c’est le chalet du Pré de l’Haut Dessus. Là, ce que l’on voit au fond, ce sont les Hauts du Mollendruz.
Nous suivons un sentier qui se perd bientôt en contrebas du pâturage du Risel. Des cris d’enfants viennent troubler le silence. Nous les voyons courir non lui de La Cabaski.
Le Risel.
Nous continuons vers le Creux à la Biche afin de pouvoir redescendre vers Le Mazel, en passant par un ancien sentier qui est en train de disparaître.
Mazel que voilà !
Comme il est un peu trop tôt pour le déjeuner (il n’est « que » 13h54), Stefano me propose de pousser un peu plus loin, vers le chalet au nom qui ne se prononce pas, surtout lorsqu’il s’agit de s’y arrêter pour manger. Pendant que nous mordons à belles dents dans notre sandwich au bon fromage de La Givrine et à la viande séchée de cheval, nous observons une hermine courir sur une plaque de neige, à la recherche de son déjeuner. Elle va, elle vient, se dresse, observe, scrute, repart. Les campagnols n’ont qu’à bien se tenir.
En repartant, nous commençons le retour.
Nous descendons vers Le Bucley avant de nous diriger vers La Blondinette.
Blondinette qui, décidément, à perdu tout son charme. Seul ce petit bout de mur clair témoigne de son glorieux passé. Imaginez qu’avant deux de ces faces étaient jaunes, comme ici, avec un mur couleur bois verni, ni trop clair, ni trop foncé. Tous les volets étaient d’un beau jaune éclatant. Par temps clair et avec une belle lumière elle faisait même de l’ombre à l’astre solaire. Maintenant, elle ressemble à une vieille caisse de pommes vide et abandonnée.
Arrivés au Sapelet Dessus, le soleil a disparu. Stefano regarde aux alentours et conclut : « je suis sûr que sur le plateau ou dans Le Valais il fait beau ». Et ajoute : « Quel pays maudit des dieux ». Je me marre.
Petit détour par le couvert du Sapelet, où le soleil, qui joue avec les nerfs de Stefano, est revenu. Ce couvert n’en a d’ailleurs que le nom vu que c’est en réalité une habitation privée.
Stefano tente de m’éviter la monter vers La Biole mais je proteste avec véhémence. Excellent entraînement pour notre futur Rim to Rim to Rim sans escale, dis-je. J’imagine bien qu’à un moment on aura bobo aux pieds, ou aux jambes, ou aux deux et qu’il faudra bien continuer. Alors voilà, autant s’exercer…
Voilà le joli chalet privé.
Puis le chalet d’alpage de la Biole.
Nous descendons tout droit en suivant un sentier non officiel et arrivons dans le pré de l’Haut Dessous. De là, nous filons vers Les Croisettes, à proximité desquelles nous partons vers les Hauts du Mollendruz. C’est la dernière montée, me promet Stefano. Je le crois. Car depuis notre récente balade au Dents de la Vieille, il sait qu’il ne faut pas le dire à la légère.
Durant la montée, nous avons un face à face avec un chamois. Il nous observe durant une bonne minute et nous, nous ne bougeons pas et retenons notre souffle. Il s’éloignera tout tranquillement, ne montrant aucune inquiétude ou agitation.
Le chalet privé des Hauts du Mollendruz.
Puisque j’ai le choix, je retiens l’option de la route. Certes, c’est moins bucolique mais la déclivité est moindre comme l’est la pression sur mes quadriceps.
Le chalet du Mollendruz, avec, en fond, Le Suchet, puis, en face, les Aiguilles de Balme. Enfin, si je ne me trompe pas.
Il est plus que 18 heures lorsque nous passons Le Grand Chardève. Nous sommes encore en tee shirt même si l’air s’est un peu rafraîchit. Nous apprécions la douceur du moment, comparée aux semaines précédentes. Et encore, le soleil s’est à nouveau planqué derrière quelques nuages.
En arrivant au refuge de Prins-Bois, nous sommes soulagés de constater que le tronc posé devant la roue de la voiture a bien fait son travail : la voiture n’a pas bougé d’un centimètre… Nous profitons du banc devant le refuge pour nous déchausser. Ciel, qu’il fait bon poser son popotin !
Flore du jour
Itinéraire du billet
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
Au chalet des Italiens.