Ce matin, nous préparons les sacs pour libérer la chambre. Nous rentrons à Las Vegas où 2 jours de randonnée locale nous attendent.
Sur le chemin de retour, Stefano avait prévu initialement de s’arrêter un peu avant Las Vegas pour aller visiter un site de pétroglyphes appelé Grapevine Canyon. Lors d’une de nos balades de ces derniers jours, j’avais émis mon souhait de retourner un jour à Montezuma Castle. Nous avions visité ce site au début des années 2000, alors que notre connaissance des Ancestral Puebloans était proche de 0. J’ai toujours eu l’impression que, de ce fait, nous n’avions pas apprécié la visite à sa juste valeur. Stefano, hier soir, au dîner, m’annonce avec un petit sourire : demain, si tu veux, on laisse tomber Grapevine Canyon et on va à Montezuma Castle. Le trajet sera allongé d’une demi-heure, ce qui n’est rien.
Il est comme ça mon Stefano… <3
Nous quittons la chambre, faisons le check-out et chargeons les sacs dans la voiture. Devant nous, une plaine recouverte de petits buissons, déserte, inondée par la lumière du soleil levant. C’est magnifique. Stefano démarre la voiture. Je le sens qui réfléchit intensément. Il me regarde et me dis : mais, pourquoi part-on ? Il fait beau ici… Restons ici, non ? Ça nous coûtera une nuit d’hôtel en plus à cause de l’annulation tardive.
La réceptionniste nous voit entrer à nouveau dans l’hôtel, traînant nos sacs. Son petit sourire nous dit qu’elle a compris que nous voulons rester. Elle nous redonne les clés de notre chambre, nous posons les sacs, remplissons les CamelBaks et nous voilà partis pour une belle journée d’exploration de Petrified Forest National Park. Elle n’est pas belle la vie ?
Stefano a toujours plus de tracés et d’idées de randonnées que de jours prévus. La ceinture et les bretelles. Toujours. Le but de notre randonnée du jour sera donc l’exploration de Red Basin.
Il n’est pas encore 10 heures lorsque nous garons la voiture sur un emplacement de terre battue, juste avant que la Blue Mesa Loop Road ne se divise en deux pour faire sa boucle.
Nous suivons la route sur quelques centaines de mètres.
Juste après la petite butte à gauche, une piste s’engage vers la wilderness area.
Nous y cheminons quelques centaines de mètres avant avant d’être lâchés en pleine la nature. Youpi ! A nous une journée sans voir personne… Nous jubilons.
Les premiers troncs ne se font pas attendre. Bien cristallisés et colorés, comme nous aimons.
Nous suivons un tracé dessiné par Stefano à partir du carte fournie par le NPS sur un PDF. Il a en plus ajouté quelques POI (points of interest). Ce tracé nous donne une direction générale mais nous n’hésitons jamais à partir explorer un canyon prometteur.
Ici, par exemple, ce tronc est totalement atypique. Outre l’aspect du bois qui est resté présent, une partie extérieure qui ressemble à un livre s’est détachée.
De loin, je vois Stefano se diriger vers le haut d’un monticule. À son sommet, un tronc énorme et une partie de sa souche.
Le tout posé sur un piédestal.
La partie souche est de l’autre côté.
Encore un tronc qui n’a pas terminé à 100% sa fossilisation.
Nous avons vite compris l’intérêt de rester à proximité les bords des mesa : la concentration de troncs est plus élevée.
On peut clairement même parler de surpopulation.
Nous poursuivons notre promenade, absorbés par le paysage. Si les jours précédents nous entendions sporadiquement une voiture, aujourd’hui le silence est total. Enfin, à part le bruit du vent qui souffle sans discontinuer. Comme dira Stefano un peu plus tard, heureusement que nous ne faisons pas partie des personnes à qui le vent donne des migraines.
Mais nous, nous aimons le vent… Car au moins les nuages ne restent pas immobiles et les trous de ciel bleu vont en s’agrandissant.
Nous marchons au pied d’un éboulis. Depuis que nous avons trouvé des pétroglyphes lors de notre balade à Onyx Bridge, j’ai une partie de mon cerveau qui reste attentive à tout rocher dont la surface ne serait pas uniforme. J’ai déjà pris quelques dizaines de photos au zoom afin de les étudier pour me rendre finalement compte que ce que je pensais être des pétroglyphes n’étaient que des traces naturelles.
Mon regard effleure un rocher et passe au suivant, puis au suivant. Une lumière rouge clignote, quelque part dans les tréfonds de ma matière grise. Je reviens sur mes pas et me concentre sur le premier rocher. Une de ces traces présente un angle droit. Yes ! Des pétroglyphes. Je rappelle Stefano qui marchait devant, le regard à l’opposé.
Nous partons en exploration.
Nous découvrons quelques dessins isolés.
Il y a même quelques morceaux de poterie. Nos premiers morceaux, ici à Petrified Forest.
Comme nous avons pu l’observer hier, à Martha’s Butte, la fine couche noirâtre qui recouvre les rochers choisis par les Anasazis pour leur dessin est souvent de qualité médiocre. Les pétroglyphes ont mal résisté aux affres du temps.
Et voici la star : le rocher le plus densément décoré de la zone.
Le revoici, avec le site dans son ensemble.
Stefano me montre la plaine et me dis : dans un moment, nous allons couper pour passer de l’autre côté. Il y a une clôture mais un passage a été aménagé.
La partie du parc où que nous explorons aujourd’hui était, jusqu’en 2007, des terres publiques, gérées par le BLM. Cette clôture est un reliquat de cette séparation.
Stefano suit studieusement son tracé GPS afin de ne pas rater le passage aménagé. Lorsque nous y arrivons, nous constatons que si les piquets sont toujours debout, les fils ont été enlevés !
Sur le site du NPS, la balade s’appelle Red Basin Clam Beds. Nous voici près de l’endroit à l’origine des 2 mots, Clam Beds.
Ces rochers sont constitués de coquillages fossilisés, emprisonnés dans du sable il y a quelques 218 millions d’années.
En voici un détail.
Plaza Blanca miniature. D’ailleurs, à propos de Plaza Blanca, nous avons regardé récemment Les 7 Mercenaires (ou The Magnificent Seven en anglais) version 2016 et il y a une magnifique scène tournée à cet endroit. Les paysages y sont somptueux et l’histoire très morale. À voir en famille sans attendre.
Emptiness, sous le ciel presque bleu. Soyons encore un peu patients !
Stefano profite d’une belle pierre plate à proximité de ce bloc de rocher pour poser son sac et enlever une couche.
Pendant ce temps, je tourne autour du rocher, en observant chaque détail. A l’origine, ces rochers n’en formaient qu’un. Je glisse ma tête entre les deux pierres et là, ô surprise, inaccessible mais dessinée avec amour, une spirale.
Je suis interloquée… Comment diable quelqu’un a-t-il pu se glisser là et graver cette spirale dans la roche. Du côté où je suis, impossible de rentrer. Je fais le tour et vais regarder de l’autre côté. De là, pour rentrer, il faudrait ramper pour se glisser dans une fente de quelque 20 cm de hauteur. L’autre solution est de rentrer par le haut. Encore faut-il pouvoir en sortir… Je reste perplexe.
Nous repartons.
Quelques troncs, épars, se cachent dans cette immensité.
Le paysage se transforme.
Encore une clôture, ou plutôt ce qui en reste.
Avant d’attaquer cette vaste étendue de sable multicolore, nous envoyons notre message SPOT du jour.
Notre terrain de jeux…
Le sable est violet.
Nous pensions errer dans ces dunes quelques heures. Mais moins d’une heure nous suffit pour arriver de l’autre côté.
Et de l’autre côté, nous retrouvons des troncs…
… dont certains sont de taille très respectable.
Non, ce n’est pas du bois, mais des pierres qui semblent venir d’une autre planète.
Celles-ci semblent moins extraterrestres mais sont tout aussi jolies.
Nous arrivons à la première clôture.
Pas besoin de la suivre pour retrouver le passage. Elle n’est plus qu’un souvenir.
Nous remontons néanmoins parallèlement à la clôture pour retrouver nos traces. Enfin, plus ou moins, disons la direction générale vers laquelle aller pour retrouver la voiture. Il est 15h30 et nous devons être au parking pour 17h00. 1h30. 90 minutes qui peuvent être interminables, par exemple, au bureau mais qui vont nous sembler bien éphémères…
Nous longeons une mesa. Stefano remarque un piquet métallique d’une vingtaine de centimètres de hauteur. Il regarde autour et constate des pierres plates qui semblent vaguement organisées.
Peut-être les restes d’un pueblo ? Nos doutes sont très vite confirmés lorsque je repère un, puis deux, puis trois morceaux de poterie.
Wow… quelle belle surprise !
Nous explorons les alentours car souvent, qui dit pueblo dit poterie et pétroglyphes.
Le seul que nous trouvons est une pierre plate, posée sur le sol, qui ressemble presque à une pierre tombale.
Voici une vue d’ensemble du site. Stefano est près du pueblo.
Le soleil se rapproche vraiment de l’horizon… Nous nous arrachons à notre découverte et partons au pas de course.
Nous coupons à travers champ pour gagner quelques minutes.
Derrière, le parking et également quelques troncs.
Nous nous félicitons encore du choix que nous avons fait ce matin de rester ici, à Petrified Forest National Park quelques jours de plus.
I’m a poor lonesome hiker…
Nous arrivons à la voiture à 17h02… Même pas en retard…
Autoportraits du jour
Un peu avant de traverser la clôture, qui séparaient les terres publiques des terres du parc.
Nous sommes arrivées à une étendue recouverte de dunes sablonneuses d’abord blanches, puis violettes.