Les crêtes du Jura sont blanches ! Enfin ! Et même si la météo de ce samedi n’est pas folichonne, elle est moins pire que celle de demain, dimanche. La station de ski de St-George est ouverte, ce qui est un bon signe. Arrivés au parking du point de vue, situé un peu avant le Sapin à Siméon, nous jugeons la couche de neige suffisante pour nous arrêter.
Il se met à neiger alors que nous nous préparons. Hum, la rando s’annonce épique.
Mais le plafond nuageux n’est n’est pas uniforme et quelques trous de lumière nous font espérer une amélioration rapide.
Nous commençons notre randonnée en restant parallèles au mur, suivant des traces récentes.
Il y a en tout cas 25 à 30 cm de neige fraîche, posés sur une fine couche de glace, couche sur laquelle nous avons évolué la semaine passée. La neige est légère et douce.
Les conditions deviennent totalement idéales lorsqu’un trou de ciel bleu se forme et laisse passer quelques rayons de soleil.
Nous rejoignons un sentier que nous connaissons bien et qui amène aux Monts de Bière Devant.
Le sentier s’engage dans la forêt. Les arbres sont encore chargés de neige et les branches sont basses à cause du poids. Stefano effleure l’une d’elles qui se décharge soudainement. Et comme il est encore dessous, il ramasse la neige sur la tête, les épaules, le dos et les bras. Il se met à pester et à jurer en italien pendant que je pouffe de rire. Charitablement, en tentant de cacher mon rire, je l’aide à se débarrasser de la neige avant qu’elle ne fonde et mouille son pull. Car nous avons enlevé nos Gore-Tex depuis quelques minutes, dès que le soleil est sorti.
Nous ralentissons notre rythme afin de secouer les branches les plus chargées avant de passer dessous.
Nous arrivons aux Monts de Bière Devant. Comme deux randonneurs squattent le devant du chalet, nous passons notre chemin sans nous arrêter pour le contourner.
Nous laissons le sentier et partons vers le couvert des Monts de Bière Derrière.
Je crois que c’est ici que nous voyons notre dernier rayon de soleil. Le ciel s’assombrit et restera comme cela pour la suite de la promenade.
Sapins gelés.
Nous remarquons pour la première fois une plaque, sous la charpente du couvert. Des initiales, une année – 1933 – et un nom. B. Garoni.
Nous partons vers les Monts de Bière Derrière que nous contournons par le sud. Stefano a en tête d’aller au Pré de Denens. Pour cela il faut descendre. Nous sommes dans la forêt et cherchons notre chemin, tantôt en suivant des traces, tantôt en laissant les nôtres. C’est là que nous nous rendons compte que la couche de neige est un peu trop fine. Certes elle cache les pierres, mais ne les recouvrent pas suffisamment. À deux ou trois reprises, nos raquettes buttent sur des rochers. Nous redoublons de prudence.
Nous arrivons enfin au Pré de Denens.
Stefano remarque : il ressemble plus à une colonie de vacance qu’à un chalet d’alpage. Totalement vrai !
Nous nous abritons sous l’avant-toit pour pique-niquer. Tout à coup, surgi de nulle part, un chat. Plutôt sauvage le chat, mais il ne dédaigne pas les morceaux de nourriture que nous lui jetons.
Il n’a pas l’air famélique. Nous nous approchons du tas de bûches sur lequel il est perché et constatons que la fenêtre au-dessus est munie d’une chatière. Une feuille manuscrite est apposé sur la vitre. Le texte dit, en substance : Bonjour, je m’appelle Bars et j’ai décidé de vivre ici. Ne vous inquiétez pas pour moi j’ai 30 kg de croquettes pour passer l’hiver mais n’hésitez pas à amener de la pâtée. J’adore.
Bon ben voilà, énigme élucidée. Nous pouvons repartir tranquilles. Nous partons vers le nord-est, dans une combe et nous sommes tout contents lorsque une montée se profile car ces quelques minutes d’arrêt nous ont bien refroidis. La couche que nous avons enfilée durant notre pique-nique ne nous quittera d’ailleurs pas jusqu’à la fin de la balade.
Tôt ou tard, me dit Stefano, nous allons devoir remonter sur la crête. Quand tu veux ! Aujourd’hui je suis en super forme. Nous nous mettons donc face à la pente. Sa déclivité importante nous force à faire quelques zigzags. Nous rencontrons encore des pierres cachées et la montée devient parfois difficile. Surtout lorsque nous sommes en dévers. J’entends pester Stefano qui fait la trace. Pour moi c’est du tout cuit. Je me content de mettre mes raquettes dans les empreintes laissées.
Arrivés sur la crête, nous nous rendons compte que nous sommes juste à côté du Couvert du Grand Cunay.
Nous partons en direction des Monts de Bière Devant. Aujourd’hui, le tracé aura une forme bizarre et ne sera pas une belle boucle. Qu’importe. La balade est vraiment chouette.
Petit arrêt aux Monts de Bière Devant d’où de la fumée s’échappe. Des voix se font entendre depuis l’intérieur. Nous restons dehors.
Mince, comment allons-nous passer sans prendre une douche de neige ?
Nous faisons un petit détour pour aller voir le Malgré-Tout. Nous calculons qu’il ne doit pas faire plus de 20m2 au sol.
Il ne nous reste plus qu’à redescendre tranquillement à la voiture en passant par le Chalet Neuf.
Stefano me regarde sa montre. Il est presque 17 heures. Wow, le temps a filé tellement rapidement.
Nous rejoignons le sentier du Sapin à Siméon. Côté chaîne des Alpes, les montagnes sont bleutées. La lumière est vraiment très étrange.
Nous arrivons à la voiture un peu avant 17h 30. Deux camionnettes sont garées. Un gars démarre un groupe électrogène que nous avions vu caché ce matin derrière le mur de pierre sèche. Une énorme boule lumineuse s’allume. C’est pour un événement privé, nous disent-ils. Une marque de montres. Pas étonnant. En ce moment, c’est le SIHH, le Salon International de la Haute Horlogerie. Sur 4 jours que dure le salon, seul un jour est ouvert au public muni de tickets. Les autres jours sont réservés aux grands de ce monde, qui achètent des montres dont le prix peut dépasser les 6 chiffres.
Les techniciens nous disent avoir déposé plusieurs sources lumineuses le long de la route du col.
Nous n’irons pas les voir. La nuit est maintenant tombée et la route du Marchairuz est décidément trop fréquentée par des Fangios. Remarque confirmée non gratuite lorsqu’une Porsche passe devant le parking à vive allure. Les amateurs de sensations fortes prennent cette route pour un circuit d’essai. Nous entendons encore le bruit du moteur pendant de longues secondes.
Nous saluons les gars de l’équipe technique et rentrons tout doucement à la maison…
Autoportraits du jour
Au couvert des Monts de Bière Derrière.
Au retour, aux Monts de Bière Devant cette fois.
Je ne sais pas quel autoportrait je préfère. Alors je mets les deux !