Aujourd’hui, c’est la dernière randonnée de nos vacances de printemps 2016. Au programme : descente dans le Grand Gulch par Polly’s Canyon, puis retour par le Government Trail.
Nous partons sur la UT-95, puis obliquons au sud sur la UT-261, passons la Kane Gulch Ranger Station (représentée sur Google Maps par une de nos photos, soit dit en passant) et bifurquons sur une piste, la Slickhorn Road. Les premiers mètres laissent présager du pire mais non, en fait, la piste est en très bon état.
Nous choisissons néanmoins de nous garer un peu avant le trailhead officiel du Government Trail, car nous ne voulons pas prendre le risque d’abîmer la voiture. Ce qui rallongera notre randonnée du jour de quelques km, mais qu’importe… Tout est une question de temps, ai-je coutume d’écrire.
Il est 8h32. La voiture est fermée et nous, prêts.
Quelques 15 minutes plus tard, nous sommes au trailhead. Nous nous rendons compte que nous avons oublié d’exposer notre pass acheté il y a quelques jours et valable pour la semaine. Quoi faire pour ne pas retourner à la voiture, avoir la conscience tranquille (car il y a peu de chance qu’il y ait un contrôle aujourd’hui, le log book indique que les rangers sont passés hier) et éviter de perdre du temps ? Ben, déposer dans une des enveloppes prévues à cet effet 5 dollars. Facile !
Nous suivons le Government Trail quelques centaines de mètres avant d’obliquer vers l’est. Car aujourd’hui, le plan amoureusement concocté par Stefano est le suivant : descendre dans le Grand Gulch par Polly’s Canyon pour aller voir le Big Man Panel.
Pour des raisons d’accessibilité, nous devons rejoindre Polly’s Canyon, près de l’endroit où il commence à se former.
Nous sommes off the beaten tracks, il n’y a pas de sentier. Nous trouvons le canyon mais devons le remonter quelques centaines de mètres avant de trouver un accès qui nous permette d’y descendre. À nouveau, nous allongeons notre parcours, zigzagant de rocher en rocher pour éviter de détruire le microbiotic crust. Bon, pour être 100% honnêtes, nous n’avons pas eu le choix d’y laisser quand même quelques traces de pas.
Tiens, un cairn au milieu de nulle part. Effectivement, non loin, un vague sentier qui semble descendre dans le canyon.
Nous y sommes ! A partir de là, c’est l’Aventure (avec un grand A).
Il est pas mignon, ce petit arbre ?
La seule chose dont nous soyons certains est de pouvoir rejoindre le Grand Gulch. Il n’y a pas de pour-off infranchissable. Après, aucune mention n’est fait de l’exposition au risque, comme par exemple devoir passer sur un ledge très étroit pour continuer notre progression. Bof, nous verrons. Au pire, nous reviendrons sur nos pas.
Polly’s Canyon… (je l’aime déjà !)
Le passage d’un pour-off est d’ailleurs un peu chaotique . Nous sommes montés sur le ledge, avons passé le pour-off et tôt ou tard, nous devrons redescendre.
Mais par où ? Là est toute la question…
Nous devrons faire demi-tour, revenir sur nos pas pour finalement descendre là où Stefano l’avait prédit en passant la première fois. Il est trop fort, mon Stefano !
A nouveau dans le lit du wash.
Là, c’est derrière nous…
Et voici devant nous. Polly’s Canyon est tout simplement magnifique.
Certains passages nécessitent un peu de bushwacking mais globalement, c’est moins la galère que Lower Fish Creek, par exemple.
Ici, nous avons dû nous raccourcir un peu. C’était le prix à payer pour pas se mouiller les pieds.
10h30. J’entends Stefano pester à cause du temps qui passe trop vite.
Il voudrait avoir le temps d’aller au-delà de Big Man Panel. Le Grand Gulch recèle d’autres trésors que nous aimerions bien découvrir.
Mais à moins de ralentir le temps, ne pouvant marcher plus vite, nous profitons au maximum de la balade.
Nous retrouvons du snake grass, que nous avions vu pour la première fois non loin d’ici, en 2011, en allant au Big Man Panel. Le snake grass c’est bien, et c’est encore mieux lorsque les tibias et les mollets sont protégés.
Cottonwood trees dont les feuilles ont à peine quelques jours.
La photo suivante illustre parfaitement bien l’atmosphère de Polly’s Canyon : une succession sans fin de passages à l’ombre ou au soleil. La randonnée dans un canyon est vraiment une activité très particulière.
Ces alcôves, au loin, nous semblent idéalement placées et exposées pour abriter quelques ruines.
Effectivement, nous y apercevons quelques structures.
Nous observons le terrain. Impossible de monter sur le ledge depuis là. Avançons, et peut-être que nous trouverons un side canyon qui nous permettra de prendre de la hauteur et rejoindre le ledge.
Effectivement, quelques centaines de mètres plus loin, un side canyon nous permet de monter sur un premier puis un second ledge. Même si nous ne voyons plus les ruines, nous pensons être au bon niveau.
Polly’s Canyon, vu de notre perchoir.
Nous y sommes.
Voici une première structure, dont un des côtés est arrondi.
Là, on dirait un kiva. On voit encore l’enduit sur les murs et la pierre, dressée, non loin du foyer pour réverbérer la chaleur.
Pour ceux qui n’auraient pas vu la fameuse pierre dressée…
J’observe avec intérêt le mur du fond, construit de boue collée sur une structure de bois. Les traces des doigts ayant appliqués la boue sont encore bien visibles.
Nous observons également différents styles de maçonnerie. Ces bâtiments datent donc peut-être de plusieurs époques.
Bout de branche lié à quelque chose que nous ne pouvons voir.
Nous ne pourrons pas accéder à la seconde alcôve. Impossible de passer ce mur sans prendre de risques.
En mettant à l’épreuve nos semelle Vibram (des fois, il faut leur faire confiance), nous parvenons à descendre sur le ledge inférieur.
De là, nous pouvons admirer le contenu de la seconde alcôve.
Nous regrettons vraiment de ne pas pouvoir accéder à la troisième alcôve. Les murs des bâtiments semble encore intacts et il y a des bouts de bois dressés vers le ciel.
Nous avons repérés des pétroglyphes sur un niveau accessible. Je laisse Stefano y monter et le charge de prendre les photos. Moi j’ai compris il y a quelques jours que mes pattes sont plus courtes que les siennes !
Les voilà ! Des formes anthropomorphiques, presque effacées par le temps.
Il y a aussi un petit grenier dont une portion de mur est tombée, en un seul morceau.
Voici l’intérieur.
Nous redescendons dans le lit du wash et poursuivons notre avancée vers le Grand Gulch.
Non loin du wash, un peu en retrait, un petit grenier.
La pierre qui servait à le fermer est encore là.
Sa face cachée, en moins bon état.
Nous zoomons sur cette alcôve mais rien ne ressemble à un semblant de mur. Dommage, le site aurait été pourtant parfait.
Le canyon s’élargit. C’est le signe que nous ne sommes plus loin du Grand Gulch.
Encore un petit effort et une bataille avec la végétation.
Polly’s Canyon Arch.
Et voici le Grand Gulch, que nous nous apprêtons à suivre pour aller au Big Man Panel.
À suivre…
Flore du jour
Une fleur de pissenlit. Les seuls endroits où nous en avons trouvé en Utah sont toujours situés tout près d’un wash.
Faune du jour
Bon, ce sera sans doute le seul de la journée.
Autoportraits du jour
À peine partis… Le soleil est encore proche de l’horizon et donc impossible de faire des photos au grand angle sans qu’il y ait quelques taches !
Aux ruines de Polly Canyon. Arg, je comprends mieux pourquoi Stefano me dit de ne pas porter que du noir.