Cette nuit, nous ne nous sommes pas levés ! Événement marquant à consigner dans les annales des Two Swiss Hikers.
Et même si nous n’avons pas dormi non-stop, nous avons vraiment bien dormi ! Avouons que nous avons mis toutes les chances de notre côté en prenant, comme le premier jour, le soir au coucher, une dose de zzzQuil, un sirop facilitant l’endormissement et ne générant pas de dépendance. Simon, un collègue de travail, m’avait mis sur la piste en me confiant qu’il fallait toujours avoir une de ces petites gourdes métalliques et plates remplie d’alcool. Nous, nous avons préféré la solution chimique.
Donc, vers 7h, lorsque le ciel blanchit, nous sommes, somme toute, assez contents de sortir de notre grotte. Le ciel est voilé et il fait un tout petit petit peu moins froid qu’hier.
Le petit déjeuner se prépare néanmoins avec les gants aux mains et les chaussettes aux pieds.
Nous aérons également les sacs. Ce matin, nous avons reçu quelques gouttes d’eau sur le museau, la faute à la condensation.
Nous partons du camp, à pied. Normal, car nous empruntons le même sentier qu’hier, afin d’aller jusqu’à la jonction avec le Peekaboo Trail.
Il n’y a pas si longtemps j’écrivais : refaire deux fois le même sentier, c’est un peu comme se servir une seconde fois une bonne portion de son plat préféré. C’est toujours meilleur la seconde fois. Oui, c’est tout à fait cela. D’autant que le ciel est maintenant dégagé et que la lumière est exceptionnelle.
Lorsque nous arrivons en vue de Lost Canyon, un petit regard en arrière afin de vérifier que notre point de repère soit toujours là (on ne sait jamais !).
Tout à l’heure, nous étions (voir la photo ci-dessus) entre le second et troisième bloc en partant du bord gauche de la photo. Nous avons suivi le ridge, à la frontière entre la roche grise et la roche rouge.
Lors de la descente dans Lost Canyon, il y a petit endroit exposé. C’est pile l’endroit où Stefano choisit de s’arrêter pour contempler le fond du canyon !
Nous arrivons à la jonction sur les coups de 10h30.
Nous quittons Lost Canyon et partons vers l’inconnu. Non, pas tout à fait, plutôt en direction de Peekaboo Springs.
Le premier raidillon nous amène sur un plateau de slick rock.
Au fond, enneigées, les La Sal Mountains.
La vue est exceptionnelle…
… et l’endroit est exceptionnel…
Nous suivons sur le ridge (ou la corniche), ce qui nous faire une série de U, au gré des contours tarabiscotés du plateau. Pas clair ? Alors voilà : une photo vaut mieux qu’un long discours. La corniche est comme de la dentelle.
AI, celle-là est pour toi !
Il y a moins de 30 minutes, nous étions au pied du téton rocheux.
Il nous faut même passer un trou pour pouvoir continuer. C’est la fête.
Derrière, un autre canyon et la corniche qui continue.
Midi… Un petit knob (monticule arrondi semblable à un bouton de porte) nous fait un clin d’œil : l’endroit idéal pour se poser un peu, admirer le paysage, manger une Clif Bar et envoyer le message SPOT du jour.
Au loin, sur notre gauche, nous distinguons une piste, longeant un creek. C’est par là que le sentier semble se diriger.
Stefano part explorer une grotte. J’en profite pour poser mon sac à dos, m’asseoir par terre, fermer les yeux, les rouvrir, les fermer à nouveau en me disant : non, je ne rêve pas… C’est la réalité !
Quelques centaines de mètres plus tard, Stefano me fait remarquer une formation rocheuse particulière et me dit : regarde, il y a des ruines !
Euh… Moi, je dois être occhio di talpa (œil de taupe). Lui, son nom c’est occhio di falco (œil de faucon). Je ne vois rien. Mais si, regarde bien !, me dit-il.
Je m’approche… Je ne vois toujours rien.
Ça y est ! Sur quasiment toute la longueur de ces deux rochers, sur la partie la plus étroite, à la frontière entre les blocs de rochers et leur socle, je découvre toute une série de petits greniers.
De certains, il ne reste qu’un vague alignement de pierre. Mais d’autres sont en parfait état.
Voici la vue tout autour.
Sous une pierre, un morceau de caillou noir attire mon attention. Non, ce n’est pas un caillou, c’est un bout de poterie ! Je suis toute excitée à l’idée de toucher quelque chose fait il y a plus de 800 ans.
Œil de faucon me dit… Regarde ! Je regarde et vois un magnifique paysage…
Patient, il pointe le doigt… Zoom par là ! Mais oui, c’est vrai, un petit grenier !
Ciel, il est déjà 13h. Nous nous remettons en route et continuons notre descente vers le creek.
Malgré l’échelle, ce passage n’est pas facile ! L’échelle semble être vrillée et l’équilibre s’en ressent… Nos deux mains ne sont pas de trop pour nous cramponner aux barreaux.
Le sentier est maintenant au niveau du creek, le Salt Creek.
La barre rocheuse est interrompue au niveau d’un hoodoo.
En arrivant à proximité du passage, nous découvrons ceci !
Un panneau explique que les pictogrammes blancs dates d’une période comprise entre 1000 et 1300 apr. J.-C. mais qu’ils se superposent à des dessins plus anciens, de couleur rouge réalisés avant.
Effectivement, nous arrivons à les discerner.
Non loin, des empreintes de main.
Puis des dessins plus cabalistiques…
Nous sommes aux anges !
Le panorama est incroyable. D’un côté de la « porte », le Salt Creek.
De l’autre côté, toujours le Salt Creek. Facile de comprendre pourquoi, outre la beauté de l’endroit (et je suis certaine que ce critère était important aux yeux des Ancestral Puebloans), la proximité de l’eau a pu les séduire.
Le hoodoo fait très certainement parti du choix…
Stefano regarde sa montre. 13h30. Rapide calcul : partis à 09h00. Il est 13h30. 4h30 que nous sommes en route. Si nous ne voulons pas préparer la popote à la frontale, nous devons penser sans tarder au retour.
Je regarde une dernière fois cet endroit magique et me fais une promesse : un jour, nous viendrons camper ici.
Pas de boucle aujourd’hui.
Nous allons rentrer sagement par le même chemin. Nous nous réjouissons déjà car à l’aller, le soleil de face nous a empêcher de faire quelques belles prises de vue.
Comme celle-ci par exemple…
En vrac : l’échelle, pas plus facile à la montée qu’à la descente (1). Lancement de fusée (2) ? Un passage où nous devons faire un peu de scrambling (3).
Nous avons rejoint depuis bien longtemps la jonction avec Lost Canyon et sommes à nouveau sur le Peekaboo Trail.
À noter que nous n’avons vu âme qui vive de toute la journée.
Nous sommes sur la dernière barrière rocheuse. C’est la dernière fois que nous passons ici pour ces vacances de février. Demain, avant de partir pour Blanding, nous retournerons à Chesler Park car une tempête de ciel bleue se prépare.
Les ombres s’allongent… Au fond, la barrière rocheuse montrée ci-dessus.
Mais diable ! Comme un arbre mort peut-il arriver à être si beau ?
Et lorsqu’il y en a deux… c’est… doublement beau.
Nous arrivons au camp vers 17h… Just in time pour faire une petite lessive car si le mérinos ne sent pas, la couche supérieure a pris quelques odeurs (1)…
Au menu, Chicken & Rice. Je farniente pendant que l’eau chauffe (2). Et là, une vue d’ensemble de notre campement (3).
Nous sommes au chaud, confortablement installés, prêts à entamer notre nuit avant 19h…
Vous savez quoi ? Nous avons pris goût au camping !
Faune du jour
Un cousin lapin qui est venu régulièrement gambader à proximité du camp. Ce matin, il se laisse même photographier.
Autoportraits du jour
À la jonction du Peekabo Trail.
Lors de la pause de midi…
Lors du retour.