Painted Hand Pueblo fut un village constitué d’une vingtaine de pièces construit vers l’an 1200. Une magnifique tour, posée sur un rocher, un panorama d’exception, tempèrent la déception de ne trouver que deux mains blanches, presque estompées, sur un mur.
Le site de Paint Hand Pueblo va être notre premier contact avec le Canyons of the Ancients National Monument. Contrairement à Hoovenweep, morcelé en 6 sites, sa surface est relativement compacte. Seules quelques terres privées s’y incrustent.
De Cutthroat Castle, nous suivons un rim de slick rock puis un sentier bien tracé qui nous permet de rejoindre la même piste que ce matin, mais beaucoup plus à l’est.
Des traces fraîches de pneus attestent de passages récents. A priori, le propriétaire des terres privées sur lesquelles passe la piste a mis de l’eau dans son vin. A moins qu’il ne soit exaspéré que par le va et vient constant estival.
Un petit kilomètre plus loin, nous arrivons au trail head à proprement parler. Deux voitures y sont garées, dont un pick-up rouge rutilant, à part ses roues recouvertes de boue (des galettes) ainsi que ses bas de caisse.
Sitôt sur le sentier, nous voyons le fond de canyon et devinons des ruines.
Tout au fond, loin loin loin, les La Sal Mountain enneigées.
Nous suivons scrupuleusement le sentier, bordé de pierres alignées et parsemé de gabions soutenant des piquets de bois carrés, ornés d’une main blanche stylisée. La fameuse painted hand.
Nous contournons les ruines par le haut avant de pouvoir descendre à leur hauteur.
Une fois en bas, nous sommes tout de suite dans le vif du sujet. Un mur, adossé à un gros rocher orné de deux mains blanches dessinées.
Ce ne sont pas les plus beaux pictogrammes de main que nous ayons vus. Il faut se frotter les yeux pour bien les voir. Nous distinguons, non loin, deux pétroglyphes, à demi effacés par le temps. Une exploration rapide plus tard, la réalité nous rattrape. Le site s’appelle Painted Hand Pueblo du fait de ces deux dessins. Les responsables ont eu la décence de ne pas mettre de « s » à hand.
Le « s » manquant ne m’ayant jamais frappé, je m’étais imaginé une myriade de mains peintes, avec peut-être, comme nous avions vu à Sheik Canyon, des mains d’enfant sur le bas.
L’autre mur, à l’opposé. Les pierres ont soigneusement été taillées et entre la paroi rocheuse et le mur, impossible d’y glisser une feuille de papier.
Voici une vue d’ensemble.
Nous observons avec attention des trous circulaires, creusés dans la paroi rocheuse, plus ou moins à la même hauteur. Ils nous donnent un bel indice de ce à quoi pouvait ressembler la ou constructions ici. Ils servaient à soutenir des troncs d’arbre (ou des grosses branches) constituant un plancher. Les murs que l’on voit montaient donc beaucoup plus haut et peut-être même rejoignaient-ils le surplomb. Il fallait également un autre mur, sur lequel devaient s’appuyer l’autre extrémité des troncs. Ce dernier, faisant face au canyon, devait très certainement être percé d’ouvertures, peut-être des portes en forme de « T ».
Perchés au sommet d’un autre rocher, quelques reste de murs marquent encore l’emplacement d’une tour.
Des coulées de pierre témoignent de constructions écroulées.
Cette tour-ci a eu plus de chance.
J’oublie vite ma déception quant aux mains peintes. Cette tour est tout simplement magnifique. Les ouvertures sont soignées et leur positionnement mûrement réfléchi et planifié.
Nous tournons autour comme un âne autour d’un puits.
Nous fouillons encore un peu les parois à la recherche de dessins. Rien de plus que tout à l’heure.
Voilà un des pétroglyphes du site. A vous de le localiser.
Un peu plus proches que les La Sal Mountains, les Abajo ou Blue Mountains, près de Monticello.
Renonçant à remonter sur le rim par un chemin plus court, nous revenons sur nos pas. Les deux voitures ont disparu. Nous avons vaguement entendu quelques voix et des jappements de chiens.
Devant nous, moins de 3 km de marche dans ces paysages que nous aimons tant et où il n’y a rien mais en même temps tant à voir. Le soleil s’approche tout doucement de l’horizon, amplifiant encore les couleurs. Le ciel est bleu et aujourd’hui encore, nous n’avons pas vu un seul nuage.
Nous arrivons à la voiture sans nous être fait piéger par la butter bentonite.
Rentrés à Cortez, et même si les efforts fournis du jour ne sont pas extraordinaires, nous nous auto-accordons le droit d’aller dîner dans un de nos restaurants favoris, Fiesta Mexicana. Comme prévu, nous ne sommes pas déçus et c’est repus, avec la peau du ventre bien tendue, que nous rentrons à l’hôtel.