Petite virée au Tessin pour embrasser la famille et s’offrir la cime du Monte Generoso, maintes fois contemplée mais jamais gravie. La journée est belle et le soleil tant attendu au rendez-vous.
A 7h37, la voiture est garée à Arogno, petit village tessinois au pied du Monte Generoso. Pour réussir cette prouesse, le réveil a dû nous tirer de notre sommeil à 5h45. Et là, nous ne faisions pas les fiers (enfin moi surtout). La balade du jour se fera à quatre, avec Cristina, la soeur de Stefano et Luciano, son mari.
Le parking prévu et annoncé sur la carte est en fait un terrain vague. Une baraque de chantier et de toilettes ToiToi complètent le tout. Nous suivons la route qui mène au prochain village sur quelques centaines de mètre avant de trouver le départ du sentier qui annonce, sur un joli panneau jaune, 3h40 jusqu’au Monte Generoso. Ça, c’est dit ! Je me cale dans les pas de Cristina et c’est parti.
Le premier kilomètre se fait sur un sentier large, qui fut pavé, ou en tout cas consolidé avec des pierres. Nous marchons dans une forêt de feuillus, au sous-bois bien propre.
Une petite cabane, au détour du sentier.
Nous faisons un détour par l’Alpe d’Arogno. Un troupeau de chèvres curieuses nous accueille. La trace devient incertaine sur quelques centaines de mètres avant de rejoindre le sentier « officiel » qui lui ne passe pas par l’Alpe d’Arogno. Le tracé suit la crête en faisant de petits zigzags pour adoucir un tant soit peu la pente. Nous sommes toujours dans les bois et les racines des arbres alentours ont été mises à nu par le passage répété des randonneurs.
Le sentier laisse la crête et nous fait cheminer sur le flanc gauche de la montagne. La pente diminue et nous arrivons dans une petite clairière. Le sol est recouvert de longs brins d’herbe fins et denses. Si denses qu’ils occultent presque le sentier et nous font, un instant, douter d’être sur le bon chemin.
Une cabane de douaniers témoigne de la proximité de la frontière italienne. Elle pourrait être jolie, abstraction faite de tout le cheni qui l’entoure. Les vieilles tôles rouillées et autres bouts de bois vermoulus empilés sur le côté lui donnent un air délabré et négligé.
Un petit raidillon et un passage en Italie plus tard, nous arrivons sur la Cima Crocetta. Un magnifique panorama vient récompenser nos efforts, avec en prime, sur la gauche, le Mont Rose.
L’équipe, en train de nommer les différents villages et villes, certains en Italie, d’autres en Suisse.
Moi, je les laisse faire, n’ayant jamais réussi à me repérer par rapport au lac de Lugano, qui a, paraît-il, la forme d’un bonhomme avec une tête et 4 membres. Je suis encore plus perdue lorsque Luciano me montre un coin du lac en me disant que c’est « l’autre » tête. J’en perds le peu de latin qui me restait.
Une descente et un autre raidillon (costaud celui-là) plus tard, nous avons gagné encore un peu de hauteur. Au centre, c’est Melide, là où le pont traverse le lac. Sur la même rive du lac, tout à droite, le Monte San Salvatore. De l’autre côté, quelque part, l’Alpe Vicania.
Devant nous, la crête du Monte Generoso. Qui est une destination fort prisée. D’autant qu’un petit train y arrive.
Nous faisons un petit détour (histoire de rajouter quelques mètres à notre dénivelé total) par la Cima della Piancaccia.
Puis, nous empruntons le sentier qui mène au sommet du Monte Generoso, sentier qui longe la crête.
Une douane comme nous les aimons. Sans voiture ni douanier.
Le sentier se rétrécit et une main courante a été installée. Le vide n’est pas vraiment le vide, mais une pente herbeuse bien abrupte. De là par une via ferrata, que nous ignorons superbement, n’ayant pas l’équipement adéquat (ah ah, la bonne excuse !).
Là encore, n’étant pas certains de nous être suffisamment entraînés pour nos prochaines vacances, nous nous offrons la montée à Baraghetto.
Et nous arrivons enfin au sommet du Monte Generoso. Le point géodésique est blanc, et les badauds affluent.
Vue vers le nord-est.
Vue de l’autre côté, vers le restaurant Fiore di pietra (fleur de pierre) imaginé par Mario Botta.
Bon. Notre premier objectif de la journée est atteint. Disons le plus physique. Maintenant, nous partons à la découverte des nevère, de l’italien neve, qui veut dire neige. Les nevère sont des silos à neige. Je vous en dirais un peu plus lorsque nous pourrons en observer une.
Nous longeons la voie ferrée.
Un train arrive. Certains passagers en sont descendus à l’arrêt précédent. Nous les croisons sur le chemin.
Le sentier est bordé de plaques de pierre, dressées verticalement. C’est une particularité unique. Ces murs de pierre servaient à délimiter le terrain.
Cet alignement rappelle l’épine dorsale de certains poissons, ou dinosaures.
Nous arrivons à notre première nevère.
Il s’agit d’une bâtisse de 3 à 4 mètres de diamètre, circulaire. Le principe est celui de l’iceberg : un quart environ sort de terre, les trois quarts ayant été creusés dans le sol.
Un escalier en colimaçon permet d’accéder au fond.
L’hiver, elles étaient remplies de neige, jusqu’à la hauteur de la porte. La première couche était posée sur de la paille. Puis, dès mars, elles étaient patiemment remplies. A chaque couche, la neige était tassée pour en éliminer l’air et favoriser sa transformation en glace. L’été, les bergers y stockaient le lait, le fromage et autres produits laitiers. La chaleur aidant, la neige fondait et à la fin de l’été il ne restait quelques centimètres.
Le toit est constitué de pierres empilées, formant une voûte.
La nevere est le seul bâtiment restauré d’une petit hameau qui en compte 3 ou 4. Le reste est à l’abandon. Une partie des toits s’est écroulée.
C’est triste, une maison qui tombe en ruine. Surtout lorsqu’on pense à toute l’énergie qu’il a fallu mettre pour la construire.
Nous abandonnons le sentier principal et descendons pour nous approcher de ces 4 pans de mur.
Je dis à Stefano : ça me fait penser un peu à Chaco.
Un peu plus loin, une petit groupe de bâtisse a été superbement restauré.
Le mur de pierre est omniprésent.
J’applique un peu de pression sur une de ces pierres mais elle ne bouge pas d’un millimètre. Elles sont solidement enfoncées dans le sol.
Le petit hameau restauré. Enfin, celui de gauche. Celui de droite a eu moins de chance.
Bordant le sentier, deux ou trois « cheminées » de pierre sèche. Nous ne pouvons imaginer qu’elles aient été construites pour faire joli. Elles ont donc forcément une raison d’être. Est-ce tout simplement pour empiler les pierres débarrassées des prés ?
Nous nous arrêtons pour pique-niquer à Nadigh, un ensemble de bâtisses partiellement restaurées.
La voûte de la nevère.
La restauration prend du temps… et coûte de l’argent. Mais le résultat est généralement splendide.
Lorsque nous nous remettons en route, Stefano me prévient : ça va monter. Je balaie son avertissement d’un revers de la main. Rien ne peut être plus raide que ce que l’on a déjà fait.
Les premiers mètres me font rapidement déchanter. Ça monte, ça monte raide, et en plus face à la pente, dans le pré. Ce que je déteste plus que tout.
Vue d’ensemble de Nadigh.
Chaque jambe pèse une tonne (au moins). J’avance au ralenti. Stefano m’encourage. Il y a 3 faux sommets qui me donnent de faux espoirs.
Mais tout est une question de temps, avons-nous coutume de dire. Ce qui me semble une éternité ne dure en réalité que 28 minutes. Pour 276 pauvres mètres de hauteur.
Cet ours annonce la présence de la Grotta dell’Orso, une grotte découverte en 1988 par des spéléologues tessinois. Elle recèle les ossements de plus de 500 ours des cavernes (Ursus spelaeus), qui ont vécu là, il y a 18’000 à 20’000 ans.
Pendant que je termine la montée afin de rejoindre le sentier par lequel nous sommes arrivés, Stefano file vers la gare prendre quelques photos du train.
Il ne nous reste plus qu’à descendre. Les endroits les plus raides ne posent pas de difficulté particulière. A condition de ne pas avancer trop vite, et de marcher à pas mesurés et prudents.
Voilà par où nous sommes montés (et descendus d’ailleurs) : par la crête, qui part du bas à gauche et se termine au second mamelon en partant de la gauche.
C’est beaucoup plus raide que ça n’en a l’air !
Nous arrivons à Arogno sur le coup des 17 heures.
Une belle marchouillette comme nous les aimons, avec un peu plus que 21 km, 9h19 de marche sans compter la pause et, et 1’974 mètres de dénivelé. Not bad. Je connais des randonneurs qui vont bien dormir.
Nous avons tous vidé nos CamelBak à mi-descente. La fontaine est certes belle mais son eau non potable.
Flore du jour
Itinéraire du billet
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
Près de la Cima della Piancaccia.
A Baraghetto.