La nuit fut… bruyante mais le non-sommeil est parfois confortable : le corps au repos et l’esprit qui vagabonde. Et ce fut le cas cette nuit.
A 6h45, nous investissons la salle du petit-déjeuner (soit 1/4 heure en avance) l’air de rien… Africa time… Et ça marche. Même menu qu’hier. Pas de surprise.
Nous remontons et vérifions une ultime fois les sacs. La jeep est en bas. C’est partiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
La jeep est une énorme Land Rover. Nous nous y casons à 7 plus le matos : le chauffeur Richard, le guide Godfrey, Innocenti notre « waiter », Eric guide assistant, Alpha le cuistot (on lui donne à peine 16 ans – il en a en réalité 22) et Naftael, the hip-hop man.
Nous partons dans les rues animées et encombrées d’Arusha. La conduite de Richard est très … intéressante. Une nationale défoncée, une file de voitures à l’arrêt pour cause d’embouteillage (nous allons dans le sens de cette file), quelques voitures qui arrivent en face, et une voie juste pour Richard, à cheval sur la ligne blanche, obtenue à grands coups de klaxon. Et si vraiment quelque chose de très gros arrive en face, eh bien 3 coups de klaxon suivis d’une queue de poisson pour se rabattre. Intéressant, disais-je.
Après 10 minutes un portable sonne. Holy shit. Dans l’excitation du départ, nous avons oublié de rendre la clé-carte de la chambre. Richard, pas content, fait demi-tour. Mais ça n’avance pas. Un coup de fil animé et un U-turn plus tard, nous comprenons qu’il ramènera la clé plus tard.
Soudain, à l’horizon, j’aperçois, noyé dans la brume, le… Kilimandjaro !
Devant mon excitation, Richard s’arrête au bord de la route et je peux prendre la première d’une looooooooooooooongue série de photos du Mont Kilimandjaro.
Nous passons Moshi, faisons quelques arrêts pour acheter des provisions, du gaz, des bananes.
Un garage avec au fond les girls rooms et une jeep au milieu.
Dehors, boissons et souvenirs que les locaux tentent de vendre.
Pour les chapeaux, Stefano trouve l’excuse parfaite : « Après, si nous atteignons le sommet. »
Nouvel arrêt, non loin de l’entrée vers la Machame Gate.
Je descends de la jeep, m’éloigne un peu de la jeep et apprendrai plus tard qu’ils ont failli repartir sans moi !
Le Kili est là, qui s’offre à moi.
Hors des villes, la campagne n’est pas misérable. Pas de cabanes de tôle ondulée, des maisons-cabanes en dur. Des enfants en uniforme longent les route allant ou rentrant de l’école. Les femmes travaillent dans les champs, la bêche en main. Les hommes sont souvent rassemblés autour de motos, sous un arbre, discutant. Peut-être utilisent-ils leur moto comme taxi et attendent-ils le client ? Ou peut-être passent-ils simplement le temps ?
Nous arrivons « at the gate« . This is it ! Un collègue de Stefano nous a prévenu que ce serait un peu « bordélique » : c’est ici que les équipes se forment. Sauf que notre guide a l’habitude de travailler avec la même équipe de porteurs, équipe qui attend sagement la jeep au pied des escaliers.
Nous voici bientôt en train d’inscrire notre nom et no de passeport sur le registre des entrées.
Après, le départ se fait un peu attendre. De 2 minutes en 2 minutes (sachant que 2 minutes ici c’en est au moins 15), une bonne heure passe. Mais il fait chaud (ce qui me rappelle tellement l’Utah et nos loooooooooooooooooongues vacances).
Nous profitons de l’attente pour faire connaissance avec un groupe d’expatriés de Nairobi : un belge, un hollandais, un australien, un sud-africain. Ce dernier, d’ailleurs, a habité Burtigny quelques années. Sa mission à Nairobi étant presque terminée, il reviendra bientôt dans le canton de Vaud.
Prendre des photos, c’est aussi un bon passe temps !
Ici, des porteurs qui commencent la montée, via un sentier parallèle.
Là, quelques conseils de base qu’il vaut mieux respecter avant de se lancer dans l’ascension du Kilimandjaro.
Et enfin, une plaque qui rappelle que le premier européen à attendre le somme du Kilimandjaro fut un allemand.
Nous recevons un « lunch box », une grosse boite en carton, pas pratique du tout à mettre dans le sac à dos. Nous préférons une Clif Bar et Godfrey donne le signal du départ.
Nous passons la porte. Tadaaaa !
Pole pole ! Doucement doucement !
Aujourd’hui, petite balade, 3 à 4 heures maximum, avec 800 mètres de dénivelé.
Le sentier est un sentier digne du Grand Canyon, exception faite du fait que nous sommes dans la jungle (1) (2). Tracé nickel, de longues portions sont pavées de pierres volcaniques (3). Une vraie tuerie pour les chevilles, d’ailleurs.
Pas de grosses montées, nous marchons à l’ombre et nous sommes vraiment dans notre zone de confort.
Des cris d’oiseaux qui restent invisibles rythment notre progression. Quelques singes également, que nous voyons sauter d’arbres en arbres.
Nous pique-niquons … sur une aire de pique-nique (!). Un gardien est là, qui fait tous les jours l’aller-retour pour redescendre les déchets tout en ramassant également ce que les touristes et les locaux jettent en chemin.
Petit à petit, le paysage change. Nous sommes toujours dans la forêt mais la jungle disparaît pour laisser place à des arbres chevelus et poilus.
Leur système pileux est en fait constitué d’une sorte de lichen. Le résultat est d’un très bel effet.
Nous arrivons au camp un poil (!) avant 16h. 2720 mètres au dessus du niveau de la mer. Ça va… Même si les Two Swiss Hikers n’ont pas l’habitude de fréquenter de telles altitudes, nous sommes encore à l’aise.
Et voici les huts. Au premier plan, la hut principale, dans laquelle sont servis les repas.
Le guide nous conduit dans une hutte de 4 lits et nous promet que nous resterons seuls. Yes !
Innocenti nous amène une bassine d’eau chaude et du savon pour nous laver les mains avant le thé, accompagné de pop-corn et de biscuits (ce que mon Papa appellerait des biscuits de chien !) . Nous nous régalons. En fait de thé, c’est plutôt un mélange de lait en poudre à l’huile de palme, de chocolat en poudre Catbury, de café en poudre (servi avec parcimonie) et de sucre de canne (servi en abondance).
Nous partons ensuite pour une petite marchouillette de moins d’une heure en direction du Cratère Maundi.
Eric, l’assistant guide vient avec nous.
Pole pole ! Même si nous ne sommes qu’à 2700 mètres, chaque montée effectuée trop rapidement fait monter en flèche le cardio. Pole pole !
Au fond, le Mont Mawenzi.
Nous contournons le cratère, avant de le traverser.
Au loin, la plaine, la ville de Moshi et un lac (le Nyumba ya Mungu Reservoir).
De retour, nous envoyons notre message SPOT du jour. Message qui, à priori, n’arrivera jamais ! Nous nous y attendions. La zone du Kilimandjaro est à l’extrême limite de la zone couverte par les services SPOT.
Arrive alors un couple qui investit notre nid d’amour. Eh, les Two Swiss Hikers, va falloir apprendre à partager ! Notre rêve de solitude vient de disparaître d’un coup de baguette pas magique du tout.
Durant le dîner, lui, vient nous faire un rapport (c’est le terme qu’il utilisera) de leur ascension.
Il a 71 ans et c’est sa 7ème et dernier ascension. Sa femme-compagne, une locale, a l’air exténuée. Elle porte des sneakers à semelle lisse. Lui, des chaussures un peu plus techniques, mais si peu. Leur visage est brûlé par le soleil. Ils ont oublié de mettre de la crème solaire lors de l’ultime montée. Un bon avertissement pour nous.
La quantité de nourriture qu’Innocenti pose sur la table nous ébahit, même si le père d’Irène, une amie de Luana, nous a prévenu. Innocenti tente de nous bourrer. « Manger beaucoup, manger beaucoup ». Les 5000 à 6000 calories annoncés sont effectivement là, sur la table : soupe de légumes, pommes de terre, légumes (carottes, haricots), ragoût de bœuf… Après une assiette, je cale. Stop, je n’en peux plus. Innocenti trouve un peu de réconfort car Stefano se laisse resservir.
Nous traînons un peu puis rentrons. Brossage de dents, toilette façon « chat » et hop, au lit…
Je m’endors et me réveille lorsque nos colocataires investissent les lieux. Lorsque le silence retombe, je replonge jusqu’à ce que des ronflements s’élèvent. Arg. Nous sommes tombés sur un ronfleur. Non, un couple de ronfleurs. Damn it!
Nous glissons de temps en temps dans les bras de Morphée pour nous réveiller quelques minutes-heures plus tard, lorsque les ronflements prennent de l’ampleur. À 5h, nous sortons pour notre pipi nocturne (nous sommes d’ailleurs très fiers d’avoir tenu jusque là !) et lorsque nous ouvrons la porte, des ronflements sonores nous accueillent. Nous ne les avons même pas réveillés. C’est dire !
Faune du jour
Un singe bleu (Blue Monkey – Cercopithecus Mitis).
Et un autre singe, un Colobus (Mantled Guereza – Colobus Guereza).
Une mongoose, mangeuse de serpents (mais bon, paraît qu’ici, il n’y a pas de serpents, dixit notre guide).
Flore du jour
Autoportraits du jour
Le petit pont de bois…. La la la.
Au camp.