Retranscription du texte écrit par Stefano dans son carnet :
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Nous sommes à Horombo à 3720 mètres, ou plus, ça dépend du panneau…
C’est notre nouveau record d’altitude.
Le départ de Mandara a eu lieu à 8h30 passées, après un petit-déj à base d’une sorte de porridge de millet, des omelettes et des saucisses (que nous avons déclinées).
La nuit ? En blanc…. Le couple avec qui nous partagions la hutte nous a offert un concert (gratuit) de ronflements et grognements.
Nous nous sommes levés à 5h pour aller aux WC puis nous avons essayé de dormir un moment. Peine perdue pour moi. Décidément le sommeil ne vient pas.
Après le petit-déj, nous démarrons notre itinéraire du jour.
Nous choppons un de nos porteurs, Innocenti, avec nos deux sacs plus le sien. 40 kg au moins sur le dos. Nous discutons une première fois avec le guide pour lui faire part de notre inquiétude : le gamin va s’abîmer le dos !
Nous reviendrons à la charge plus tard, lorsque nous le rattraperons pour la seconde fois, avançant péniblement. Le guide va nous trouver un porteur supplémentaire, que nous allons payer. Le coût est de 10 USD par jour. Pour ce salaire-là, nous pouvons nous le permettre.
Le reste de la montée, nous modérons l’effort afin garder le cardio low. Nous sommes à l’écoute de notre corps et surveillons toute variation du rythme cardiaque avec notre montre Polar. Dès que ça monte un peu – plus de 120 pulsations par minute – on ralentit.
Ecoute ton corps…
La description des paysages, c’est MC qui s’en charge.
Nous arrivons à destination à 14h15 et notre guide disparaît aussitôt. Livrés à nous-mêmes, nous nous reposons un peu, nous discutons avec des gens d’horizon différents, puis nous passons un moment avec Inno à compiler une liste de mots en swahili dont voici un extrait :
Pour dire comment « ça va » et répondre « ça va bien »
– Jambo -> Jambo
– Mambo -> Poa
– Habarri -> Zuri
Ensuite
– Pole pole -> doucement, slow
– Karibou -> bienvenue, welcome
– Ouagheni -> client
– Baba -> père
– Mama -> mère
– Dada -> soeur
– Kaka -> frère
– Assante -> merci, thank you
– Saana -> beaucoup
– M’lima -> montagne
– Kibunga -> surnom de notre guide Godfrey
– Buana -> ami, friend
Puis, la chanson traditionnelle de l’après-ascension du Kilimandjaro :
Jambo buana
Habarri ghani
Zuri saana
Ouagheni wakari bishwa
Kilimanjaro
Hakuna matata
Notre logement : chambre commune avec une vingtaine de lit. Nous arrivons les premiers et donc nous pouvons choisir nos places. Bien nous en a pris car en fin de journée, un troupeau d’américains débarque et remplit la pièce… La nuit va être difficile… Déjà que la nuit passée c’était nuit blanche…
Anyway, fô faire avec…
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Grand soleil ce matin au réveil… Oh yes. Comme écrit hier et confirmé par Stefano ci-dessus (comme quoi je ne raconte pas que des histoires), la nuit fut « bruyante » et agitée. Mais in fine, c’était assez drôle, presque comique.
Lorsque nous sortons du petit déjeuner un groupe d’américains fait son warm-up. La formation des guides doit différer selon la nationalité des clients. Et un, et deux et trois… Trop drôle !
A 9h, nous quittons le camp.
Les premières centaines de mètres se font en terrain connu, c’est le sentier que nous avons suivi hier, pour aller voir le Maundi Crater.
Je retrouve avec délectation mes arbres chevelus.
Soudain, au détour du chemin, un attroupement. Des porteurs assis au bord du sentier et … un appareil photo au milieu d’un pré.
Du gros matos… Deux gars, de REI., des pros de la photo, en train de réunir de quoi faire un reportage sur les voyages que propose REI. Je lance à un des photographes : « When you want to quit your job, just tell me. I may fill in an application form ! » Il se marre.
La lumière du matin est exceptionnelle et la végétation, si différente de celle que nous avons l’habitude de côtoyer me ravit.
Un peu plus loin, nous apercevons notre objectif final : le Mont Kilimandjaro. À droite, le Mont Mawenzi.
Nous nous faisons régulièrement dépasser par des porteurs. Non seulement le poids qu’ils portent est impressionant, mais surtout leur équipement nous interpelle : leurs chaussures sont rarement des chaussures de montagne et, dans le cas contraire, elles sont toutes éculées, trouées et souvent les lacets semblent en option.
AI, pour toi… Même à des milliers de kilomètres, nous pensons à toi (2) !
Hum, quid du beau temps ?
Mais soyons optimistes… De l’autre côté, le ciel est bleu !
Ces fleurs, je les aime… je les aime vraiment !
A gauche, une montagne sacrée. Sa forme laisse deviner son origine volcanique.
La végétation est en perpétuel changement. Pourtant, nous n’avons pas vraiment l’impression de prendre vraiment de l’altitude.
Nous ne sommes pas loin du camp. Godfrey nous décrit cette espèce endémique du parc : le Dendrosenecio kilimanjari.
Ces arbres-cactus se trouvent en abondance à proximité des torrents ou lorsque le sous-sol est gorgé d’eau.
Nous arrivons au camp Horombo. Il est 14h04.
Première chose : le goûter. « Manger beaucoup, manger beaucoup ! ». Oui Innocenti, mais tu sais, lorsque l’estomac est plein, et bien, il est plein !
Seconde chose : l’envoi du message SPOT du jour. Nous sommes à 3720 mètres, notre record absolu.
Godfrey a disparu. Nous sommes livrés à nous même. Nous nous baladons aux alentours. Sans trop forcer, car l’altitude se fait sentier à la moindre montée.
Nous regardons avec envie le sentier que nous emprunterons dans deux jours, pour aller au camp Kibo.
Nous pensons un moment aller faire une sieste mais notre « chambre » (une vingtaine de lits) se trouve à l’étage de la hutte « restaurant ». Autant dire que celle-ci est pleine, animée et donc bruyante. Nous renonçons et nous installons à une table, pour écrire quelques lignes sur nos carnets. Comme le camp est plein, la salle est pleine et nous squattons en face d’un couple. Très vite la conversation s’engage. Ils habitent à Atlanta. Elle, va fêter ses 50 ans demain dans la nuit. À ce moment précis, elle sera (si tout va bien) au sommet du Kilimandjaro. Yes ! Bravo ! Lui, est un peu moins enthousiaste. Elle nous avoue qu’il n’est pas très « outdoor activities » et qu’il est là… pour l’accompagner. Bravo encore ! Belle preuve d’amour. Nous nous quittons et je lui souhaite le meilleur, sous-entendu, d’arriver au sommet. Nous calculons que nous devrions nous croiser dans deux jours, nous montant à Kibo, eux descendant du sommet.
Lors du repas, nous discutons avec les membres du groupe d’expatriés, rencontrés à la Marangu Gate. Ils n’ont pas pris l’option de la journée supplémentaire d’acclimatation et monteront dès demain à Kibo.
Plus tard, nous échangerons également quelques mots avec un groupe des suisse-allemands. Leur Tour Operator s’appelle ActiveFerien. Nous avons repéré les magnifiques vestes rouges Mammut en Gore-Tex qui équipent les guides.
20h. Nous montons nous installer dans nos quartiers. Les américains sont déjà au fond de leur sac de couchage. En bas, la salle est vide à part 4 suisses qui jouent au jass. Ils s’exclament, rient, discutent… C’est une histoire de 30 minutes. Le silence tombe. Le sommeil tarde à venir et se fait prier. Nous sommes excités. Mais comme dit précédemment, le non-sommeil, ici, est confortable. Il suffit de laisser passer le temps et de laisser ses idées vagabonder…
Faune du jour
Un corbeau local, au même comportement que les pies européennes : il est capable de « piquer » tout ce qui traîne, du sandwich en passant par l’appareil photo.
Flore du jour
Impossible de trouver le nom de cette fleur (tout comme celles ci-dessus)… Googling en vain !
Autoportraits du jour
Sur le sentier menant à Horombo.
Lors de la pause déjeuner.
Au camp.