Lybrook Badlands : notre première tentative pour visiter ces badlands date de 2012. Hélas, à l’époque nous n’avions pas trouvé ou plutôt nous n’avions voulu laisser la voiture comme ça au bord de la piste et pour finir nous nous étions décidés à aller à Chaco Canyon.
Par la suite, nous avons refait une tentative en 2014, qui malheureusement s’est aussi soldée par un échec, car le Tom-Tom ne connaissait pas les routes préparées par Stefano et nous nous étions un peu égarés au milieu de nulle part.
Cette fois, Stefano est prêt. Hier il m’a offert deux options : aller à Lybrook avec une marche d’approche longue ou avec une marche d’approche courte. J’ai évidemment choisi la marche d’approche longue.
Nous voilà donc partis sur la Highway 550. Notre point de repère est constitué de 4 ou 5 antennes. Nous quittons la route goudronnée pour la piste, en très bon état. Les antennes sont visibles, sur la droite.
Nous nous garons à côté de réservoir. Mieux vaut ne pas savoir ce qu’il y a dedans, même si nous en avons quasi la certitude : du pétrole brut.
La version longue marche d’approche consiste à arriver à Lybrook Badlands par le haut.
Puisque nous sommes sur le sommet d’une mesa, il va donc falloir en descendre à un moment donné.
Le premier challenge de la journée est donc de trouver un passage.
Nous longeons le bord de la mesa sur un peu plus d’un km avant de trouver un endroit où la falaise s’est écroulée et où il nous semble possible de passer.
La première partie de la descente est assez facile, il suffit d’enjamber de gros rochers. Puis, la pente s’accentue. Nous n’avons plus de relief pour caler nos pieds. Nous évoluons sur du sable durci et raviné par l’eau, avec une déclivité entre 60 et 75%.
Il y a des moments intenses, comme celui où je ne ne sais plus où poser les pieds. Je suis tous simplement coincée… Je pointe ce qui me semble être un endroit accessible et Stefano me dit : n’y vas pas, tu vas te faire du mal… Curieuse, je jette néanmoins un coup d’œil pour voir, et, derrière une corniche, un gros trou noir dans le sable, creusé par le pluie… dont je ne vois même pas le fond. Mince, j’ai un moment de doute. Je regarde Stefano et lui dit : on est un peu limite, là, non ? On y est presque, me répond-il. Il n’a pas tort, d’autant que remonter serait presque impossible. Je me mets accroupie et me laisse donc glisser.
Nous sommes en bas. Nous avons eu (enfin moi surtout je crois) un grand coup de chaud.
Vu d’en bas, ça n’a l’air de rien… Nous nous promettons de trouver un autre endroit pour remonter, même si nous nous rendons compte que en restant sur les rochers plutôt que le sable, ça aurait été plus facile.
Nous faisons notre première pause Clif Bar de la journée et… un autoportrait, évidemment.
Alors… comment dire… Nous avons un second étage à descendre. Et il risque bien d’en avoir un troisième après.
Là, c’est d’où nous venons.
Nous partons vers le nord, on longeons le bord du rim. Ce petit arbre est bien joli mais ce n’est pas par là que nous descendrons.
Nous marchons encore près d’un kilomètre. Rien. Pas de possibilité de descente. Nous constatons également qu’il n’y a pas de passage pour remonter.
Mais la balade est sympa et surtout les couleurs sont extraordinaires.
Sur la photo ci-dessous, on se rend bien compte des différents niveaux de la mesa. Nous ne sommes que sur le second niveau.
Nous rebroussons chemin pour aller explorer côté sud.
Après quelques espoirs malmenés, Stefano pointe un endroit qui semble accessible et me dit : si nous n’arrivons pas à passer ici, nous retournons à la voiture. Il n’a pas tort. Il est passé 10h et nous avons quitté la voiture depuis plus de 2h30.
Mais il était écrit qu’aujourd’hui nous irions à Lybrook Badlands.
Le passage se révèle conciliant et même très élégant.
Voilà. 2 sur 3. Il ne nous reste plus qu’à trouver un passage pour le dernier niveau. D’en haut, nous voyons un wash qui semble être praticable. Il y a bien un pour-off mais que nous pensons pouvoir contourner.
Ouf, je crois bien que cette fois c’est bon, et que nous sommes enfin à Lybrook Badlands, plus de 5 ans après notre première tentative !
Maintenant, nous passons en mode exploration. Nous suivons le wash un moment car il va dans la bonne direction.
Nous commençons par les Twin Peaks.
Ça nous rappelle notre seule et unique expérience au restaurant Twin Peaks, dans je ne sais plus quel bled. Nous étions rentrés plein d’espoir et affamés et étions ressortis déçus par le menu (et donc toujours affamés) au grand regret de Stefano un peu émoustillé par les serveuses en tenue légère (les scenic views vantées ne sont pas des beaux paysages mais plutôt des plus ou moins belles paires de seins).
Vus de dos (ou de devant, c’est selon), avec quelques copains hoodoos très différents.
Nous partons ensuite en direction de Hoodoo Cove.
Mais non loin, vraiment pas loin du tout (vu qu’on voit encore en fond les Twin Peaks, nous rencontrons des hoodoos extraordinaires (dans le sens hors de l’ordinaire).
Leurs coiffes sont quasiment parfaitement rondes. Comme des meules de fromage.
Et surtout, elles font plus de 2 mètres de diamètre. Ce qui conduit bien évidement à de la casse.
Mais certaines sont posées en parfait équilibre. Le temps n’aura que peu d’effet sur ces hoodos. Ils se briseront bien avant que les pierres cassent.
Petit sapin solitaire.
Parfait contre jour.
Cet arbre est à moitié-vivant et à moitié-mort. Sans cette résilience, impossible de survivre dans cet environnement désertique.
Nous ne sommes pas certains d’avoir trouvé Hoodoo Cove. Peut être que était-ce là où nous étions à l’instant d’ailleurs.
Nous arrivons dans un cul-de-sac.
Nous montons voir ce qu’il y a de l’autre côté de cet amas sablonneux. Il y a … une grande descente et encore du sable.
La descente se fait en nous laissant glisser, la déclivité et la surface dure du sable ne nous permettant pas d’enfoncer nos talons.
Le prochain POI de Stefano s’appelle The Organ (l’orgue).
Nous pensons que c’est cela.
Voici Monsieur Big and White.
Et pour être big, il est big.
Eux, ce sont les Two brothers.
Ils sont… inséparables.
Stefano commence à regarder sa montre. 14h20.
Mon calcul du temps pour le retour s’avère être proche de celui que m’annonce Stefano. 2h30, me dit-il. Moi j’avais prévu 3h. Je me fais un peu de souci pour la remontée de troisième niveau (le premier de la descente) et lui ai alloué une bonne heure.
Nous avons encore un peu de temps. Stefano me dit : à 15h30, on amorce le retour.
Alors, puisque nous avons encore du temps, profitons en !
Hoodoos sans nom. Mais on peut dire aussi qu’ils (ou elles) sont inséparables.
Lybrook Badlands a vraiment ses propres caractéristiques. Cette zone ne ressemble à aucun autre badlands des alentours.
Il y en a pour tous les goûts.
Il y a même des hoodoos dont la base est rectangulaire.
Pour certains, néanmoins, la description de leurs caractéristiques est un peu plus difficile, voire chaotique.
15h25. C’est l’heure de rentrer.
A partir de là, nous nous concentrons vraiment sur le sentier. Vu le manque d’alternative, nous avons décidé de remonter nos trois niveaux par le même chemin qu’à l’aller.
Bon, ces graines de yucca séchées méritaient bien une mini-pause. 10 secondes, pas plus.
Nous avons accéléré le pas. Nous suivons une piste car ici aussi, il y a de l’exploitation pétrolière. Fort peu, heureusement.
La remontée du second niveau. Piece of cake.
Notre objectif est là, tout au fond : cette falaise jaune-orangée.
Nous arrivons au bas du dernier niveau. Je le regarde avec appréhension. Stefano, lui, est super confiant. Il a raison. Top chrono, nous mettons 6 minutes (oui oui nous sommes loin des 60 que j’avais imaginées) pour arriver en haut. Nous avons opté pour le passage par les blocs de rocher qui s’avèrent, à part un ou deux, solidement ancrés dans le sol.
A 5h45, nous sommes à la voiture, absolument RAVIS de notre journée d’aventures.
Chiffres du jour
Selon le Garmin :
- 9h05 de randonnée
- 22.6 km
- 1007 mètres de dénivelé positif
- 150% de plaisir
- seulement (!) 197 photos (à nous deux)
Flore du jour
Juste en arrivant sur le rim final.
Autoportraits du jour
En bas de notre première descente.
Et puisque nous avons réussi, c’est la fête… Allez, va pour un autre.
Près des Twin Peaks.