Loowit Falls
Notre balade du jour va nous emmener à Loowit Falls, sur les contre-forts du Mount St Helens, au travers de paysages désertiques et multicolores.
Lorsque nous sortons de l’hôtel, le ciel n’est pas bleu mais gris. Zut flûte. Au petit déjeuner et en guise de bienvenue au retour à la civilisation, nous avons eu droit (malgré nous) à la télé. The Weather Channels annonce des low clouds.
Ce matin, le réveil a sonné à 5h30. Nous ne sommes plus à 3 minutes de l’entrée du parc mais à une bonne centaine de kilomètres, 61.8 miles pour être précis. Il ne s’agit pas de traîner.
Nous reprenons la I-5 direction nord, sortons à Castle Rock et empruntons la Spirit Lake Highway vers l’est. Nous sommes dans le brouillard. Nous passons de viaducs sans rien voir autour de nous. C’est presque flippant.
Au détour d’un virage, je m’écrie : je vois du bleu ! Stefano est sceptique. Quelques virages plus loin, nous sortons de la mélasse. Yes ! La journée s’annonce exceptionnelle.
Nous sommes euphoriques.
Nous arrivons au Johnston Visitor Center. Je vous ai parlé de ce lieu, hier, dans le billet relatif à Windy Ridge.
Le parking est immense et il y a … 2 voitures.
La nôtre et celle d’un groupe de 4 personnes, se préparant pour la balade du jour. Notre niveau d’équipement est le même. Ce sont des serious hikers, tout comme nous !
Plus qu’un visitor center, le Johnston Visitor Center est aussi un observatoire. Il a été construit sur le site d’un camp où un scientifique perdit la vie, en ce matin du 18 mai 1980. Son nom ? David A. Johnston. Ces dernières paroles radio furent : Vancouver! Vancouver! This is it!, quelques secondes avant l’explosion.
La bâtisse ressemble à un blockhaus.
La vue sur le Mount St Helens est extraordinaire.
La balade du jour va consister à marcher le long de la crête de la montagne où nous sommes avant de descendre dans cette plaine, d’arriver au pied de cette grande montagne et de remonter de l’autre côté jusqu’au pied d’une chute d’eau.
Pour plus de précision, la chute d’eau se trouve en haut de ce trou en forme d’œil qui commence juste après l’arrondi du cratère, sur la partie gauche de la photo.
Vous l’avez ? Non ? Oui ? Pas grave…
Je suis certaine que vous êtes jaloux. Et bien, vous savez quoi ? Vous pouvez !
La première partie du sentier est goudronnée car c’est cette partie que la majorité des gens va arpenter.
Tous les 5 mètres des panneaux rappellent de ne pas marcher en dehors du sentier.
Un monument, dédié aux 57 victimes de l’éruption, se dresse en face du volcan. 57 victimes, 57 noms.
À partir de ce point, nous quittons le goudron pour un vrai sentier, le Boundary Trail #1.
Nous ne sommes qu’à quelques kilomètres, 2 tout au plus, à vol d’oiseau, du volcan. La violence de l’explosion a dû être phénoménale, comme en témoignent ces souches d’arbres, desquelles les troncs ont été arrachés.
Nous marchons ainsi près de 2 heures, sur la crête.
Le Visitor Center n’est plus qu’un petit point à l’horizon.
Le sol est recouvert de fleurs : des Lupines, qui d’ailleurs furent les premières plantes à repousser après l’explosion et des Red Indians Paintbrush, sans oublier quelques marguerites.
Un panneau nous avertit : attention, le sentier devient un peu plus aérien.
Nous regardons.
Pas de quoi en faire un fromage. Stefano me regarde, rit et lance : même pas peur; si j’ai réussi à aller à Observation Point, je peux aller partout.
C’est pas faux !
Nous ne nous lassons pas de la vue qui s’offre à nous.
Nous continuons encore quelques centaines de mètres sur la crête et arrivons à une jonction et empruntons le Truman Trail #207.
C’est ici que nous allons commencer à descendre pour traverser cette immense plaine.
Des zones boisées ou tout au moins recouvertes de végétation alternent avec des zones désertique sur lesquelles les cendres sont encore présentes.
Stefano pointe le volcan du doigt et me dit : regarde le volcan, il y a des fumerolles.
Ma première réaction est de lui répondre que ce sont des nuages. Mais je regarde plus attentivement. Oui, effectivement, il y a des volutes de fumée qui s’échappent.
Wow!
J’aime cette photo et le contraste de la cendre et la végétation.
Nous ne sommes pas très loin de Spirit Lake. Nous espérons que le sentier va nous amener au bord de l’eau. Windy Ridge est quelque part, sur les montagnes que nous voyons au fond.
Mais après vérification sur la carte, aucun sentier ne s’approche plus près que là où nous sommes maintenant. Sans doute des fins de préservation tout à fait compréhensibles.
Dommage quand même.
Sur notre droite, un petit lac, dont la couleur et l’odeur nous rappellent des pools de Yellowstone.
Un regard derrière nous. Nous venons de là, du haut de ces collines !
Devant nous, c’est le vide… Emptiness !
En format panorama, c’est encore mieux.
Spirit Lake est a nouveau visible.
Devant nous, la vieille dame, comme je l’appelle maintenant, fume encore.
Nous traversons quelques ruisseaux.
À proximité de l’un d’eux, le sol est recouvert de fleurs de trèfle qui embaument l’air.
Un autre est envahi de mousse vert pomme.
Stefano regarde souvent sa montre. Il est plus de midi et les chutes semblent encore très loin.
Elles sont d’ailleurs bien visible ci-dessous, juste à droite du panneaux.
Il me dit : nous avons encore une heure et demi devant nous. Après, nous devons faire demi tour. Il a raison : le calcul est simple : nous sommes partis à 9h de la voiture et si nous marchons jusqu’à 13h30, il nous faudra 4h30 pour rentrer. Ciel, que les journées passent vite.
Inconsciemment, nous accélérons le pas.
Impossible de se faire une idée sur la distance restant à parcourir, d’autant que le sentier n’est pas une ligne droite mais suit les accidents de terrain.
Au bout d’une heure, nous sommes rassurés. 30 minutes pour arriver au pied de la cascade de Loowit Falls, c’est jouable.
Effectivement, il ne nous faut que 20 minutes pour y être.
Cela dit, nous ne traînons pas. Nous étalons nos t-shirts sur une pierre, dégustons une Clif Builder et une banane et… envoyons le message SPOT du jour.
Voilà le programme du retour: traverser cette zone désertique en nous déportant vers Spirit Lake, remonter sur les collines en face et tirer jusqu’au bout à droite.
4h30 pour le tout. Que de bonheur en perspective !
D’ailleurs, non je ne rêve pas ! C’est bien le Mont Rainier, ce sommet enneigé qui dépasse à peine sur le cliché ci-dessus !
Nous nous racontons des histoires de vieilles dames en colère par que deux randonneurs suisses sont venus lui chatouiller les narines.
D’ailleurs, elle fume, la dame ! Il n’y a pas que des nuages.
Promis juré, le vert, il est vraiment vert.
Nous ne pouvons nous empêcher de nous retourner fréquemment, histoire de voir si la vieille dame fume encore.
Non, ça va, elle s’est calmée !
Nous voici déjà de l’autre côté, sur la crête.
La balade est terminée !
Ce soir, refroidis par notre aventure gastronomique d’hier au mexicain, nous choisissons une valeur sûre : un Denny’s.
Nous pénétrons dans le restaurant alors qu’un couple de personnes plus âgées se préparent à sortir.
Lui, aperçoit le drapeau suisse sur mon sac à dos et s’exclame : Are you Swiss? Nous entamons une conversation. Karl est un suisse-allemand établi depuis 50 ans ici aux US. Bientôt, sa femme, Ellie, une locale, se joint à la conversation.
Le jeune couple (ils se sont mariés il y a 2 ou 3 ans) nous invitent à passer la nuit chez eux et à laver notre linge. Difficile de refuser mais nous avons notre chambre d’hôtel qui nous attend plus une grande balade demain qui va nécessiter une longue nuit de sommeil et un réveil aux aurores. En plus, quel plaisir de remettre 2 ou 3 jours de suite le même t-shirt (mérinos, s’entend !).
Nous nous sentons un peu mal d’autant qu’ils ont l’air d’y tenir beaucoup. Nous tombons d’accord sur un compromis qui est éventuellement de passer les voir demain en rentrant, vu qu’ils habitent à Castle Rock. Nous échangeons adresses et cartes de visite et nous leur donnons a big hug.
Flore du jour
Faune du jour
Une grenouille, verte comme une pomme Granny Smith.
Puis une brune, beaucoup moins exotique !
Autoportraits du jour
À Johnston Ridge Observatory.
Un peu en contre jour, mais bon… Le soleil est là, c’est l’essentiel.
Ici, à Loowit Falls…
… sac au dos, prêts à partir.
Au restaurant, avant de manger…. Après, le sourire aurait été encore plus éclatant…