Nous faisons un détour par Hveragerði et laissons la voiture à Rjúpnabrekkur. De là part un sentier qui nous emmène d’abord à proximité de petits bassins et solfatares. Montant parfois abruptement, il suit un torrent – Reykjadalur – qui, 3 km après notre départ est aménagé pour la baignade.
Nous suivons aveuglément le GPS qui nous dirige sur une route interdite à la circulation !
Deux pêcheurs chaussés de cuissardes, debout dans la rivière, observent impassibles notre demi-tour que nous essayons de faire le plus discrètement possible. Ils sont coiffés d’un chapeau d’où pend une moustiquaire. Nous comprendrons très vite pourquoi.
Revenus sur le droit chemin, nous arrivons à un parking occupé par une dizaine de voitures. En bordure, un bâtiment de bois abrite des toilettes, une caisse pour le paiement et un bar-restaurant, fermé pour le moment.
Nous nous équipons. Lorsque Luana me demande un peu plus de précision quant à la balade prévue, ma réponse est simple : je n’en ai aucune idée. Je me rappelle vaguement qu’il y a des sources chaudes quelque part, sans vraiment connaître la distance pour les atteindre. Nous n’avons reçu le roadbook d’Allibert Trekking qu’une petite semaine seulement avant le départ et le temps m’a manqué pour vraiment aller dans le détail.
Nous sommes plutôt ici pour nous approcher de la zone d’activité géothermique, avec peut-être quelques jolies mares colorées à la clé, bouillonnantes ou pas.
Nous verrons où nous mène le sentier et combien de temps nous aurons envie de le suivre. Nous le voyons monter sur le flanc de la montagne puis disparaître.
Des petits moucherons volètent autour de nous, insensibles à nos grands gestes destinés à les écarter. Voilà le pourquoi des moustiquaires des pêcheurs. Nous espérons qu’ils ne piquent pas, au contraire des no-see-hums. Nous apprendrons que ces insectes sont en réalité des chironomidae, autrement dit des midges, tout comme les no-see-hums d’ailleurs, mais inoffensifs. Ils sont juste extrêmement irritants à tourner ainsi autour de nos visages.
Le sentier commence en une large piste gravillonnée qui traverse des prés, dans lesquels coule un ruisseau. La couleur des algues qui s’y développent et de la mousse qui le borde laisse présager une température au-dessus de la normale, de même qu’une composition d’eau plus complexe que le simple H20.
Nous sommes loin de l’explosion de couleurs rencontrée à Yellowstone. Néanmoins, une partie des composants est là : fumée, bouillonnements, odeur œuf pourri, bien sûr et couleurs inhabituelles bien que ternes.
Les quelques panneaux annonçant une eau très chaude peinent à convaincre en l’absence de barrières et de planches de bois posées au sol pour isoler de la chaleur. Nous évitons cependant de trop nous approcher des fumerolles, notamment de ces deux orifices qui crachent bruyamment une épaisse vapeur accompagnée de quelques postillons.
La montée se durcit un peu et le rythme se ralentit.
Ce pool me rappelle la maman de Stefano, lorsque qu’elle cuisine de la polenta dans un chaudron de cuivre. Par expérience, il convient de prendre ses distances, sous peine de recevoir, sur la main, ou sur le visage – si un nez trop gourmand s’est avancé pour humer la masse orange – quelques éclats de matière brûlante.
Nous arrivons sur un replat. La suite du sentier se dévoile : il monte encore, serpente dans la montagne avant de la contourner puis de disparaître.
Le paysage devient vallonné. Des petits cours d’eau ont sculpté le relief.
Sur notre gauche, un autre torrent s’écoule. Le canyon qu’il a creusé se nomme Djúpagilm, et l’ensemble de petites chutes d’eau Djúpagilsfoss. Logique, lorsque l’on sait que le suffixe foss signifie « chute d’eau » en islandais. Encore plus limpide si l’on considère que djúpagil se traduit par « gorge profonde ».
Nous retrouvons les eaux du ruisseau que nous suivons depuis le parking. Contre toute attente, il a grandi le bougre.
Nous pouvons désormais mettre un objectif à la balade. Nous irons jusqu’aux bains puis reviendrons sur nos pas. Regretterons-nous nos maillots restés dans la voiture ?
Le sentier s’étale entre le cours d’eau et une petite montagne de cailloux volcaniques. La mousse s’y accroche par plaque, colonisant l’espace.
La zone de baignade est bordée d’une passerelle de bois. Des parois verticales, dressées en hélice, permettent aux baigneurs de se changer avec un minimum de discrétion. Luana, seule à avoir ses affaires de bains dans son sac, dédaigne l’offre. Les endroits les plus profonds – pas plus de 50 cm cependant, sont déjà occupés. Plusieurs baigneurs sont allongés dans 20 cm d’eau, leur ventre ou fesses dépassant à l’air libre faute de profondeur suffisante. Les badauds qui se promènent achèvent de donner à l’ensemble un air d’exposition. Luana renonce à la baignade, tout comme nous aurions renoncé si nous avions eu nos affaires.
Après quelques palabres, nous reculons encore le point de retour et nous engageons sur un sentier où se déversent des petits rus.
Nous le laisserons cependant grimper tout seul à flanc de montagne et nous dirigerons sur la droite, dans une petite vallée étroite d’où s’élève de la vapeur d’eau.
Mais d’abord, une des plus jolies parties du parcours… Un rocher strié de plusieurs teintes de vert, d’orange, de brun et de gris. Comme si des pots de peinture avaient été renversés, laissant la peinture s’écouler lentement.
Quelques moutons paissent, dans l’herbe haute et touffue.
La dream team !
Au fond de la vallée, le spectacle est saisissant. L’activité géothermique est intense.
Le sol fume, pète et crache !
Ces moutons doivent également être sensibles à la beauté de lieux. C’est la seule explication que nous trouvons pour justifier leur présence ici.
Je m’éloigne un peu afin d’explorer la vallée qui se termine par un petit cirque. Le ruisseau – Klambragil – sort d’un des plis de la roche.
Moins de 50 mètres plus loin, c’est déjà un petit torrent. Je m’accroupis pour y tremper précautionneusement le doigt et y évaluer la température. Je l’estime à plus ou moins 40°.
Entre temps, Stefano c’est trouvé un copain à quatre pattes.
Et c’est ici que nous commençons le retour.
Tout à l’heure, nous étions de l’autre côté du torrent, sur le sentier au pied de la montagne.
Voici les panneaux de marquage des sentiers islandais. Nous n’avons marché qu’un peu plus de 3 km. Rjúpnabrekkur, c’est supposément le nom du parking où nous avons laissé la voiture. Le symbole du couple de randonneurs est assez drôle, elle en robe, et sans sac à dos.
Le retour est uneventful, à part les nombreux adeptes de baignade que nous croisons. Cet endroit semble vraiment très prisé et très populaire. Les places dans l’eau doivent se payer maintenant très très chères.
Vue sur le parking et la vallée.
Le restaurant est ouvert. Nous y buvons un café accompagné d’une belle part de gâteau aux pommes. Le parking payé, nous remontons dans la voiture pour poursuivre notre découverte de la zone sud-ouest de l’Islande.
Autoportraits du jour
Au point de retour, avec nos amis les moutonssssssssssssss !
Ben oui, le soleil s’étant invité à la partie, j’ai dû me couvrir le chef !