Depuis Les Platets, nous roulons derrière un tracteur remorquant une plateforme avec des balles de foin. Cinq balles, non fixées, oscillent à chaque virage et rebondissent allègrement à chaque inégalité de la route. Nous restons donc à bonne distance, roulant à 30km/h. On ne sait jamais. 300 kg de paille sur le capot d’une voiture, ça doit faire mal. Et en plus difficile d’expliquer ça à l’assurance. Quoique ça ferait un joli croquis de sinistre pour La Mobilière.
Il est juste 11 heures lorsque nous laissons la voiture, au lieu-dit La Chanélaz, à proximité du camping de Bassins.
Le bétail est là. Et avec, ses contraintes et bénéfices : s’en est terminé de couper à travers champs, les passages de clôture deviennent beaucoup plus difficiles, mais le bon fromage d’alpage nous attend ainsi que des léchouilles baveuses sur les mains, … Du bon et du moins bon.
Le champ du Bugnonet (en haut) et le chalet (en bas).
Fait très rare, nous suivons la route. D’habitude, nous montons par le Bois des Ministres en direction de La Dunanche ou de La Pessette. Mais aujourd’hui Stefano m’a prévenue : nous allons faire une randonnée atypique.
Moi, j’aime bien les routes (et les petites fleurs, mais c’est une autre histoire) : en général la déclivité est faible (je dis bien en général) et, à moins qu’elle ne soit beaucoup fréquentée, nous pouvons marcher de front.
Nous arrivons à La Pouilleuse.
Quatre vaches sont agglutinées près d’un abreuvoir : deux brunes, deux noires avec une tache blanche sur le chanfrein. Les quatre ont des cornes et nous regardent passer sereinement.
Regardez-moi cette belle herbe !
Le chalet La Pouilleuse.
Alors que nous revenons sur la route, des éclats de voix nous parviennent, de même que le tintement de clarines. Un troupeau arrive, encouragé à grand bruit qu’accompagnent quelques coups de bâton, doux certes, mais convaincants. Il y a là hommes, femmes et enfants, certains à vélo, d’autres en poussette. Un petit veau a des envie d’indépendance et donne du fil à retordre à deux bambins qui le pourchassent, tentant de le remettre dans le droit chemin. Nous échangeons quelques mots avec un des bergers, un jeune, tout sourire. Elles viennent de Bassins, nous dit-il. Et, remarquant dans nos mains une Cliff Bar, il ajoute : dites-mois, vous trouvez ça en Suisse ? J’ai connu ces barres il y a 10 ans, aux États-Unis. Encore un amateur de bonnes choses, pensons-nous.
Nous traversons le Bois de la Gaye pour arriver au pâturage Les Chenevières.
Ce chalet n’est plus habité de façon permanente durant l’été. Mais il reste entretenu.
Ça, c’est le côté route.
Le côté qui fait face au lac est un peu plus difficile à attraper car la pente est tout de suite là.
Nous remarquons un sentier étroit qui descend à travers champ. Il est marqué Vollotaz. Tout comme cette « table ».
Après vérification, il s’agit d’un sentier de VTT dessiné par une bande de passionnés. Il doit son nom à la Brasserie Vollottaz, une brasserie locale à Le Vaud.
Nous rencontrons d’ailleurs trois jeunes à vélo, les yeux brillants d’excitation.
S’ensuit une belle montée qui nous amène à la Citerne couverte du Pré de Villars (c’est son nom officiel).
Contrairement aux autres refuges forestiers qui restent ouverts mais qui sont en priorité réservés aux travailleurs de l’exploitation forestière, celui-ci est fermé à clé.
La route/sentier qui mène au chalet Les Echadex passe par le pâturage, entrecoupé de zones boisées. Les nombreux rochers qui jonchent le sol témoigne de la pauvreté de la terre et de la faible épaisseur de la couche terreuse.
Heureusement, le terrains s’améliore – en tout cas l’herbe est plus haute – à proximité du chalet.
Le chalet Les Echadex.
La jonction entre les pâturages Les Echadex et celui du Petit Pré de Rolle.
Le chalet du Petit Pré de Rolle.
De là, une de nos options est de monter au Crêt de la Neuve voir si le drapeau a été changé. Il était dans un état lamentable la dernière fois, ce qui nous a poussé à en sponsoriser un nouveau. Nous décidons d’aller voir si le message a été reçu.
Nous suivons la route un long moment. Aperçu en passant, ce joli mur entourant une citerne.
Nous quittons la route en contrebas du Crêt de la Neuve. L’accès se fait par un sentier très escarpé.
Et là, tout de suite, nous constatons que le message a bien été reçu. Youpi !
D’où nous venons.
Regardez ce beau drapeau qui flotte fièrement au vent !
Nous descendons vers le Chalet de la Neuve.
En quittant La Neuve.
Nous marchons maintenant sur le sentier des Crêtes, que nous devons partager avec d’autres randonneurs. Nous sommes les seuls à faire en sorte de respecter les deux mètres recommandés de distanciation sociale. C’est hallucinant.
Nous arrivons en vue de la Combe des Amburnex.
Wow, quel changement par rapport à cet hiver.
Devant, les Trois Chalets et à droite, la cabane de l’Ecureuil.
Stefano m’a promis la pause pique-nique aux Trois Chalets. C’est alors qu’arrive une voiture qui se gare pile devant ! Arg ! Mais quelques minutes plus tard, elle repart. Le chalet est à nous.
C’est en nous remettant en route que nous amorçons le retour à la voiture. Il est 15h. Partis à 11h, le calcul est facile. Nous n’y serons pas avant 18h. Et ça seulement si Stefano ne se montre pas trop créatif.
En quittant Trois Chalets.
Nous retrouvons la route après le Pré aux Veaux.
En cheminant vers la Rionde Dessous, nous constatons la multiplication des tas de troncs. Ce qui nous remplit de joie, même si nous ne sommes pas certains que tous viennent d’arbres coupés dans des pâturages.
Voici un des responsables.
La Rionde Dessous. La tache bleue, c’est moi. Le popotin sur un abreuvoir de fer rouillé, retourné pour l’hiver, je repose un moment mes gambettes, laissant Stefano vagabonder dans les champs, à la recherche de l’angle parfait.
Nous restons sur la route, car dans le coin, les sentiers sont rares ou ont tendance à se terminer au milieu de nulle part. Comme écrit précédemment, marcher sur la route me plait car je peux me concentrer sur autre chose que l’emplacement où je vais poser mes pieds. Pas besoin de regarder le sol.
Nous arrivons à la Perroude du Vaud.
Déserte.
Nous rattrapons le sentier des Crêtes en direction du chalet Le Planet. Juste avant de laisser la route, nous entendons le bruit d’un zacky boy (débrouissailleuse). Le mot zacky boy n’est utilisé qu’au Tessin et personne est en mesure d’expliquer son origine. Même sans savoir ce qu’il est en train de débroussailler, nous nous en félicitons. C’est lorsque nous passons une petite crête que nous apercevons au loin, un homme en train de couper ce qui nous semble être des gentianes mais qui s’avère être du vératre. Le pré est envahi de cette plante toxique tant pour l’homme que pour le bétail. Alors que l’homme nous regarde, je bats de mains pour le féliciter.
Le Planet, alors que le ciel s’assombrit.
Nous restons sur le sentier des Crêtes pour descendre vers Le Crot.
Quand je pense qu’une des règles de base d’un baliseur de sentier est de ne pas mettre de signe sur un arbre vivant !
Arrivée au chalet Le Crot.
Sur la route qui descend à La Pessette.
La Pessette, qui n’est pas directement sur la route, mais au sommet d’un petit raidillon dans le pré.
Retour au chalet Le Bugnonet.
La boucle est bouclée, comme dirait l’autre.
Alors que nous marchons sur la ligne droite qui nous ramène au parking, de grands cris attirent notre attention. Un berger est en train de rassembler une vingtaine de charolaises pour les changer des pâturages. Les vaches s’agitent, certaines ruent. Le berger garde son calme et bientôt elles entrent dans un pré où l’herbe est plus dense. Nous les voyons partir au galop jusqu’au bout du pré puis revenir avant de se disperser.
Nous arrivons à la voiture sur le coup des 18h15. Stefano a été sage…
Flore du jour
Itinéraire du billet
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
A La Neuve.
Non loin du chalet Le Crot.