Demain, nous savons que toute sortie sera impossible pour cause de neige et de pluie. Aujourd’hui, le temps est mitigé mais la chaîne des Alpes est sous le soleil. À la maison, au-dessus de nos têtes, quelques trous de ciel bleu nous incitent à sortir.
Hier, vendredi, La Dôle nous a nargués toute la journée. Elle était là, toute enneigée, dominant le bassin lémanique sur fond de grand ciel bleu alors que nous, pôvres mineurs, étions derrière nos PCs.
Nous quittons la maison vers 10h et partons pour St-Cergue, le point de départ obligé pour une montée à La Dôle en raquettes. Nous essuyons quelques gouttes de pluie sur la route et lorsque nous sortons de la voiture, le brouillard est à quelques mètres au-dessus de nos têtes et il neigeote. Tout est dit.
Nous suivons la route jusqu’au Couvaloup de St-Cergue, puis un chemin balisé pour les randonneurs en raquettes avant de partir dans la forêt.
Lorsque nous débouchons sur une piste, nous nous rendons compte, en analysant les traces sur la neige, que c’est celle réservée aux traîneaux à chien. Donc interdite aux piétons. Cependant, nous n’avons d’autre choix que de la suivre un moment.
Dès que possible, nous nous en échappons et arrivons bientôt dans la combe qui mène au chalet Le Vuarne. À notre droite, la Pointe de Fin Château et sur notre gauche nous devinons La Barillette.
Le Vuarne.
La montée vers le Chalet des Apprentis se fait dans le brouillard, en criant de temps en temps afin qu’un skieur éventuel ne nous télescope pas. Les skieurs, on s’en méfie. Plus particulièrement des skieurs lyonnais… La neige, collante, a une méchante tendance à s’accumuler sous les raquettes. Chaque pas est plus lourd que le précédent avant que, au bout de dix à quinze pas, elle ne se détache d’un coup. Puis, pour les deux prochains, nous nous sentons tout légers et le cercle vicieux se répète.
Devant nous le Chalet de La Dôle.
De là où nous sommes, il y a trois moyens de monter à La Dôle. Deux mènent au le col de Porte. Soit par un sentier en dévers, soit par un sentier qui monte assez droit. Si, en été, ce dernier est rapide et agréable, nous ne l’avons jamais fait dans des conditions hivernales. Enfin, reste le troisième, celui qui part du Chalet de La Dôle et monte abruptement vers Les Creux.
Lorsque nous arrivons au Chalet de la Dôle, il se met à neiger des petits flocons bien gelés et bien acérés qui, avec le vent, se font un plaisir de nous piqueter le visage. Étonnamment, Stefano reste stoïque. Bon à part la moue dépitée qu’il affiche sur la photo !
Devant la porte du Chalet de La Dôle, une kyrielle de skis dressés contre les murs. Un groupe de skieurs est assis contre le mur nord, à l’abri du vent.
C’est parti pour la montée…
Je me cale dans les traces de Stefano. La montée est raide et j’utilise les cales de mes raquettes pour éviter que les mollets n’explosent. J’apprécie chaque pas.
Nous n’avons pas de visibilité ni de point de repère. Après 30 minutes environ nous arrivons à proximité d’un corral sans avoir aucune idée de là où nous sommes. Un coup d’oeil sur le GPS nous dit que nous sommes Aux Creux et qu’il vaut mieux repartir vers l’ouest. Sur notre tracé, c’est le joli crochet de la pointe ouest de notre boucle.
Nous nous remettons en mode montée toujours sans visibilité. Je perds la notion du temps et me laisse guider par les deux points oranges qui me précèdent. Gauche, droite, gauche, droite…Je suis toute surprise, lorsque je lève les yeux, de voir les bâtiments de Skyguide. Wow, nous y sommes déjà.
Des ombres fantomatiques errent sur le plateau. Un groupe en raquettes, des skieurs de randonnée. Nous nous blottissons contre le mur d’un des bâtiments pour nous abriter du vent et c’est là que nous pique-niquons. Le thé chaud est le bienvenu.
Je m’échappe pour faire notre première photo du point géodésique de La Dôle. Je l’avais repéré cet été mais il était assailli par des touristes. Mieux vaut tard que jamais.
Le radôme.
Rassasiés nous repartons pour la descente vers le Col de Porte.
Rencontre avec un petit sapin gelé qui a protégé le mur de la neige.
Un autre sapin gelé, près de l’arrivée du téléski.
Ambiance de cimetière.
Lorsque Stefano propose de descendre en direction de Cuvaloup de Crans j’acquiesce avec enthousiasme : en effet, nous ne sommes jamais descendus de La Dôle par cet itinéraire. Que ce soit en été ou en hiver.
Nous commençons à descendre en suivant le bord de la piste rouge qui répond au nom évocateur de Compétition. Mais nous ne sommes pas tranquilles. Nous n’avons pas envie que des skieurs fous nous prennent pour des quilles.
Dès que nous le pouvons, nous coupons dans la forêt. Il ne neige plus et la qualité de la neige s’améliore. Elle ne s’agglutine plus sous nos raquettes.
Nous avons même droit à un rayon de soleil fugace.
Nous laissons Cuvaloup de Crans sur notre gauche et suivons un sentier sur quelques centaines de mètres.
Lorsque Stefano corrige notre trajectoire afin de nous diriger vers la voiture, nous trouvons une trace de ski qui s’enfonce dans la forêt. Les arbres se resserrent et la pente s’accentue. Soudain, la trace disparaît. Nous continuons à pas mesurés alors que la déclivité s’accentue encore. Pendant un instant, nous envisageons de remonter car nous n’aimons pas prendre de risques et là, nous sommes en plein dedans. Mais un peu plus bas, à quelques mètres, nous voyons des promeneurs. Le chemin est là. Les dernières mètres se font en glissage plus ou moins contrôlée.
Pour arriver à la voiture, il ne nous reste plus qu’à suivre ce sentier bien damé et confortable, où nous pouvons marcher de front et papoter.
Un second rayon de soleil vient nous narguer.
Lorsque nous quittons St-Cergue pour descendre dans la plaine, nous sortons du brouillard. Au loin, la chaîne des Alpes est baignée de soleil. Le lac est dégagé et sous un ciel clair. Nous éclatons de rire. Nous étions là où il ne fallait pas être. Ce matin, un nuage a décidé d’élire domicile au-dessus du massif de La Dôle sans plus le quitter…
Ce n’est pas grave. Tôt ou tard, nous aurons d’autres occasions d’admirer La Dôle sous un ciel bleu. Et puis, cette montée dans le brouillard, nous laissant complètement désorientés, était vraiment un vrai bonheur.
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
Au Vuarne.
À La Dôle, à l’heure du pique-nique.
Avant d’arriver à la voiture. Celle-là, elle est pour envoyer au groupe WhatsApp de la Gang de Vignino (les frères et soeurs – et leur époux-épouses respectifs – ainsi que les nièces de Stefano).
Pour rire, car nous, notre humeur du moment, c’est plutôt le sourire jusqu’aux oreilles.