Nous sommes enfin en hiver.
Un vrai hiver, avec des températures négatives. La bise souffle depuis quelques jours. Hier, nous sommes allés nous balader autour de la maison, le ciel était couvert et la bise bien présente. Je n’ai pas réussi à garder mes mains au chaud malgré mes gants achetés à Leadville, Colorado, que je pensais être le top du top. Il m’a fallu près d’une heure pour que mes doigts retrouvent un semblant d’agilité et préparer le repas a été une épreuve de force. Essayez donc de couper une tomate en lamelles fines et en moufles. Moi je n’avais pas de moufles mais c’était tout comme !
Hier, nous nous étions dit : demain nous sortirons. Demain, c’est aujourd’hui et nous voici donc vers 11h30 au parking du point de vue, qui se trouve quelque centaines de mètres avant le Sapin à Siméon. L’épaisseur de neige a bien diminué en une semaine.
Sans surprise, le parking est quasiment vide. Le soleil est là, et la bise aussi. Et mes moufles (les vraies cette fois) sont dans mon sac à dos.
Sortis en base layer de la voiture, nous avons vite fait de rajouter une couche. La balade s’annonce virile.
La neige est croûtée et dure. Chaque pas est 100% efficace.
La fine couche de neige qu’il est récemment tombée finit de s’envoler avec la bise. On dirait qu’il neige…
Stefano est parti comme un furie. Je reste extrêmement concentrée et tente de mettre d’accord tous les acteurs d’une balade en raquette à un rythme effréné. Ce qui n’est jamais gagné. Je m’accroche, en me disant que c’est un bon entraînement cardio. Stefano se retourne une fois ou deux, goguenard, en me demandant si ça va trop vite. Je le rassure, entre deux halètements, en lui disant que non tout va bien. « Tôt ou tard il va se calmer… » me dis-je.
Effectivement, une fois que nous avons pris une bonne suée qui nous oblige à enlever une couche (nous nous retrouvons donc comme d’habitude, avec deux couches de mérinos) le rythme redevient plus Two Swiss Hikers style, no huffing and puffing (pour moi s’entend).
Avant que j’ai pu m’en rendre compte, nous arrivons aux Monts de Bière Devant.
Le sommet du Mont-Blanc dépasse à peine.
Un igloo a été construit près du chalet.
Nous suivons le sentier un petit moment pour reprenons nos traces de la semaine passée. Les photos sont rares tout simplement pour garder mes mains au chaud. Par moment la bise nous transperce. Stefano a depuis bien longtemps couvert ses oreilles. Nous marchons dans la forêt, suivant tantôt des traces, tantôt nos traces ou tantôt les marquant. En fait de marques, celles-ci ne dureront pas longtemps. Elles auront disparu dans quelques heures, merci au vent.
C’est ainsi que nous passons par Les Combes, d’où le nom de ce billet.
Nous arrivons à proximité de Pierre à Coutiau. Les antennes sont en vue. Nous traversons une petite combe. Le soleil y est très présent et la bise quasi absente. Stefano me propose de pique niquer là. De chaque côté de la combe, le vent furieux secoue les sapins. Le thé n’a jamais été aussi bon.
En quelques minutes, nous nous sommes refroidis. Nous repartons vers Pierre à Coutiau. Lorsque nous arrivons à proximité du bâtiment technique principal, la bise nous attaque. Le terme « attaque » est tout à fait approprié. Nous ne savons plus de quel côté tourner le visage pour offrir le moins de prise possible au vent. Stefano s’exclame : il fait un froid polaire ! Nous avons les joues qui piquent et le bout du nez en phase de congélation. Nous capitulons vite fait et redescendons nous mettre à l’abri, dans la forêt. Si nous avions eu l’idée de pousser jusqu’au Mont Tendre, l’idée meurt ici. C’est soit elle, soit nous.
Nous arrivons en vue du Chalet des Combes.
C’est un tout joli chalet avec un joli petit arbre.
Ça c’est moi, en train de prendre la photo du dessus.
Nous continuons vers le Col du Marchairuz, en essayant de ne pas trop descendre. Tôt ou tard, nous devrons remonter sur la crête pour redescendre à la voiture. Nous marchons un peu en dévers, ce qui n’est ps très gênant, tout compte fait, car la neige est dure. Nous avons depuis longtemps enlevé les cales et nous posons nos talons sur la neige, ce qui facilite la marche.
Paysage de carte postale.
Nous longeons la crête, surplombant le Pré de Denens. Nous sommes à peu près à 1’450 mètre d’altitude, la crête étant à 1’505 m et le pré à 1’351 m.
Nous arrivons ainsi aux Monts de Bière Derrière. Un peu avant, nous croisons un grand gaillard qui nous demande si nous n’avons pas vu une fille seule. Non, nous n’avons vu personne. Encore un couple où le mec marche devant à son rythme, sans se préoccuper de la fille derrière… Nous le retrouvons au chalet, la cherchant encore… Il nous en donne une description et part en courant, raquettes au pied en direction du Marchairuz. Je crois qu’il flippe un peu. À peine disparaît-il dans la forêt qu’une fille en noir, correspondant à la description faite, pointe le bout de son museau. Elle n’a pas l’air plus affolée que ça. Elle n’a pas de sac à dos et refuse néanmoins la nourriture que nous lui offrons. Quelque chose nous dit que ça va barder ce soir dans une chaumière…
Comme nous avons le temps et que le froid est plus que supportable, nous faisons un petit détour par le joli couvert à proximité des Monts de Bière Derrière.
Nous nous mettons néanmoins à l’abri pour croquer une barre. À propos de barres, nous avons trouvé une alternative aux Clif Bars, dures comme de la pierre lorsqu’il fait froid. La marque, c’est Xenofit et sans être aussi savoureuses que les Clif Bars, elles sont tout à fait acceptables. Le seul bémol est que l’emballage a tendance à se séparer en petits morceaux et il faut toujours faire attention à ne pas en perdre un bout.
De là, nous repartons vers le sud, vers les Monts de Bière Devant.
Le lac est dégagé, de même que la plaine. Les nuages se sont agglutinés contre les contreforts des Alpes.
Là, on voit mieux.
Madame La Lune est là.
Nous sommes assoiffés. Même en soufflant pour que l’eau retourne dans la poche CamelbaK, nous n’avons pu éviter que la valve ne gèle. Nous avons beau la mâchouiller pour tenter de la réchauffer, nous sommes sans eau.
Moi, en train de préparer un autoportrait (un des plus beaux de ma carrière d’ailleurs). Ne me demandez pas pourquoi j’ai deux têtes… Les effets du froid sans doute.
Il ne nous reste plus qu’à redescendre à la voiture, par le chemin le moins droit possible.
Petit coucou au Chalet Neuf en passant.
Nous arrivons à la voiture sous le soleil. Il est 17h22 et il fait -6°. Ce qui n’est pas si mal d’ailleurs. Le service à faire sur les raquettes et les chaussures est minimum, vu la neige gelée. C’est avec plaisir que nous nous engouffrons dans la voiture.
Autoportraits du jour
Aux Monts de Bière Devant.
Au retour, aux Monts de Bière Devant. J’ai dû enlever mes gants pour changer la pile de mon appareil photo et même en faisant vite, j’ai le bout des doigts gelés…