Hier soir, Stefano a enclenché le réveil. Oui, car pour aller à Montrichier, il faut du temps. D’autant que nous n’avons pas encore d’itinéraire fixe et que nous y allons un peu en suivant le GPS, un peu en suivant notre instinct et un peu, comme ce fut le cas ce matin, en suivant les déviations lorsque des travaux coupent la route.
9h39. Nous sommes garés près de la salle de fête où un mariage se prépare, en témoigne une Ferrari en train d’être enrubannée et fleurie.
Nous avons encore en tête (enfin, surtout moi) notre montée aux Arrufens. Bon prince, Stefano, renonce, en tout cas pour le départ, au sentier assassin qui monte tout droit.
Nous commençons donc notre randonnée du jour sur la route, tout doucement, car la vitesse est limitée à 30 km/h.
En venant, nous avons tous les deux remarqué un grand bâtiment au nord de Montrichier. De loin, il m’a fait pensé à un relais électrique mais aucun poteau électrique n’en sort. De près, ça ne ressemble à rien que l’œil n’aurait déjà vu. Un autocar s’y arrête et déverse une vingtaine de personne, en habit de ville. Je m’approche, curieuse. Entre les colonnes en béton flottent des cabanes.
Mais nous ne sommes pas ici pour visiter… Il nous faudra revenir si nous souhaitons explorer le lieu.
Juste avant la Fondation, ce joli petit chalet privé. La Vigie. Dans ma tête passe des images du bateau de pirates d’Asterix et Obelix, de Baba, la vigie.
Une route, même facile, devient vite monotone. Sitôt que nous trouvons une trace qui part vers la montagne, nous la prenons. Ce qui nous amène à traverser un champ, puis une clôture sans passage aménagé.
C’est ainsi qu’à travers champ nous arrivons en vue de la ferme Le Devens.
Prisonniers du pâturage, nous allons jusqu’à son extrémité. Arrivés au bout, il faudra bien que nous trouvions une solution pour en sortir.
Nous en sortons, en levant un fil et en abaissant l’autre, le tout avec un morceau de bois car ils sont électrifiés et retrouvons la route tout près de la Fontaine Monnier.
Cheminant tranquillement, nous arrivons à L’Armistice
De là, nous montons dans la forêt, par la Taillée du Maréchal, avant de retrouver une jolie piste forestière.
Surgit alors un refuge. Tiens, celui-ci nous en ignorions l’existence. Un couple l’occupe. Lui est en train de préparer le bois, elle se prélasse au soleil.
Nous sommes à L’Abri.
Un virage plus tard, nous rejoignons le sentier qui mène aux Arrufens. Tôt ou tard, ça devait arriver. Mais le pire est passé et le degré de déclivité est tout à fait acceptable.
En arrivant sur le pâturage, nous constatons que le couvert est en travaux.
Il est même plus qu’en travaux : il est en train d’être refait de fond en comble. Même la structure a été remplacée.
La montée vers la croix n’étant pas au programme, nous nous dirigeons vers Les Ordons. D’abord nous coupons dans les bois avant de retrouver le sentier qui y conduit.
Les Ordons.
De là, nous rejoignons le Sentier des Crêtes et nous dirigeons vers là où nous ne nous dirigeons presque jamais : l’est.
Nous sommes poursuivis par une horde de filles qui parlent une langue bizarre que nous n’arrivons pas à identifier : seule certitude c’est une langue germanique.
Tandis qu’elles continues sur la route, nous suivons un sentier, pile là où le Docteur Gab’s a abandonné sa voiture, peut-être pour aller prescrire de la bière aux vaches. Ben oui, la bière fût bien recommandée aux femmes allaitant.
Nous sommes maintenant derrière le Mont Tendre.
La vue se dégage petit à petit. Nous tournons le dos au Mont Tendre quelques centaines de mètre et arrivons au Sapelet Dessus.
Arbre solitaire.
Au loin, sur les hauteurs, nous discernons La Blondinette.
Ce sera notre prochaine étape.
Mais avant d’y arriver, trois arbres-copains nous retiennent. Ou bien est-ce le ciel ? Ou bien les deux ?
A La Blondinette, nous sommes nostalgiques : le chalet est tellement moins joli qu’avant !
Nous arrivons au Bucley à l’heure de la sieste. Tout est silencieux, à part les clarines de vaches. Les chambres d’hôtel des veaux sont vides.
Le Bucley, il vaut mieux y venir en hiver : il y a un peu moins de cheni devant.
Vu que nous devons passer par le sommet du Mont Tendre, il faut nous en rapprocher. Nous rejoignons la route qui va vers Le Mazel.
En contrebas, il y a un toit de tôle, d’une belle surface, presque posé à même le sol chargé de recueillir l’eau. Devant, un mur de pierre sèche entoure une citerne. Sur le mur, une marmotte se prélasse au soleil. Oui, les marmottes ont décidément bien investi le Jura.
Nous arrivons au Pré d’Etoy, et nous constatons que le toit du chalet est en réfection.
Nos pas nous amènent ensuite au Bon Accueil. C’est un petit refuge que nous avons aperçu une fois, en hiver, alors qu’une dizaine de personnes se pressaient à l’intérieur autour d’une fondue.
Aujourd’hui, il est désert.
Nous en profitons pour jeter un coup d’œil à l’intérieur et nous nous rendons compte que l’ossature est une carrosserie d’autocar. Autocar que l’on aperçoit sur la photo de droite.
Le 6 novembre 1929, un groupe de jeunes du village des Bioux décide de l’achat de la carrosserie. Quelques trois jours plus tard, elle est transportée ici même par camion Saurer. Puis, en automne 1930, elle est protégée par des murs de bois et un vrai toit.
Voici une petite poésie tirée du livre d’or (il en traîne un sur la table d’ailleurs) de 1931 :
Salut, cabane hospitalière
Salut, mon vieil autobus
Tu dois être tout fier
Pour tant d’hôtes reçusDésormais, pour toi, plus de panne
Plus jamais de pneus crevés
Tu es la jolie Cabane
Que nos gars ont transformée
…
Au revoir donc belle Cabane
Merci à tes possesseurs
Reprenons le sac et la canne
Souhait de longue vie et bonheurSigné : Une feuille qui passe
Nous aussi, nous lui souhaitons longue vie.
Nous quittons le pâturage bien plat pour prendre le chemin du Chalet de Yens.
Le bétail est parfaitement indifférent à notre passage.
Le chalet.
Sagement, nous suivons le sentier officiel pour arriver au col.
Le Mont Tendre, impossible de s’en lasser.
Enfin, le point géodésique se libère après avoir servi de garage à vélo, d’abri pour sac à dos et enfin de lieu pour des selfies.
Nous ne restons pas et partons, en longeant la grande muraille de Chine dont une portion s’est écroulée. Nous recroisons notre groupe de fille aperçu plus tôt. Hi again, nous dit l’une d’elle. Ciel, nous sommes repérés.
La buvette est encore ouverte mais le générateur est silencieux. Peut-être sont-ils passés à une énergie renouvelable ?
Il ne nous reste plus qu’à redescendre par le plus court chemin, qui est aussi le plus raide.
Direction le Pré Anselme.
Nous alternons sentier et route, histoire de nous reposer les genoux.
A Montricher, le mariage bat son plein. Il y a des voitures partout. Nous rentrons à la maison ravis de notre journée par un itinéraire qui n’est pas tout à fait le même que ce matin.
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
Au col, avant la montée finale vers le Mont Tendre.
Au Mont Tendre, envahi par des fourmis volantes.