Il était temps ! Depuis des décennies que nous arpentons les sentiers du Jura, après de multiples ascensions du point culminant du Jura Vaudois, le Mont Tendre, nous nous attaquons au point culminant du Jura tout court : le Crêt de la Neige. Et pour ne pas faire de jaloux, nous passons également par Le Reculet, son petit frère !
Mercredi, c’est notre jour de covoiturage. Alors que nous roulions sur l’autoroute en direction de l’aéroport, je montre les crêtes du Jura à Stefano et lui dit : j’aimerais bien monter au crêt de la Neige, un jour. C’est quand même le point culminant de tout le Jura ! Le soir, en rentrant, Stefano me propose d’y aller ce weekend : il a profité de sa pause de midi pour étudier les tracés et repérer un parking.
Nous partons donc dimanche matin, un peu plus tôt que d’habitude, pour la France, et plus précisément les Hauts de Thoiry. Le parking repéré s’avère adéquat pour y laisser la voiture.
La balade commence sur la route qui prolonge le parking. Un sentier s’en dégage et un panneau nous donne une indication. Le Tiocan sera le passage obligé.
Après 30 minutes de montée douce dans la forêt, nous arrivons au Tiocan. Un parking en demi-cercle s’ouvre sur le bassin lémanique et Les Alpes. Un grand bâtiment fait office de buvette. En réalité, c’est plus qu’une buvette. C’est un éco centre, qui, sur 300 m2, accueille les organisations de l’ESS et autres acteurs du changement lorsqu’elles ont besoin d’espace pour leurs événements. L’ESS… mais c’est quoi c’est qui ça. ESS pour Economie Sociale et Solidaire.
Le Reculet et/ou le Crêt de la Neige semblent être une destination très prisée. Nous rencontrons de nombreux randonneurs et des coureurs, eux, plutôt dans le sens de la descente, en fin de course. Je croise même un collègue de travail et sa famille. Ils descendent du chalet du Narderans où ils ont passé la nuit. C’est toujours sympa de rencontrer des personnes que l’on côtoie professionnellement et de se rendre compte que nous partageons les mêmes loisirs.
La montée jusqu’à La Croisée est une véritable petite bavante. Le sentier ne daigne pas faire de zigzag et attaque la montagne de face. Nous n’avons plus un poil de sec.
Alors que tout le monde se dirige vers Narderans et Le Reculet, nous partons vers Curson. Car notre premier objectif est le crêt de la Neige.
De raide, la pente passe à très très raide ! Nous sommes maintenant sortis de la forêt, Le soleil en profite pour nous écraser et la route, à moitié bétonnée, se fait un plaisir de réverbérer la chaleur.
Mais il en faudrait plus pour nous abattre. Nous regardons étonnés le paysage et la crête du Jura, si différente de celle que nous connaissons. Mais également familière, avec une ressemblance certaine avec les falaises sous La Dôle.
Le sentier dévie sur un point de vue. Il nous offre un replat d’une dizaine de mètres, que nous apprécions, un petit air chaud qui, sur nos tee-shirts détrempés, prend un air de climatiseur trois étoiles, une belle vue sur le lac Léman et la plaine à l’ouest de Genève, où la Suisse et la France se mélange et enfin, enfin, une nouvelle espèce de fleurs, les Céphalaire des Alpes qui ne se trouve nulle part ailleurs dans le Jura. Même pas à La Dôle qui pourtant, elle aussi, abrite quelques espèces endémiques.
De notre perchoir, en regardant du côté des crêtes, nous apercevons ce que nous pensons être un de nos objectifs : le Crêt de la Neige, tout à droite. Le Reculet, lui, joue à la star et ne se dévoile pas.
Nous revenons sur nos pas, retrouvons la route dont la pente perd un peu de son agressivité et nous laissons guider par la longue bande blanche et poussiéreuse qui se déroule sur la montagne.
En arrivant à Curson, nous restons indécis face à la barrière. Une flèche, dont la pointe n’est dirigée vers rien, invite le randonneur à la suivre. Stefano pose la main sur la barrière pour l’ouvrir lorsque que trois chiens, des patous, arrivent en aboyant, menaçants. Bien, c’est maintenant limpide. La direction à suivre est de s’éloigner du chalet et surtout, surtout, ne pas pénétrer dans l’enceinte. Une gamine, une serviette rouge nouée autour du cou en guise de cape, tente timidement et vainement de calmer les molosses. Un des chiens a des dreadlocks, preuve évidente de manque de soins.
La route s’est arrêtée au chalet, se transformant en un joli sentier, qui chemine entre les lapiaz, les sapins et les pins.
Il se faufile entre des falaises. Entre deux rochers, j’aperçois le turquoise du lac et, un instant, je suis transportée dans le sud de la France, au bord des falaises de Cassis.
Le sommet du crêt de la Neige est tout petit et le nombre de randonneurs qui gravite autour important. Nous sommes tout contents de pouvoir immortaliser notre victoire.
Non, non, nous ne sommes pas dans le Var.
Même si l’horaire convient, l’idée de nous arrêter manger ne nous traverse même pas l’esprit. Le moindre recoin, replat, est occupé par des familles. Nous partons donc sur la crête, en direction de notre prochain sommet, de 2 mètres plus petit que son grand frère : Le Reculet.
Ayant mis entre nous et le sommet du Jura une distance respectable, nous nous éloignons du sentier et grimpons sur un petit promontoire où un rocher accueille nos sacs.
De ces deux pointes, l’une est celle du Reculet. Au centre. La première à gauche n’est qu’un mamelon et la pointe que l’on pourrait croire être un mat ou une croix est un randonneur.
En approche… Pour éviter le sentier qui semble être bien érodé, nous contournons le sommet pour le prendre en venant de l’ouest. Ce qui laissera peut-être le temps aux randonneurs à côté de la croix de s’éclipser…
Le sentier nous offre une belle perspective sur la crête du Jura, filant sur Bellegarde, en une ligne ondulée mais presque droite. Nous nous promettons de le suivre jusqu’au bout, un jour… lorsque l’heure de notre retraite aura sonné.
C’est la dernière montée de la journée, me promet Stefano. Même si, aujourd’hui, l’effort physique a été aisé, ces mots réjouissent mes gambettes.
Vue plongeante sur le Rhône.
Nous y voilà presque. Seuls pour exactement 10 secondes…
Le Reculet… point culminant du Jura jusqu’à ce que le crêt de la Neige le détrône, en 2003. Voici un extrait trouvé sur le site routard.com, du 1er décembre 2003.
Un pic rocheux de 1 720 m, situé près du sommet du Crêt-de-la-Neige, dans le département de l’Ain vient d’être désigné comme le nouveau point culminant du massif du Jura ! L’Institut géographique national (IGN) de Villeurbanne a en effet validé une étude réalisée sur le terrain par un cartographe tatillon, qui avait décidé de mesurer l’altitude de ce sommet jusque-là non répertorié. Et là, bingo ! Le sommet, désormais baptisé lui aussi Crêt-de-la-Neige, détrône le Reculet qui, avec son altitude de 1 719 m, détenait le titre de point culminant du Jura. Grâce à cette « trouvaille », l’altitude du massif du Jura gagne un mètre !
Il n’y a plus qu’à redescendre. Ce dont nous ne nous réjouissons pas vraiment ! La montée ayant été terrible, la descente s’annonce redoutable.
Mais c’était sans compter sur le tracé du sentier.
Après un passage encore plus raide que ce que nous avions imaginé, il s’aplanit et se colle à une bande de rocher qui dévale la pente.
De magnifique, le paysage passe à extraordinaire. Nous sommes conquis.
Malgré l’heure assez avancée, nous croisons plusieurs groupes de randonneurs. L’une, l’air épuisé, nous demande si le sommet est proche. Ne voulant pas l’effrayer, nous minimisons le reste à faire. Son compagnon gèrera la suite.
En arrivant près du chalet de Narderans, quelques vaches ont investi le sentier.
Elles ont l’air plutôt calmes et surtout abattues par la chaleur !
La langue de rochers que le sentier longe sur une bonne moitié.
Ce serait dommage de ne pas aller voir de près le chalet de Nardorans, même si cela implique une petite montée.
Une affichette annonce fièrement que la partie du sentier sur laquelle nous évoluons a été réaménagée afin de la sécuriser et faciliter le passage du bétail. Le vieux sentier passe à quelques mètres, près du vide, oui, mais laissant apparaître des pierres et des racines permettant d’y poser les pieds. Le nouveau sentier n’est qu’une pente lisse recouverte de petits cailloux. Sans nos bâtons, nous aurions terminé sur les fesses. Je ne pense pas qu’avoir quatre sabots au lieu de deux chaussures de randonnée profilées soit un atout. Mais où sont donc les constructeurs de sentiers tessinois, capable de transformer n’importe quel terrain en une belle volée de marche ?
Parvenus à La Croisée, nous retrouvons notre trace du matin. Le silence s’installe. Nous nous concentrons, pour éviter de trébucher. La chaleur se fait pesante, presque étouffante. Mais comme tout est une question de temps, et le temps nous en avons, nous arrivons finalement à la voiture, bien cuite par le soleil, super contents de notre excursion en France. A moins d’une heure de la maison, nous avons été réellement dépaysés !
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Flore du jour
Autoportraits du jour
We did it!
A la pause de midi, entre le crêt de la Neige et Le Reculet.
Le Reculet.
Pas facile d’avoir la croix ! Super concentrés…