Le Bois des Caboules

Magnifique journée en perspective. Le ciel est bleu et les températures douces. Quel contraste par rapport à la semaine passée !

Nous laissons la voiture le long de la route du Marchairuz, quelques virages au dessus du village Le Brassus. Nous avons dû dépasser plus d’une centaine de cyclistes sur la route. Les sportifs du dimanche (plutôt, du samedi) sont lâchés !

Nous traversons la route en y regardant à deux fois : entre les motos et les voitures sportives qui prennent cette route pour un circuit d’essai, mieux vaut se montrer prudents. Le prix de l’essence, à son niveau le plus bas depuis des années, n’arrange rien.

La lumière est belle. La pluie, tombée ces derniers jours, a fait exploser la végétation. Les prés sont presque prêts à accueillir le bétail.

Le premier chalet du jour est celui de La Cerniat.

Son double mur lui donne un petit air de château fort.

Ce qui nous désespère un peu ce sont les sapins qui envahissent toujours plus les pâturages. Et là, ce ne sont plus des sapelets que l’on arrache à mains nues.

Nous suivons sagement le bord du pâturage pour retrouver un sentier officiel.

Sentier, dont le marquage assez léger, nous fait dire que ce n’est pas un chemin très fréquenté. C’est vrai qu’ici, l’été, le bétail y paît et qu’il vaut mieux éviter les troupeaux.

Cette petite mare, qui semble naturelle, est même signalée sur la carte.

Nous arrivons derrière le chalet Le Cerney. C’est de ce chalet que provient le fromage que nous achetons au Couchant.

Deux personnes s’affairent à décharger des planches de bois brut d’un camion. C’est là que nous avions rencontré, l’année passée, un vétérinaire à la retraite reconverti dans le balisage et l’entretien des sentiers. Impossible de l’oublier car il m’avait donné un autocollant jaune décoré d’un randonneur noir, qui trône désormais à côté de notre porte d’entrée.

Le Cerney - Le Chenit - Vaud - Suisse

Alors que nous nous réjouissons de ne voir aucune voiture garée devant le chalet, en voici une qui arrive. Zut ! Alors, autant profiter du mauvais sort pour demander au conducteur si Claudy du Couchant pourra faire sa saison. Non, nous répond le berger. Il préfère ne pas prendre de risque. Mais, ajoute-t-il, Pierre le remplacera. Pierre est le berger qui a fait plus de 20 saisons au Couchant. Electro mécanicien de profession, il avait pour habitude de prendre les 4 mois d’été pour s’occuper de l’alpage. Jusqu’à ce que son patron ne puisse plus le laisser partir si longtemps. Est alors arrivé Claudy, le fribourgeois exilé depuis 30 ans au Canada.

Didier Meylan nous demande ensuite si nous avons été affecté par le Covid 19. Sa famille a été durement touchée. Lui-même a été malade, tout comme sa femme et d’autres membres de la famille. Son papa – André Meylan-Thuillard, nous dit-il, a été la première personne de la vallée à en décéder, le 11 mars 2020. Quelle cochonnerie, ce virus !

Comme nous avons mentionné que nous achetons régulièrement du fromage au Couchant, il nous en remercie. Et nous, nous le remercions en retour de le fabriquer. Car le mérite est plus dans la fabrication que dans la dégustation.

Nous continuons notre randonnées en suivant la route, route que nous connaissons pour l’avoir fréquentée à plusieurs reprises. Cette route conduit au gouffre du Grêlon (un gros trou). Mais avant, nous faisons un petit crochet par le Chalet Neuf. Eh oui, encore un, qui n’a de neuf que le nom.

Nous nous rendons compte que son toit, recouvert à l’origine de tavillons, a été recouvert de tôle. En regardant bien la photo ci-dessous, on voit les clous dépasser.

Dans quelques années, nous espérons que son toit aura rouillé, prenant la belle couleur orange que se dessine déjà, par endroit.

Revenus sur la route, nous constatons qu’il y a toujours un trou près du panneau Gouffre du Grêlon. C’est rassurant. Quittant la route, nous suivons un sentier qui devrait nous mener vers une construction dont Stefano a repéré le carré sur la carte.

Ce bâtiment est en fait un refuge, le refuge Les Caboules, situé dans le Bois des Caboules. Logique.

Il a l’air extrêmement vieux, en témoignent les poutres (et les toiles d’araignées) qui soutiennent le toit.

Les Caboules - Le Chenit - Vaud - Suisse

L’intérieur est rustique : une table, un poêle, quelques ustensiles de cuisine et deux lits superposés.

Les murs sont recouverts de graffitis, accentuant encore la sensation de vétusté des lieux. Mais en cas de tempête, cet endroit se transformerait en palace. A l’entrée, un calepin où sont écrits les mots suivants :

Vous êtes enfin arrivés à la MAISON !

Nous avons recoupé du bois pour vous, afin de chauffer vos guibolles et vos cœurs.

Vous trouverez au chalet « Les Caboules », une scie, un chaleureux poêle, des marmites et une douce plénitude.

ATTENTION LE LUSTRE EST DANGEREUX (RETOUR D’EXPÉRIENCE APRES  DE NOMBREUX COUPS).

Pierre et Camille, en itinérance. 16/11/12.

C’est chou, non ?

Heureux de pouvoir ajouter un refuge à notre liste, nous restons sur le sentier qui risque bien de disparaître d’ici quelques années du fait de l’invasion de sapelets (=petits sapins).

Notre optimisme remonte en flèche lorsque nous constatons qu’une section a été nettoyée et que des petits sapins, il ne reste plus que des troncs d’une dizaine de centimètres de hauteur,  ressemblant à des crayons gris dressés. Petits, certes, mais suffisamment costauds pour vous faire trébucher.

Nous arrivons au chalet à Roch Dessous.

Les abords du chalet sont dégagés car la végétation luxuriante qui envahit habituellement ses alentours n’a pas encore poussée.

Quel dommage que ce pâturage ait été mis à ban !

Même s’il est encore tôt, à peine 13h30, nous nous y arrêtons pour le pique-nique du jour. Je m’assied sur le béton chaud et me mets en mode lézard. Quelle contraste par rapport à la semaine passée, où j’ai regretté de ne pas avoir pris mes gants (qui d’ailleurs étaient bel et bien au fond du sac !).

Quelques minutes plus tard, nous repartons vers le nord et descendons via le Bois des Cent Toises. Car un peu plus tôt, j’ai émis le souhait de remonter par le Sentier des Begnines. Ce n’était pas vraiment l’itinéraire prévu initialement mais Stefano, bon prince, a tout de suite imaginé un parcours alternatif qui nous permettrait d’y passer. Car curiosité, j’ouvre Wikipedia et apprends qu’une toise équivaut à 6 pieds français, soit deux verges ou une aune et demie. Pour résumer, 1,949 mètre. Pour finir, ils ne sont pas si fous, ces ricains, avec leur pieds, pouces, yards et autres joyeusetés.

Lorsque nous sortons de la forêt, ou plutôt des bois, nous sommes en bordure du pâturage des Grands Plats de Vents.

L’herbe a la couleur d’un gazon anglais.

Arrivée à La Rinaldi.

Juste à côté, un réservoir bien rempli. Le bétail peut arriver.

Nous suivons une petite combe, entre les Bois des Petits Plats et, et… je vous le donne en mille, le pâturage des Petits Plats.

Ce petit étang me fait penser à un pool de Yellowstone.

Nous passons un second, puis un troisième mur avant de rejoindre le Sentier des Begnines. Le coin est extrêmement humide. Les ornières laissées par les tracteurs d’exploitation forestière sont souvent remplies d’eau stagnante. Tout autour, la terre est argileuse et gorgée d’eau. Des traces de pneus de vélo zigzaguent à la recherche d’un terrain solide.

Ce sentier est magnifique. Outre sa beauté, il se caractérise par une succession de montées raides suivies de replat. Un peu comme un gigantesque escalier. Nous ne pouvons nous empêcher de penser à des terrasses, peut-être cultivées pour certaines au temps jadis. Sinon, ça et là, des trous, voire des gros trous. Il ne doit pas faire bon s’y promener l’hiver.

Le sentier n’est pas marqué par les signes jaunes habituels mais par des croix roses fluo peintes sur les arbres.

Difficile de les rater. Tout comme il est difficile de rater la petite Vierge, à condition de passer dans le sens de la montée.

Un gel plus tard (j’ai même osé dire à Stefano que j’étais « au bout de ma vie »), le sang gorgé de sucre, nos pas nous propulsent sur la route des Begnines.

Les cailloux laissent la place au goudron,

nous menant à La Place d’Armes.

Stefano m’offre la possibilité de suivre la route qui descend puis remonte au chalet à Roch Dessus ou de suivre les crêtes et de passer par la Vue de Genève. Je choisis la seconde option, d’une part parce que c’est plus bucolique mais également parce que, de mémoire de hiker, c’est la première fois que nous faisons ce trajet dans ce sens.

Balisage extrême de sentier.

Je m’arrête près d’un sapin aux pommes de pin en formation. Elles sont toutes souples et douces. J’ai le malheur de secouer la branche. Un épais nuage de pollen s’échappe. Wow. Nous comprenons maintenant d’où vient cette poussière jaune que nous voyons voleter dans l’air depuis le départ.

La croix de la Vue de Genève. Nous faisons un petit détour par le point de vue qui se révèle sans intérêt. Le bassin lémanique est brumeux et le jet d’eau éteint, pour éviter que les foules ne s’y agglutinent.

De là, il ne nous reste plus qu’à redescendre vers les deux chalets privés (dont un n’est autre que Le Caprice).

Mais avant, quand même, petit passage au chalet Les Planes, désert, sans surprise.

En contrebas, les deux chalets faux-jumeaux. L’anonyme,

et Le Caprice.

Alors que nous arrivons sur la route (si tant est qu’on puisse parler de route), une voiture s’approche, venant du chalet à Roch Dessus, le coffre ouvert. Nous reconnaissons les bergers avec qui nous avions eu un échange l’année passée et qui nous avait invités à visiter le chalet. Dans le coffre, une table, les 4 pieds en l’air.

La « fameuse » route.

Le chalet à Roch Dessus, dans toute sa splendeur.

Le détail d’une de ses fresques.

Les fils entourant le Ranch de la Pierre à Lièvre ont été relevés : il est prêt pour l’été.

L’année passée, une tête jaune et rouge avait été dessinée sur cette souche. Aujourd’hui, c’est du vert et du noir.

Ranch de la Pierre à Lièvre - Le Chenit - Vaud - Suisse

Autre exemple de balisage.

Là, c’est l’endroit où, un jour, une fourmi meurtrière a tenté de m’arracher la jambe. On ne rigole pas, s’il vous plait !

Non loin, nous croisons une vététiste solitaire. Quelques minutes après, un monsieur est en train de s’affairer sur son vélo. Son axe de pédale s’est détaché et malgré ses outils il semble qu’il ait bien du mal à le remettre en place. Il craint de devoir rentrer à la voiture à pied. Espérons que sa compagne se rende vite compte qu’il ne la suit plus !

Nous dédions un petit moment de notre balade à l’entretien des pâturages. Si Idéfix était là, il hurlerait à la mort.

Pierre à Ecusson, une copie conforme de La Rinaldi.

Nous renonçons à pousser jusqu’au refuge de La Joratte et partons directement vers le couvert de la Cerniat.

Mes cuisses gardent un souvenir cuisant de ce couvert. Il y deux hivers, nous étions sortis en raquettes alors qu’une belle couche de neige fraîche recouvrait le sol. Et quand je dis belle couche, je parle de 40 à 50 cm de neige. J’entendais haleter Stefano qui, devant, avait la lourde tâche (et ce n’est pas peut dire) de faire la trace. Je m’étais portée alors volontaire pour passer devant et avais à peine parcouru une centaine de mètres avant de capituler, les quadriceps en feu. La capitulation avait eu lieu au couvert de la Cerniaz.

Le côté opposé du couvert.

Des éclats de voix retentissent. Un groupe est en train de faire la fête, non loin. Peut-être au chalet de la Croix ?

Un joli sentier, voire une route forestière, que nous fréquentons pour la première fois, nous amène vers Lande Dessus.

C’est néanmoins par les pâturages que nous nous en approchons.

Car juste avant, il y a son couvert, rouillé à souhait.

Le chalet Lande Dessus.

A l’intérieur, bien à l’abri, une belle collection de cloches qui attend le retour des beaux jours pour retrouver sa place, sous l’avant toit. Nous les avions admirées l’année passée.

De là, il ne nous reste plus qu’à rejoindre la route par laquelle nous avons commencé notre balade tout à l’heure. Alors que nous nous apprêtons à traverser la route du Marchairuz pour retrouver la voiture, deux motos et une Lotus passent à grande vitesse, pétaradant à qui mieux mieux en se tirant la bourre.

Flore du jour

Cardamine des Prés – Cardamine Pratensis
Cardamine des Prés – Cardamine Pratensis
Stellaire Holostée - Stellaria Holostea
Stellaire Holostée – Stellaria Holostea
Stellaire Holostée - Stellaria Holostea
Stellaire Holostée – Stellaria Holostea
Pulmonaire Officinale - Pulmonaria Officinalis
Pulmonaire Officinale – Pulmonaria Officinalis
Pulmonaire Officinale - Pulmonaria Officinalis
Pulmonaire Officinale – Pulmonaria Officinalis
Primevère Officinale - Primula Veris
Primevère Officinale – Primula Veris

A noter le pollen qui les parsème.

Gentiane Printanière - Gentiana Verna
Gentiane Printanière – Gentiana Verna

Itinéraire du billet

C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.

Autoportraits du jour

Sur la route des Begnines.

Non loin de Lande Dessus.

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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