Nous rejoignons notre destination finale – Akureyri – par le chemin des écoliers, désireux de savourer de beaux temps et des derniers instants passés sur cette île féerique. Après avoir visité Laufás, une ferme musée, nous nous arrêtons un moment à Grenivík, un village de pêcheurs avant de rejoindre Akureyri et de profiter du retard de notre avion pour nous promener en ville.
Depuis Goðafoss, la route n° 1 suit le creux d’une vallée. Sur les flancs des montagnes, des carrés d’arbres plantés témoignent de tentatives, plutôt fructueuses, de reforestation. Nous laissons la route n°1 sur notre gauche, et ce pour deux raisons : d’abord, elle se dirige résolument à Akureyri où nous n’avons aucune raison d’être avant 17h ce soir, pour embarquer pour Reykjavik et ensuite nous n’avons pas l’intention de payer pour emprunter le tunnel Vaðlaheiðargöng (à prononcer sans respirer !). Les opinions des locaux quant à cet ouvrage sont partagées. Certes, ce tunnel, inauguré en 2018, permet d’éviter un long détour tout en garantissant une bonne sécurité. Mais le prix à payer est élevé, 1’500 ISK soit environ 10 € par passage. Il faut dire que le budget du projet a été dépassé de … 40%.
Arrivée au fond de la vallée, la route s’élève, par longs virages. Du sommet de la crête, nous avons une magnifique vue sur le fjord.
Laufás Turf House Museum
Ayant passé le long pont enjambant la rivière Fnjóská, nous arrivons à Laufás, une ferme musée.
La ferme, qui n’est plus en exploitation aujourd’hui, fut la demeure des pasteurs qui officiaient à l’église et qui s’y succédèrent depuis 1047. Avant cette époque, le nom de Laufás se retrouve dans des écrits rédigés durant la conquête de l’Islande (874-930) en tant que résidence de chefs de clan. Le billet d’entrée au musée donne également accès à quatre autres musées de la ville de Akureyri. Je doute que nous ayons le temps d’en visiter un seul des quatre.
Les « fameux » chevaux islandais… La race est maintenue pure, par l’interdiction d’importer des équidés dès les années 900. Particulièrement bien adaptés au climat rude, se contentant d’une nourriture pauvre, ce cheval, très polyvalent, est utilisé tant pour l’équitation de loisir que pour le gardiennage des moutons. Il est aussi élevé pour sa viande. Pour l’avoir constaté de nos yeux, ce cheval possède deux allures de plus que les chevaux « continentaux ». En premier lieu, le tölt, un trot rapide, où le cheval lève gracieusement ses genoux avant, tout en gardant toujours un sabot en contact avec le sol, un peu comme un cheval dressé, mais cette allure est innée et non apprise. Puis l’amble, allure de marche rapide, mouvement où les deux jambes d’un même côté bougent simultanément.
L’église de Laufás, Laufáskirkja, aisément repérable depuis la route, annonce l’entrée du musée. Construite en 1407, toute de blanc vêtue, elle semble avoir été construite hier. Et pourtant !
Nous prenons les billets dans l’ancienne maison du pasteur, reconvertie en accueil, salon de thé et petite boutique de vente de produits locaux, dont les incontournables pulls islandais.
Une petite vitrine abrite une exposition relative aux fenêtres, où plutôt aux ouvertures dans les maisons pour laisser passer la lumière. Sur des cercles de bois, qui ressemble à des tambours à broder, des membranes translucides sont tendues. Les plus fines et diaphanes sont celles faites à base de sacs amniotiques d’animaux domestiques. Les autres, plus opaques, mais également plus résistantes, sont constituées du péritoine de ces mêmes animaux. Au milieu du 18ème siècle, le verre était encore une matière rare. Les femmes (et les hommes) devaient s’occuper durant les longues journées d’hiver et l’apport de lumière extérieure était précieux. En dernier ressort, de la peau de poisson était utilisée.
Munis de nos billets, nous partons découvrir le site.
Nous rentrons dans une maison de tourbe.
Toutes les maisons du site sont interconnectées par des couloirs. Pratique l’hiver, ou en cas de mauvais temps.
Des textes, dans des petits cadres, expliquent le quotidien des habitants. L’affectation des pièces fut souvent modifiée, au gré des besoins. Le confort était spartiate, mais rien ne manquait.
Nous lisons l’histoire de Laufey Bjarnardóttir, fille du révérend Björn Halldórsson, née un 12 juillet 1857. Poétesse à ces heures, guitariste précoce – la guitare était alors un instrument relativement nouveau en Islande, elle attrapa la tuberculose dans son jeune âge, ce que ne l’empêcha pas de partir étudier à Copenhague en 1879 et de devenir sans doute la femme islandaise la plus érudite de son époque. A l’école, elle broda une magnifique robe de mariée, exposée ici. Elle enseigna dans cette même école. Mais la pauvre mourut d’une pneumonie avant d’avoir pu se marier. Elle avait à peine 24 ans.
Vues de l’extérieur, ces maisons semblent petites. Pour en avoir parcouru les dédales, il n’en est rien.
Une autre vue de l’église.
Les « annexes » des maisons. A droite, de la rhubarbe pousse à foison.
Gros plan sur un mur.
Revenus à l’accueil, nous prenons le café promis par la dame qui nous a vendu les tickets.
Grenivík
Nous poursuivons notre route vers le nord, jusqu’à ce que cette dernière s’arrête net, au village de Grenivík où environ 400 âmes vivent.
Nous nous baladons un moment au bord de l’eau, aspirant à grandes goulées l’air marin.
Dommage que le musée de la Pêche soit fermé. Nous profitons néanmoins de la bonne odeur des poissons momifiés qui sèchent.
Après un dernier regard un peu nostalgique, nous repartons vers Akureyri.
Autoportraits du lieu
Akureyri
Nous recevons un texto stipulant que notre vol est retardé de deux heures. Nous avons donc du temps à tuer et faisons un petit tour dans la ville.
Nous commençons par le centre culturel de Hof, un joli bâtiment rond à proximité du port.
Puis nous montons vers l’église où un mariage se prépare.
Les maisons sont délicieusement rétros, voire kitch, mais toutes très bien entretenues.
Nous poussons jusqu’au jardin botanique, où malgré le climat rude, des fleurs de toutes les latitudes s’épanouissent. Étonnant. Un véritable plaisir pour les yeux.
Nous coupons à travers le campus d’une université pour revenir à la voiture.
Voilà. Nos vacances touchent à leur fin. Même si nous avons encore une nuit à Reykjavik, elle ne compte pas car nous devons nous lever aux aurores pour attraper l’avion de 7 heures pour Genève.
Nous revenons au parking, un peu mélancoliques, mais ravis de ces 10 jours passés ensemble, dans la bonne humeur générale. Que de bons souvenirs allons-nous ramener en Suisse…
Autoportraits du lieu
Au centre-ville.
Au jardin botanique.
Lequel préférez-vous ?