Lago di Sascòla

Très belle randonnée majoritairement dans la forêt, au départ de Cevio qui, de marche en marche (et des marches il y en a eu beaucoup !) nous emmène au lago di Sascòla, 1600 mètres plus haut. Une grande partie du retour se fait par un autre itinéraire. A l’aller, nous traversons un village fantôme, isolé dans la forêt.

Deux minutes avant huit heures, nous sommes dans la cour de la maison où nous résidons, en train de regarder le soleil éclairer, les uns après les autres, les pans des montagnes alentours.

Nous avons de la peine à croire à notre chance. Depuis que nous sommes arrivés, il fait beau. Quelques brumes matinales, quelques cumulus blancs en fin de journée, avec, au milieu des bancs de brouillard sporadiques sur les sommets. Mais pas une seule goutte de pluie.

Deux minutes après huit heures, nous voici lancés pour la randonnée du jour, au départ de la maison. Le GRAND luxe !

Nous traversons la rivière Rovanna juste avant qu’elle ne se jette dans la rivière Maggia.

Stefano me montre la montagne et me dit : nous allons monter ici. Wow. La forêt paraît impénétrable et aucun signe ou trace ne laisse imaginer qu’un sentier y passe.

Et après une dizaine de mètres sur la route, les festivités commencent !

Parmi les sapins, des châtaigniers aux troncs imposants. Celui-ci n’est pas mort, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Une ou deux branches sont encore garnies de belles feuilles denses.

En voici un autre.

Lorsque la montée se calme, je suis bien réveillée et j’ai chaud. Le sentier longe la rivière Rovanna, qui coule bruyamment, 100 mètres plus bas. Deux ou trois passages où les arbres ne sont pas denses nous laissent l’apercevoir, au grand désespoir de Stefano qui déteste voir le vide.

Le sentier traverse ensuite un village abandonné. J’ai bien dit un village et pas deux ou trois étables qui se courent après.

La végétation a repris ses droits mais les maisons sont encore debout, le toit encore entier pour la plupart.

L’atmosphère est presque lugubre. C’est triste, un village fantôme.

L’architecture de certaines maisons est assez audacieuse, comme celle-ci, sur deux étages, avec un toit dissymétrique.

Ou encore celle-là, avec un balcon.

Nous venons de traverser un village dont même l’orthographe du nom est incertaine : Faïd, Fait, Faedo, ou bien encore Faido… L’origine, par contre, est connue : il vient de faggeto, ou hêtre en français. Et ce malgré les châtaigniers qui règnent en maître ici. Un village autonome, protégé des avalanches et des glissements de terrain. Des bâtiments utilitaires mêlés à des habitations, dont quelques unes sur 3 étages. Une théorie explique que ce serait l’ancêtre du village de Linescio, en contrebas. Mais en réalité, personne ne sait. Aucun écrit ne subsiste. La mémoire collective a même oublié ce village fantôme.

Ce qui est sûr, c’est que ce village a été construit pour durer. Le sentier qui en descend et qui mène à la vallée en témoigne.

Au bas du sentier, un pont permet de traverser la rivière.

Nous ouvrons le portail et allons contempler la rivière et ses eaux tumultueuses qui coulent au fond d’une gorge.

A côté, un petit oratoire et deux croix de fer rouillées. Dessus, des inscriptions, illisibles. Peut-être des noms, des dates, ou des circonstances de décès. La construction du pont n’a pas dû être de tout repos et a peut-être coûté quelques vies.

D’ailleurs, ce masque ricanant n’est-il pas là pour rappeler les misères endurées ?

Et que pense celui-ci ?

Le répit offert par le plat se termine. La montée reprend, agrémentée de beaux escaliers.

Après le vingtième (ou le trentième) virage, une petite chapelle appelle au repos.

Repos que nous dédaignons. Car un regard sur le sentier nous encourage à ne pas nous arrêter. Les escaliers continuent, de même que la montée. Qui sait? Des fois que les jambes ne veuillent plus redémarrer ?

La forêt s’éclaircie et devant nous s’étale un joli pâturage bien entretenu. Nous sommes à Rotonda.

Qui dit pâturage ne dit pas forcément espace plat. Là encore, il faut espérer que le bétail ait quelques gênes du dahu !

Les escaliers reprennent de plus belle.

Nous sommes admiratifs quant au travail titanesque effectué pour maintenir les sentiers praticables par tous les temps. Car même lorsque la pente s’adoucit, de larges pierres posées assurent une bonne protection contre l’érosion.

Après cinq heures de marche et 1200 mètres de montée, le lac n’est toujours pas en vue.

Depuis l’alpage Rotonda, la déclivité est raisonnable. Raisonnable ou non, la forêt est belle, les sous-bois très propres et la balade plaisante.

Le sentier devient étroit.

Et puis, enfin, un signe que nous approchons du but. Le lac n’est donc pas une chimère.

Nous sortons de la forêt quinze minutes plus tard sans rien voir qui ressemble à un lac.

Nous sommes à Corte del Lago. Bon, c’est rassurant, y’a le mot lago  (lac) dans le nom.

Il y a là un édifice récemment restauré. Même deux, si on compte celui-là, que je qualifierai d’annexe.

Le bâtiment principal est un refuge ouvert à tous et placé sous la sauvegarde du public. Regardez comme le toit est beau, avec ses pierres faîtières arrondies.

L’intérieur est flambant neuf.

Nous nous promettons d’y passer un jour une nuit.

Un dernier raidillon et enfin, enfin, le lac se dévoile.

Comme il y a des priorités dans la vie et surtout un banc perché sur une petit butte qui surplombe le lac, nous décidons de nous sustenter.

Un désagréable bourdonnement vient troubler notre repas. Un couple s’amuse à piloter un drone au-dessus du lac. Je reste stoïque un long moment. Le drone atterrit et avant qu’il ne reparte, je crie grazie! en espérant que le message soit compris. C’est le cas. Ils ramènent l’engin qui venait de décoller au sol et commencent à plier bagage.

Le calme revenu, nous entamons une réflexion sur l’usage des drones. Certes, certains sont équipés de caméra haute définition permettant de d’enregistrer des films et des photos d’une qualité extraordinaire. Nous avons des amis qui les utilisent et c’est vrai que l’effet wow est systématique. Mais au-delà du résultat, il y a la pollution sonore et le fait que pendant que l’un pilote, l’autre glande, voire s’ennuie.

Le couple a disparu. Le lac est à nous.

Nous allons tout au bout, pour avoir le soleil dans le dos. Soleil qui joue à cache cache et nous apprend à être patients.

Sur le retour, encouragée par Stefano, je décide de me baigner. Comment résister à cette belle eau claire ?

15 heures. Même si la descente est normalement plus rapide, il nous faut songer au retour.

Nos genoux se réjouissent déjà des centaines voire milliers de marche. Quoique. Peut-être qu’il y en aura moins qu’à l’aller vu que le retour va se faire par un autre chemin.

Le sentier se rapproche du ri de Sascòla. Alors que nous sommes arrivés à Corte del Lago après une longue traversée, le sentier descend très très vite par une pente très très raide. Si les marches sont plus rares, les traversées de petits rus sont aménagées de manière à résister à la pression de l’eau.

En voici un autre bel exemple.

La forêt fait place à une clairière un bref instant. Le temps d’une jolie maison / étable.

Pas étonnant qu’une des activités de survie de l’époque consistait à monter couper de l’herbe et la ramener au village pour nourrir le bétail. Il y en a tellement qu’elle forme des vagues.

Sur notre droite coule le ri del Boschetta.

Nous traversons un autre village, qui se trouve techniquement dans le même pâturage que celui de Rotonda, même si les habitations sont éloignées de plus de 500 mètres. Là encore, les rénovations sont exemplaires.

Puis, recommence la valse des marches.

Ah oui… J’ai oublié d’en parler. Ça fait deux ou trois jours que j’ai les jambes remplies d’eau. Mon doigt s’enfonce d’un cm lorsque je l’appuie sur mon tibia où normalement il n’y a que 3 mm de peau. A part l’esthétique (on dirait des jambes d’éléphant), ce n’est pas très gênant sauf lorsque je dois m’accroupir ou lever la jambe très haut. J’espère juste que tout rentrera dans l’ordre au retour.

Nous alternons forêt et petites clairières abritant des constructions.

Stefano a repéré quelques constructions sur la carte. Le lieu s’appelle Ca d’ Ròcch. Nous sortons du sentier et grimpons une cinquantaine de mètres pour les trouver. Je laisse Stefano prendre des photos pendant que, assise sur une pierre, je récupère de la petite grimpette qui m’a laissé haletante.

Celui-ci est si chou !

Je crains que ce châtaigner soit mort, et bien mort !

A nouveau, le sentier passe à proximité d’habitations laissées à l’abandon.

Les châtaigniers sont omniprésents.

A 18h14, nous retrouvons nos traces du matin. Il ne nous reste plus qu’à descendre un pan de montagne jusqu’à Cevio. Nous avons branché le pilote automatique. Une marche après l’autre. Nous essayons de minimiser l’impact sur les genoux avec nos bâtons Même si ce n’est qu’un kilo ou deux. Mille marches, c’est une tonne de moins !

Au 18h40, nous ouvrons et fermons le petit portail qui, du sentier, permet de revenir à la route. Cinq minutes plus tard, nous sommes à la maison. Cinq de plus, et nous sommes sur la terrasse derrière la maison, assis, une bière et 2 litre de jus de pommes devant nous, commentant notre randonnée du jour, partageant nos impressions et nous remémorant les moments forts.

Itinéraire du billet

C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.

Autoportraits du jour

Au Lago di Sascòla.

Pareil… On voit également le lac !

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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