Nous terminons d’explorer les sentiers qui s’échappent du Passo dell’Uomo. Nous parcourons sur toute sa longueur le Val Piora, bien connu pour ses fromages savoureux et parfumés, avant de nous offrir une pause à la capanna Cadagno. Arrivés au Lago di Dentro, nous tentons un vieux sentier bleu et blanc avant de retrouver la piste et l’Alpe Carorescio. De là, le retour se fait sur nos traces du matin.
Les conditions météorologiques sont en train de se dégrader. Nous savons déjà que vendredi, ultime jour de nos vacances avant le weekend à Lugano, la pluie sera au rendez-vous, du matin jusqu’au soir, insistante et persistante. Aujourd’hui et demain, des averses intermittentes sont prévues.
En sortant de la voiture, au Passo del Lucomagno, nous frissonnons. Même avec nos manches longues, le gilet s’impose rapidement. De même que les gants, bientôt suivis du bandeau. Le vent nous bouscule et nous progressons avec difficulté sur la route que nous connaissons désormais bien et qui mène vers l’extrémité sud-ouest du Lai da Sontga Maria.
Cette fois-ci, nous partons vers le Passo dell’Uomo. La montée était attendue avec impatience. Petit à petit, au fur et à mesure que le cœur s’accélère, les muscles se réchauffent, d’abord timidement, puis consentent avec retenue à se mettre au travail.
A la montée, contre toute attente, la route est agréable. Nous avions détesté la parcourir dans le sens de la descente, lors de notre retour du Val Cadlimo. Nous réservons notre jugement final lors du retour, ce soir.
Le ciel se découvre et c’est sous un trou de ciel bleu que nous arrivons au col.
L’autre jour, nous n’avions fait que regarder le panneau et ses 8 directions avant de rebrousser chemin.
Aujourd’hui, l’inconnu s’offre à nous. Et pour commencer, nous partons vers la capanna Cadagno.
L’inconnu dont je parlais précédemment est relatif. Devant nous, un relief que nous connaissons. C’est dans les contreforts de cette montagne – le Pizzo del Sole – que se trouve le Lèi Pecian que nous avions découvert lors de la première randonnée des vacances.
La vallée dans laquelle nous sommes se nomme Val Termine.
Au bout du Val Termine, à l’est, part le sentier vers le Passo delle Columbe ou vers le Passo del Sole. Au loin, nous identifions le Campanitt Pizzo Columbe, cette arête centrale qui me fait vaguement penser à Eagle Crags, non loin de Zion, en Utah. Une succession de rochers dressés verticalement, aussi bien rangés que les dents dans la gueule d’un requin.
Du côté ouest, par contre, débute le Val Piora, au milieu duquel coule un torrent, le/la (?) Murinascia Grande.
Le torrent s’est même creusé une gorge. Nous soupçonnons que la roche blanchâtre soit de la dolomie ou pire, de la cornieule, les roches préférées (c’est un euphémisme) des constructeurs de tunnel, tendre à souhait et souvent gorgée d’eau.
Le sentier est très agréable et pittoresque. Il n’est pas avare en fleurs et nous pouvons ainsi compléter notre herbier digital, souvent sans même avoir à se baisser.
Au bout du Val Piora, la capanna Cadagno et le lac éponyme dont nous avions fait le tour l’année passée (voir le billet Autour des lacs du Val Piora). C’est là que nous avions croisé deux jeunes étudiants en ornithologie à l’affût de culbianco. A l’Alpe Piora, nous avions également acheté du fromage fabriqué à l’alpage. Nous avions choisi un fromage déjà bien âgé et le rapport qualité-prix avait été plutôt décevant.
Même si certains panneaux ne sont plus très lisibles, l’abondance d’options est remarquable.
La cabane a été somptueusement rénovée.
Les anciens murs ont été conservés et une grande cour couverte ajoutée, en plus de chambres et de cuisines. Nous commandons un grand café. Installés d’abord dehors, sur la terrasse, le froid ambiant nous chasse à l’intérieur.
De la cabane part le sentier vers notre objectif du jour : le Lago di Dentro. Il commence par monter légèrement sur le flanc du Pizzo Corandoni.
Et oui, si vous êtes attentifs, nous revenons en quelque sorte sur nos pas, marchant en direction du Campanitt Pizzo Columbe.
Après une pause bien méritée à proximité de quelques rochers plats, la montée se durcit.
Derrière nous, le Lago Cadagno, et un petit bout du Ritom.
Après une courte et ardue grimpée, le lac se dévoile.
Des restes de constructions – abris ou étables – bordent le sentier.
La baignade ne me tente guère. Le soleil est vraiment timide et le fond d’air frais, pour ne pas dire froid. Sans parler des deux pêcheurs qui arpentent les rives. Nous longeons le bord est du lac, espérant une brève éclaircie.
Je m’occupe en attendant et tente une vue panoramique. Le résultat est assez… bluffant.
Embellie, qui, contre toute attente, arrive….
Du lac, il est possible de rejoindre le Val Cadlimo. Par le sentier bleu et blanc où nous n’avions pas osé nous lancer, faute au temps maussade et menaçant mais également à notre crainte de faire face à des difficultés insurmontables.
Du panneau part un sentier que nous évaluons et jugeons apte à fournir une belle alternative pour la descente. Stefano pointe la piste, de l’autre côté du torrent Murinascia Grande. Nous passerons par là pour le retour, me dit-il. La piste est parallèle au sentier de ce matin.
Le sentier s’avère être un ancien sentier bleu et blanc, qui mérite bien ses couleurs, car deux ou trois endroits requièrent une attention soutenue.
Tout va bien jusqu’à ce que le sentier ne disparaisse dans un pierrier, vraisemblablement créé par un éboulement de terrain. Les derniers mètres se font à l’aveuglette, dans les hautes herbes, où nous mesurons avec précaution chaque pas, afin d’éviter l’entorse que pourrait causer un rocher dissimulé.
Nous soupirons de soulagement en retrouvant le sentier qui nous ramène rapidement à proximité de la capanna Cadagno.
Le ruban blanc que nous avions pu observer depuis le Lago di Dentro s’avère interminablement long. L‘Alpe Carorescio, dont nous avons vaguement aperçu les bâtiments, semblent reculer à chaque virage. D’autant que je réalise que de l’eau, en plus de celle qui s’est accumulée depuis plusieurs jours dans mes jambes, a également envahi mon ventre. Je le sens remuer à chaque pas. Floc, floc, … Je comprends maintenant pourquoi, la nuit passée, le sentiment d’oppression au niveau des poumons traduit par l’impossibilité de respirer normalement m’a empêché de dormir. Il est grand temps que je me mette en congé…
Derrière nous, le Pizzo Corandoni sous lequel se cache le Lago di Dentro.
L‘Alpe Carorescio, où le rumex a pris ses aises.
Comme souvent, la piste s’arrête net et se transforme en sentier. Ce que nous trouvons beaucoup plus bucolique, surtout avec cette petite cabane non loin.
Il nous faut prendre encore un peu d’altitude, pour rejoindre la croisée des trois sentiers, chacun partant vers un col : Passo dell’Uomo, Passo delle Columbe et enfin Passo del Sole. De l’autre côté du torrent, nous discernons le sentier où nous étions ce matin, juste après avoir franchi le pont.
Un air de déjà-vu.
Le Val Piora.
Le Lago della Segna joliment éclairé par les rayons bien visibles du soleil.
A partir de là, la voiture se trouve à 4 km. Il y a d’abord l’arrivée au Passo dell’Uomo, puis la descente par la piste jusqu’au lac – piste que nous trouvons au moins aussi désagréable que lors de notre retour du Val Cadlimo – puis la piste qui longe le lac. L’euphorie des premiers jours et l’excitation des découvertes se sont dissipées et nous sommes plutôt contents d’arriver au parking. Le manque de soleil s’est cruellement fait sentir.
Faune du jour
Une marmotte pas farouche qui se prélasse.
Flore du jour
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
A la capanna Cadagno.
Au Lago di Dentro.
Toujours au Lago di Dentro. Mais cette fois nous avons ôté nos chapeaux. Le ridicule ne tue pas, certes, mais il y a des limites à tout !