Un mélange varié de sentiers alpins et de route. Un paysage beau à couper le souffle. Tour autour des quatre lacs les plus accessibles au départ de Robièi : Lago di Robièi, Lago Nero, Lago Bianco et Lago dei Cavagnöö. Nous avons ignoré le cinquième, le Lago del Zott car visité précédemment. Attentifs au temps qui passe, nous avons même réussi à attraper la dernière benne.
Un de plus. Un jour de plus où le ciel est bleu limpide au petit matin, chanceux que nous sommes.
Si cette photo a un air de déjà-vu, c’est normal : nous sommes à la gare de téléphérique de San Carlo, au fond du val Bavona, prêts à embarquer pour Robièi.
Je me suis préparée psychologiquement et je reste parfaitement décontractée durant la montée. Nous regardons même le sentier que nous avons parcouru, au début de notre séjour, un peu sous la contrainte, vu que la dernière benne est partie plus tôt que prévu. Ah non, c’est faux, me dit Stefano. Nous sommes arrivés trop tard ! :-S
Comme la première fois, sitôt dehors, nous ajoutons quelques couches et j’enfile mes gants que j’ai pensé à prendre ce matin.
Le lac le plus proche est le lago di Robièi. Le glacier du Basòdino est réduit à une bande blanche toute menue. Nous nous remémorons notre balade, traversant la moraine frontale, puis coupant dans la pente pour aller le toucher. Puis la descente, lente car hasardeuse, et notre arrivée en vue de la gare, la cabine accrochée au fil s’ébranlant pour la dernière descente.
Le barrage.
Un sentier escarpé nous amène un peu en hauteur.
Après quelques mètres sur la route, un sentier part vers des maisons de pierre. Mais avant d’y arriver, nous traversons un torrent, qui devient beaucoup plus bas, la rivière Bavona.
Nous sommes à Lièlp. Ces maisons sont des merveilles.
Le sentier continue en direction du col, situé à gauche sur la photo ci-dessus. Il faut parfois s’aider de ses mains ou lever les pieds très hauts. Le type de terrain que j’adore.
Côté Basòdino, derrière nous, nous voyons maintenant trois lac : à gauche, le lago Mött, découvert lors de notre balade sur le sentiero glaciologico del Basòdino. On distingue très bien la route, que nous avons suivie au sortir de la gare, et on devine les tunnels lorsque la route disparaît. Nous avons ensuite traversé le barrage et grimpé derrière, pour arriver près du piton gris foncé qui cache une partie du lac. De là, le sentier suit la crête pour arriver au bas de la moraine frontale, tout à gauche. Moraine que nous avons traversée et c’est avant de redescendre que nous avons décidé de monter caresser le glacier.
Au centre, le lago di Robièi et enfin, à droite, lago di Cavagnöö, que nous verrons de près forcément aujourd’hui vu que je l’ai choisi comme titre de ce billet.
Nous lâchons le sentier pour quelques mètres, Stefano n’aimant pas son penchant à flirter avec le vide alors qu’un passage moins exposé est possible. Et ici, pour mon plus grand bonheur, la trace se dirige résolument vers le haut, vers le pierrier que vomit le Mottone, ce sommet visible tout à droite.
Ce petit lac, c’est un bonus.
Tout comme celui-là, non loin.
Le même, avec un différent photographe et un autre angle.
Voilà, là, nous avons les deux. Le troisième, celui de gauche, est hors jeux.
Plus nous prenons de l’altitude, plus de gros nuages noirs campant sur le Mottone obstruent le ciel. Le vent s’est levé. En quelques minutes l’atmosphère a drastiquement changé. Brutal rappel des humeurs brusques de la haute montagne. Et nous ne sommes qu’à 2444 mètres. Là où le sentier part vers une brèche, la bochetta della Froda, pour rejoindre le lac du même nom, où nous étions il y a quelques jours (voir le billet Lago della Froda).
Nous prenons la direction du lago Nero. Devant nous, du ciel bleu et un vaste pierrier à traverser. Stefano observe, jauge, évalue et se retourne tout sourire : ça va passer, me rassure-t-il.
Et c’est parti ! Nous croisons un groupe de 5 ou 6 filles, des suisses-allemandes, toutes jeunettes et enthousiastes. Les veillées promettent d’être joyeuses et animées.
La traversée du pierrier est facile, les rochers n’étant ni très gros ni suffisamment petits pour rouler sous nos pieds. Nous voilà bientôt au bord du lago Nero. Aussi noir qu’un lac peut être, en l’absence de soleil.
En face, dans le creux du « v », une autre brèche, la bochetta del Lago Nero. Je crois y discerner une croix.
Nous errons tranquillement le long du lac, espérant que le soleil se montre avant qu’un groupe de randonneur, aperçu plus loin, n’investisse ses abords.
Notre patience est récompensée par une courte, très courte ouverture.
Sous un rocher, une minuscule construction. Un grenier étroit et exigu. On se croirait presque en Utah.
Voilà, nous sommes plus ou moins au point culminant de la balade. Nous sommes à 2’400 mètres. Maintenant, nous devons descendre vers le lago Bianco. Après, il faudra remonter vers le lago dei Cavagnöö. Mais une chose après l’autre.
Juste après cette croisée de sentier (voir la photo ci-dessous), nous croisons une famille au complet : père, mère, deux garçons dont un ado et un autre d’une douzaine d’années, une fillette de moins de 10 ans et un chien.
Ils sont au terme de la grimpette le long de la crête qui, en quelques lacets, amène le randonneur du lago Bianco à cet endroit. Et comme une image vaut mieux qu’un long discourt, voici la grimpette en question.
Même si les joues de la fillette sont rouges de l’effort demandé, elle a le sourire, tout comme les autres membres de la famille. Elle s’assied sur un rocher pour souffler et nous en profitons pour engager la conversation. Stefano leur parle en allemand, et moi, jalouse de ne pouvoir communiquer en cette langue malgré 7 longues années passées à l’étudier (entre d’autres matières), je parle en anglais. Ils vont être une semaine sur les sentiers, allant de cabane et cabane. La prochaine, celle de Cristallina, est à environ deux heures de marche. La petite nous montre la gourde du chien. N’ayant pas de chien, nous ignorions l’existence d’un tel objet. Elle nous fait une démonstration digne d’un vendeur de râpe à légumes sur un marché du sud de la France. Nous sommes bons spectateurs. Vue de l’extérieur, de nos yeux d’adultes, issus chacun d’une famille nombreuses où les loisirs n’étaient pas la priorité première (et encore, ma famille et moi partions en vacances une année sur deux contrairement à Stefano), cette famille nous fait l’effet de la famille parfaite. Je ne peux m’empêcher de m’adresser aux deux garçons pour partager ce sentiment. J’aurai rêvé partir à ainsi l’aventure.
Je garderais longtemps l’image de cette famille dans ma tête. Tout en savourant la chance que j’ai aujourd’hui d’être là, et dans trois ans, de pouvoir partir à l’aventure pour de vrai. Et pour longtemps.
Le lago Bianco.
Parce que le soleil continue de bouder, une fois arrivés en bas, nous restons sur la route. Nous choisissons un couple de rocher plus gros que les autres et les désignons comme sièges officiels de notre pause de midi (il est en fait 13:42) du dernier jour du mois d’août 2021. Derrière nous, la route, pas très bucolique ni pittoresque, certes, mais devant nous, ceci… Oui, nous n’avons pas à nous plaindre.
De notre perchoir, à 2’150 mètres jusqu’au barrage du lago dei Cavagnöö, à 2’300 mètres, nous restons sur la route.
Route, qui dans quelques années sera redevenue un sentier.
A 14h39 précises, nous atteignons le barrage. Dans deux heures, nous devons être à Robièi, prêts à embarquer dans la nacelle.
Sincèrement, quel fou aurait l’idée de se baigner ici ?
Une bonde, en cas de trop plein.
Nous traversons le barrage et étudions la possibilité de rentrer par le sentier qui longe une partie de la cresta dell’Arzo.
Le fait qu’il faille grimper par une échelle sur le toit plat d’un poste électrique pour ensuite attraper un câble afin de se hisser sur le sentier nous décourage. Faisable, mais après ? Et si nous devions faire demi-tour pour cause de sentier très escarpé et/ou trop aérien ? Non non, je crois que mes gambettes ne me pardonneraient jamais une nouvelle descente à pied de Robièi jusqu’à San Carlo.
De retour sur la route, un petit bouquetin nous observe un long moment, pas inquiet du tout.
Puis arrive ce que nous prenons d’abord pour un bouquetin mais qui s’avère être tout simplement un bouc. C’est Albert, le bouc solitaire, qui bêle éperdument, à la recherche de compagnie.
Et, à priori, de la compagnie, il en a besoin, car il s’accroche à nous et ne nous quitte plus. Nos narines associent l’expression « sentir le bouc » à la réalité.
Le torrent qui sort du lago Bianco n’est autre que la rivière Bavona. Un pick-up arrive à vive allure. Nous lui faisons signe de ralentir que Albert est derrière, caché par un virage. Le conducteur n’est autre que le berger, que nous avons vu nettoyer la bergerie à grandes eaux, ce matin, depuis la cabine du téléphérique. Il semble soulagé de savoir que le bouc est toujours vivant. Les chèvres, elles, sont descendues dans la vallée.
Les deux maisons au centre, sont celles que nous avons visitées ce matin : Lièlp.
La boucle est presque bouclée.
Nous nous arrêtons à San Carlo pour acheter de la bonne tomme de chèvre au self-service.
Et tout comme chaque album des aventures d’Astérix et Obélix se termine par un banquet, nous terminons notre journée sur la terrasse, sirotant une bière au jus de pomme, commentant la journée, nos rencontres, qu’elles soient avec des humains et des bêtes, exprimant et partageant nos sensations.
Faune du jour
Albert, le bouc solitaire.
Il nous a suivi un long moment, avide de compagnie.
Alors ben nous, on en a profité.
Flore du jour
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
Dans le téléphérique, au dessus de San Carlo.
A Robièi. Derrière, c’est le glacier du Basòdino.
Au lago Nero.
Au lago di Cavagnöö. Enfin, là c’est plutôt le barrage.
C’est le dernier, promis. Là, c’est le lac.