Il s’en est fallu d’un mètre pour arriver aux 2000 mètres de dénivelés positifs. La randonnée du jour est riche en découverte et en émotion. Parmi les moments forts, le contournement de la Tour d’Aï par son côté nord, une descente difficile dans le Cheynau de Mayen, et enfin, le tour du Lac Segray.
Hier, après une bonne plâtrée de gnocchis à la sauce tomate et au thon, je n’ai pas tardé à me coucher. Etonnamment, Stefano m’a rejoint bien avant 9h30. La lumière nous réveille, aux alentours des 6h30. Stefano me laisse choisir entre un peu ou beaucoup de dénivelé. Je choisis le « beaucoup ». Gardons-le « peu » pour demain, car ensuite, nous devrons rentrer à la maison, soit 1h30 de trajet. Autant essayer d’être le plus frais possible.
Nous retournons au parking de la carrière des Chamois.
Un chalet d’alpage, tout près du parking : Les Lapiés.
La route, la même qu’hier, nous permet de remettre les machines en marche. Dès les premiers mètres, je sais que la journée sera facile, à l’inverse d’hier.
Lorsque les bûcherons s’amusent.
Un peu avant d’arriver au chalet Le Temeley, un chemin et un sentier partent sur la droite. Sur un panneau, il est écrit :
Les temps indiqués pour monter à La Riondaz diffèrent de quelques minutes seulement. Je pointe du bâton le joli sentier. Pourquoi manquer une telle opportunité ?
Le panneau n’a pas menti. Le sentier est un vrai sentier de montagne, qui serpente sur le flanc de la montagne, un peu technique, jamais barbant.
Nous arrivons au refuge de Solacyre, fermé jusqu’au 2 juillet. Le sentier continue, attaquant la pente durant un court instant, avant de zigzaguer à nouveau. Il contourne des murs de pierre sèche dont la fonction, ici, n’est pas la délimitation des pâturages mais plutôt la retenue du sol.
Lorsque le sentier le permet, nous apercevons un paysage désormais familier : le Sex du Parc aux Feyes, la Chaux de Tompey, la Chaux de Mont, la Tour d’Aï dans les nuages et enfin La Berneuse.
En approche de sommet.
Nous y sommes : La Riondaz, 1981 mètres.
Il ne nous reste plus qu’à rejoindre le col du Luissel par un sentier escarpé.
Entre les rochers se blottissent des gentianes acaules. La journée s’annonce parfaite.
En cas de doute, regarder à la hauteur du sol. C’est la première fois que nous voyons un panneau si bas, à ras le sol.
Nous suivons la direction indiquée. Le sentier nous expose un peu mais Stefano n’a pas une seule hésitation.
Tout comme hier, les anémones pulsatilles nous accompagnent alors nous marchons en contrebas de La Berneuse.
Non non, aujourd’hui, nous ne descendrons pas vers Luan.
La seconde étape de la balade doit nous amener à la Chaux de Mont. La montée sous la remontée mécanique, dans le pré, ne m’enchantant guère, je propose d’y monter par le chemin longeant les falaises de la Tour d’Aï.
Nous nous dirigeons donc vers le lac d’Aï et le petit groupe d’étables à proximité. En premier plan, le télésiège qui monte à La Berneuse.
Nous voilà sur le sentier emprunté pas plus tard qu’hier, mais dans l’autre sens.
Notre objectif.
Nous faisons un petit détour pour aller voir le départ de la via ferrata. Nous suivons du regard les cables et les échelles.
Un jour peut-être, ou dans une autre vie.
Maintenant, nous sommes en terrain inconnu, marchant sur un sentier qui longe les falaises de la Tour d’Aï, mais cette fois, par le nord. Devant, la Tour de Mayen.
Sortis de l’ombre imposante de la Tour d’Aï, nous marchons sur une crête, surplombant le Cheynau de Mayen, et le lac éponyme.
Côté nord, une belle vue s’offre à nous. Nous pouvons apercevoir les Rochers de Naye.
Devant nous, la Tour de Mayen, impressionnante.
Pour descendre vers le lac, il y a une absence totale de sentier marqué, en tout cas pour le premier tiers. Stefano part du côté de la falaise de la Tour de Mayen, espérant trouver, comme hier, un sentier, ou tout du moins une trace.
Effectivement, trace il y a. Mais elle s’arrête brusquement. Devant, de l’herbe parsemée de petits éclats de rochers plats et instables.
Commence alors une descente prudente où chaque pas se calcule et s’évalue. En bas, trois randonneurs se sont arrêtés pour nous observer. Les minutes s’égrènent. Nous avançons à la vitesse d’un escargot. Nous sommes sur le bord gauche d’un éboulis. Je remarque que, à sa droite, le terrain semble plus stable grâce à l’absence apparente de ces petites pierres plates qui se dérobent sur notre poids.
Nous traversons donc l’éboulis – toujours plus facile à dire qu’à faire – et retrouvons un semblant de stabilité. Néanmoins, la déclivité reste élevée et nous progressons très lentement.
Nous voici enfin tirés d’affaire.
Les trois randonneurs ont repris leur marche. Ils choisissent la montée par le centre entre pré et éboulis. Parmi eux, une randonneuse. Que nous voyons peiner, s’arrêtant à de multiples reprises. Les derniers mètres sont raides, presque à la verticale. Pour preuve, la carte Swisstopo affichant les classes de pentes de plus de 30%.
Alors que nous descendons vers le lac de Mayen, je me retourne souvent pour constater sa progression. Les arrêts se multiplient. Je ressens sa peine. Hier je ne faisais pas la fière. Je me réjouis pour elle lorsque je la vois se stabiliser sur la crête. You dit it!
Encore quelques mètres et nous allons pouvoir nous arrêter pour manger et souffler un peu. Entre le lac et le haut du Cheynau de Mayen, seulement 316 mètres de différence. Qui nous ont semblé le double… voire le triple !
Le lac, et les deux tours.
Bon, on fait quoi maintenant ? Il est à peine 13h30 et mes gambettes sont encore fraîches et frétillantes. Stefano regarde son tracé et me dit, pointant du doigt le nord-est : derrière la Tour de Mayen, il y a un petit lac. C’est là que j’avais prévu d’aller.
Nous voilà reparti, cette fois par un joli sentier bien tracé et agréable à souhait. A mi-pente, une cabane. Ce n’est qu’après quelques longues secondes que Stefano fait remarquer : tu as vu le visage ?
La cabane du moutonnier. Construite en 1955, elle fut détruite par la foudre en 1990 puis reconstruite par un groupe de Leysinouds (c’est si chou, la manière dont s’appellent les habitants de Leysin), avant d’être ravagée par un incendie en 2014 puis reconstruite à nouveau.
Un peu plus haut que la cabane, quelques falaises d’une vingtaine de mètres de hauteur. Deux ou trois familles, enfants compris, s’adonnent aux joies de l’escalade.
Lesdites falaises sont en contrebas. Nous faisons donc bien attention à ne pas faire rouler de cailloux.
Encore un terrain de jeux inexploré.
La Tour de Famelon (à gauche).
Après un joli passage dans les lapiaz nous débouchons sur un col.
Le lac Segray est en contrebas, encore partiellement recouvert de glace et de neige.
Un groupe de trois personnes chaussées de chausseur de tennis Nike descend d’un sentier abrupt. Ce qui nous fait dire que nous pouvons y aller sans arrière-pensée. Nous devons prendre de la hauteur pour capturer le lac et en plus, laisser du temps au soleil pour réapparaître.
En enfilade : la Tour de Mayen, la crête du Cheynau de Mayen, la Tour d’Aï, la Chaux de Mont. In fine, nous n’avons pas fait beaucoup de distance, ne faisant que monter et descendre.
Vue en direction du nord-est depuis le lieu-dit Sur les Truex.
La Tour de Famelon est annoncée à 45 minutes. Nous décrétons néanmoins que nous n’irons pas, ne connaissant pas la nature du terrain. Le trace de Stefano s’arrête en bas, au lac Segray.
A proximité un panneau annonce que nous sommes sur la ligne de partage des eaux. D’un côté, l’eau rejoint la mer du nord (dixit synonyme de mort) ; de l’autre, les mers du sud.
Nous revenons donc sur nos pas. Arrivés là où le sentier descend (par là où nous sommes venus) un sentier continue tout droit, contournant le lac par le haut. Nous sommes un peu réticents à nous y engager car, à moins de revenir sur nos pas, faire le tour nécessite de descendre par un sentier marqué de bleu et de blanc. Un cran en-dessus de ce que nous avons l’habitude.
Nous y faisons quelques pas, néanmoins, pour avoir une vue dégagée du lac.
Arrivés là où nous voulions, nous observons un groupe de randonneurs s’engager dans la descente, la « fameuse » bleue et blanche. Ça parle fort, ça discute, ça rigole pendant qu’ils descendent, ralentissant à peine.
Convaincus, nous continuons.
Nous hésitons à nous laisser glisser le long de cette belle pente neigeuse. Dommage que le lac soit la destination finale ! Non merci à la baignade.
Confiants, nous attaquons la descente.
Oui, nous sommes passés par là, sur le sentier que l’on voit à flanc de montagne.
Comme observé, rien de bien méchant. Quelques points d’attention particulière, mais rien de plus. L’heure est venue de rentrer au bercail. Au niveau du site d’escalade, les familles plient bagage. Des enfants, surexcités, courent dans tous les sens.
Retour vers le lac de Mayen. Sur le panneau de bois est inscrit : avalanche training center. Avec toutes les pentes à plus de 30%, effectivement ici, il y a de quoi faire.
Une jolie étable, dans le hameau de Mayen.
Je n’avais pas anticipé le retour entre le lac de Mayen et le lac d’Aï. Une vieille route se charge du transfert. Elle monte légèrement et diable, la remise en route n’est facile pour aucun d’entre nous.
Les contreforts désormais bien connus de la Tour d’Aï.
La piste de VTT que nous suivons pour la descente nous ramène au chalet Le Temeley.
Juste avant d’arriver au chalet Les Lapiés, des vaches highland occupent la route, ayant décidé d’aller s’y abreuver. Elles sont nombreuses et surtout portent des cornes imposantes. Nous les laissons donc poliment passer.
N’ayant pas trop d’inspiration pour le menu du dîner, nous faisons un copier-coller : bière au jus de pomme, bien sûr, pour les sels minéraux et la vitamine B12, et gnocchis à la sauce tomate et au thon. Nous sommes un peu trop enthousiastes quant à la quantité et ne pouvons finir la casserole. Elles nous donnent rendez-vous au lendemain matin, au petit déjeuner. Je m’éteins bien avant 21 heures.
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Flore du jour
Autoportraits du jour
Derrière nous, le Cheynau de Mayen, à gauche la Tour d’Aï, à droite la Tour de Mayen. Nous sommes au bord du lac de Mayen.
Au lieut-dit Sur les Truex, 2194 mètres.
En contrebas, le lac Segray.