Aujourd’hui, c’est peut-être notre dernière sortie en raquettes de l’hiver, alors autant qu’elle soit mémorable. Au lieu de prendre les sentiers officiels, nous montons par la Pointe de Fin Château et passons faire coucou au relais radioamateur franco-suisse de La Glutte, avant de rejoindre le Col de Porte puis La Dôle et retour.
Stefano doute qu’il y ait suffisamment de neige pour partir en raquettes depuis Saint-Cergue. Néanmoins, nous tentons le coup. À Saint-Cergue, l’enneigement est inexistant. Nous craignons de devoir commencer notre balade du jour raquettes en main. Mais non, les quelques centaines de mètres qui séparent Saint-Cergue du camping suffisent et le départ du sentier pour monter à La Dôle est enneigé. Parfait !
La Dôle… 2 heures. Ce qui me semble optimiste…
Nous partons en direction de la cabane des chiens de traîneau. Il y a une fine couche de neige fraîche, tombée cette nuit ou hier, mais déjà bien transformée. Elle devient translucide après avoir été écrasée par nos raquettes.
L’idée est de monter à la Pointe de Fin Château afin de rejoindre le Col de Porte puis La Dôle. L’avantage est que nous éviterons la montée en dévers depuis le Chalet des Apprentis jusqu’au Col de Porte. Mais il y a le prix à payer : une montée assassine. D’ailleurs, Stefano préfère me redemander encore une fois : tu veux passer par la montée de la mort qui tue ? Oui oui, je lui réponds.
Nous suivons la piste de chiens de traîneau qui n’est plus entretenue. À en juger les traces, elle n’a pas vu de chiens depuis quelques semaines. Nous savons qu’à un moment, nous la quitterons pour nous engager dans la montée.
Le moment est venu. La montée tient ses promesses tandis que mon souffle me trahit lâchement. Je laisse mon cardio monter trop haut. Lorsque je m’en rends compte, il est trop tard. Même en faisant une petite pause, lorsque je repars, j’ai l’impression que seule une moitié de poumons me permet de respirer. Stefano ralentit mais ça ne suffit pas. Je multiplie les pauses, halète comme une perdue mais arrive en haut, bien évidemment. Bref, l’adjectif assassine n’est pas exagéré.
En arrivant en haut, vue sur la Barillette et sur la chaîne des Alpes.
Nous partons sur la gauche, histoire d’aller voir La Pointe de Fin Château.
La Dôle, telle que nous la voyons depuis la La Pointe de Fin Château.
Mais La Dôle est encore loin. D’abord, il nous faut monter à la Pointe de Poêle Chaud. En observant attentivement la photo ci-dessus, on distingue les antennes de La Glutte, tout en haut en haut, sur la bosse la plus haute.
Mes poumons ont enfin décidé de collaborer à nouveau. Nous voici à La Glutte, après avoir refait le plein de calories. La barre que j’avais mangée avant de commencer la montée avait tout simplement été incinérée.
Le lac ressemble à une mare toute sale.
Mais arrêtons-nous un peu sur La Glutte. Déjà le nom est un poème (ou une bonne blague) à lui tout seul. La Glutte, c’est un relais franco-suisse construit et entretenu par des radio amateurs.
Le projet fut initié en juin 1976 et, si j’ai bien compris, à l’origine c’était une éolienne (prénommée Gluttolienne) qui était en charge de la fourniture d’électricité. Éolienne qu’Éole prit un malin plaisir à malmener, jusqu’à finalement la détruire. Les radio amateurs voulaient du vent, ils ont été servis, même peut-être un peu trop. Pour plus d’information, je vous laisse consulter le site de La Glutte. Cependant, je sais pertinemment que peu d’entre vous iront cliquer sur le lien ou auront la patience d’éplucher le site. Pour cette raison, je vous dévoile ci-après la prière du Gluttier 1997 de Jean-François F6EXU Champagnole.
Père Gluttier qui est à pöele Chaud,
Que la Glutte sois Gluttifiée,
Que les Watts y arrivent,
Que la Gluttolienne tourne
De jour et de nuit,
Donne-nous aujourd’hui et demain
Nos QSO quotidiens,
Pardonne-nous nos erreurs
Comme nous pardonnons
A ceux qui les ont commises
Et nous laisse pas Succomber sous les Gluttons.**Particule négative à masse nulle et effet merdique.
Après 2 heures de montée, la prière se transforme, par le biais de Pierre HB9 AHK Genève. Elle devient finalement :
Putt..oh! Pardon mon Père,
Père Gluttier qui est à Pöele Chaud,
Délivre moi de ce fardeau,
Prend vite mon sac à dos.
Père Gluttier je suis vidé,
Non! Je n’ai pas dis viré,
Tu veut m’avoir à l’usure?
Pousse pas, ça fait vingt ans que sa dure.
Père Gluttier qui est là haut,
N’oublie pas la citerne à eau.
Pardonne-moi pour le vin de Messe,
Mais il m’a sauvé de la sécheresse.
Père Gluttier on se verra plus tard,
Je vais à la chasse au Gluttard.
Moi, j’adore, tout simplement.
De La Glutte, il ne nous reste plus qu’à redescendre au Col de Porte et attaquer ensuite la dernière montée vers la boule.
Nous sommes sur la crête et bien évidemment le vent est au rendez-vous. Il souffle en rafale.
Nous y voilà !
Nous ne nous arrêtons pas et sans attendre, commençons la descente.
Décidément le soleil ne sortira pas.
Benoit, le chamois solitaire nous observe. Nous échafaudons moult théories pour tenter d’expliquer sa solitude. Pourquoi ? Comment ? Nous arrivons à la même conclusion : il a tenté de faire copain-copain avec un lapin et, ce qui a eu pour conséquence de se faire bannir du troupeau. Pauvre Benoit ! Pourtant, il est bien connu que les lapins ne sont pas une menace pour les chamois. Ces derniers seraient-ils racistes ?
Nous trouvons une combe à l’abri du vent et nous arrêtons quelques minutes pour pique-niquer. Un skieur nous dépasse, montant vers La Dôle. Il semble voler. Ça a l’air tellement facile et pourtant la pente est raide !
Nous dépassons le Chalet de la Dôle et arrivons à proximité du Chalet des Apprentis.
De là, c’est facile, ce n’est plus que de la descente. Descente parfois très raide, qui nous oblige à zigzaguer.
Le Vuarne.
Nous arrivons à la voiture un peu avant 17h, absolument ravis de notre balade. Nous sommes restés au sec et même avec le vent, les températures sont restées tout à fait agréables. Demain, retour au travail et départ pour Dubaï pour Stefano.
Autoportraits du jour
À La Glutte.
Au Chalet de la Dôle.
Pas de doute, lui c’est mon Amour, avec un grand A !