Avant de fermer la maison, je demande à Stefano : il fera moins froid que la semaine passée quand même ? Interrogateur, il observe le ciel, jauge le vent et répond : j’espère. Hum, pas franchement encourageant. Prudente, je redescends et attrape une couche de plus dans l’armoire Two Swiss Hikers.
Better safe than sorry.
A 11h nous sommes au parking du Creux des Abériaux, non loin du pâturage Les Orgères.
Et là, nous trouvons une vache pas contente.
Mais pourquoi fait-elle donc la tête ? Non, ce n’est pas à cause du jaune de la TSH Mobile, c’est à cause des déchets abandonnées sur les sentiers et dans les champs.
Nous délaissons la route qui mène au chalet Les Orgères et partons vers les Ruines d’Oujon.
Par la route, puis par un large sentier.
Les Ruines d’Oujon, au soleil et au printemps, alors que l’herbe est verte-fluo, c’est toujours du bonheur.
L’hiver a fait des dégâts : un pan de mur s’est écroulé.
Déjà, le soleil se fait appeler Désiré : nous devons nous montrer patients et attendre qu’il daigne se montrer…
Le premier pâturage du jour est celui du Pré Nouveau.
Nouveau ou pas, il a sacrément besoin d’un nouveau drapeau suisse
Et nous, nous avons sacrément besoin d’un coup de pouce de Monsieur Météo car le soleil disparaît de plus en plus fréquemment et de gros nuages noirs arrivent par l’est.
Fuyant les nuages, nous poussons jusqu’au Couvert des Prés d’en Haut.
Stefano prend un peu d’avance pendant que je photographie ces jolis troncs.
Plus tard, il me dira avoir vu un renard déguerpir à la lisière de la forêt.
Nous arrivons au Mont Roux. Les travaux de réfection du toit battent leur plein. Commencés avant l’hiver, ils ont dû être ralentis par la neige.
Le côté nord du chalet.
Côté sud, le toit rénové brille de mille-feux.
Nous restons un moment à l’abri de l’avant-toit. Pour cause de grésil qui commence à tomber. Hum, charmant ! Pivotant sur lui-même, Stefano regarde le ciel, me regarde, hausse les épaules d’un air fataliste et me dit : repartons. Pas d’amélioration en vue.
Nous poursuivons vers Le Mazot, un chalet privé aperçu la première fois cet automne, dans à peu-près les mêmes conditions météorologiques. Mais à force de patience (et de résistance au froid), un petit rayon de soleil daigne venir l’éclairer.
Nous arrivons sur le pâturage des Fruitières de Nyon. Rarement nous avons vu un pâturage aussi mal entretenu. Et ce, depuis des années. Les buissons de ronce y sont légion ainsi que les gentianes jaunes. Les sangliers n’ont pas arrangé les choses.
Même le mur de pierre ne ressemble pas un un mur de pierre sèche du Jura. De part la couleur, la forme des pierres qui le composent ainsi que les pierres de couverture qui ici sont plates.
La Dôle, au loin. Nous n’osons pas imagier le vent qui doit y souffler.
C’est une première : nous poussons jusqu’au Chalet Derrière, appelé également le Chalet Derry.
Les volets sont peints aux couleurs de Nyon.
Après avoir attendu en vain que le grésil cesse de nous agresser (car oui, le grésil, lorsqu’il s’associe au vent est assez hargneux), nous partons en direction de la Cabane Rochefort. Pas par la route, ce serait trop facile. Par les prés, où tout commence par une descente dans un trou et une remontée sèche dans la pente.
Nous arrivons en deux temps et trois mouvements en vue de la Cabane Rochefort. La terrasse est noire de monde et des enfants font un raffut du tonnerre.
Nous maintenons une distance respectable entre nous et la civilisation et passons au pré suivant. A peine avons-nous passé un mur écroulé que le grésil redouble. Nous nous abritons sous des sapins. En quelques minutes, tout est blanc.
Nous, nous en rions. Enfin surtout moi, Stefano reste stoïque mais laisse échapper deux ou trois jurons qui me font pouffer de rire… Jusqu’à ce que un coup de tonnerre retentisse au-dessus de nos têtes. Tout d’un coup, ça devient beaucoup moins drôle.
La queue basse, nous partons nous réfugier vers la Cabane Rochefort.
Comme par magie, la terrasse est vide. On se demande bien pourquoi. Nous n’avons pas vraiment envie de nous prendre un bain de foule en rentrant dans la cabane. Nous trouvons un abri à bois assez grand pour nous abriter tous les deux. Et nous attendons que ça passe, hilares.
Au bout de quelques minutes, le soleil ressort. Nous nous préparons à repartir.
Nous sommes à peine sortis de notre tanière que le ciel s’obscurcit en quelques secondes et que la neige se met à tomber, accompagnée d’un second coup de tonnerre. Penauds, nous rentrons dans notre abri. Abri que voilà d’ailleurs.
Quelques minutes passent avant que le ciel ne s’éclaircisse à nouveau. Cette fois sera la bonne.
Opportuniste, nous en profitons pour faire le tour. Cette cabane, nous la voyons toujours de loin. Pendant que Stefano gaspille des pixels par million, je me réchauffe les mains auprès d’un feu abandonné subitement pour cause de neige hostile.
Du coup, nous renonçons à la boucle initiale (fous les Two Swiss Hikers peut-être, mais pas cinglés). Même si la neige a du charme.
Mais pourquoi Stefano me montre-t-il ses mains ? Ben, parce qu’il a mis les gants… un 12 mai…
S’ensuit une descente pas très fun via une piste forestière massacrée par les passages successifs de tracteurs, recouvertes de branches coupées et parsemées de pierre. Et, au passage, je rappelle que le bois mouillé est glissant à souhait, presque tout autant que les rochers mouillés.
Cette descente nous amène à la Combe Froide où nous retrouvons une route, recouverte à 60% par de la neige.
Au loin, Le Vermeilley.
Dommage que beaucoup de chalets d’alpage soient visuellement « pollués » par des vieilles barrières abandonnées, des tôles rouillées, des engins de chantier hors d’état (ce qui n’est pas le cas de ce tracteur) .
De derrière, ma remarque précédent est encore plus vraie.
Bon, c’est pas le tout… mais il est presque 15h et donc, il fait faim. Stefano me propose un pique nique à La Bûcheronne (l’autre Bûcheronne, pas celle de la semaine passée).
Pour ce faire, nous suivons tranquillement la route, la tête rentrée dans les épaules, histoire d’offrir moins de résistance au vent.
Malgré le banc accueillant, nous restons debout, collés aux murs, essayant vainement de nous mettre à l’abri des affres du vent.
Tout à coup Stefano disparaît et je le retrouve blotti dans l’abri à bois, empilant le bois contre le mur pour combler les interstices : d’une main il tient son sandwich et de l’autre, bûche après bûche, patiemment, il construit un double mur.
Un des arbres peints.
Comme le temps, à défaut de s’être amélioré, est moins pire que tout à l’heure (difficile d’ailleurs de faire pire), au Marais Rouge, nous décidons de prolonger la balade en faisant le détour par la Grande Enne.
Mais avant, nous retournons voir un petit chalet privé, qui ressemble presque à une fortification. Pourtant il ne faudrait pas grand-chose pour améliorer l’esthétique : un bardage de bois (au mois la partie supérieure), un petit coup de peintre sur les murs et les volets peints avec une couleur un peu vive. D’autant plus facile qu’une piste carrossable passe à moins de 100 mètres.
Revenus sur le droit chemin, nous arrivons à la Grande Enne.
Ou la Grand-Ennaz, comme indiqué en haut de la porte.
Là aussi, un peu de ménage s’impose.
Au loin, le Crêt de Grison, culminant à 1323 mètres.
Chemin faisant, nous nous arrêtons à un chalet privé, toujours occupé l’été. Aujourd’hui, il n’y a pas âme qui vive et nous sautons donc sur l’occasion pour nous en approcher. Bonne surprise : ce chalet a un nom : Les Valouses.
En cours, des travaux de construction-réfection de la terrasse. La baie vitrée est incroyable et la vue depuis l’intérieur doit être extraordinaire.
Notamment la vue sur le Mondion. Néanmoins, nous avons un petit reproche à faire à ce chalet : le système de capteur solaire laisse échapper un bourdonnement incessant, que nous avait déjà dérangé l’année passée.
Puisque nous sommes dans le coin, nous repartons voir La Bâme. La barrière fermée, les volets du rez de chaussée ouverts laissent à penser que le chalet est occupé : nous ne nous approchons donc pas.
Nous tentons un nouvel itinéraire qui se solde par un face à face avec une clôture à 3 rangées de barbelé. Le duel se termine par une capitulation de notre côté. Donc, retour à la case départ (la route) puis une piste forestière hostile aux randonneurs si on en juge par les ouvertures de clôture réservées à des techniciens costaux munis de gants. Nous n’avons pas d’autre choix que de passer entre les fils que nous abaissons pour celui de bas et soulevons pour celui du haut, nous courbant pour nous glisser entre les deux. Pfff… c’est fatiguant !
Sous une ciel à nouveau plombé, nous arrivons au-dessus du chalet Les Orgères. Ce n’est que lorsque nous arrivons à proximité du chalet qu’un rayon de soleil vient illuminer le paysage.
Arrivés à la voiture, nous décrottons rapidement les chaussures, posons nos fesses et collons notre dos avec délice sur les sièges en train de diffuser une douce chaleur. Après un high five, nous éclatons de rire, nous remémorant, bien au chaud, nos péripéties du jour. Ici, dans le Jura, on ne s’ennuie jamais.
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Flore du jour
Autoportraits du jour
A la Cabane Rochefort, les Two Swiss Hikers ne sont pas contents ! On remarquera la neige sur le bord de nos chapeaux.
Au Chalet Derrière où Stefano fait à nouveau la moue. Il a raison, vu le grésil qui tombe… Ah ah ah… il est tellement drôle quand il boude !
A La Bûcheronne, à l’heure du pique-nique de 15 heures, où, obstiné, le soleil a catégoriquement refusé de se montrer.