Trois jours… Trois jours de randonnée devant nous, merci au jeudi de l’Ascension et à Stefano qui, pour une fois, s’est offert le pont pour compenser le dimanche qui vient, qu’il passera dans l’avion…
Lorsque nous arrivons au parking de La Chanélaz, juste après le camping de Bassins, nous n’avons d’autre choix que de nous glisser (il aurait presque fallu un chausse-pied) entre deux voitures. Une odeur de feu de bois flotte et des personnes s’affairent autour des tables de pique-nique. J’espère secrètement que le conducteur de la voiture Swisscom garée à ma droite ouvrira la portière avec précaution pour se glisser dans son siège car, à ce jour, la TSH Mobile est encore vierge de toute bosse.
Si, la semaine passée, nous avions choisi la Fromagerie des Loges en lieu et place du chalet au toit rouillé de La Baragne, aujourd’hui notre destination première est justement ce fameux chalet au toit rouillé.
Une fois n’est pas coutume, nous commençons la balade par suivre la route qui descend vers Bassins afin d’attraper un chemin forestier qui contourne par le sud le pâturage de La Chaumette. Nous dépassons un chalet privé, Tamizou (enfin c’est comme cela que nous interprétons la première lettre majuscule qui ne ressemble à aucune lettre).
Dans un abri, non loin du chalet, traîne une vieille Land Rover, verte, qui ne roulera sans doute jamais plus.
Nous ne savons pas si les nuages vont s’évaporer ou non mais qu’importe, aucune goutte n’est prévue aujourd’hui.
Le Chemin de l’Étang se rétrécit peu à peu puis se perd dans le pâturage de La Dunanche.
Nous contournons Le Molaret par l’est, apercevons Les Frasses au loin et arrivons sur la route du Mondion : à droite, Le Mondion, justement, à notre gauche Les Bâmes et devant nous Les Valouses.
Arrivés au croisement qui mène soit au chalet Grande Enne soit au chalet Les Pralets, nous optons pour Les Pralets même si nous savons pertinemment que le sentier a été massacré par les engins d’exploitation forestière. Effectivement, deux grosses ornières défigurent le sentier, ornières boueuses et souvent remplies d’eau, où des branches éparpillées et laissées à l’abandon compliquent encore un peu plus la marche.
Le parking du chalet Les Pralets est encombré de voitures et la terrasse multicolore témoigne de la présence humaine.
Les yaks sont là. Quelles bêtes étranges ! Même si elles nous regardent d’un œil pas forcément très amical, nous restons un long moment à les contempler, une des bêtes étant plus particulièrement patiente et presque immobile.
Nous nous dirigeons vers notre sentier secret, celui qui permet de monter soit au Mont Sâla, soit au Mont Pelé.
Nous croisons deux randonneurs que nous saluons. Alors que nous les avons croisés depuis quelques secondes, nous entendons un loin un avertissement. « Attention aux vipères » nous crie la randonneuse. Cette petite phrase a un effet immédiat sur Stefano. Le rythme soutenu qu’il impose depuis notre départ ralentit instantanément. Il attrape deux cailloux et avance lentement, scannant les alentours : sa tête bouge à la manière d’un spectateur de match de tennis. Stefano n’aime pas les serpents : il n’en a pas un peur phobique mais il ne les aime pas, c’est tout ! Better safe than sorry, avons-nous l’habitude de dire. Je lui dis en rigolant : le jour où tu vas trop vite et que je ne peux plus te suivre, il suffira que je t’annonce que j’ai vu une vipère !
Plus nous avançons, plus nous nous rendons à l’évidence. Aux évidences même. D’abord, aucune vipère en vue et ça c’est tant mieux. Ensuite, le sentier que nous suivons n’est pas le bon. Confirmation est donnée par une consultation du GPS et nous obliquons vers le sud-ouest jusqu’à le retrouver.
Notre sentier secret et sa partie verticale à souhait.
C’est une première dans le sens de la montée : arrivés à la bifurcation qui mène soit au Mont Sâla, soit au Mont Pelé, nous partons vers le Mont Pelé.
Au loin, le Mont Sâla.
Arrivés au sommet, le soleil boude et reste caché un long moment. Mais nous, nous avons le temps et comme le plafond nuageux n’est pas homogène, tôt ou tard, il sortira.
Notre patience paye…
Ces petits arbres sont tout simplement fabuleux.
Nous partons ensuite vers le Cimetière des Bourguignons.
Le Net est très discret quant à ce lieu et malgré de nombreux googling, il m’a été impossible d’obtenir la moindre information historique sur cet endroit. Pourquoi s’appelle-t-il ainsi, que s’y est t-il passé ? Il y a pourtant une croix gravée et ce que nous pensons être une stèle…
… sans parler du magnifique petit étang artificiel.
Stefano a mentionné le Crêt des Danses et je suis toute surprise d’y arriver sans passer par la case « montée assassine ». Chemin faisant, nous dépassons deux jeunes aux vélos lourdement chargés, en train de les pousser. Ils ne sont pas certains de l’endroit où ils sont. Nous les aidons à se localiser sur leur carte qui, à cet endroit même, indique « mauvais chemin ». Ah, pour être un mauvais chemin à vélo, s’en est un ! Nous les laissons partir et arrivons à la croix du Crêt des Danses.
Et comme nous y sommes seuls, nous pique-niquons.
Vue sur le Creux du Crou depuis la descente vers le pâturage de La Baragne.
Le sentier nous promène dans un pâturage où toutes les souches d’arbre ont été brûlées.
Alors que nous traversons une zone légèrement boisée, nous entendons un bruit insolite. Une sorte de claquement répétitif, un son très bizarre. Nous nous arrêtons, nous penchant vers l’origine du bruit. Et c’est là que soudain un lièvre détale. Mais au lieu de s’éloigner de nous, il vient directement vers nous. Nous sommes pétrifiés par la surprise. Lorsque le lièvre arrive à environ 1.5 mètres de nous, il nous aperçoit, et sans interrompre sa course, fait un léger écart pour conserver une distance de sécurité. Nous le voyons bondir sur une plaque de neige, la traverser et disparaître enfin. Nous restons encore un instant immobiles.
Lorsque nous reprenons nos esprits, nous nous regardons les yeux ronds, encore incrédules. Puis chacun demande à l’autre de confirmer ce qu’il a vu. Lorsque nous sommes persuadés ne pas avoir rêvé nous commentons et revivons la scène à voix haute. Cette image du lièvre se précipitant vers nous restera gravée dans notre mémoire pour longtemps.
Et c’est ainsi que, ayant quitté le sentier, et recherchant un accès au pâturage de La Baragne, nous arrivons dans une clairière où trône un chalet privé.
C’est La Baragne Haute, située à 1457 mètres d’altitude.
Nous sommes encore sous le choc de notre rencontre avec le Bossu du Jura.
Arrivant sur le pâturage de La Baragne, un premier chalet, anonyme, nous attend.
Puis un second, au toit récemment refait à neuf, mais qui ne semble pas souvent occupé.
Et puis, bientôt, son toit orange se détachant sur le ciel bleu, notre chalet préféré, celui que nous appelons La Baragne.
Aujourd’hui, le ciel n’est pas franchement bleu et le contraste est moindre mais il reste magnifique.
Nous sommes toujours un peu attristés de penser qu’il semble vraiment ne plus être utilisé.
Nous avons accompli notre mission du jour. Il ne nous reste plus qu’à rentrer, si possible par le chemin le plus long.
Squelette de dinosaure (épine dorsale et côtes) rencontré alors que nous remontons vers le Creux de Neige.
Le Creux de Neige justement.
Un joli sentier nous ramène vers le pâturage du Couchant.
Arrivés là, nous avons l’option de descendre dans le pâturage et de le suivre en direction Des Begnignes ou de suivre la route qui longe le pâturage, derrière la crête nord.
Je propose la route, qui semble d’ailleurs sous surveillance.
Marchant allègrement, nous nous remémorons une balade, faite en fin d’hiver, où nous avions suivi un moment cette route, mais où les plaques de neige, encore nombreuses et profondes, nous avaient forcés à rebrousser chemin.
Aujourd’hui, quelques plaques de neige subsistent, mais elles sont petites et leur surface est dure.
Nous arrivons au refuge de La Pince Motte.
Comme écrit sur la fiche de ce refuge, sur le site Refuge.info, l’intérieur a été « stupidement tagué par des crétins congénitaux ». Nous n’aurions pu mieux dire.
Jugez par vous même !
Nous quittons la route pour un raccourci qui nous amène à un chalet privé surplombant le pâturage. Nous rencontrerons les propriétaires le 21 juillet suivant, pour apprendre que ce chalet à un nom : Le Fossile.
Il est plus joli de derrière. Sa face orientée sud est beaucoup moins gracieuse.
Les Begnignes.
Les poules sont dehors et caquettent joyeusement. Nous espérons que le gardien les rentre la nuit, sinon Maître Goupil risque bien de s’en faire un dîner.
Nous partons vers l’ouest, pour rejoindre le sentier qui descend vers Bassins via le Bois de la Bassine.
La combe… dans toute sa longueur et sa splendeur.
La descente est sans surprise mais agréable à souhait. Les clôtures se passent quelques fois avec difficulté.
Le sentier aux Lys Martagon.
Juste avant de rejoindre la route de La Bassine.
Le soleil va et vient…
La Fontaine des Rochers. De l’eau s’en échappe goutte à goutte.
Le chalet Le Crot, où les vaches paissent.
Nous regardons nos montres : 18h45 et pensons de concert : wow, la journée a passé tellement vite. Impossible d’ignorer La Pessette car la lumière est magnifique.
Toutes les places de camping du pâturage proche du chalet Le Bugnonet sont occupés. Volkswagen California (mon rêve), gros 4×4 avec tente sur le toit (on se croirait aux USA), caravane tant bien que mal calée dans la pente, tout y est.
Le Bugnonet.
A 19h20, c’est la dernière ligne droite : la voiture est au bout.
Pendant que nous changeons de chaussures, nous évoquons pour le nième fois notre rencontre avec le lièvre. Nous sommes encore émerveillés par cette rencontre aussi inattendue qu’extraordinaire. En quelques mois, nous avons fait trois rencontres avec un lièvre alors que, durant des années, nous avons pensé que la présence du lièvre dans le Jura était un mythe.
Ouf, la portière est indemne.
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Faune du jour
Anouchyak, le yak placide.
Flore du jour
Merci à Françoise M. pour son aide quant à l’identification de cette fleur (voir son excellent blog L’herbier numérique de foise)
Autoportraits du jour
Au Crêt des Danses.
Aux Begnines.