Nous n’aimons pas les échecs. C’est pourquoi nous n’avions pas mentionné dans un quelconque billet notre tentative ratée d’aller découvrir le Hunt Panel. C’était le 28 avril 2018.
Stefano avait bien une coordonnée GPS mais malgré une errance contrôlée puis incontrôlée au bas, sur les flancs, puis au pied de la falaise de la mesa, notre recherche fut vaine. Il ne restait plus qu’à ajouter Hunt Panel à notre liste de unfinished businesses. Ça arrive, même aux meilleurs, et comme nous ne sommes pas, et de loin, dans les meilleurs…
Courant du mois d’octobre de cette année, Stefano, en pleine préparation des itinéraires de vacances, m’avait montré une photo de Hunt Panel. Et nous étions arrivés à la conclusion que nous étions passés devant, oui oui, passés devant. Conclusion confirmée ce jour, où j’examine nos deux tracés, celui du jour et celui de 2018 : nous sommes mêmes passés entre l’arbre et la falaise. Un passage étroit d’un mètre. Encore fallait-il lever les yeux. Car oui, d’après les photos observées, Hunt Panel n’est pas à hauteur d’homme mais à 3 mètres de hauteur…
Donc, après notre exploration de Cedar Point, nous remontons par le Moki Dugway. Si la première fois nous avions été impressionnés, nous sommes maintenant habitués à ces lacets qui donnent dans le vide. Bon, il faut dire que, par rapport à la route qui mène à col du Nufenen, un col suisse que nous empruntons l’été pour aller au Tessin, le Moki Dugway c’est du petit lait. Mais, dociles, nous roulons à 15 mph, à la limite de vitesse autorisée.
Et donc nous sommes tout surpris de nous faire doubler par une voiture de location immatriculée en Californie et dont le conducteur se croit vraisemblablement sur un circuit d’essai. Il est encore au milieu de la route lorsqu’arrive, en sens inverse, au détour du virage, un truck lourdement chargé. Ça aurait vraiment pu mal se finir, surtout pour le truck, roulant du côté exposé. Cet incident nous met dans une rage folle, et nous nous imaginons rattraper le gars et lui mettre notre poing dans la figure, comme ça, sans avertissement. C’est improbable mais ça fait du bien.
Nous voilà garés, prêts pour une autre tentative…
À quelques mètres de la voiture, une carcasse de vache nous fait faire un détour.
Nous sommes bien au milieu de nulle part, exactement comme nous aimons.
Partis trop à l’ouest, nous arrivons au bord du canyon alors que celui-ce est déjà profond. Toute descente est impossible.
Une seule solution : repartir vers l’est, en suivant le rim sud jusqu’à trouver un endroit où traverser pour remonter de l’autre côté.
L’idée du jour est de longer le rim nord afin de voir si, du haut, nous pouvons apercevoir le panneau. Et si oui, peut-être trouverons-nous un moyen de descendre. Ça c’est la théorie, nous verrons ce que donne la pratique.
Arrivés à la pointe du rim, deux choses deviennent évidentes : nous n’avons pas vu le panneau et, dans le cas contraire, de toute manière, nous n’aurions pas pu descendre. Ça, c’est fait !
Nous faisons demi-tour, pour revenir à l’entrée du canyon.
Souhaitant rester le plus haut possible, au pied de la falaise, nous repérons le premier ledge et nous y dirigeons.
Ce pictogramme-là, nous l’avions vu l’année passée.
Notre avancée est lente car de la falaise sont tombés des rochers, rochers qui obstruent le passage. Et lorsque ces derniers nous laissent la voie libre, c’est la végétation qui a envahi l’espace.
Des impacts de boules de boue tapissent le plafond de cette alcôve.
Inaccessibles, des pétroglyphes presque sur le bord du rim.
Si, si, ils sont là.
Devant un passage particulièrement hostile, Stefano parle de descendre d’un niveau. Obstinée, je passe devant et me mets en mode spartan. J’ouvre la route, enjambant des rochers ou me glissant entre la falaise et la végétation. Quelques branches me lacèrent les mollets. Chaque mètre se gagne durement.
Devant, un sapin. Lorsque nous avions observé les photos, leur auteur parlait d’un arbre, marquant l’emplacement du Hunt Panel. Stefano le pointe du doigt en disant : c’est là.
Nous levons le nez et bingo, le panneau est là.
Wow, facile de comprendre pourquoi il nous a échappé l’année passée. Le vernis de la paroi ne commence qu’à près de trois mètres de hauteur !
Trouvé, nous l’avons trouvé. Maintenant il s’agit de ramener quelques photos.
Il s’agit bien d’une scène de chasse.
En regardant bien, ce panneau dépeint une belle boucherie.
(1) : la bête du centre (bison ? pronghorn ? cerf ?) est transpercée par quatre flèches ; celle sur la droite n’est guère plus chanceuse.
(2) : là également, le quadrupède du centre (peut-être un canidé : loup ? chacal ? renard ?) s’est reçu une flèche dans le museau.
(3) : à gauche, deux cerfs sont également blessés.
Je monte à l’arbre, histoire d’être en face des pétroglyphes. Mais comme j’ai une main occupée à me cramponner à une branche, la prise de vue n’est pas évidente. Et le résultat n’est pas meilleur qu’en bas.
C’est juste plus fun et surtout ça me permet de montrer à Stefano, que oui, je sais grimper aux arbres et que l’incident de l’année passée, ce fameux 28 avril 2018 (quelle coïncidence !), n’était qu’un coup de malchance.
Si si, c’est bien moi !
Pour le retour nous choisissons de descendre d’un ou deux niveaux pour éviter de devoir nous bagarrer avec la végétation.
Le soleil se rapproche de l’horizon. Il est 17h29.
Nous retrouvons la voiture intacte. Pas une vache à l’horizon (bon, à part celle desséchée sur le bord du chemin). Nous rentrerons par Blanding par la UT-261 en passant devant le Kane Gulch Ranger Station.
Nous roulons avec précaution, en dessous de la limite de vitesse autorisée car le crépuscule est l’heure des biches. Et puisque nous sommes bien décidés à fêter la découverte de Hunt Panel, nous nous arrêtons à la station service à l’embranchement de la UT-95 et de la Highway 191 que nous avons prise ce matin pour aller à Bluff, pour acheter un pack de Blue Moon.
28 avril 2018
Voici quelques photos de notre tentative de 2018.
Nous avions trouvé quelques pétroglyphes, en début de balade. Si mes souvenirs sont bons, pas très loin du pétroglyphe solitaire et rond qui doit être juste derrière l’arbre.
Comme quoi, nous n’étions pas rentrés à 100% bredouilles.
À la recherche du Hunt Panel. Nous avions fait plusieurs fois l’aller-retour, à des niveaux différents.
Au retour, un peu dépités mais contents de ne pas s’être faits mouiller.
Lonesome hiker.
C’est quand même joli un ciel avec des nuages…
Autoportraits du jour
We did it! Heureux comme deux randonneurs ayant trouvé ce qu’ils cherchaient.