Il est 8h30 et nous sommes dans les locaux du BLM. Qui sait ? Peut-être aurons-nous plus de chance qu’hier et pourrons-nous décrocher le précieux sésame pour The Wave.
Le bureau du BLM est plein… 65 personnes. Ça va être chaud !
Il y a de tout : des hikers et des vrais touristes, en jupes et sandales.
Chaque groupe remplit un formulaire en indiquant le nombre de personnes composant le groupe. Si le premier groupe tiré au sort comprend 10 personnes, eh bien, la loterie s’arrête nette, vue que 10 places sont disponibles par jour seulement.
Ensuite, chaque groupe se voit assigner un numéro (hier nous avons le no 11, aujourd’hui le no 4 – mais nous n’avons pas eu besoin de remplir une seconde fois le formulaire, vu que les rangers le conservent d’une nuit à l’autre). Aujourd’hui, il y a 28 groupes. 28 billes numérotées sont placées dans un panier que la ranger actionne à la main. Et lorsqu’une bille sort, et bien tous les membres du groupes correspondant au numéro reçoivent un permis.
Et nous, nous sortons bredouilles… Mais tant pis, car dehors, le ciel est bleu… oui bleu. 20% de chances de pluie seulement contre 100% les jours précédents.
Nous partons en direction de Mt Carmel puis de Zion. Initialement Observation Point était au programme mais nous options finalement pour le West Rim, sa source Cabin Springs et le Horse Pasture Plateau. Deux raisons : d’une part, la randonnée est plus longue et d’autre part plus photogénique.
Nous garons la voiture au visitor center et attrapons un navette qui nous emmène à l’arrêt du Grotto. Comme à l’accoutumée, la majeure partie des occupants du bus descendent à cet arrêt car c’est là que ce trouve le trailhead pour Angels Landing, le must hike de Zion que nous n’avons jamais fait.
Deux choses à regarder sur la photo suivante : 1/ le ciel, qui est bleu :-) 2/ Angels landing, ce gros rocher au centre.
Nous nous préparons psychologiquement pour une petite bavante. Nous savons que la montée est raide et pour être francs, nous nous réjouissons d’en baver un peu. Ce sera le vrai premier effort de nos vacances.
Avant même que la montée ne commence, nous nous arrêtons pour une séance photo avec Gédéon, qui se prête volontiers au jeu.
Les quelques premières centaines de mètres sont relativement plats. Nous marchons d’un bon pas, rythme que nous espérons garder même dans les switchbacks les plus assassins.
S’ensuivent 30 minutes de concentration extrême. C’est le temps qui nous faut pour monter au traihead de Angels Landing.
Deux jeunes s’accrochent à nous et je dois reconnaître que sur la seconde partie, cela m’a bien aidé. Je me suis interdit de ralentir, surtout dans les trois derniers virages où la pente est verticale !
Le canyon, creusé par la Virgin River.
Nous laissons la foule s’amuser à se faire peur et continuons en direction du West Rim, sur un joli sentier bien bétonné, héritage des CCC.
La montée se poursuit quelques minutes et nous arrivons sur un replat. Nous sommes trempés. Nous sentons la sueur couler sur le dos et les bras. Hum, que c’est bon un petit effort physique après quelque jour d’inactivité.
Derrière cette montagne, le West Rim. Mais pour arriver au pied de la falaise, il faut descendre, remonter, puis redescendre à nouveau.
Nous, ça nous convient bien. Nous sommes en manque de marche.
Le soleil s’est caché et le ciel vire au gris. Mais 20% de chance de pluie, ce n’est presque rien.
Nous sommes presque au pied de la falaise. J’avais pensé à mettre un t-shirt de rechange dans le fond de sac de Stefano mais évidemment pas pour moi. Son t-shirt trempé sèche sur son dos. Pas très esthétique, mais bon, efficace.
45 minutes plus tard, nous sommes sur le Horse Pasture Plateau. Il est 14h30. Trop tôt pour redescendre.
En 2012, nous avions fait le tour de Horse Pasture Plateau par un sentier qui mène aux 8 places de camping, éparpillées sur la mesa. Dans nos souvenirs ce loop était relativement court, le seul vrai souvenir étant la vue qui s’était offerte à nous de l’autre côté.
Nous décidons de renouveler l’expérience, mais cette fois commençons la boucle par l’autre côté.
Nous nous faisons dépasser par des trail runners. Ils courent et papotent, et seule une petite auréole de transpiration vient décorer leur t-shirt. Nous sommes rêveurs.
Chacune de ses mesas est un lost world. Aucun passage ne permet de communiquer entre elles et les animaux, si animaux il y a, se reproduisent entre eux. Pas bon pour la diversité génétique. À moins que les cigognes y amènent les bébés…
Nous marchons maintenant à un rythme soutenu car nous nous rendons compte que la fameuse boucle n’est pas si courte que cela.
Nous arrivons de l’autre côté de la mesa et retrouvons la vue que nous avions tant aimée : la face sauvage de Zion.
Nous nous donnons jusqu’à 15h30 pour trouver un bosquet d’arbre, là où il y a un panneau qui annonce une jonction. Nous accélérons encore le pas. Nous n’avons vraiment pas envie de faire demi-tour.
Yes… 15h30 et des poussières et nous trouvons notre bosquet. De là c’est de la descente via Telephone Canyon trail pour retrouver le bord de la mesa et le trail qui redescend.
Comme dans nos souvenirs, l’incendie qui a brûlé la forêt a laissé place à des buissons de chênes.
Par endroit, seules des fougères occupent l’espace.
Nous croisons un hiker solitaire. 16 ans, tout au plus. Le sourire lumineux et les yeux brillants. Il espère que le ciel sera dégagé cette nuit pour regarder les étoiles. Nous l’espérons pour lui également.
Lorsque nous arrivons au point de départ de la boucle, Stefano sort le logger et constate que cette dernière ne fait pas moins de 10 km. Ah ah ah ! :-D
Quand je pense qu’en 2012, à notre première tentative, nous avions dû faire demi-tour, Stefano n’étant vraiment pas à l’aise. Là, il est vraiment à l’aise, peut-être un peu trop. Je regrette l’époque où le vide lui faisait quelque chose…
Et voici la photo qu’il est en train de prendre avec son grand angle : magnifique vue sur les switchbacks du sentier.
A nouveau, nous ne pouvons qu’apprécier le travail des CCC. À l’époque, les marteaux-piqueurs n’existaient pas !
Le sentier taillé dans la roche et… le vide.
L’entrée de Behunin Canyon…
… là le canyon, dans toute sa splendeur.
18h… Nous sommes encore loin de la voiture mais l’idée d’y arriver à la nuit tombée nous séduit. Nous avons eu la même pensée, à quelques minutes d’intervalle : arrivée tardive à la voiture signifie que nous pourrons aller manger à Springdale, à notre restaurant mexicain favori, la Casa de Amigos.
Alors que nous avons eu droit à quelques dizaines de gouttes de pluie lorsque nous étions sur le plateau, le ciel semble se dégager.
Maître Corbeau et son fromage… J’essaie de me rappeler cette fable de La Fontaine. Crap, il me manque un vers ou deux, mais globalement, après plus de 40 ans, c’est pas mal. Ah, quelle belle machine que notre cerveau.
Nous sommes un peu préoccupés par l’heure de la dernière navette. Car l’idée de devoir retourner à pied au visitor center ne nous séduit pas forcément.
Mais lorsque nous arrivons près de Angels Landing, nous constatons qu’il y a encore des fous qui y montent et en descendent. Au pire, nous ne serons donc pas les seuls à rentrer à pied ! C’est toujours bien de partager son malheur.
Ah la descente ! Sur du goudron qui plus est ! Même avec de bonnes chaussures de marche, ce n’est pas vraiment un plaisir… Nous dépassons bon nombre de personne en basket et nous notons quelques regards envieux dirigés vers nos chaussures.
Nous arrivons au Grotto vers 18h45. Les navettes roulent encore, dans les deux sens. Dans la navette qui nous ramène au visitor center, nous discutons avec un charmant couple. Elle nous a entendu parler français et nous abordent en français, ayant vécu 10 ans à Paris. Ils habitent Chicago – IL mais ont un pied à terre à Scottsdale – AZ et en profite pour visiter la région. Lui est un fan de notre tennisman national, Roger Federer.
Comme prévu, nous allons manger à La Casa de Amigos. Nous mangeons dehors, fidèle à nos habitudes, même s’il fait un peu frais (bon, avouons aussi qu’il n’y avait pas de place à l’intérieur et qu’il nous aurait fallu attendre, ce que nous abhorrons.). Et comme d’habitude, nous commandons un Super Burrito.
Le ventre plein, nous rentrons à Kanab dans la nuit noire, en espérant ne pas rencontrer de trop près un cerf traversant la route.
Flore du jour
Autoportraits du jour
Après la première montée impitoyable, sur le replat.
Sur le Telephone Canyon Trail.
Dans la descente, non loin de l’entrée de Behunin Canyon.
A La Casa de Amigos.