Nous quittons la Moore Cutoff Road et empruntons la I-70, que nous quittons à la sortie dite de Temple Mountain Road puis revenons sur nos pas (sur nos roues serait plus exact) pendant quelques miles via une piste en assez bon état. Nous passons sous l’autoroute via un aménagement envahi par le sable, dont la première fonction est l’écoulement de l’eau, puis nous tournons vers la droite sur une piste pour jeep qui mène au Head of Sinbad Pictograph Panel.
En 2011, nous étions passé par là, lors de notre balade à The Blocks. Nous nous étions garés à proximité de Dutchmen Arch.
Nous nous arrêtons lorsque la piste devient chaotique et partons à pied, à travers la « steppe ».
Là non plus, rien ne pousse. Nous espérons que le temps ne se dégrade pas plus.
Nous y sommes. Le site est protégé par des barrières de bois, afin de garder le bétail et les quads à distance.
Regardez, entre les deux arbres. Ces formes peintes.
Celles-ci semblent avoir été peintes hier. Et pourtant. Elles ont plus de 3’000 ans. Les deux personnages ont les mains creuses, à quatre doigts. Celui de gauche semble mi-homme mi-animal, avec sa tête cornue, sa queue mais ses mains similaires à celle du personnage principal.
Je suis en train d’admirer ce dessin, la bouche ouverte, les yeux brillants d’émotions. Quelle finesse ! Quelle délicatesse ! Je pense à l’allitération : quels sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ? Oui oui, il s’agit bien d’un serpent, dont la langue pointe.
Je me retourne et que vois-je ? Stefano qui a pris ses quartiers dans l’arbre, perché sur une branche. Il me regarde, hilare, très fier de lui !
Le second bloc de peinture est tout aussi magnifique. C’est dommage qu’un des deux personnages ait moins résisté aux affres du temps.
Mais on y retrouve les serpents. Le personnage de droite en tient un dans la main. Et il en sort un de la bouche de celui de gauche. Entre les deux personnages, une série de formes peintes de blanc. Vu leur long cou, leur tête de petite taille et leur corps volumineux, je pencherais pour des oiseaux.
L’hypothèse qui avance que ces figures participeraient à une Danse des Serpents se défend tout à fait. La Hopi Snake Dance est une coutume encore pratiquée de nos jours par la tribu Hopi d’Arizona. Les participants dansent avec des serpents, venimeux ou non, enroulés autour du corps ou tenus dans la bouche.
Cette cérémonie est une danse pour la pluie, les serpents étant gardiens des sources et capables d’aller transmettre les prières du peuple Hopi sous terre, dans le UnderWorld, où vivent les dieux et les esprits des anciens.
Nous repartons vers la voiture espérant que les nuages retiennent la pluie pendant encore une heure. Un oiseau bleu joue avec nous, s’envolant sitôt juste avant que nous ayons pu faire le focus dessus.
Stefano avait encore un panneau à aller voir mais nous préférons le garder pour le lendemain ou le surlendemain. Nous reprenons la I-70 pour Green River qui sera cette fois notre destination finale d’aujourd’hui et notre camp de base pour les trois prochains jours. Pas de surprise quant à l’hôtel, c’est notre troisième séjour au Comfort Inn. Pas de surprise non plus quant à notre cantine : c’est le Tamarisk Restaurant, où nous n’avons jamais été déçus. Quelques fois l’attente y fut longue mais aujourd’hui, nous sommes tout de suite menés à notre table. La salle a été redécorée mais la nourriture y est toujours aussi délicieuse et le buffet de salades toujours aussi bien assorti.