Griessee et la cabane Corno Gries

Belle randonnée au départ de All’Acqua sur un sentier qui nous fait cheminer non loin de la route du col du Nufenen avant de bifurquer vers la capanna Corno Gries. Nous suivons ensuite le val Corno pour arriver au-dessus du Grienssee. Nous rentrerons par la capanna Corno Gries puis par le passo San Giacomo.

En arrivant à Cioss Prato, nous avons droit au troupeau de vaches qui traverse la rue. Nous venions de nous faire doubler un peu hardiment par une BMW pressée, que nous retrouvons au feu rouge, à 20 cm de notre parechoc. Nous voyons son conducteur s’impatienter au bout de la 20ème vache, puis gesticuler au bout de la 30ème, d’autant que les dernières prennent leur temps, voire campent au milieu de la route. Le feu passe au vert mais la voie n’est pas libre… Puis le feu passe au rouge. Et encore au vert… Et encore au rouge. Enfin la route se libère. La belle BMW blanche démarre au quart de tour. La bouse de vache gicle sur le bas de caisse.  Nous sommes hilares.

Comme hier, nous nous arrêtons à All’Aqua. Le copain Pössl est là. Tandis que nous nous préparons, les propriétaires arrivent. Nous nous saluons. Ils ont vu passer la voiture aisément reconnaissable avec son petit randonneur, depuis la terrasse du restaurant où ils buvaient le café. Du coup, ils nous font visiter leur château, nous donnent quelques recommandations pour l’achat de notre future maison sur roue. Eux montent à la cabane Piansecco puis au petit lac au pied du glacier. Ils nous proposent de se joindre à eux. Mais Stefano a son plan déjà tracé et nous déclinons l’invitation. D’autant qu’ils attendent d’autres compagnons.

En descendant vers le torrent Tessin, un autre troupeau de vaches transhume vers le pâturage du jour. Et pour leur permettre de traverser la route du col du Nufenen sans danger, un berger y plante deux cônes rouges. Là encore, les automobilistes et les motards devront faire preuve de patience… Le troupeau s’étire sur une centaine de mètres.

Un peu de brume flotte sur le sommet. Les premières centaines de mètres se font sur le même sentier qu’hier.

Un rocher, une plaque. Allez savoir quel drame s’est joué ici…

Alors qu’hier nous avions commencé à monter sitôt passé le riale di Val d’Ogia, nous restons parallèles au torrent Tessin et à la route.

Nous nous en éloignons un peu et le sentier se rétrécit. Bordé par une végétation dense, nous nous faisons piéger à deux reprises, posant le pied un peu en dehors de la sente et ne trouvant rien en dessous pour prendre appui. Heureusement, à chaque fois, nos bâtons nous sauvent la mise.

Un homme vêtu d’une veste bleue à la capuche relevée vient vers nous. Ce n’est autre que notre sonneur de cloche d’hier, qui aurait dû passer la nuit au bord d’un des deux laghi Boden mais qui s’est fait chasser par les moustiques. Je lui demande si je peux toucher sa veste qui m’intrigue. Avec la chaleur ambiante, il est surprenant de voir quelqu’un avec un hoodie à manche longue. Après recherche, il s’agit bien d’une veste spécialement conçue par Montbell pour ce type de temps : la Monbell Cool Parka.

Aujourd’hui encore, je marche sur un sentier moult fois convoité. Si on ne le voit pas de la route, à l’inverse de celui qui monte vers le Distelsee, le pan de montagne sur lequel nous évoluons a frappé plusieurs fois mon imaginaire. Une pente abrupte, surmontée de montagnes découpées en dents de scie.

Le seul bémol, mais il est petit, est le bruit des voitures, que le rugissement de l’eau du torrent n’arrive pas à couvrir entièrement.

Une jolie cabane, à Paltano.

En face, la Cantina di Cruina.

Nous voyons maintenant notre première étape : la capanna Corno-Gries, pile au centre, sur la crête, de la photo ci-dessous.

Le sentier nous rapproche de la route, si près que nous pouvons même la toucher.

Un enfant ou grand enfant a laissé sa trace !

Nous sommes à 1 heure de notre première étape : la capanna Corno Gries. Devant nous, la première montée digne de ce nom de la journée. Nous trouvons une fontaine (ou un abreuvoir, c’est selon) avec de l’eau vive et testons notre dernière acquisition – une gourde filtrante -. Ah, une bonne goulée l’eau fraîche, que c’est bon ! Alors que nous nous rafraichissons, un groupe de séniors nous dépasse. C’est l’anniversaire de deux d’entre eux et ils montent à la cabane pour fêter. Le meneur est un grand gars fit, les autres un peu moins. Nous les retrouverons dans la montée, c’est certain.

Effectivement, à mi-chemin, le groupe s’est étiré. Ils papotent à bâton rompu mais n’avancent pas trop. C’est ça, le principe de la randonnée plaisir, me direz-vous. Exactement !

Dernier petit raidillon qui cache la cabane. La crête de montagnes, sur la droite, flirte avec les 3000 mètres.

Trois, deux, un… elle est là !

Un vaisseau spatial posé sur la montagne. Ou, comme certains la nomme, la « Tour de contrôle des Alpes ».

Le sentier continue le long du Val Corno.

L’histoire de la capanna Corno Gries commence en tant que baraque militaire, achetée en 1920 pour 1’000 CHF par la section Leventina du CAS. Sa capacité de 10 lits passa à 60 en 1926. Après des agrandissements successifs, en 2007, l’architecte Silvano Caccia lui donna la forme qu’on lui connaît.

Devant nous, un paysage minéral et encore quelques névés.

Nous arrivons à la hauteur d’un lac, que Suisse Topo n’a pas jugé nécessaire de nommer. Peut-être qu’il n’est là que durant la fonte des neiges. Allez savoir !

Un peu plus loin, le passo del Corno. Puis, le sentier se surélève et serpente sur la crête de petites collines. La sente qui part à gauche, sur le flanc de la montagne, se dirige vers le passo del Gries.

Puis, devant nous, le Griessee, au pied du glacier éponyme.

Au bout du lac, le barrage et les éoliennes, maintes fois contemplées depuis la route qui monte au col du Nufenen.

Stefano m’a toujours promis que nous viendrions ici un jour et aujourd’hui, c’est chose faite !

Quatre éoliennes qui ont fait couler beaucoup d’encre et qui sont encore aujourd’hui décriées. Commencé en 2011 avec l’installation d’une seule éolienne, le parc éolien de Griess fut complété par 3 autres hélices inaugurées en 2016. Premier parc éolien du Valais, il produit certes moins que prévu, la faute au gel, à la densité de l’air, aux vents capricieux mais injecte néanmoins de 5 à 7 GWh par an.

Nous nous interrogeons sur la taille de ces machines. Stefano avance 100 mètres de haut. Je tempère avec 50 mètres. Une recherche confirmera que Stefano était proche de la réalité : la hauteur du moyeu se situe à 85 mètres et le diamètre des rotors est de 92 mètres. Soit environ une longueur de 45 mètres pour chaque pale.

Nous cherchons activement un coin pour piqueniquer. Tranquille si possible. Et pittoresque. La tranquillité n’est pas gagnée car les promeneurs, partis du col du Nufenen, sont nombreux à venir contempler le barrage et le lac.

Le pied des éoliennes nous semble le plus propice même si l’adjectif pittoresque est discutable. Quoique, pour nous, elles ne défigurent pas le paysage, déjà bien abîmé par les lignes à haute-tension et la route du col qui taillade la montagne.

Nous suivons une piste caillouteuse qui passe d’éolienne en éolienne, en permettant la maintenance. Nous investissons un replat herbeux devant une petite baraque de bois, dont la fonction est incertaine. Devant nous, à une dizaine de mètre, une éolienne. Le bruit des pales fait penser au vol d’un immense oiseau. C’est beau mais en même temps oppressant car démesuré. Je suis contente de repartir et de m’éloigner de ces géantes.

Nous devons revenir à la capanna Corno Gries. Par le même chemin car il n’y a aucune alternative. Si ce n’est de faire une petite boucle qui passe par le haut, avant de rejoindre le sentier, à mi-longueur du lac sans nom.

Une brève descente sur un névé nous ramène sur le sentier emprunté ce matin, décoré de nombreux cairns.

Les pentes de la montagne Scaglia di Corno.

Le vaisseau spatial, posé au milieu de nulle part.

La fête d’anniversaire bat son plein. Un groupe de randonneur que nous avons près du passo del Corno s’est joint au groupe rencontré ce matin. Le terre-plein, en contrebas de la cabane, grouille de monde. Des chiens aboient et courent d’un convive à l’autre. Sur la terrasse de la cabane, des randonneurs sirotent des boissons. Nous pensons un instant à nous joindre à eux, histoire de sponsoriser les commerces locaux mais l’heure tardive nous en dissuade.

Nous poursuivons notre randonnée en direction du passo San Giacomo. Nous voyons le sentier fuir le long de la montagne puis disparaître avant le col.

Deux fleurs bleues, isolées, accrochent nos yeux. C’est Stefano qui les voit en premier. Elles ressemblent aux colombines d’Utah, abstraction faite de la couleur.  Je suis tout excitée… une fleur inconnue qui se révélera n’être « qu’une » ancolie des Alpes. C’est alors que je ferai le parallèle avec l’ancolie commune, bien répandue dans le Jura, qui, bien que plus petite et de couleur différente, a la même forme : de grands sépales bleus également de la couleur des pétales, ces derniers prolongés inférieurement d’un éperon.

Ancolie des Alpes - Aquilegia Alpina
Ancolie des Alpes – Aquilegia Alpina

Nous repartons et la conversation s’éteint. Je pose alors une question à Stefano qui me répond par une monosyllabe. Avant de rajouter : « je me concentre ». Je regarde sur ma gauche et constate qu’effectivement le sentier semble suspendu au-dessus du vide.

Heureusement, le passage un peu exposé est assez court. Le sentier arrive dans un alpage, qui n’est autre que l’alpe San Giacomo. Nous retournons voir la jolie chapelle qui n’a guère changé depuis hier.

Cependant, nous choisissons de descendre par un autre itinéraire qu’hier. Le sentier choisi est parallèle riale di Val d’Olgia, que nous entendons par intermittence, lorsque le bruit de la route ne prend pas le dessus.

Près d’un chalet d’alpage où le bétail semble ne plus venir, une mare d’une couleur suspecte.

Le sentier, certes plus raide, reste néanmoins très agréable, grâce aux grands lacets qui adoucissent la pente. Il continue ainsi lorsque nous dépassons la ligne des arbres pour rentrer dans la forêt de mélèzes.

Arrivés sur le parking, nous retrouvons les deux tessinois propriétaire du copain Pössl. Ils viennent nous raconter brièvement leur excursion au Gerenpass et nous encourage à tenter cette randonnée. Ils ont encore les yeux qui brillent des merveilles rencontrées.

Itinéraire du jour

C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.

Flore du jour

Arméria des Alpes - Armeria Alpina
Arméria des Alpes – Armeria Alpina
Arméria des Alpes - Armeria Alpina
Arméria des Alpes – Armeria Alpina
Silène Acaule - Silene Acaulis
Silène Acaule – Silene Acaulis
Aster des Alpes - Aster Alpinus
Aster des Alpes – Aster Alpinus
Aster des Alpes - Aster Alpinus
Aster des Alpes – Aster Alpinus
Pédiculaire de Kerner - Pedicularis Kerneri Dalla Torre
Pédiculaire de Kerner – Pedicularis Kerneri Dalla Torre
Pulsatille soufrée - Pulsatilla Alpina subsp. apiifolia
Pulsatille soufrée – Pulsatilla Alpina subsp. apiifolia
Silène Acaule - Silene Acaulis
Silène Acaule – Silene Acaulis

Melting pot!

Silène Acaule - Silene Acaulis
Silène Acaule – Silene Acaulis
Renoncule Alpestre - Ranunculus Alpestris
Renoncule Alpestre – Ranunculus Alpestris
Renoncule Alpestre - Ranunculus Alpestris
Renoncule Alpestre – Ranunculus Alpestris
Sainfoin des Alpes - Hedysarum Hedysaroides
Sainfoin des Alpes – Hedysarum Hedysaroides
Sainfoin des Alpes - Hedysarum Hedysaroides
Sainfoin des Alpes – Hedysarum Hedysaroides
Ancolie des Alpes - Aquilegia Alpina
Ancolie des Alpes – Aquilegia Alpina

Autoportraits du jour

A la capanna Corno Gries.

Le long du val Corno. Un pieu de bois invite à l’autoportrait assisté.

Au-dessus du Griessee.

Ne cherchez pas, la photo n’est pas droite.

A la chapelle du passo San Giacomo.

Pareil. J’ai préféré couper nos cous plutôt que la croix du clocher.

Références externes

Français
Avatar for Marie-Catherine

À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

Galerie d’images