Gorges de Piottino – Gola del Piottino

C’est un peu par hasard que notre balade se termine par les gorges de PiottinoGola del Piottino -, sur un chemin construit à la fin du Moyen Age pour acheminer les marchandises entre le nord et le sud. Le fleuve Tessin, qui à cet endroit n’est qu’un torrent impétueux prisonnier de l’étroitesse des falaises, s’est creusé, au fil du temps, un passage dans le granit et ce n’est qu’en 1500 que les premiers Uranais s’aventurèrent à y construire un passage.

Nous laissons la voiture sur un parking, à la sortie du tunnel qui permet aux automobilistes de franchir ces gorges. C’est dans ces environs que la route cantonale croise, à plusieurs reprises, l’ancienne route cantonale. On y trouve des ponts désaffectés et des sections de routes goudronnées qui vont nulle part.

L’objectif du jour est d’aller à Osco puis de revenir à la voiture par un itinéraire parallèle à celui de l’aller, mais plus élevé.

Nous traversons la route, puis le fleuve Tessin et attrapons le sentier n°7, dans sa portion Rodi-Lavorgo. Nous sommes dans la forêt où quelques branches commencent à verdir. Les oiseaux sont enthousiastes et leur chant parvient même à couvrir le rugissement de l’eau, rebondissant d’un rocher à l’autre. Les arbres s’ouvrent sur une clairière où des ânes, curieux de nature, stoppent net leurs occupations pour venir s’agglutiner près de la clôture d’où nous les appelons.

Zut, nous avons encore oublié de mettre quelques carottes dans nos sacs à dos qui, ce matin, nous semblent déjà peser plus d’une tonne ! Les baudets ont tôt fait de deviner que rien ne viendra égayer leur pitance habituelle.

A cet endroit, l’autoroute est perchée sur un haut viaduc – viadotto della Piota Negra -, surplombant largement le fond de la vallée.

Marquage jaune et noir, avec lequel nous sommes familier.

Après une traversée d’ouest en est, un virage nous fait repartir vers l’ouest où s’ouvre une grande zone de prairie. L’itinéraire se poursuit sur une route, la strèda di Scamoi.

Nous traversons une série de bourgs et de lieux dits : Döu, Mezzavia, Foppa, Brusgnano et Freggio.

La zone est agricole et les fermes nombreuses.

Pardel, le goudron fait place à deux ornières.

A Osco, l’objectif du jour, nous réalisons que le sentier choisit pour l’itinéraire du retour est fermé pour cause de travaux de réfection. Sa réouverture est prévue le 4 avril. Dans 4 malheureux jours. Dans le Jura, nous aurions certainement bravé l’interdiction, certains de trouver un chemin alternatif lors d’un passage impossible. Mais ici, nous ne sommes encore que des newbies et nous nous penchons sur le GPS pour imaginer une alternative.  Une option est de descendre jusqu’à Mairengo avant de remonter et retrouver le sentier, après la section fermée. Descendre, remonter, hum, ce sont des mots qui pour moi ne vont pas bien ensemble, surtout dans une même phrase. L’autre option est de rejoindre Faido pour remonter sur l’autre versant de la vallée, passer par Dalpe pour redescendre enfin vers la voiture. Descente, montée, redescente. Là encore ce n’est pas une bonne combinaison de mots mais l’idée d’explorer l’autre versant de la vallée est si excitante qu’elle me fait oublier le vicieux assemblage des mots.

De Osco, le sentier, sans grand intérêt, coupe les virages de la route. Depuis Marengo, il descend tout droit pour arriver sur les hauteurs de Faido où il disparaît au profit de la route. Nous traversons la voie ferrée – par un passage sous-voies – ainsi que le village avant d’enjamber le fleuve Tessin. A proximité, un grand terrain de jeux où plusieurs familles se sont réunies pour un pique-nique dominical. De grosses baffles diffusent du reggaeton. Adultes et enfants tapent dans un ballon. De l’autre du fleuve, la montée commence sur une route. Après quelques lacets, un sentier s’en détache et nous hisse dans la forêt.

Encore un sentier des anciens, lance Stefano à la vue des marches de pierre et des amas de cailloux accumulés pour solidifier des passages fragiles.

La déclivité est parfois importante mais la variété du terrain rend l’effort facile. Nous arrivons à Piana Selva en même temps qu’une cabine suspendue à un fil. Une dame en sort, endimanchée, un sac de course à la main et se dirige, toute pimpante et guillerette vers l’entrée de la maison. L’été, il est possible d’y séjourner et les hôtes peuvent même profiter d’une piscine.

Le sentier arrive dans une zone marécageuse.

L’endroit est magnifique.

Je ne sais quel mot employer pour désigner le relief recouvrant le marais ou la tourbière. Un « touradon » désigne, dans une zone marécageuse, une microforme en butte ou en mottes de 40 centimètres à 1 mètre de haut. Ici, nous sommes loin des 40 cm requis pour l’usage du mot. Un « mottureau » désigne un type de microrelief où alternent des monticules végétalisés et des dépressions. Là encore, le terme ne s’applique pas car les buttes ne sont pas terreuses. Que dire alors ? Rien, simplement que le résultat du travail de Dame Nature est splendide.

L’enchantement continue lorsque le sentier se rapproche du torrent Piumogna. Lui aussi a profondément creusé son lit dans la roche. La surface de quelques marmites de géant est recouverte de mousse vert éclatant qui donne à l’eau qui y coule la même couleur. L’endroit est véritablement magique.

La rivière est plus sage en amont, juste avant l’arrivée à Dalpe.

J’avais naïvement pensé que les maisons seraient orientées vers la vallée. Il n’en est rien. Elles font face au sud, au flanc des montagnes du même versant. La vue sur le pizzo delle Löite, la cima del Lambro ou le pizzo del Lambro est imprenable.

Nous faisons une petite pause près de l’église.

Notre balade n’est de loin pas finie. Ce qui n’est d’ailleurs pas pour nous déplaire. Il nous faut maintenant rejoindre le village de Prato, puis celui de Morasco avant d’arriver au bâtiment Dazio Grande et de nous engager dans les gorges de Piottino.

En passant sous les fils du tire-fesse de Prato – depuis longtemps arrêté -, nous avons une superbe vue sur le lac de retenue de Rodi, le village de Prato et, plus loin, la balafre de la conduite forcée et des rails du funiculaire qui monte au Ritom.

Nous marchons sur le bord de la route, faute d’autre alternative. Juste après Prato, un pont de style roman, un four à chaux et une église forment un bel alignement.

Le pont permettait de relier Faido au col du St Gothard, via Piana Serva et le Dazio, le point de contrôle d’accès, là où étaient payées les taxes de passage. Mais cet itinéraire perdit de son importance avec la construction d’une route plus courte reliant les deux points. Le four, quant à lui, encore en fonction au début des années 1900, produisant la chaux nécessaire à la consolidation des bâtiments, à leur isolation, assurant également la salubrité des locaux. L’église de S. Giorgio, enfin, fut construite au 17ème siècle sur les ruines d’une église romane référencée dès 1210. Le clocher est d’origine.

Nous voilà aux portes des gorges de Piottino !

A l’entrée des gorges, la route cantonale, la voie de chemin de fer, les 4 voies de l’autoroute et le sentier s’entremêlent. Nous retrouvons le sentier n°7.

Joyeux comme des enfants à la veille des vacances d’été, nous nous engageons sur le sentier qui n’est en fait que l’ancienne route, dont des portions recouvrent des segments de route encore plus anciens.

En sortant de la gorge, nous apercevons le parking et la voiture. Nous rentrons par la cantonale. En sortant du tunnel, je regarde avec plus d’attention que d’habitude le Dazio Grande. Géré par les Uranais pendant plus de 3 siècles, son exploitation ne s’interrompit même pas lors de la création du canton du Tessin en 1803. A sa fonction originelle de poste de douane vint s’ajouter la fonction d’hospitalité. En plus d’y accueillir les hommes, c’est ici que les animaux de bât étaient interchangées. L’ouverture de la ligne ferroviaire du St Gothard en 1882 signa le début le déclin du lieu.

Flore du jour

Saule à grandes Feuilles - Salix Appendiculata
Saule à grandes Feuilles – Salix Appendiculata
Pétasite Blanc - Petasites Albus
Pétasite Blanc – Petasites Albus
Anémone Hépatique – Hepatica Nobilis
Anémone Hépatique – Hepatica Nobilis

Itinéraire du jour

C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.

Autoportraits du jour

En descendant vers Prato.

Avatar for Marie-Catherine

À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

Galerie d’images