À 5h30, le réveil sonne, histoire de ne pas perdre les bonnes habitudes et surtout de profiter un max de notre première journée de randonnée, ici à Glacier National Park. Stefano a prévu d’attraper la première navette de 7h au visitor center, navette qui nous mènera au Logan Pass. De là, nous marcherons sur le Highline Trail, le sentier le plus aimé du parc, pour redescendre à The Loop.
Tout un programme !
Une navette peut contenir 12 places et les 12 places sont prises lorsque le chauffeur démarre.
Nous discutons avec un monsieur de Spokane qui est, a priori à la retraite, et voyage pas mal. Nous échangeons quelques conseils, parlons de coins communs que nous avons visités. Il fait partie d’un groupe de 6 personnes, 3 couples, dont son frère et sa femme. Nous trouvons sympa l’idée de passer du temps avec sa famille tout en restant actif.
Lorsque son frère a besoin de lumière supplémentaire pour lire une carte, il sort de son sac à dos une frontale. Stefano et moi le regardons avec un grand sourire. Ouf, nous ne sommes donc pas les seuls randonneurs à avoir ce genre d’accessoire dans notre sac à dos. Vu la taille de son sac, il doit avoir à peu près le même type de « fond de sac » que nous : trousse de secours, couverture de survie, frontale (bien sûr), protection pour la pluie, une ou deux couches de réserve, gants, nourriture et eau en quantité plus que suffisante. Nous nous avons en plus nos objectifs (aujourd’hui j’en ai deux de réserve) et nos appareils photo.
À Logan Pass, un côté du ciel est bleu et même si l’air est trouble, nous distinguons plus que des ombres.
Les Two Swiss Hikers en phase de préparation.
Le trailhead est encombré lorsque nous arrivons à proximité.
L’heure est aux portraits de groupe. Nous en profitons pour ajouter un autoportrait (qui n’est pas vraiment auto, mais bon, une fois n’est pas coutume) à notre collection.
Le sentier est parallèle à la route sur sa première section.
Après une courte descente, nous arrivons à un passage assez aérien : le sentier a été creusé dans la roche et fait un peu moins d’un mètre de large. Un mètre c’est beaucoup me direz-vous. En fait, non, surtout lorsque, il y a un vide d’une cinquantaine de mètres avec une arrivée prévue sur la route.
Stefano me dira qu’il n’a même pas senti un gli-gli au ventre.
Le sentier continue ensuite dans une forêt, composée principalement de sapins. Des effluves de bois brûlés nous caressent les narines.
S’ensuit la traversée d’une pente herbeuse et caillouteuse au terme de laquelle nous faisons notre première pause Clif bar.
Stefano fait la moue : son tuyau de CamelBak est trop court. Tuyau trop court dans certains cas, trop long dans d’autres, c’est l’histoire de sa vie.
Nous continuons ainsi, alternant marches dans la forêt ou traversées de pentes herbeuses.
Au loin, Occio di falco aperçoit une chèvre de montagne, les fameuses moutain goats, emblème du parc. Mais pas de photo montrable, malheureusement.
Stefano en train de prendre ladite photo. Il faut imaginer que les chèvres sont sur la rocaille, que l’on voit tout au fond, sous la barre rocheuse. Car ces chèvres n’aiment pas la facilité. Ce qu’elles aiment se sont les barrières rocheuses, où aucun prédateur ne peut les menacer.
Au loin, le Haystack Pass, le col qui sépare The Garden Wall de la Haystack Butte.
Avec, à la clé, les premiers rayons de soleil. Ici, la séparation entre l’ombre et la lumière. Et, notre première montée du jour se profile à l’horizon. Chic !
Un rocher plat sert de terrasse à deux (ou plus) Columbian ground squirrels qui sont clairement habitués à la présence d’humains.
Au loin, un troupeau de mouflons paît tranquillement. Trop loin pour les prendre en photo et en plus ils ne nous montrent que leurs fesses.
Nous attaquons la montée. Pas bien méchante, elle ne nous coûte pas même une goutte de transpiration. Quel bonheur de faire un effort physique sans suer comme des porcs après la première seconde !
En premier plan, à droite, des Fireseeds. Ce sont les premières plantes (et ici en l’occurrence fleurs) à repousser après un incendie.
Au col… Sous un ciel franchement bleu.
Le col, vu de l’autre côté.
S’ensuivent de longues traversées où la vue est vraiment magnifique ponctuées de passage dans la végétation.
Soudain, un bruit nous arrête.
D’abord, c’est un bruit de végétation froissée puis une sorte de gloussement. Des oiseaux qui ressemblent furieusement à des perdrix se gavent de huckleberries.
Ah, ces sont des rock ptarmigans !
Elles ne sont pas farouches et nous ne sommes pas certains qu’elles puissent voler.
L’air s’opacifie tout doucement, voilant de plus en plus le soleil. Et les montagnes ne sont plus que des ombres chinoises.
Le sentier continue ainsi, sur le flanc de The Garden Wall, souvent plat, avec la parfaite combinaison de petites descentes / montées pour rompre la monotonie.
Quelques passages un peu plus exposés dans la rocaille achèvent de rendre la balade tout simplement parfaite.
Au détour du sentier, affalées sur un rocher chauffé par le soleil, deux marmottes. Elles ne daignent même pas tourner la tête à notre approche.
La plus maligne a choisi un rocher à proximité d’un buisson. Elle n’a même pas besoin de se déplacer pour se nourrir. Le garde-manger est à portée de bouche.
Compte tenu de ce que nous racontent les randonneurs croisés, nous devons nous estimer heureux de distinguer l’ombre des montagnes.
Nous arrivons sur une longue ligne droite.
Un chalet se profile, sur un promontoire.
Au terme de cette ligne droite, une jonction permet une petite escapade, histoire d’aller voir un glacier, ou plutôt de le surplomber. Wow… Nous avons déjà parcouru quelques 10 km.
Le sentier s’appelle Garden Wall Trail et l’overlook est annoncé à 1 km. Autant dire pas grand chose.
Nous nous engageons d’un pas confiant. Nous ne voyons que les premières centaines de mètres.
Nous devons contourner une marmotte, qui n’a visiblement aucune intention de se déplacer.
Je me retourne. Nous avons déjà parcouru un bon bout, je dirais la moitié. Le chalet dont je parlais précédemment est visible.
Les 500 derniers mètres sont une véritable bavante. Ça monte, et plutôt sec. Nous sommes en nage. Je suis très concentrée à faire en sorte de garder mon cardio dans des limites raisonnables mais je dois quand même admettre qu’il y a eu un peu de huffing and puffing.
Mais en même temps, cette sensation d’effort physique en plein air, par une température décente, quel bonheur !
Nous ne sommes pas loin du col. Le vent souffle et prudents, nous profitons d’un recoin abrité pour enfiler nos Gore-Tex.
Bien nous en prend. En passant le coude, le vent redouble de violence et se rafraîchit brusquement.
Voici Grinnell Lake et son glacier du même nom.
Au bout de cette crête, le Mount Gould.
Nous suivons un faint trail partant sur la droite qui nous permet d’admirer le lac dans son entier. Plusieurs icebergs y flottent.
Derrière Stefano, au bout de cette crête, le Mount Grinnell.
Pour ma plus grande joie, Stefano m’assure qu’une des balades prévues est d’aller au bord du lac. Il faudra pour cela attendre que nous traversions le parc et allions dormir deux nuits à proximité de Many Glacier.
Fidèles à la tradition, nous envoyons notre message SPOT du jour…
… et entamons le retour vers le Highline Trail.
Nous faisons une mini pause à la jonction.
Un petit écureuil vient rôder autour de nous histoire de voir s’il peut attraper quelques miettes de nos Clif Bars. Mais nous, question bouffe, nous sommes un peu comme la fourmi : nous ne partageons pas. Nous avons néanmoins bonne conscience car une des règles des parcs nationaux est de ne jamais nourrir la faune sauvage. Malgré le fait que cet écureuil ait oublié d’être sauvage.
Au loin, Granite Park Chalet.
Stefano en train de prendre une photo d’une fiu-fiu, une Arnica des montagnes.
Le chalet est composé de 3 bâtiments, sans compter une cahute qui abrite les toilettes.
Le bâtiment principal abrite une cantine-cafétéria et quelques chambres ou dortoirs à l’étage.
Il y a ensuite un bâtiment composé uniquement de dortoirs…
Et un bâtiment technique, dans lequel nous apercevons un ranger.
Le Glacier Overlook Trail, dans toute sa splendeur.
Nous reprenons notre marche.
Il ne nous reste plus qu’à descendre à The Loop, histoire d’attraper une navette qui nous ramènera à la voiture. La distance à parcourir est de 6 km, le tout en descente. Nous savons à quoi nous attendre.
Ces arbres morts sont bizarres : leurs branches se sont repliées vers le tronc, en arc de cercle.
La première partie de la descente se fait dans une forêt.
Mais très vite, la forêt fait place aux restes d’une forêt, carbonisée par un feu qui l’a ravagée en 2003.
Le sol est recouvert de végétation, principalement des feuillus. Quelque sapins ont repoussé mais pas en nombre suffisant pour que l’on puisse parler de forêt.
L’air est encore plus trouble, malgré le vent violent qui souffle.
En passant au travers des branches des arbres morts, il génère des sifflements voire des hurlements. Parfois, nous avons l’impression d’entendre des cris d’enfants.
Nous comprenons comment, autrefois, les gens pouvaient imaginer que les forêts étaient hantées ou maudites.
Tiens, malgré le soleil, nous sentons quelques gouttes de pluie. Il y a donc des nuages, en plus de la fumée…
Nous dépassons le groupe de 6 personnes rencontré dans la navette ce matin. Des cris d’enfants sur un roller coster, me confirme une des dames.
La descente continue, égale à elle-même.
Je crois bien que j’ai une ampoule sur le gros orteil droit. Je sens un picotement à chaque pas. Bah, on verra. Mais je suis confiante. Aucune ampoule ne peut résister à un Compeed et un peu de Tensoplast pour tenir le tout. La recette magique, le duo de choc.
Nous arrivons à The Loop vers 17h00.
La première navette est pleine. Nous attendons la seconde que nous prendrons avec notre groupe de 6 personnes. Mais là, point de bavardage : nous somnolons la majeure partie du trajet et je crois bien même que j’ai dormi quelques minutes.
Nous arrivons à notre petite cabine heureux et fourbus.
Nous options pour la carte de la proximité et renonçons à prendre la voiture pour aller chercher une autre cantine ; nous marchons les 100 mètres qui nous sépare du restaurant, nous installons sur la terrasse, comme hier et commandons… la même chose ! Pourquoi faire compliqué lorsqu’on peut faire simple, hein ? La seule différence est la musique : hier, un peu rock, aujourd’hui plutôt blues.
À 9 heures, nous éteignons les lumières et nous endormons du sommeil du randonneur fatigué.
Faune du jour
Flore du jour
Autoportraits du jour
Au départ du sentier.
Au Glacier Overlook.