Pour la deuxième partie de la journée, Stefano a prévu d’explorer Fort Pearce Wash pour découvrir les quelques panneaux de pétroglyphes qu’il recèle, et terminer ensuite avec le Red Man Panel.
Après avoir quitté Little Black Mountain, nous remontons vers le nord, repassons en Utah et rejoignons la I-15 avant d’attraper la South Parkway 7 puis la Warner Valley road et rejoindre enfin le parking de Fort Pearce.
Tout ça bien sûr à l’aide du GPS, qui, pour la petite histoire, a été changé cette année, peu avant notre départ. Notre TomTom acheté en 2007, et toujours valide, a été mis à la retraite bien méritée, prêt à être remis service à la moindre défaillance du petit jeune. Même après plusieurs chutes (la ventouse ayant tendance à se détacher par temps froid), il ne nous a jamais lâché, nous laissant un brin étonnés. L’obsolescence programmée ne doit pas être pratiquée par TomTom.
Le point de départ du sentier sont les ruines d’un ancien fort, Fort Pearce, construit en 1870 durant la Guerre de Black Hawk (en anglais), pour protéger une source fournissant de l’eau à longueur d’année. La protéger de qui ? Je me demande bien. Des natives, aux terres spoliées par le gouvernement américain, qui non content de les parquer dans des réserves arides, souhaitait également les priver de l’accès aux ressources d’eau.
Nous gardons la « visite » du fort pour le retour, visite qui sera très rapide car 1/les ruines de cette époque ne nous intéressent que moyennement 2/il n’y a que 4 murs de moins de 2 mètres de hauteur.
Rapide semble aussi le maître mot d’un couple qui nous rejoint et nous dépasse à vive allure. Le sentier, à cet endroit, se perd dans le wash et sa végétation est dense, constituée de sagebrush et de tamarisk.
Elle me fait penser une pile électrique qui vient d’être chargée. Nous la voyons se baisser et s’enfoncer, tête en avant entre deux tamarisks. Très vite, nous la voyons reculer, en gardant la même posture, les fesses en l’air, se rendant compte trop tard que le sentier n’est pas là où elle pensait. C’est assez comique à voir et nous ne nous gênons pas pour sourire. L’air de rien, elle regarde autour d’elle afin de prendre la bonne direction.
Nous ralentissons, histoire de les laisser s’éloigner et de nous retrouver seuls. Car nous, nous aimons la solitude.
Très rapidement, nous trouvons un premier rocher et un premier panneau de pétroglyphes.
Necklace Rock
Nous avons quitté le wash pour nous mettre à l’abri de sa végétation hostile.
Pourquoi Necklace Rock ? Tout simplement à cause des deux dessins qui représentent des colliers et marquent ainsi l’appartenance de l’artiste au Necklace clan.
Cet agrandissement montre les deux colliers, dessinés très certainement à la même époque car leur coloration est la même. Pour comparaison, le symbole, situé à droite du collier le plus à droite apparaît plus clair, moins patiné, donc plus récent.
Flat Rock
Un peu plus loin, toujours dans les éboulis, un rocher à plat, d’où son nom.
On retrouve un collier et un spring man, une forme anthropomorphique de laquelle semble couler de l’eau.
High panel
Nous continuons vers notre but mais toujours hors du wash, en hauteur, cherchant notre chemin dans les éboulis.
Le site de High panel est constitué en réalité de 4 panneaux différents, situés à quelques dizaines de mètres les uns des autres, au pied de la falaise, le dernier niveau avant le sommet de la mesa.
Très proche de ce bel ensemble de lignes parallèles, d’autres formes, difficilement interprétables. Si quand même, il y a 2 petites chèvres sur la droite.
Un peu plus à droite, d’autres pétroglyphes. La petite chèvre (à droite ci-dessous, à gauche ci-dessous) permet de faire le lien.
En voici une vue globale, ce que nous appelons entre nous « le contexte ».
Nous décidons de suivre le pied de la falaise. Même si la marche n’est pas aisée, c’est là que nous risquons le plus de belles rencontres.
Là, deux pétroglyphes distincts ; les petites chèvres ont été gravées très très haut sur la paroi.
Passent quelques dizaines de mètres où les rochers sont vides. Serait-on arrivés au bout ? Non car bientôt se dévoile ceci…
Nous qui ne pensions trouver qu’un bonhomme, rouge, grand, et solitaire au cours de notre balade.
Les lignes brisées et ondulées dominent. Compte tenu des différences de teinte de patine, deux époques semblent cohabiter.
Nous fouillons encore un peu les alentours mais nous ne trouvons plus rien. Continuant le long de la falaise, nous attrapons un sentier qui descend de la mesa. Nous y discernons des traces de pneus de motos… D’ailleurs en parlant d’engins motorisés, le silence est fréquemment troublé par le bruit de moteurs. De l’autre côté du wash, côté sud, il y a une piste et quads et side by side s’en donnent à cœur joie.
Nous retrouvons nos deux randonneurs : ils ont rebroussé chemin, ne sachant pas où trouver Red Man panel. Comme Stefano sait plus ou moins où il se trouve, ils décident de nous suivre.
Stefano l’aperçoit très vite, au loin.
Nous les laissons partir devant, préférant suivre un vague sentier. Le terrain est accidenté et nous devons nous forcer à regarder où nous mettons les pieds plutôt que de regarder The Red Man qu’on commence à bien distinguer.
Tadam ! Le voici.
Pour être solitaire, il l’est, même si, sur sa droite, il semble y avoir des restes de pigments rouges.
Quant à sa taille, même imposante, il reste plus petit que moi. Certaines descriptions trouvées nous avaient promis un bonhomme énoooooooooooooooooorme.
Grand ou moins grand, il est magnifique avec ses mains et ses pieds aux cinq doigts bien distincts et son bonnet de joker.
La vue depuis Red Man panel.
Bon, ben voilà. Objectif atteint pour notre seconde activité de la journée. Reste à aller jeter un coup d’œil à Fort Pearce.
Une dernière photo (nous avons coutume de dire que nous ne savons pas si ou quand nous reviendrons) et nous voilà partis sur le chemin du retour.
Nous retrouvons le sentier aux traces de motos et décidons de le suivre pour rejoindre la mesa.
Même si plus monotone, le retour sera plus aisé et rapide.
Seuls au monde.
Les quatre murs de Fort Pearce. Avec la lune, s’il vous plaît !
Nous arrivons à la voiture un peu avant 5 heures, ayant devant nous 3 bons quarts d’heure de soleil. Nous prenons donc notre temps, dépoussiérons soigneusement les chaussures et faisons sécher nos chaussettes sur un mur aux pierres bien chaudes. Je m’allonge un moment et reste ainsi, les yeux ouverts fixés sur le ciel bleu, sans penser à rien, mais de belles images plein les yeux.
Nous rentrons pour la dernière fois à l’hôtel. Demain, nous partons pour Torrey. Et pour y aller, nous avons une étape qui peut être Bryce Canyon ou Parowan Gap. La nuit porte conseil, dit-on.
Ce soir, nous allons manger au Panda Garden, un chinois. Les portions sont énormes, si énormes que nous en emportons la moitié. Mais qu’est-ce que c’est bon !
Autoportraits du jour
Je commence par lequel ? Allez celui où Stefano fait la moue : les autoportraits, c’est toujours un grand moment de stress. Moi, ça me fait hurler de rire.
Vient ensuite celui où nous essayons tant bien que mal de capturer The Red Man Panel. Deux ou trois essais sont nécessaires mais le résultat est là.