First – Faulhorn – Schynige Platte pour être exact. Nous l’avions rêvé lors de notre séjour de septembre. Une belle randonnée, sans difficulté particulière malgré quelques passages enneigés et glissants. Nous allons vérifier que le chocolat chaud du restaurant au Faulhorn est toujours aussi bon.
Réglés comme des montres suisses, nous montons dans le bus de 8h36. Grindelwald se réveille.
A la gare routière, des groupes de randonneurs attendent les bus qui les monteront qui à Bussalp, qui à Grosse Scheidegg. Nous suivons la rue principale. Des enfants, sac sur le dos, prennent le chemin de l’école. Tout le monde se salue. Grüezi mitenand, Guete Morge ou tout simplement Hallo. Un Morgen ou Morge peut suffire aussi. Les options sont nombreuses. Aucune excuse pour ne pas faire preuve de courtoisie.
Nous montons dans une télécabine en direction de First. Nous sommes tout excités à l’idée de notre balade du jour. Elle était au planning du notre séjour de mois de septembre dernier, mais pour diverses raisons, elle n’a pu se faire.
A First, le soleil n’est pas encore franc mais les taches de ciel bleu ont tendance à s’agrandir. C’est qu’aujourd’hui doit être la plus belle journée de notre séjour. Alors nous espérons vraiment un ciel bleu et beaucoup beaucoup de soleil. Nous avons une revanche à prendre : hier nous n’avons pas bougé de la maison. Enfin, presque pas : nous sommes allés à Grindelwald faire quelques courses. Aller-retour à pied, histoire de mériter un tant soit peu le dîner. Une carotte cuite à la vapeur aurait pur faire l’affaire mais j’ai eu pitié de Stefano. J’y ai rajouté un filet d’huile d’olive ! Mais, non, je rigole…
Nous marchons sur le sentier que nous commençons à bien connaître, celui qui va à Bachsee. Première photo du jour à la Gummihitta.
Il n’y a pas grand monde mais deux randonneurs nous précèdent. Nous distinguons leurs silhouettes, au loin.
Le Bachsee n’a rien d’un miroir aujourd’hui. Les eaux sont agitées.
Hum… Quelqu’un a parlé de la plus belle journée de la semaine ?
Stefano, qui n’a pas pris son grand angle, s’est éloigné pour prendre de la hauteur en me disant : c’est le grand angle du pauvre. Le résultat est là… Le lac est entier.
Pendant que je suis en train d’essayer de trouver un angle intéressant, un jeune couple arrive et engage la conversation avec Stefano. Il me dira plus tard qu’ils veulent aller à Grosse Scheidegg par le sentier que nous avons emprunté le mois passé. Elle porte des chaussures de trail running, qui ne sont que des baskets améliorées et ils n’ont pas de bâtons. Stefano leur a dit que ce n’est pas forcément une bonne idée. Ils partent néanmoins. Nous les suivons. Nous verrons bien s’ils s’entêtent.
Mes jambes, mes poumons et mon cœur ont dû se fâcher durant la nuit car ils n’arrivent pas à se mettre d’accord. Je ne sais pas qui à commencer la querelle mais le résultat est là. Ça pétouille. Je reste donc particulièrement silencieuse durant la montée. Stefano, à l’aise, chantonne.
Une fine couche de neige est tombée cette nuit. Nous sommes à 2’265 mètres d’altitude.
En arrivant à Burgihitta, nous apercevons nos deux randonneurs partir sur la droite, en direction de Grosse Scheidegg. Nous hochons la tête et espérons qu’ils galèrent juste ce qu’il faut afin que ça leur serve de leçon.
Je suis tellement concentrée sur mes pas que le Faulhorn arrive plus vite que prévu. Notre itinéraire passe en contrebas du restaurant. Stefano me demande si je souhaite pousser jusqu’en haut. Oui, oui, dis-je. Allons boire un chocolat chaud avec de la chantilly afin de contribuer à l’économie locale.
Les draps sèchent au grand air. Le drapeau a disparu. Décroché ou envolé, on ne saura jamais.
En entrant dans le restaurant, nous avons droit à un « You’re back! » chaleureux. Ça fait toujours plaisir. Sans être rempli, les clients sont plus nombreux que lors de notre dernier passage. Tant mieux pour eux. La carte indique que la fin de saison est proche et que tous les mets ne sont pas forcément disponibles. Mais heureusement, le lait, le chocolat en poudre et la chantilly ne sont pas épuisés. Les toilettes sont fermées pour cause de gel.
Puisqu’il fait beau – c’est la troisième fois que nous venons ici mais la première fois qu’il fait beau – nous décidons de pousser jusqu’au vrai somment du Faulhorn.
Pssst… Y’a la lune, vous la voyez ?
De là, nous avons une belle vue sur le Wildgärst et le Scharzhoren (sans « t », hein Alain ;-) ). Nous avons une rapide pensée pour nos deux randonneurs.
Côté nord, il y a également un joli panorama sur le lac de Brienz et la chaîne de montagne qui le surplombe. Montagnes un poil moins élevées que là où nous sommes, si l’on en juge par la quantité de neige.
Et c’est parti pour la descente de la butte, afin de rattraper le sentier qui mène à Schynige Platte, sentier que nous n’avons jamais encore foulé.
La première portion est un joli dévers, avec une belle couche de neige accumulée par le vent.
Les bâtons nous aident grandement à rester en équilibre, surtout lorsqu’un pied s’enfonce soudainement dans une trace pourtant existante.
C’est là que nous réalisons que nous aurions pu descendre par un autre chemin. On le voit, il dessine des « Z » sur le mamelon.
Notre itinéraire longe la crête.
Un sentier descend vers le Schwabhoren, pour ce terminer à Iseltwald, où nous sommes d’ailleurs allés, par un matin brumeux de mois de septembre, avec l’idée d’admirer un château qui, privé, est en réalité à l’abri des regards.
Marchant toujours sur la crête, nous surplombons maintenant un pâturage au milieu duquel trône un petit lac : Sägistalsee. De là où nous sommes il n’est pas encore très photogénique. Patience, donc.
Par contre, ici, nous avons le Faulhorn et le Schwabhoren, cette dent acérée qui émerge de la crête.
La neige est bien présente.
Nous arrivons au dessus du restaurant Männdlenen.
Le sentier qui y descend est un peu étroit et la neige, exposée plein sud, commence méchamment à se transformer.
Néanmoins, la vue est incroyable. Cette zone de roche grise est le prolongement de la zone que nous avions vu lors de notre randonnée au Wildgärst. La roche est disposée en plaque, plaques zébrées de striures blanches du plus bel effet.
Le restaurant Männdlenen. Pas forcément très esthétique. Nous renonçons à notre contribution à l’économie locale. En continuant sur la gauche, il serait possible de rejoindre Burglauenen, petit village que nous traversons en train lorsque nous allons vers Interlaken. Si petit, le village, que l’arrêt est sur demande.
Après le restaurant, la marche devient chaotique. La neige se transforme en eau sous nos pas. Ça glisse, ça gicle et ça mouille. Mes chaussures en cuir, même avec leur membrane Gore-Tex, commencent à se gorger d’eau.
Nous longeons un moment cette barre de roches grises dont je parlais précédemment. Sous la neige l’effet wow est un peu moindre mais reste étonnant.
Nous sommes tout contents d’arriver à un lieu-dit Gotthard car, à partir de là, nous sommes à l’ombre. Et qui dit ombre dit neige non transformée.
Sans être aérien, le chemin requiert de l’attention et nous évaluons soigneusement chacun de nos pas.
Le sentier évolue à flanc de montagne.
Nous avons encore une belle vue sur Sägistalsee et nous commençons à mieux discerner Schynige Platte.
Nous retrouvons la lumière. A partir de là, nous commençons véritablement la descente.
Et bien évidemment, avec la perte d’altitude, la quantité de neige diminue. Jacques de La Palice n’aurait pas dit mieux.
Et nous, nous sommes contents de marcher sur un sol ferme, même si encore bien mouillé voire boueux des jours de pluie précédents.
Nous arrivons à l’endroit où nous avions rebroussé chemin, en septembre dernier. Depuis que nous sommes partis, nous nous répétons que, effectivement, ça n’aurait pas été une bonne idée de poursuivre avec Luana, qui n’aime pas le vide. Comme là, par exemple.
Nous accélérons le pas pour arriver à la gare avant 17h. Nous sommes en terrain connu, il n’y a plus de surprise. Nous optons pour l’itinéraire du bas, le plus court et surtout le plus tranquille. Il y a encore pas mal de monde qui déambule sur l’itinéraire qui passe par la crête.
Notre idée de descendre à pied a été reléguée au placard par l’heure tardive. Tant pis, ce sera pour une autre fois. Les quais de la gare sont noirs de monde. Mince, nous qui pensions pouvoir trouver un compartiment pour nous tout seuls. Espoir vain. Nous nous retrouvons serrés comme des sardines dans un compartiment de 8, les sacs à dos sur nos genoux, le dos face à la descente. Nous nous estimons heureux, certains sont restés sur le quai, faute de place.
Une fois assis, nous n’avons plus qu’une seule alternative : tenter de somnoler pour que le temps passe plus vite. Notre stratagème ne marche qu’a moitié. Nos têtes dodelinent, sans appui. Le sommeil ne vient pas et les minutes s’enchaînent. Mais tout est une question de temps, avons-nous coutume de dire. La pente s’aplanit et nous voici arrivés à Wilderswil.
La foule s’éparpillent et le train pour Grindelwald est quasiment vide. A Grindelwald, nous attrapons le bus qui nous dépose devant le chalet. Vive les correspondances bien organisées.
Itinéraire du billet
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
Au vrai sommet du Faulhorn.
Nous avons une petite pensée pour Luana qui ne jure que par des vêtements sombres (gris ou noirs) pour être certaines de ne pas faire de faute de goût en assortissant les couleurs. Nous, nous sommes plutôt de l’avis contraire : plus il y a de couleurs, plus on est content. Même si là, en l’occurrence, les 10’000 teintes de vert sont un peu too much.
Quelque part entre le Faulhorn et le restaurant Männdlenen.
Après le Gotthard, en arrivant au soleil.