Aujourd’hui, nous allons découvrir une nouvelle partie de la Cedar Mesa. Le programme prévu par Stefano est une boucle : rejoindre Slickhorn Canyon par sa première fourche (First Fork) où nous devrions trouver un kiva en parfait état, quelques ruines et des pétroglyphes, puis de le parcourir un peu, avant de remonter par sa seconde fourche (Second Fork) et rejoindre ensuite la voiture.
Nous soignons toujours les piqûres des no-see-ums. Hier soir nous sommes allés acheter un demi-gallon de vinaigre blanc. C’est un des remèdes trouvés sur le web contre les démangeaisons. Notre nuit fût meilleure que la précédente, ce qui n’était vraiment pas difficile. Entre hier et ce matin, nous nous sommes aspergés à plusieurs reprises.
De Blanding, nous prenons la Highway 95 pour bifurquer sur la SR-261 vers le sud, passer la Kane Gulch Ranger Station et rouler encore quelques kilomètres vers Muley Point.
Nous quittons la SR-261 pour une piste qui s’avère très roulante jusqu’à ce que elle devienne un peu trop sablonneuse à notre gré. Comme nous ne sommes pas loin du trailhead, nous nous garons sur le premier emplacement disponible.
Nous commençons la descente du First Fork en suivant le wash, nous enfonçant tout doucement dans le canyon.
Au fur et à mesure de notre progression, les parois latérales grandissent. Un énorme pour-off nous oblige a grimper sur le ridge pour le contourner.
Sans être réellement exposés au vide, nous marchons néanmoins avec précaution.
Très vite, nous repérons des ruines sur le côté opposé. Même si elles sont à l’ombre et difficilement discernables, ces knolls (monticules) nous ont mis la puce à l’oreille. Les Anasazis favorisaient ce type d’emplacement.
Non ce n’est pas celui-là.
Ce sont ces deux-là. En regardant bien, sous chacun des monticules se tapit une petite construction.
Mais pour l’heure, notre objectif est de redescendre au fond du canyon.
Heureusement quelques cairns indiquent la direction générale car la descente est assez ardue et technique, tant par la pente que par la nature du terrain. Certains petits pans de slick rock nous donnent du fil à retordre.
Au fois en bas, que faisons nous ? Ben, nous remontons de l’autre côté car c’est par là que se trouve un kiva parfaitement conservé, appelé de surcroît Perfect Kiva… Le BLM s’est contenté de mettre à l’abri l’échelle originale en la replaçant par une copie.
Et évidemment, un kiva n’est jamais seul.
A part une pièce dont les murs se sont écroulés mais que nous localisons facilement grâce à la partie de roche recouverte de suie, les autres constructions sont dans un état de conservation excellent.
Ce petit grenier semble avoir été construit hier.
Une boîte du BLM contient un peu de documentation.
Les Anasazis avaient un certain sens pratique, tel que le démontrent ces pierres plates, utilisées dans la construction de cette pièce.
Lorsque je disais que nous étions remontés de l’autre côté du canyon, c’est effectivement le cas. Le site se situe sur le second ledge à partir du rim.
Un ghost wall marque l’emplacement d’une pièce, aujourd’hui disparue.
Nous trouvons beaucoup de poterie, donc des morceaux de taille respectable.
Le Perfect Kiva. Il est bien évidemment interdit de marcher sur son toit, matérialisé par le cercle de pierre.
Nous y descendons à tour de rôle : l’échelle (1), un échantillon du toit noirci par la suie (2) et le sipapu (3).
Cachés en hauteur, les seuls pictogrammes du site.
Difficile de ne pas interpréter le dessin du haut comme un serpent. Dessous, des mains, avec les paumes dessinées en spirale. Les Anasazis faisaient déjà des dessins abstraits.
Nous suivons le ridge, jusqu’au moment où nous ne pouvons plus avancer. Nous sommes certains qu’il y a encore des choses cachées.
Nous discutons de la suite de notre randonnée. Les ruines que nous avons vues tout à l’heure (celles sous les knolls) sont accessibles et nous sommes vraiment tentés d’aller les voir de plus près. Nous renonçons donc à poursuivre notre descente vers Slickhorn Canyon.
La prochaine étape consiste à monter sur le prochain ledge, le dernier avant d’arriver sur le rim. Il n’est pas loin. Peut-être cinq mètres plus haut, pas plus. Stefano, qui comme toujours a passé des soirées entières à préparer nos randonnées, sait exactement où trouver le passage. Il sait également ce qui nous attend. Une faille dans la roche, haute de 3 mètres environ, qu’il nous faudra passer coûte que coûte.
La faille est vraiment étroite et nous devons nous débarrasser de nos sacs.
Stefano passe en premier, traînant derrière lui un bout de corde. Je suis toujours épatée par son habileté. En quelques secondes, il a réussi trouver les prises qui lui permettent d’atteindre le rebord de la faille. Il hisse ensuite les deux sacs à dos. Reste la partie la plus drôle. Réussir à faire monter le balenottero azzurro, c’est à dire moi. Non seulement je suis moins agile que Stefano et en plus je suis courte sur pattes. Néanmoins, avec l’aide d’une main amicale, je parviens à me hisser.
Nous avons le sourire jusqu’aux oreilles. Nous adorons ces passages techniques. D’autant que pour celui-là, le risque est proche de 0.
Nous voici sur le ledge.
Il n’y a plus qu’à remonter le First Fork.
Nous prenons notre temps, n’hésitant pas à faire des détours et des zigzags afin de nous assurer que nous ne manquons aucune ruine, petit grenier, pictogramme ou pétroglyphe.
Et bientôt, nous y sommes… Voici le premier knoll…
et le second.
Les constructions sont parfaitement conservées.
Bien à l’abri dans leur niche, les éléments naturels les ont épargnées.
Sous l’autre knoll, ce sont plutôt des petits greniers.
Ici aussi, des pierres plates font partie de la composition des murs.
Nous ne regrettons vraiment pas d’avoir choisi l’option de venir visiter ces ruines.
Nous quittons les lieux et cherchons un chemin pour passer le dernier ledge et arriver ainsi sur le rim. De là, nous devrions trouver un sentier qui nous ramènera vers la voiture.
… « des nuages blancs, signe de beau temps ».
Et comme il est encore tôt lorsque nous arrivons à la voiture, Stefano me propose d’aller voir des ruines à Lower Mule Canyon.