Récit de notre descente infructueuse vers l’Escalante River par le Fence Canyon, à la recherche de Golden Cathedral, un amphithéâtre naturel avec des trous au plafond creusés par les eaux.
Ce matin, réveil aux aurores après une bonne nuit de sommeil. Et ce, même si la journée d’hier a été physiquement assez light…
Petit déjeuner au Subway local, même menu qu’hier, même si nous nous sommes rendus compte que dès 9h30 (soit à peine 2h30 après), nous avons déjà faim. Vive ce qu’on appelle communément la “junk food ».
Nous faisons part de notre destination du jour, l’Escalante River par Fence Canyon, à nos hôtes, qui semblent un peu inquiets de nous voir partir ainsi à l’aventure.
Fence Canyon est en fait un canyon qui était utilisé en son temps comme corral pour le bétail. Une barrière empêchait simplement le bétail de sortir et les vaches pouvaient ainsi y passer l’été, l’eau de l’Escalante River y étant abondante, de même que la végétation.
Nous sortons d’Escalante direction Boulder et empruntons très vite la Hole in the Rock Road, une piste relativement roulante, sur environ 26 km, puis tournons à gauche et empruntons la Egypt Road, une autre piste un peu moins roulante, et qui passe au milieu de nulle part.
En tout, nous roulons près de 50 km, soit environ 1h30.
Arrivés au départ du trail, nous y retrouvons un couple, logeant également au Padre Motel. Nous les laissons partir, nous préparons tranquillement et entamons la descente vers la rivière. Il n’y a pas vraiment de sentier (nous marchons sur la roche), seuls quelques cairns donnent grossièrement les directions principales.
La descente est interminable et plus nous descendons plus je m’inquiète quant au retour … Nous prenons soin de faire des photos de notre point de départ, histoire d’être capables de retrouver le chemin du retour, ou au moins la voiture…
À rappeler que nous disposons tout de même d’un GPS avec cartes de la région, mais bon, on ne sait jamais.
La voiture est là haut, tout là haut !!!
Et nous, nous descendons là, tout là bas !!!!
À un certain point, nous trouvons un sentier qui nous amène … à un cul de sac.
Ou, autrement dit un à-pic au bord duquel il ne vaut pas mieux trop s’approcher.
Nous faisons donc demi-tour (pas trop le choix) et contournons l’obstacle par la gauche pour arriver enfin à la rivière.
Nous y retrouvons les vestiges d’une cabane et d’une barrière que nous utilisons pour faire sécher chemise et tee-shirt. Première pause Clif Bar. Il doit être 10h30.
Il faut se rendre à l’évidence. Si nous voulons aller plus loin, nous devons traverser la rivière. Une seule solution : chausser nos baskets amenées spécialement pour l’occasion.
Nous savons qu’elles ne rentreront pas avec nous à Genève. Pour ma part, ce sont mes toutes premières Nike Shocks, achetées il y a plus de 5 ans. Pour Stefano, ce sont des New Balance qui ont bien vécu…
Et moi je suis aux anges. C’est l’aventure, avec un grand A… Stefano se munit d’un bâton, histoire de sonder la profondeur de l’eau et la solidité du fond. C’est la différence entre lui et moi… Moi, je n’y aurais même pas pensé et aurais foncé tête baissée.
Nos premiers pas dans l’eau…
Le plus difficile n’est pas de traverser la rivière c’est de se frayer un chemin sur la rive opposée, envahie par les tamaris.
Nous nous rendons vite compte que nous devrons sans cesse alterner traversée de rivière et marche sur un sol sablonneux pour progresser.
Notre prochain but est un lieu appelé Golden Cathedral.
Nous suivons la rivière en recherchant un canyon s’enfonçant dans les terres vers la droite. La progression n’est pas facile : le sol est sablonneux, nous devons traverser fréquemment la rivière, la longer, voire marcher dedans lorsque les rives sont impraticables à cause de la végétation dense et inamicale (ça pique !).
Nous traversons une zone de tamaris très dense et en ressortons avec des centaines de petites araignées sur les bras, le cou et les tee-shirts… Charmant.
Bon, elles ne font que 2 à 3 mm de long, mais il y en vraiment beaucoup !
Il est presque 14 heures lorsque nous trouvons le canyon qui doit nous conduire vers Golden Cathedral.
Nous nous donnons 1 heure pour la trouver. Il y a tout le chemin du retour et comme dit précédemment, je suis super inquiète à cause de la remontée vers la voiture : vais-je y arriver ?
Le paysage est magnifique. Mais, au terme de l’heure allouée, point de Golden Cathedral.
Il faut dire aussi que nous n’avons pas vraiment une idée précise de son emplacement, et donc de la distance à parcourir. Nous décidons donc sagement de rebrousser chemin.
Faites donc un petit tour ici pour voir ce que nous avons raté… Dommage, n’est-ce pas ?
Le retour vers Fence Canyon est un peu plus pénible que l’aller : nous sommes pieds nus dans nos baskets pleines de sable, les jambes sont toutes écorchées et… la fatigue se fait sentir.
Cela ne nous empêche pas de nous exclamer régulièrement quant à la beauté du paysage.
Il faut dire que les conditions météo sont irréprochables.
Nous traversons pour la dernière fois la rivière et pouvons ainsi remettre avec plaisir nos bonnes vieilles chaussures de randonnée.
Stefano qui se rend bien compte de mon appréhension de la montée à venir me propose un petit challenge : il est 16h15, si nous arrivons à la voiture avant 17h45, c’est lui qui paie à manger ce soir.
Je le prends pour un fou. Il prévoit 1h30 de montée. Pour moi il y en a au moins pour 3h ! Deux Clif Bars plus tard, je me raisonne en me disant que finalement, il n’y en aura que pour 2h55 !
Mais bon, c’est parti. Je me cale dans les pas de Stefano et ne pense plus qu’à une chose : poser mon pied immédiatement après le sien. Sans me poser de question, sans regarder autour de moi. Sans doute ai-je raté de magnifiques photos d’autant que la lumière est maintenant éclatante. Le soleil se rapproche tout doucement de l’horizon. Physiquement c’est moins terrible que je le pensais. Je suis la première surprise lorsque Stefano me dit que nous sommes à quelques mètres de la voiture. Il est 17h35.
Yes! I did it!
Fence Canyon, c’est là bas, tout en bas, quelque part…
Nous reprenons Egypt Road pour rentrer au motel.
À l’aller, à cet endroit précis, ce matin nous avons croisé un bus VW. Quelques minutes auparavant, nous venions d’ailleurs de plaisanter en disant que c’était un des seuls endroits sur terre où ne ne verrions probablement jamais un de ces vieux bus VW, ancêtre du camping car…
Le soleil rase l’horizon.
C’est beau, hein ? Ces petits nuages me font penser à des OVNI.
Nous allons dîner à notre cantine locale et commentons avec enthousiasme et les yeux brillants notre aventure du jour.
C’était vraiment une superbe expérience !