La journée d’hier, 27 décembre 2019, fut une journée pivot dans les activités des Two Swiss Hikers. Nous ajoutons à la liste de nos activités celle du ski de randonnée nordique.
Notre intérêt pour le ski de randonnée nordique date du 24 décembre 2012, date à laquelle nous avions rencontré des randonneurs pratiquant cette discipline. C’était aux Monts de Bière Devant. Sortant du mur de neige montant jusqu’à l’avant-toit du chalet et terminant à peine une raclette, ils nous avaient demandé si nous « étions punis ». Devant nos sourcils levés en signe d’interrogation, ils avaient pointé nos raquettes, tout en chaussant leur skis.
L’année passée, un couple de randonneurs croisés au-dessus du Pré de St-Livres nous avait également fait envie, tellement envie que, ne résistant plus, j’avais craqué pour un équipement complet acheté Aux Rousses, chez Jean-Prost Sports (Intersport). Après deux ou trois sorties en semaine et en solo, j’étais convaincue que cette activité serait une alternative parfaite à la raquette. Devant mes récits enthousiastes faits les yeux encore brillants de l’expérience, l’idée a fait son chemin et Stefano s’est décidé cette année à acheter le matériel.
Et comme Simon, un collègue de travail, a également fait le pas en famille, nous nous sommes tous retrouvés hier Aux Rousses pour une séance d’initiation, à deux doigts d’être annulée, d’ailleurs, pour cause de météo exécrable. Même avec une promesse d’amélioration pour l’après-midi, nous sommes partis de la maison pour Les Rousses sous la pluie, la mort dans l’âme. Les conditions d’enneigement sur place étant insuffisantes, nous nous sommes entassés dans un van et avons démarré la balade au Col du Marchairuz. Grâce à Simon qui « a le bras long et connaît des gens », la pluie s’est arrêtée et le ciel s’est entre-ouvert. Éric, notre moniteur enthousiaste de la Boîte à Montagne, nous a baladés entre les sapins, loin des sentiers battus, partageant quelques conseils, nous encourageant à tester des descentes courtes mais raides, le tout dans la bonne humeur et sans contrainte.
Dès le lendemain (donc aujourd’hui), mis en confiance, nous tentons une sortie à partir de La maison du Cantonnier.
Derniers ajustements avant le chaussage des skis.
La couche de neige est importante, même s’il a plu récemment.
Nous sommes les premiers à passer par ici depuis les dernières chutes de neige. Mais la neige, croûtée sur 4 ou 5 centimètres, rend la tâche du traceur difficile et il est nécessaire de soulever chaque ski pour écraser la neige.
Par solidarité, je me déporte, pour également faire ma trace : c’est toujours mieux de « peiner » à deux.
Après quinze minutes, nous nous rendons compte que nous aurions dû prendre les peaux. Hier, la neige était collante et mouillée, permettant aux écailles de faire leur travail même avec une belle déclivité. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Fainéants (et sachant très bien que nous allons le regretter pour les heures qui viennent), nous renonçons à faire demi-tour pour aller les chercher. De cette manière, la leçon portera ses fruits et l’erreur ne se reproduira pas de sitôt. Learning the hard way, comme ils disent.
Le Chalet Neuf.
Un joli arbre, près du Chalet Neuf et ce, quelle que soit la saison.
Dans une petite descente, je commets l’erreur de me mettre dans les traces de Stefano. Alors que je suis en train d’essayer de mettre en application les conseils prodigués par notre moniteur (toujours en arrière, ne regarde pas tes skis, personne va te les voler, nous sommes en Suisse), je perds l’équilibre par l’avant et fais ainsi connaissance avec mes spatules. La chute est indolore et j’éclate de rire. La tête dans la neige, j’entends vaguement Stefano qui fait écho à mon rire.
L’oubli des peaux nous oblige à louvoyer dans le pré qui mène au chalet Malgré Tout.
Le Malgré Tout.
Entre les pâturages du Chalet Neuf et celui du Monts de Bière Devant, nous faisons notre premier passage de mur de pierre sèche sans décrocher les skis.
La montée vers les Monts de Bière Devant se fait en zigzagant. A mi-chemin, Stefano se retourne et me disant, goguenard : en raquettes, nous serions déjà arrivés en haut… C’est clairement vrai !
L’arrivée au mât.
Ici aussi, il n’y aucune trace.
Comme notre moniteur l’a justement fait remarquer hier, le Jura jouit d’une vue magnifique sur la chaîne des Alpes, bien plus intéressante que la vue du Jura depuis les Alpes. Jugez plutôt !
Nos traces, laissées en descendant du point de vue.
Le chalet des Monts de Bière Devant.
De là, Stefano propose de partir en direction du Couvert des Monts de Bière Derrière. Ce qui nécessite de passer entre les sapins, via des descentes et montées certes courtes mais raides. La croûte qui recouvre la neige est traître car elle est solide et résistante. Si d’aventure la spatule du ski passe dessous, il devient impossible de lever le ski pour le sortir. La seule solution consiste à reculer pour sortir le ski de sa gangue.
Après une bonne suée (due à une montée, voyons, pas à la peur !), nous arrivons sur le pâturage.
Nos traces d’hier !
Ayant la flemme d’enlever nos skis, nous mangeons notre sandwich debout, en regardant le paysage.
Prête pour la descente !
Arrivée aux Monts de Bière Derrière après une petite descente pas trop raide où nous nous essayons, (avec peu de succès avouons-le) aux virages télémark.
C’est ici que nous amorçons le retour vers la voiture.
Nous suivons la route qui descend vers La Foirausaz.
Après quelques centaines de mètres, nous attrapons un sentier qui va nous ramener vers Les Monts de Bière Devant. Theoritically, dirait Schwarzy dans son rôle de Terminator. Stefano m’annonce une montée, montée que nous avons tout le temps de savourer et où les peaux n’auraient pas apporté une grande aide. Lorsque la densité de sapins nous interdit des traversées, nous n’avons d’autre choix que d’utiliser les techniques dites de monter en canard ou en escalier.
L’arrivée au bout de nos peines.
Le point de vue.
Le retour vers le Chalet Neuf se fait de manière beaucoup plus directe. La pente est faible (heureusement) et il suffit de pousser un peu sur les bâtons pour avancer sans effort. Nous descendons jusqu’à La Bucheronne avant de remonter vers le Pré d’Aubonne.
Les jours ont commencé depuis peu à rallonger mais même à 16h30, le soleil est bas sur l’horizon.
Le chalet du Pré d’Aubonne dans les dernières lueurs du soir.
Nous arrivons sur la route du col un peu en contrebas de la voiture que nous rejoignons en longeant la route.
Voilà le récit de notre première sortie en ski de randonnée nordique. Au final, une chute pour Stefano et trois (voir quatre – à un certain moment j’ai arrêté de compter) pour moi. Tomber, ce n’est pas bien grave, se relever reste le challenge.
Nos doutes sont confirmés : les skis sont beaucoup moins maniables que les raquettes et même avec les peaux certains endroits restent impraticables. Nos raquettes ont encore de beaux jours devant elles : nous n’allons pas les abandonner. Comme nous l’avions expérimenté l’année passée, au terme de trois sorties consécutives en raquette, les petits bobos commencent à s’installer. L’alternance avec les skis devrait permettre de les soulager.
Bref, tout ça pour dire que nous sommes enthousiastes et ravis de notre expérience. A recommencer bientôt. Mais bon, peut-être pas demain, histoire de reposer nos articulations et de laisser s’estomper nos courbatures.
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
Au Chalet Neuf. Dans ma chute, je me suis égratigné le nez !
Au bout de nos peines, au terme de la remontée vers Les Monts de Bière Devant.
Nous essayons de bouder…
… avant d’éclater de rire.
Et enfin, tentative plus ou moins réussie avec le retardateur de l’appareil. Déjà que 10 secondes en raquette c’est chaud, en ski ça devient… impossible.