Dernier jour de randonnée. Nous avons décidé de terminer notre séjour en apothéose… Aujourd’hui, nous tentons le cratère du Mount Hood, connu aussi sous le nom de Devil’s Kitchen.
Devil’s Kitchen… Ce nom semble être utilisé un peu partout. Nous avons vu un Devil’s Kitchen à Needles, Canyonlands. Un autre au Colorado National Monument, non loin de Grand Junction. Il y en a un troisième, mais il faut que je fasse quelques recherches : je ne sais plus ni où, ni quand c’était.
Donc aujourd’hui s’annonce être une grande journée, une grosse journée même. Nous garons la voiture à proximité du Timberline Lodge, au pied des pistes de la seconde station du Mount Hood, celle qui reste ouverte toute l’année.
Et tout de suite, nous savons à quoi nous attendre.
Le premier rocher, au loin, à gauche, s’appelle Illumination Rock. J’adore ce nom.
La journée s’annonce magnifique.
Nous commençons la montée dans la neige, suivant de loin un groupe en ski de randonnée.
Nous sommes sur le bord des pistes, déjà encombrées.
La neige rend la marche difficile. Nous essayons le plus possible de trouver des bandes de terre. Parfois, un sentier fantôme nous guide quelques centaines de mètre. Puis, il s’évapore et nous devons trouver notre chemin.
Nous atteignons l’arrivée du premier télésiège et le départ du second après 45 minutes de marche.
Silcox Hut, connue aussi sous le nom de Warming Hut. Ce bâtiment, construit au milieu des années 30, était autrefois utilisé comme point de départ de l’ascension du Mount Hood.
Le bruit ambiant est assez intense. Sur les pistes, la neige est encore dure. Un groupe de skieurs débutants pratique les virages en chasse neige, un ski levé, les épaules tournées. Les conditions sont idéales pour apprendre à skier, surtout pour les jeunes enfants : aucun risque d’avoir froid.
Nous arrivons à proximité d’un snowpark.
Un magnifique half-pipe est en cours de préparation. Sur chaque saut, un groupe de jeunes, pelle à la main, s’affaire. Nous les regardons amusés : les uns raclent une mini-bosse, tellement mini que nous ne la distinguons pas à l’œil nu, les autres lissent la neige, d’autre encore, des sacs dans la main semant une poudre blanche. Ils sont tous concentrés et leur conversation est sporadique.
Une moto-neige s’approche. Son conducteur, au look très surfeur californien malgré le bonnet, nous salue et nous demande de ne pas traverser le snowpark. C’est une propriété privée, nous informe-t-il. Inquiétude inutile…. Nous n’avions pas l’intention d’abîmer leur joli travail de précision.
Une longue bande de terre à nu.
Le sol est instable, fuyant sous les pieds, la montée semble sans fin. Je dérape une fois, deux fois…. À la troisième fois, je lâche un « put….ain ». Stefano, se retourne, surpris. Je le regarde, moi-même étonnée…. C’est la première fois de toute l’histoire des Two Swiss Hikers que je peste. Ben oui, il y a toujours un début à tout ! Mais ma mauvaise humeur est de courte durée.
Nous arrivons près d’un glacier et d’une ENORME crevasse. À relativiser peut-être, car notre expérience en terme de glaciers et crevasses est, somme toute, assez réduite.
Passé ce point, notre choix est simple : monter dans la neige ou… monter dans la neige.
Nous avons dépassé l’arrivée du dernier télésiège. Nous surplombons la piste. Des skieurs de haut niveau s’entraînent, passant des portes à toute vitesse. La piste est annoncée noire.
Le bruit s’estompe peu à peu. Nous marchons depuis 3 heures. Le cratère est maintenant bien visible.
La pente se fait raide.
Stefano se dirige vers Illumination Rock, pour une longue traversée.
Nous restons le plus loin possible des blocs de rochers. De temps en temps, une pierre s’en détache à grand bruit puis dévale la pente.
Le ciel n’est plus bleu uniforme. Quelques nuages se sont développés et au loin, le Mount Jefferson est presque à l’ombre.
Le cratère est là, derrière ces rochers sombres. Un bref instant, nous pensons monter tout droit, dans la combe. Mais la proximité des falaises instables nous en dissuadent. Il faut dire que le casque fait parti du matériel requis pour l’ascension du Mount Hood. Même si nous n’avons pas l’intention d’aller jusqu’en haut, cette recommandation est certainement motivée.
Nous allons refaire une traversée et monter par la route prévue.
Nous continuons à zigzaguer …
et tout doucement arrivons en vue du cratère.
Un petit monticule nous rappelle, par ses couleurs, Yellowstone.
Des fumerolles lâchent de la vapeur à l’odeur nauséabonde. Nous nous regardons et pensons en même temps à la même chose. Cette odeur, hier, dont nous n’avons pu identifier l’origine…
Un dernier raidillon nous emmène sur un ridge que nous décidons être notre destination finale.
Le sommet est là mais nous n’irons pas plus loin. Nous n’avons pas l’équipement nécessaire et donc nous n’avons aucun regret. Nous sommes déjà enchantés d’avoir pu monter si haut.
Nous envoyons notre message SPOT du jour.
Nous sommes à plus de 3’000 mètres : 3’185 pour être exact.
De l’autre côté du ridge, une autre fumerolle.
Nous avons vu monter deux personnes. Nous les repérons tout en haut, en train de se préparer pour la descente. Nous les contemplons et, de là où nous sommes, la pente a déjà l’air vertigineuse. Nous n’osons pas imaginer la vision qu’ils en ont.
Nous ne somme donc guère étonnés de les voir hésiter un long moment, revenant sur leur pas, puis retournant au bord de la pente. Pour finir l’un se lance et l’autre le suit, très très prudemment.
Nous nous préparons à la descente. Destination : le parking, visible au loin.
Nous nous retournons pour embrasser le paysage une dernière fois. Nos deux alpinistes sont encore dans la pente, mais ont déjà bien progressé.
Nous reprenons la direction de Illumination Rock.
Je sursaute au moindre bruit de pierre qui roule. Stefano sourit.
Nous sommes rejoints par deux surfeurs. Outre leurs sacs à dos et leur planche, ils ont des pelles. Depuis deux jours, nous disent-ils, ils sont en train de construire un saut.
Nous les regardons travailler un moment, amusés, avant de nous diriger vers le sommet la crête.
De là, nous pouvons observer le flanc sud-ouest du volcan. Au bas de la pente neigeuse, Yocum Ridge.
Nous étions là, il y a quelques jours. Avec un peu de zoom, le sentier est visible
Plus à l’ouest, le Mount St Helens.
Nous reprenons le chemin de la descente. Nous restons dans la neige. Par endroit, la pente se fait suffisamment raide pour que nous puissions glisser, en nous aidant des bâtons. Nous poussons alors des cris de joie qui résonnent dans la montagne.
Nous sommes plein sud. Ici, la neige n’a pas été « traitée » et nous commençons à sentir de l’eau dans nos chaussures.
Nous venons de là-haut.
La station de ski a fermé vers 14h. Depuis, les snowcats sont à l’œuvre, remuant, retournant et déplaçant la neige.
Nous élucidons le mystère de la poudre blanche « semée » sur la neige. Ce n’est rien d’autre que du sel. Ouf. Au moins, pas de produit chimique. Du sel, du Morton, comme celui que nous mettons sur notre table.
Nous arrivons en vue du Timberline Lodge.
La voiture n’est pas loin. Avant d’y arriver, quelques arbres morts ravissent nos yeux.
Stefano m’a promis d’aller visiter le Timberline Lodge, un bâtiment historique.
Mais d’abord, nous passons par la case-voiture, histoire de changer de chaussures. Elles sont détrempées. Nous tordons nos chaussettes pour en extraire l’eau. Heureusement que nous avions imperméabilisé nos chaussures avant de partir !
Construit entre 1936 et 1938 durant la grande dépression, l’histoire de ce bâtiment est intéressante. Initialement dédié aux sports d’hiver, il fût fermé en 1955. À cet époque, complètement délabré et insalubre, il avait été reconverti en casino et maison close.
Il fut racheté par Richard Kohnstamm, qui connut 5 années de vache maigre avant que le logde ne devienne profitable.
Parmi les 7 drapeaux qui ornent l’entrée, un drapeau suisse.
Nous rentrons admirer l’intérieur de bâtiment et ces meubles d’époque. Le parquet est ciré et l’atmosphère feutrée.
Fidèles à nos habitudes, nous terminons cette journée magique à notre cantine,
puis sur la terrasse de la cabine, bercés par le bruit de la Sandy River.
Faune du jour
Eh, Tic, il est où ton copain Tac ?
Flore du jour
Les mêmes fiou-fiou, en version blanche.
Autoportrait du jour
Quelques instants après que j’ai pesté…. Le sourire est revenu. Promis, je ne ferai plus !
Dans la cuisine du diable…
De plus près, afin de montrer le beau sourire des Two Swiss Hikers lorsqu’ils sont heureux.